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Le Grand Meaulnes, Le Grand meaulnes - troisième partie - chapitre 8 - Les gens heureux

Le Grand meaulnes - troisième partie - chapitre 8 - Les gens heureux

Plus tard, j'ai su par le menu détail tout ce qui s'était passé là-bas... Dans le salon des Sablonnières, dès le début de l'après-midi, Meaulnes et sa femme, que j'appelle encore Mlle de Galais, sont restés complètement seuls. Tous les invités partis, le vieux M. de Galais a ouvert la porte, laissant une seconde le grand vent pénétrer dans la maison et gémir; puis il s'est dirigé vers le Vieux-Nançais et ne reviendra qu'à l'heure du dîner, pour fermer tout à clef et donner des ordres à la métairie. Aucun bruit du dehors n'arrive plus maintenant jusqu'aux jeunes gens. Il y a tout juste une branche de rosier sans feuilles qui cogne la vitre, du côté de la lande. Comme deux passagers dans un bateau à la dérive, ils sont, dans le grand vent d'hiver, deux amants enfermés avec le bonheur. "Le feu menace de s'éteindre" dit Mlle de Galais, et elle voulut prendre une bûche dans le coffre. Mais Meaulnes se précipita et plaça lui-même le bois dans le feu. Puis il prit la main tendue de la jeune fille et ils restèrent là, debout, l'un devant l'autre, étouffés comme par une grande nouvelle qui ne pouvait pas se dire. Le vent roulait avec le bruit d'une rivière débordée. De temps à autre une goutte d'eau, diagonalement, comme sur la portière d'un train, rayait la vitre. Alors la jeune fille s'échappa. Elle ouvrit la porte du couloir et disparut avec un sourire mystérieux. Un instant, dans la demi-obscurité, Augustin resta seul... Le tic tac d'une petite pendule faisait penser à la salle à manger de Sainte-Agathe... Il songea sans doute: "C'est donc ici la maison tant cherchée, le couloir jadis plein de chuchotements et de passages étranges..." C'est à ce moment qu'il dut entendre--Mlle de Galais me dit plus tard l'avoir entendu aussi--le premier cri de Frantz, tout près de la maison. La jeune femme, alors, eut beau lui montrer les choses merveilleuses dont elle était chargée: ses jouets de petite fille, toutes ses photographies d'enfant: elle en cantinière, elle et Frantz sur les genoux de leur mère, qui était si jolie... puis tout ce qui restait de ses sages petites robes de jadis: "jusqu'à celle-ci que je portais, voyez, vers le temps où vous alliez bientôt me connaître, où vous arriviez, je crois, au cours de Sainte-Agathe...", Meaulnes ne voyait plus rien et n'entendait plus rien. Un instant pourtant il parut ressaisi par la pensée de son extraordinaire, inimaginable bonheur: "Vous êtes là dit-il sourdement, comme si le dire seulement donnait le vertige vous passez auprès de la table et votre main s'y pose un instant..." Et encore: "Ma mère, lorsqu'elle était jeune femme, penchait ainsi légèrement son buste sur sa taille pour me parler... Et quand elle se mettait au piano..." Alors Mlle de Galais proposa de jouer avant que la nuit ne vînt. Mais il faisait sombre dans ce coin du salon et l'on fut obligé d'allumer une bougie. L'abat-jour rose, sur le visage de la jeune fille, augmentait ce rouge dont elle était marquée aux pommettes et qui était le signe d'une grande anxiété. Là-bas, à la lisière du bois, je commençai d'entendre cette chanson tremblante que nous apportait le vent, coupée bientôt par le second cri des deux fous, qui s'étaient rapprochés de nous dans les sapins. Longtemps Meaulnes écouta la jeune fille en regardant silencieusement par une fenêtre. Plusieurs fois il se tourna vers le doux visage plein de faiblesse et d'angoisse. Puis il s'approcha d'Yvonne et, très légèrement, il mit sa main sur son épaule. Elle sentit doucement peser auprès de son cou cette caresse à laquelle il aurait fallu savoir répondre. "Le jour tombe, dit-il enfin. Je vais fermer les volets. Mais ne cessez pas de jouer..." Que se passe-t-il alors dans ce coeur obscur et sauvage? Je me le suis souvent demandé et je ne l'ai su que lorsqu'il fut trop tard. Remords ignorés? Regrets inexplicables? Peur de voir s'évanouir bientôt entre ses mains ce bonheur inouï qu'il tenait si serré? Et alors tentation terrible de jeter irrémédiablement à terre, tout de suite, cette merveille qu'il avait