Pourquoi offre-t-on du muguet le 1er mai?
La vente sur la voie publique est habituellement interdite. Exception faite du 1er mai : la vente du muguet sauvage est autorisée “à titre exceptionnel conformément à une longue tradition”. Associations, syndicats, partis politiques ou encore particuliers, tout le monde a le droit de vendre quelques brins en ce jour de fête du travail. Le 1er mai n'est pas que le jour de la fête du travail, c'est aussi celui où l'on offre des brins de muguet aux personnes que l'on aime. Et cette tradition ne date pas d'hier... La plante à clochettes a toujours symbolisé le printemps. Dans la Rome antique, les célébrations en l'honneur de la déesse des fleurs, Flora, atteignaient leur apogée le 1er mai. Les Celtes, qui honoraient le début de l'été le même jour, accordaient par ailleurs au muguet des vertus de porte-bonheur. Le 1er mai 1561, le roi Charles IX officialisa les choses. Le chevalier Louis de Girard de Maisonforte lui aurait offert un brin de muguet lors de la visite royale de la Drôme. Enchanté, le roi aurait perpétué ce geste, offrant du muguet aux dames de la cour à chaque printemps en guise de porte-bonheur, avant d'étendre cette coutume à l'ensemble du royaume. La tradition était née. La fleur est aussi celle des rencontres amoureuses. Longtemps, furent organisés en Europe des ”bals du muguet“. C'était d'ailleurs l'un des seuls bals de l'année où les parents n'avaient pas le droit de cité. Ce jour-là, les jeunes filles s'habillaient de blanc et les garçons ornaient leur boutonnière d'un brin de muguet. Le premier mai 1895, le chansonnier populaire Felix Mayol (auteur du célèbre ”Viens poupoule !“) le chanteur aurait relancé la tradition. A son arrivée à Paris, le chanteur rencontre son amie Jenny Cook qui lui offre un bouquet de muguet. Il en porte à sa boutonnière le soir même pour la première de son tour de chant au Concert Parisien : un triomphe ! Mayol ne s'en séparera plus, le muguet devient son emblème. A Paris, au début du siècle, les couturiers en offrent trois brins aux ouvrières et petites mains. Séduites par l'idée les couturières en offrirent chaque année à leurs clientes. Il en devient même l'emblème de la maison de couture Christian Dior… Le muguet aurait donc une histoire parallèle mais totalement différente à celle de la fête du travail : ce ne sera qu'au milieu du XXème siècle que leurs destins s'entremêleront. Samedi 1er mai 1886 : le point de départ de la fête du travail telle que nous la connaissons. Ce jour-là, à Chicago, un mouvement revendicatif pour la journée de 8 heures est lancé par les syndicats américains, alors en plein développement : 400 000 salariés en grève. La date du 1er mai n'est pas choisie au hasard. Il s'agit du ”moving day“ : le jour où les entreprises américaines réalisent les calculs de leur année comptable. Si les manifestants obtiennent gain de cause, le bilan est lourd avec plus de dix morts Trois ans plus tard, le congrès de la IIe Internationale socialiste réuni à Paris pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire des martyrs de Chicago un symbole de la lutte des classes et de l'identité du monde ouvrier : le 1er mai sera dès lors une "journée internationale des travailleurs" avec pour objectif, d'imposer la journée de huit heures. Ce n'était pas du muguet qu'arboraient alors les manifestants mais un triangle rouge. Ce dernier symbolisait leur triple revendication: 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. Mais l'insigne sera vite remplacée par une fleur d'églantine. Le muguet n'a finalement été associé à la Fête du Travail que sous le gouvernement de Vichy. Le 24 avril 1941, le maréchal Pétain a officiellement instauré le 1er mai comme “la Fête du Travail et de la Concorde sociale”. L'églantine, trop connotée à gauche, est donc remplacée par le muguet. Une tradition donc, qui s'est faite sur le tard…