Journal en français facile 20 juin 2019
Romain Auzouy : Vous écoutez RFI il est 22h à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile. Présenté ce soir en compagnie de Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Romain, bonsoir à tous.
RA : À la une de l'actualité ce soir : Donald Trump dénonce « l'énorme erreur de l'Iran ». L'Iran qui tôt ce matin a abattu un drone américain qui se trouvait selon Téhéran dans son espace aérien.
SB : Vladimir Poutine face aux téléspectateurs de son pays pendant plus de 4 heures. Le Président russe s'est plié à l'exercice de l'émission « Ligne directe », une tradition pour les chefs d'État chaque année en Russie.
RA : Et puis on se quittera en musique après la mort à l'âge de 52 ans de Philippe Zdar, membre du duo Cassius, qui a tant apporté à la musique électronique en France.
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SB : On commence donc par cette information qui a de quoi inquiéter dans le contexte des tensions entre les États-Unis et l'Iran.
RA : Tôt ce matin Téhéran a abattu un drone (avion sans pilote) qui se trouvait, selon l'Iran, dans son espace aérien. La violation des frontières iraniennes c'est une ligne rouge à ne pas franchir a déclarer Téhéran après cet incident. Téhéran qui affirme que le drone avait décollé quelques heures plus tôt d'une base américaine située dans le Golfe persique, et qu'il a été abattu au retour de sa mission, dans le sud de l'Iran. Évidemment cela a fait réagir les États-Unis, et en premier lieu le Président Donald Trump qui a dit que l'Iran avait commis une « énorme erreur », sans toutefois accuser directement les autorités. Correspondance à Washington d'Anne Corpet.
Donald Trump semble écarter une décision délibérée des autorités iraniennes : « L'Iran a fait une énorme erreur » a-t-il déclaré, mais il a précisé « j'ai l'impression qu'il s'agit d'une erreur faite par un général ou quelqu'un d'autre, j'ai du mal à croire que c'était volontaire ». Interrogé sur une éventuelle riposte, le président a répondu « vous le saurez bientôt » Lindsey Graham, un sénateur républicain proche de Donald Trump a pour sa part commenté : « Le président ne veut pas la guerre, mais il défendra les intérêts américains » avant d'ajouter « Nous sommes plus proches d'une action militaire qu'hier, s'il y a la guerre, l'Iran la perdra. ». Le commandant des forces américaines dans la région a assuré que le drone abattu se trouvait au-dessus des eaux internationales dans le détroit d'Ormuz lorsqu'il a été frappé par Téhéran. Le général Joseph Guastella a précisé que l'appareil se trouvait à 34 kilomètres des côtes iraniennes et a parlé de dangereuse attaque et d'escalade. La maison blanche doit informer dans l'après-midi les responsables du congrès sur la situation. Donald Trump a aussi décidé d'envoyer son conseiller à la sécurité nationale, en Israël pour des rencontres centrées sur la « sécurité régionale. » John Bolton rencontrera dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu puis ses homologues israélien et russe. Anne Corpet Washington RFI.
RA : Et j'ajoute que le Président russe Vladimir Poutine a réagi à cet incident : il met en garde contre un éventuel recours des États-Unis à la force contre l'Iran. Ce serait « une catastrophe » pour la région.
SB : Cela nous amène à évoquer l'actualité en Russie. Marquée aujourd'hui par une tradition de la vie politique.
RA : Chaque année depuis 17 ans a lieu l'émission Ligne directe, c'est une émission où le grand invité est le Président russe. Vladimir Poutine s'est donc prêté au jeu, un véritable marathon cela a duré plus de quatre heures. Et les règles sont bien établies : le Président se pose en défenseur des simples gens face à des gouverneurs ou des fonctionnaires incompétents. Compte rendu à Moscou de Daniel Vallot.
« Bonjour Vladimir Vladimirovich. Ici à Solnetchi les écoles sont surpeuplées… je vous en prie, aidez-nous à obtenir une école, une crèche et un parc, pour notre quartier… » Sur le plateau, Vladimir Poutine prend un air courroucé, et se tourne vers un écran où apparaît aussitôt le gouverneur de la région concernée… « Excusez-moi, mais je vous demande de retourner dans ce quartier et de parler aux gens… Je suis sûr que vous pourrez régler ce problème. Et de toute façon, vous me rendrez des comptes une fois que ce sera fait ! » Avec cette émission, c'est une sorte d'immense loterie nationale qui est organisée, une loterie dont le gros lot est une intervention directe du président russe. La formule est éculée, mais pas question d'y renoncer. Vladimir Poutine a perdu des points dans les sondages : en cause la réforme des retraites, et la chute du niveau de vie. Le président russe veut donc apparaître comme étant proche de ses électeurs, et capable de s'occuper de leurs problèmes. Daniel Vallot Moscou RFI.