conquise? Il sortit lentement, silencieusement après avoir regardé sa jeune femme une fois encore. Nous le vîmes, de la lisière du bois, fermer d'abord avec hésitation un volet, puis regarder vaguement vers nous, en fermer un autre, et soudain s'enfuir à toutes jambes dans notre direction. Il arriva près de nous avant que nous eussions pu songer à nous dissimuler davantage. Il nous aperçut, comme il allait franchir une petite haie récemment plantée et qui formait la limite d'un pré. Il fit un écart. Je me rappelle son allure hagarde, son air de bête traquée... Il fit mine de revenir sur ses pas pour franchir la haie du côté du petit ruisseau. Je l'appelai. "Meaulnes!... Augustin!..." Mais il ne tournait pas même la tête. Alors, persuadé que cela seulement pourrait le retenir: "Frantz est là, criai-je. Arrête!" Il s'arrêta enfin. Haletant et sans me laisser le temps de préparer ce que je pourrais dire: "Il est là! dit-il. Que réclame-t-il? Il est malheureux, répondis-je. Il venait te demander de l'aide, pour retrouver ce qu'il a perdu. Ah! fit-il, baissant la tête. Je m'en doutais bien. J'avais beau essayer d'endormir cette pensée-là... Mais où est-il? Raconte vite". Je dis que Frantz venait de partir et que certainement on ne le rejoindrait plus maintenant. Ce fut pour Meaulnes une grande déception. Il hésita, fit deux ou trois pas, s'arrêta. Il paraissait au comble de l'indécision et du chagrin. Je lui racontai ce que j'avais promis en son nom au jeune homme. Je dis que je lui avais donné rendez-vous dans un an à la même place. Augustin, si calme en général, était maintenant dans un état de nervosité et d'impatience extraordinaires: "Ah! Pourquoi avoir fait cela! dit-il. Mais oui, sans doute, je puis le sauver. Mais il faut que ce soit tout de suite. Il faut que je le voie, que je lui parle, qu'il me pardonne et que je répare tout... Autrement je ne peux plus me présenter là-bas..." Et il se tourna vers la maison des Sablonnières. "Ainsi, dis-je, pour une promesse enfantine que tu lui as faite, tu es en train de détruire ton bonheur. --Ah! Si ce n'était que cette promesse", fit-il. Et ainsi je connus qu'autre chose liait les deux jeunes hommes, mais sans pouvoir deviner quoi. "En tout cas, dis-je, il n'est plus temps de courir. Ils sont maintenant en route pour l'Allemagne". Il allait répondre, lorsqu'une figure échevelée, hagarde, se dressa entre nous. C'était Mlle de Galais. Elle avait dû courir, car elle avait le visage baigné de sueur. Elle avait dû tomber et se blesser, car elle avait le front écorché au-dessus de l'oeil droit et du sang figé dans les cheveux. Il m'est arrivé, dans les quartiers pauvres de Paris, de voir soudain, descendue dans la rue, séparé par des agents intervenus dans la bataille, un ménage qu'on croyait heureux, uni, honnête. Le scandale a éclaté tout d'un coup, n'importe quand, à l'instant de se mettre à table, le dimanche avant de sortir, au moment de souhaiter la fête du petit garçon.... et maintenant tout est oublié, saccagé. L'homme et la femme, au milieu du tumulte, ne sont plus que deux démons pitoyables et les enfants en larmes se jettent contre eux, les embrassent étroitement, les supplient de se taire et de ne plus se battre. Mlle de Galais, quand elle arriva près de Meaulnes, me fit penser à un de ces enfants-là, à un de ces pauvres enfants affolés. Je crois que tous ses amis, tout un village, tout un monde l'eût regardée, qu'elle fût accourue tout de même, qu'elle fût tombée de la même façon, échevelée, pleurante, salie. Mais quand elle eut compris que Meaulnes était bien là, que cette fois du moins, il ne l'abandonnerait pas, alors elle passa son bras sous le sien, puis elle ne put s'empêcher de rire au milieu de ses larmes comme un petit enfant. Ils ne dirent rien ni l'un ni l'autre. Mais, comme elle avait tiré son mouchoir, Meaulnes le lui prit doucement des mains: avec précaution et application, il essuya le sang qui tachait la chevelure de la jeune fille. "Il faut rentrer, maintenant, dit-il. Et je les lassai retourner tous les deux, dans le beau grand vent du soir d'hiver qui leur fouettait le visage, lui, l'aidant de la main aux passages difficiles; elle, souriant et se hâtant vers leur demeure pour un instant abandonnée.

