Journal en français facile 07 janvier 2020
Loic Bussières : 21h à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir et bienvenue si vous nous rejoignez pour votre Journal en français facile que je vous présente en compagnie de Mehdi Meddeb. Bonsoir Medhi.
Mehdi Meddeb : Bonsoir Loïc, bonsoir à tous.
LB : À la une ce soir : le ton, qui monte toujours entre Téhéran et Washington après la mort de Qasseim Soleimani tué par un raid ordonné par Donald Trump. « Parfaitement justifié », c'est en tous cas ce qu'affirme le chef de la diplomatie américaine aujourd'hui.
MM : Les États-Unis, justement qui pourraient retirer leurs troupes d'Irak, c'est ce que laissait entendre un courrier envoyé aux autorités de Bagdad, hier. Un courrier envoyé par erreur a depuis corrigé Washington.
LB : Et puis nous reviendrons également sur les incendies en Australie et sur leurs conséquences, sur la pollution de l'air notamment.
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MM : « Nous ne cherchons pas à commencer une guerre avec l'Iran, mais nous sommes prêts à en finir une. Ce que nous aimerions voir, c'est un apaisement de la situation », les mots sont signés Mark Esper, le secrétaire à la Défense aujourd'hui.
LB : Des propos prononcés alors que la tension ne cesse de monter entre Téhéran et Washington depuis le raid américain qui a coûté la vie à Qasseim Soleimani c'était la semaine dernière à Bagdad. Pour exemple, ce refus des autorités américaines d'accorder un visa au ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, qui devait se rendre à New York demain pour une réunion du conseil de sécurité de l'ONU. Ou encore cette autre déclaration, du chef de la diplomatie Mike Pompeo, pour qui l'opération militaire qui a tué le général était parfaitement justifiée. Écoutez.
Soleimani a fait toutes ces choses que nous avons détaillées : les massacres en Syrie, d'énormes destructions dans des pays comme le Liban ou l'Irak. Dans ces pays, les Iraniens refusent aux peuples ce qu'ils demandent, le droit à la souveraineté, à l'indépendance et à la liberté. Tout cela c'est l'œuvre de Soleimani. Et nous l'avons vu poursuivre une campagne terroriste dans la région. Nous savons que ce qui s'est passé à la fin de l'année dernière en décembre a finalement conduit à la mort d'un américain. Et si vous voulez en savoir plus sur l'imminence d'une menace, il suffit de regarder ces jours précédant le raid qui a été mené contre Soleimani. Et en plus de cela, nous avons assisté à des efforts continus de ce terroriste pour conduire une série d'activités qui allaient potentiellement conduire à la mort de nombreux Américains. Nous avons pris la bonne décision. Le président avait entièrement le droit d'agir sur le plan légal c'était une décision appropriée et elle correspond parfaitement à notre stratégie sur la manière de contrer les activités nuisibles de l'Iran.
MM : Toujours concernant les États-Unis, le flou persiste autour d'un possible retrait des troupes américaines d'Irak après l'envoi hier d'un courrier dans ce sens divulgué par erreur, selon Washington, pour qui il s'agissait d'un « projet de lettre non signée ».
LB : Le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi confirme de son côté avoir reçu une lettre « signée », « traduite » et « très claire » du commandement américain annonçant un retrait militaire d'Irak, lors du Conseil des ministres retransmis à la télévision d'État. En revanche, le Canada vient d'annoncer le déplacement de 500 de ses soldats de l'Irak vers le Koweït voisin. L'OTAN et plusieurs autres pays, dont l'Allemagne et la Roumanie ont fait de même un peu plus tôt.
MM : Au Venezuela, Juan Guaido a prêté serment aujourd'hui comme président du Parlement.
LB : Le chef de file de l'opposition vénézuélienne avait été dans un premier temps empêché d'entrer dans le bâtiment par les forces de l'ordre. Ce dont avait profité un élu rival d'opposition, Luis Parra, qui s'était lui aussi autoproclamé Président du Parlement avec le soutien de Nicolas Maduro. Ce qui avait fait dire à Juan Guaido qu'il était « complice de la dictature ». « Nous sommes bien là ! », s'est-il exclamé aujourd'hui après avoir atteint le perchoir, qui domine l'hémicycle, avec des députés d'opposition. Ils ont alors entonné l'hymne national vénézuélien.
MM : À Madrid, en Espagne, Pedro Sanchez se maintient au pouvoir après le vote de confiance des députés.
LB : Et prend ainsi la tête d'une nouvelle coalition (comprendre d'alliance gouvernementale avec la gauche radicale de Podemos), mais il s'en est fallu de peu. Le socialiste l'a en effet emporté d'extrême justesse : 167 votes contre 165 au terme de la 2e votation. Le scrutin met toutefois fin à cette année sans aucun gouvernement même s'il voit peser sur lui plusieurs menaces, qui mettent en doute sa durabilité à la tête du gouvernement. Les explications de notre correspondant François Musseau.