RA : Et à noter qu'au cours de cette émission Vladimir Poutine a reconnu que le niveau de vie des Russes s'était dégradé ces dernières années, et il a promis d'y remédier, c'est-à-dire d'améliorer la situation.
SB : Au Honduras nouvelle manifestation de plusieurs milliers de personnes ce jeudi.
RA : Elles exigent le départ du Président Juan Orlando Hernandez. Des routes importantes sont bloquées dans plusieurs villes, dont la capitale. Le mouvement dure depuis plus d'un mois et demi. Les raisons de la colère avec Marie Normand.
C'est la perspective de privatisations dans les secteurs de la Santé et de l'Éducation qui a déclenché les premières manifestations. Mais le mouvement a continué même après le retrait de deux décrets gouvernementaux controversés. Les manifestants exigent désormais le départ du président, accusé de corruption et dont le frère est poursuivi aux États-Unis pour trafic de cocaïne à grande échelle. L'opposition reproche également à Juan Orlando Hernandez d'avoir été réélu pour un second mandat à travers une série de fraudes. Dans plusieurs grandes villes du pays, dont la capitale Tegucigalpa, des pneus et des pierres ont été placés au travers des routes. De nombreux commerces ont été vandalisés et incendiés. Par mesure de précaution plusieurs universités ont décidé de suspendre les cours jusqu'à nouvel ordre. Pendant plusieurs jours, les chauffeurs routiers ont aussi bloqué les voies d'accès à la capitale. Mais ils ont repris le travail, ce jeudi, après avoir trouvé un accord avec le gouvernement. Plus préoccupant pour les autorités : les forces spéciales anti-émeutes se sont elles aussi mises en retrait depuis mercredi. Ces policiers déclarent qu'ils refuseront de maintenir l'ordre tant qu'ils n'auront pas obtenu des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail.
SB : En France le débat est relancé : faut-il légaliser le cannabis ?
RA : Oui affirme un rapport d'économistes rattachés au Premier ministre, il s'agit du Conseil d'analyse économique qui a donc publié un document expliquant en quoi la légalisation du cannabis serait bénéfique. Cela permettrait de lutter contre le crime organisé et de développer un secteur économique, est-il ainsi écrit. Détail de ce rapport, Pauline Gleize.
Avec la légalisation, le cannabis deviendrait un produit presque comme un autre, l'État y imposerait donc des taxes. Le montant est difficile à estimer. Mais, avec un prix à 9 euros le gramme, le Conseil d'Analyse économique table sur 2 à 2,8 milliards d'euros de recettes fiscales par an... et c'est sans compter sur les bénéfices de la création d'une filière. Aux vues des expériences en Californie et dans le Colorado, entre 27 000 et 80 000 emplois pourraient être créés. Avec à la clef plusieurs centaines de millions d'euros de cotisations sociales. Or, actuellement, la lutte contre le cannabis coûte pour faire simple 500 millions d'euros. Cela ne veut pas dire que ces coûts vont disparaître, en tous cas pas tous et pas tout de suite. Car dans un premier temps, la lutte contre les trafics devra être associée à la vente légale pour assécher le marché au noir. Un marché qui peut donc être juteux pour l'État. Il peut être d'autant plus intéressant pour l'économie française, explique le rapport, que le commerce international de cannabis est encore interdit. La filière hexagonale pourrait se développer sans craindre la concurrence.
RA : La question maintenant est de savoir si l'exécutif français va suivre ces recommandations. C'est loin d'être sûr, car sur ce sujet il a toujours affiché une politique de répression.
SB : Et puis forte émotion dans le monde de la musique électronique en France.
RA : Avec la mort accidentelle de Philippe Zdar, c'était l'un des deux membres de Cassius. Un groupe qui a eu un rôle très important dans le développement de la musique électronique en France ces 20 dernières années. Il était âgé de 52 ans, il a chuté de la fenêtre d'un immeuble parisien. L'hommage de la profession est unanime. Avant de se quitter, on écoute un extrait du premier album de Cassius intitulé 1999.