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Le Grand meaulnes - troisième partie - chapitre 8 - Les gens heureux

Plus tard, j'ai su par le menu détail tout ce qui s'était passé là-bas...  Dans le salon des Sablonnières, dès le début de l'après-midi, Meaulnes et sa femme, que j'appelle encore Mlle de Galais, sont restés complètement seuls. ||||||menu||||||||||||||||||||||||||||||||| Later, I learned down to the smallest detail of everything that had happened there ... In the salon des Sablonnières, at the start of the afternoon, Meaulnes and his wife, whom I still call Mlle de Galais, were left completely alone. Tous les invités partis, le vieux M. de Galais a ouvert la porte, laissant une seconde le grand vent pénétrer dans la maison et gémir; puis il s'est dirigé vers le Vieux-Nançais et ne reviendra qu'à l'heure du dîner, pour fermer tout à clef et donner des ordres à la métairie. ||||||||||||||||||||||||groan|||||||old|Nançais|||||||||||||||||||farmstead All the guests having left, the old M. de Galais opened the door, allowing a second time for the great wind to enter the house and to groan; then he went to the Vieux-Nançais and did not return until dinner time, to lock everything and give orders to the farm. Aucun bruit du dehors n'arrive plus maintenant jusqu'aux jeunes gens. No noise from outside is coming now to young people. Il y a tout juste une branche de rosier sans feuilles qui cogne la vitre, du côté de la lande. ||||||branch||rose bush||||hits|||||||moor There is just a branch of leafless rosebush that hits the window, on the side of the moor. Comme deux passagers dans un bateau à la dérive, ils sont, dans le grand vent d'hiver, deux amants enfermés avec le bonheur. ||||||||drift||||||||||||| Like two passengers in a boat adrift, they are, in the great winter wind, two lovers locked with happiness. "Le feu menace de s'éteindre" dit Mlle de Galais, et elle voulut prendre une bûche dans le coffre. ||||||||||||||log|||chest "The fire threatens to go out," said Mademoiselle de Galais, and she wanted to take a log in the trunk. Mais Meaulnes se précipita et plaça lui-même le bois dans le feu. But Meaulnes rushed and placed the wood in the fire. Puis il prit la main tendue de la jeune fille et ils restèrent là, debout, l'un devant l'autre, étouffés comme par une grande nouvelle qui ne pouvait pas se dire. ||||||||||||||standing||||||||||||||| Then he took the girl's outstretched hand and stood there, one in front of the other, suffocated as if by great news that could not be said. Le vent roulait avec le bruit d'une rivière débordée. ||||||||overflowed The wind was rolling with the sound of an overflowing river. De temps à autre une goutte d'eau, diagonalement, comme sur la portière d'un train, rayait la vitre. ||||||||||||||scratched|| From time to time a drop of water, diagonally, as on the door of a train, scratched the glass. Alors la jeune fille s'échappa. ||||escaped Then the girl escaped. Elle ouvrit la porte du couloir et disparut avec un sourire mystérieux. She opened the door of the corridor and disappeared with a mysterious smile. Un instant, dans la demi-obscurité, Augustin resta seul... Le tic tac d'une petite pendule faisait penser à la salle à manger de Sainte-Agathe... Il songea sans doute: "C'est donc ici la maison tant cherchée, le couloir jadis plein de chuchotements et de passages étranges..." C'est à ce moment qu'il dut entendre--Mlle de Galais me dit plus tard l'avoir entendu aussi--le premier cri de Frantz, tout près de la maison. For a moment, in the semi-darkness, Augustine remained alone ... The ticking of a little clock reminded us of the dining room of Sainte-Agathe ... He thought no doubt: "This is the house here so much sought after, the corridor once full of whispers and strange passages ... "It was at this moment that he had to hear - Miss de Galais told me later to have heard it too - Frantz's first cry, very close to the house. La jeune femme, alors, eut beau lui montrer les choses merveilleuses dont elle était chargée: ses jouets de petite fille, toutes ses photographies d'enfant: elle en cantinière, elle et Frantz sur les genoux de leur mère, qui était si jolie... puis tout ce qui restait de ses sages petites robes de jadis: "jusqu'à celle-ci que je portais, voyez, vers le temps où vous alliez bientôt me connaître, où