Après une année d'extrême turbulence, l'Espagne a enfin un nouveau chef de gouvernement, Pedro Sanchez. Mais, d'ores et déjà, la législature que va présider le leader socialiste naît dans la fragilité. Pas seulement parce qu'il a été investi grâce à seulement deux députés de différence, mais aussi parce que, au-dessus de la tête de Pedro Sanchez, pèsent deux épées de Damocles importantes. D'une part, sa coalition avec Podemos, le parti de la gauche radicale, c'est d'ailleurs le premier exécutif espagnol de coalition depuis la dictature de Franco. À tout moment en effet, si socialistes et membres de Podemos ne sont plus d'accord sur la politique économique et sociale, le gouvernement tombera et devra donner lieu à de nouvelles élections, il y en a déjà deux l'an dernier. D'autre part, c'est la seconde épée de Damoclès, cet exécutif a été constitué grâce à l'abstention des séparatistes catalans d'Esquerra. Si jamais ces derniers exigent à Pedro Sanchez un référendum d'autodétermination que lui ne peut accepter, alors de nouveau le mandat sera interrompu. Ajoutons un autre facteur de déséquilibre : le degré de crispation introduit par les trois formations de droites pour lesquelles le gouvernement emmené par les socialistes n'a pas de légitimité.
MM : L'actualité dans ce mardi c'est aussi la situation en Australie où les incendies continuent de ravager le pays.
LB : Depuis le mois de septembre, c'est l'équivalent de deux fois la Belgique qui est partie en fumée. Au-delà de ce bilan, les feux de forêt ont également d'importantes conséquences sur la pollution comme à Canberra, la capitale recouverte par la fumée. Qu'en est-il à Sydney, la plus grande ville du pays ? Reportage Murielle Paradon.
Dans un parc de Sydney, des sportifs font leur footing comme d'habitude. La qualité de l'air s'est un peu améliorée ces derniers jours, mais la situation reste très volatile avec les incendies. Le nuage toxique qui a recouvert la ville ces dernières semaines peut revenir d'un instant à l'autre, ce qui inquiète Sue, très sensible à la pollution. « Ces dernières semaines, l'air était vraiment toxique. J'ai des problèmes respiratoires, j'ai dû porter un masque. Ça affecte vraiment les gens. C'est vrai que la pollution est forte en général ici, mais avec les incendies ça a été terrible ces derniers temps ». Les enfants sont particulièrement affectés. Que ce soit durant l'école ou pendant les vacances comme en ce moment, ils subissent les conséquences de la mauvaise qualité de l'air, comme le raconte Sharon, une institutrice. « En tant qu'institutrice, j'ai bien vu que ça affectait les enfants à l'école. On n'a pas pu les sortir. À la fin de l'année, les récréations ont été annulées. À cause de la mauvaise qualité de l'air. Mes propres enfants ne peuvent plus jouer au baseball comme d'habitude, les matchs sont annulés depuis 6 ou 8 semaines, toujours à cause de la qualité de l'air ». La situation est préoccupante dans les grandes villes. Les taux de particules fines ont explosé, pouvant présenter un danger réel pour la population.
MM : En Grèce, un migrant iranien de 31 ans s'est donné la mort dans un centre de détention de Moria, sur l'île de Lesbos.
LB : Fin décembre, pendant les fêtes de Noël, deux demandeurs d'asile s'étaient déjà suicidés. Les conditions de vie dans les camps grecs ne cessent de se dégrader. 19 000 migrants dont 7 000 enfants vivent actuellement sous des tentes dans le camp de Moria, en plein hiver. Pour Marco Sandrone, le coordinateur de Médecins sans Frontières à Lesbos, les conditions de vie dans ce camp aggravent l'état psychologique de ces migrants.
« Ils n'ont pas d'espace vital, ils doivent partager une tente avec plusieurs autres familles, ils doivent faire la queue pendant des heures pour avoir une ration de nourriture, ils doivent faire la queue pendant des heures pour prendre une douche, pour aller aux toilettes. C'est l'hiver, on est en Europe. Imaginez ce que c'est de vivre sous une tente alors que les températures descendent à 3 ou 4 degrés la nuit. Ce que c'est de vivre dans la boue, de voir vos enfants vivre dans la boue. Et les soins de santé mentale proposés par le ministère de la Santé sont inexistants. À MSF, nous sommes choqués de ce qu'il se passe. Et nous appelons le ministère de la Santé, encore une fois, à renforcer d'urgence son dispositif médical et d'assistance psychologique. Et nous demandons au gouvernement grec de transférer au plus tôt toutes les personnes vulnérables du camp de Moria vers des logements appropriés. Car l'hiver va être rude et malheureusement ce n'est que le début ».
LB : Un mot de l'actualité en France au 34e jour du mouvement contre la réforme des retraites. Le Gouvernement recevait les syndicats à Matignon. Ils se retrouveront vendredi, a annoncé Édouard Philippe, pour évoquer la conférence de financement proposée par le syndicat CFDT.