vous arriviez, je crois, au cours de Sainte-Agathe...", Meaulnes ne voyait plus rien et n'entendait plus rien. ||||||||||||||loaded||toys||||||||||canteen|||||||||||||||||||||wise|||||||||||||||||all went|||||||||||||||||||||| The young woman, then, was able to show him the wonderful things she was responsible for: her little girl's toys, all her child's photographs: she canted her and Frantz on the lap of their mother, who was so pretty. .. then all that remained of his wise little dresses of old: "until this one which I carried, see, towards the time where you would soon know me, where you arrived, I believe, during Sainte- Agathe ... "Meaulnes could not see anything and could not hear anything. Un instant pourtant il parut ressaisi par la pensée de son extraordinaire, inimaginable bonheur: "Vous êtes là dit-il sourdement, comme si le dire seulement donnait le vertige vous passez auprès de la table et votre main s'y pose un instant..." Et encore: "Ma mère, lorsqu'elle était jeune femme, penchait ainsi légèrement son buste sur sa taille pour me parler... Et quand elle se mettait au piano..." Alors Mlle de Galais proposa de jouer avant que la nuit ne vînt. |||||regrasped||||||||||||||||||||||vertigo||||||||||||||||||when she||||||||bust|||||||||||||||||||||||||| For a moment, however, he seemed seized again by the thought of his extraordinary, unimaginable happiness: "You are there," he said dully, as if saying it only made you dizzy, you pass by the table and your hand settles there for a moment. "And again:" My mother, when she was a young woman, bent her bust slightly on her waist to talk to me ... And when she started playing the piano ... "Then Miss de Galais proposed to play before the night did not come. Mais il faisait sombre dans ce coin du salon et l'on fut obligé d'allumer une bougie. But it was dark in this corner of the room and we had to light a candle. L'abat-jour rose, sur le visage de la jeune fille, augmentait ce rouge dont elle était marquée aux pommettes et qui était le signe d'une grande anxiété. The pink shade, on the face of the girl, increased the red which it was marked on the cheekbones and which was the sign of great anxiety. Là-bas, à la lisière du bois, je commençai d'entendre cette chanson tremblante que nous apportait le vent, coupée bientôt par le second cri des deux fous, qui s'étaient rapprochés de nous dans les sapins. ||||edge||||||||||||||cut|||||||||||||||| Over there, at the edge of the woods, I began to hear that trembling song brought to us by the wind, soon cut by the second cry of the two madmen who had come near us in the fir trees. Longtemps Meaulnes écouta la jeune fille en regardant silencieusement par une fenêtre. For a long time Meaulnes listened to the girl, looking silently through a window. Plusieurs fois il se tourna vers le doux visage plein de faiblesse et d'angoisse. Several times he turned to the sweet face full of weakness and anguish. Puis il s'approcha d'Yvonne et, très légèrement, il mit sa main sur son épaule. |||||||||||||shoulder Then he approached Yvonne and, very lightly, he put his hand on his shoulder. Elle sentit doucement peser auprès de son cou cette caresse à laquelle il aurait fallu savoir répondre. ||||upon|||||||||||| She felt that caress gently weighed near her neck, to which it would have been necessary to answer. "Le jour tombe, dit-il enfin. "The day is falling," he said finally. Je vais fermer les volets. I will close the shutters. Mais ne cessez pas de jouer..." Que se passe-t-il alors dans ce coeur obscur et sauvage? But do not stop playing ... "What happens then in this dark and wild heart? Je me le suis souvent demandé et je ne l'ai su que lorsqu'il fut trop tard. I often asked myself, and I only knew it when it was too late. Remords ignorés? Remorse ignored? Regrets inexplicables? Unexplainable regrets? Peur de voir s'évanouir bientôt entre ses mains ce bonheur inouï qu'il tenait si serré? |||fade away|||||||incredible|||| Afraid to see soon vanish in his hands this incredible happiness he held so tight? Et alors tentation terrible de jeter irrémédiablement à terre, tout de suite, cette merveille qu'il avait conquise? And then the terrible temptation to throw the marvel that he had conquered immediately on the ground? Il sortit lentement, silencieusement après avoir regardé sa jeune femme une fois encore. He went out slowly, silently after looking at his young wife once again. Nous le vîmes, de la lisière du bois, fermer d'abord avec hésitation un volet, puis regarder vaguement vers nous, en fermer un autre, et soudain s'enfuir à toutes jambes dans notre direction. |||||edge||||||||shutter|||||||||||||||||| We saw him, at the edge of the wood, first hesitantly close a shutter, then look vaguely towards us, close another, and suddenly run at full speed in our direction. Il arriva près de nous avant que nous eussions pu songer à nous dissimuler davantage. ||||||||had|||||| He arrived near us before we could think of hiding more. Il nous aperçut, comme il allait franchir une petite haie récemment plantée et qui formait la limite d'un pré. He saw us, as he was about to cross a little hedge recently planted and which formed the boundary of a meadow. Il fit un écart. |||deviation He made a gap. Je me rappelle son allure hagarde, son air de bête traquée... Il fit mine de revenir sur ses pas pour franchir la haie du côté du petit ruisseau. |||||haggard|||||hunted||||||||||||hedge||||| I remember his haggard look, his look of hunted animal ... He pretended to retrace his steps to cross the hedge on the side of the small stream. Je l'appelai. I called her. "Meaulnes!... "Meaulnes! ... Augustin!..." Augustine! ... " Mais il ne tournait pas même la tête. But he didn't even turn his head. Alors, persuadé que cela seulement pourrait le retenir: "Frantz est là, criai-je. So, convinced that only that could hold him back: "Frantz is here," I cried. Arrête!" Stopped!" Il s'arrêta enfin. He finally stopped. Haletant et sans me laisser le temps de préparer ce que je pourrais dire: "Il est là! Panting and without giving me time to prepare what I could say: "There he is! dit-il. he said. Que réclame-t-il? |reclaims|| What does he claim? Il est malheureux, répondis-je. He's unhappy, I replied. Il venait te demander de l'aide, pour retrouver ce qu'il a perdu. He came to ask you for help, to find what he lost. Ah! Ah! fit-il, baissant la tête. he said, bowing his head. Je m'en doutais bien. I knew it. J'avais beau essayer d'endormir cette pensée-là... Mais où est-il? I was trying to put that thought down, but where is it? Raconte vite". Tell me quickly. Je dis que Frantz venait de partir et que certainement on ne le rejoindrait plus maintenant. I say that Frantz had just left and that certainly we would not join him anymore. Ce fut pour Meaulnes une grande déception. This was a great disappointment for Meaulnes. Il hésita, fit deux ou trois pas, s'arrêta. He hesitated, took two or three steps, stopped. Il paraissait au comble de l'indécision et du chagrin. He seemed at the height of indecision and grief. Je lui racontai ce que j'avais promis en son nom au jeune homme. I told him what I had promised in his name to the young man. Je dis que je lui avais donné rendez-vous dans un an à la même place. I said I had arranged to meet him in a year at the same place. Augustin, si calme en général, était maintenant dans un état de nervosité et d'impatience extraordinaires: "Ah! Augustine, so calm in general, was now in a state of extraordinary nervousness and impatience: “Ah! Pourquoi avoir fait cela! Why did you do this! dit-il. he said. Mais oui, sans doute, je puis le sauver. But yes, no doubt, I can save him. Mais il faut que ce soit tout de suite. But it has to be now. Il faut que je le voie, que je lui parle, qu'il me pardonne et que je répare tout... Autrement je ne peux plus me présenter là-bas..." Et il se tourna vers la maison des Sablonnières. ||||||||||||||||repairs||||||||||||||||||| I have to see him, talk to him, forgive me and fix everything ... Otherwise I can't show up there anymore ... "And he turned to the house in Les Sablonnières. "Ainsi, dis-je, pour une promesse enfantine que tu lui as faite, tu es en train de détruire ton bonheur. “So,” I said, “for a childish promise you made to her, you are destroying your happiness. --Ah! Si ce n'était que cette promesse", fit-il. If it was just that promise, "he said. Et ainsi je connus qu'autre chose liait les deux jeunes hommes, mais sans pouvoir deviner quoi. And so I knew that something else linked the two young men, but without being able to guess what. "En tout cas, dis-je, il n'est plus temps de courir. “Anyway,” I said, “it's not time to run anymore. Ils sont maintenant en route pour l'Allemagne". They are now on their way to Germany ". Il allait répondre, lorsqu'une figure échevelée, hagarde, se dressa entre nous. |||||disheveled|haggard|||| He was about to answer, when a disheveled, haggard figure rose up between us. C'était Mlle de Galais. It was Mlle de Galais. Elle avait dû courir, car elle avait le visage baigné de sueur. ||had||||||||| She must have run because her face was bathed in sweat. Elle avait dû tomber et se blesser, car elle avait le front écorché au-dessus de l'oeil droit et du sang figé dans les cheveux. ||||||||||||scraped|||||||||coagulated||| She must have fallen and hurt herself, for her forehead had grazed above her right eye and blood stuck in her hair. Il m'est arrivé, dans les quartiers pauvres de Paris, de voir soudain, descendue dans la rue, séparé par des agents intervenus dans la bataille, un ménage qu'on croyait heureux, uni, honnête. ||||||||||||||||||||intervened|||||house||||| It happened to me, in the poor districts of Paris, to see suddenly, gone down in the street, separated by agents intervening in the battle, a household which one believed happy, united, honest. Le scandale a éclaté tout d'un coup, n'importe quand, à l'instant de se mettre à table, le dimanche avant de sortir, au moment de souhaiter la fête du petit garçon.... et maintenant tout est oublié, saccagé. ||||||||||||||||||||||||wish|||||||||||ravaged The scandal erupted suddenly, anytime, at the moment of sitting down to table, on Sunday before going out, at the moment of wishing the birthday of the little boy ... and now everything is forgotten, trashed. L'homme et la femme, au milieu du tumulte, ne sont plus que deux démons pitoyables et les enfants en larmes se jettent contre eux, les embrassent étroitement, les supplient de se taire et de ne plus se battre. |||||||||||||||||||||||||||||||be quiet|||||| The man and the woman, in the midst of the tumult, are no more than two pitiful demons and the children in tears throw themselves against them, embrace them closely, beg them to be silent and not to fight any more. Mlle de Galais, quand elle arriva près de Meaulnes, me fit penser à un de ces enfants-là, à un de ces pauvres enfants affolés. ||||||||||||||||||||||||frightened Mademoiselle de Galais, when she arrived near Meaulnes, reminded me of one of those children, of one of those poor distraught children. Je crois que tous ses amis, tout un village, tout un monde l'eût regardée, qu'elle fût accourue tout de même, qu'elle fût tombée de la même façon, échevelée, pleurante, salie. ||||||||||||||||rushed|||||||||||||soiled I believe that all her friends, a whole village, a whole world would have looked at her, that she had run all the same, that she had fallen in the same way, disheveled, weeping, soiled. Mais quand elle eut compris que Meaulnes était bien là, que cette fois du moins, il ne l'abandonnerait pas, alors elle passa son bras sous le sien, puis elle ne put s'empêcher de rire au milieu de ses larmes comme un petit enfant. But when she understood that Meaulnes was there, that this time at least, he would not abandon her, then she put her arm under his, then she could not help laughing in the midst of her tears like a child. child. Ils ne dirent rien ni l'un ni l'autre. Mais, comme elle avait tiré son mouchoir, Meaulnes le lui prit doucement des mains: avec précaution et application, il essuya le sang qui tachait la chevelure de la jeune fille. |||||||||||||||||||||||stained||hair|||| But, as she had drawn out her handkerchief, Meaulnes took it gently from her hands: with care and application, he wiped away the blood which stained the young girl's hair. "Il faut rentrer, maintenant, dit-il. "We have to go home now," he said. Et je les lassai retourner tous les deux, dans le beau grand vent du soir d'hiver qui leur fouettait le visage, lui, l'aidant de la main aux passages difficiles; elle, souriant et se hâtant vers leur demeure pour un instant abandonnée. |||let them go|||||||||||||||whipped||||the helper|||||||||||hurrying||||||| And I made them both go back, in the beautiful strong wind of the winter evening which lashed their faces, him, helping him with my hand through difficult passages; she, smiling and hurrying to their abode for a moment abandoned.