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Madame Bovary de Gustave Flaubert, Première Partie, 2

Première Partie, 2

Une nuit, vers onze heures, ils furent réveillés par le bruit d'un cheval qui s'arrêta juste à la porte. La bonne ouvrit la lucarne du grenier et parlementa quelque temps avec un homme resté en bas, dans la rue. Il venait chercher le médecin ; il avait une lettre. Nastasie descendit les marches en grelottant, et alla ouvrir la serrure et les verrous, l'un après l'autre. L'homme laissa son cheval, et, suivant la bonne, entra tout à coup derrière elle. Il tira de dedans son bonnet de laine à houppes grises, une lettre enveloppée dans un chiffon, et la présenta délicatement à Charles, qui s'accouda sur l'oreiller pour la lire. Nastasie, près du lit, tenait la lumière. Madame, par pudeur, restait tournée vers la ruelle et montrait le dos. Cette lettre, cachetée d'un petit cachet de cire bleue, suppliait M. Bovary de se rendre immédiatement à la ferme des Bertaux, pour remettre une jambe cassée. Or il y a, de Tostes aux Bertaux, six bonnes lieues de traverse, en passant par Longueville et Saint-Victor. La nuit était [ 16 ] noire. Mme Bovary jeune redoutait les accidents pour son mari. Donc il fut décidé que le valet d'écurie prendrait les devants. Charles partirait trois heures plus tard, au lever de la lune. On enverrait un gamin à sa rencontre, afin de lui montrer le chemin de la ferme et d'ouvrir les clôtures devant lui. Vers quatre heures du matin, Charles, bien enveloppé dans son manteau, se mit en route pour les Bertaux. Encore endormi par la chaleur du sommeil, il se laissait bercer au trot pacifique de sa bête. Quand elle s'arrêtait d'elle-même devant ces trous entourés d'épines que l'on creuse au bord des sillons, Charles se réveillant en sursaut, se rappelait vite la jambe cassée, et il tâchait de se remettre en mémoire toutes les fractures qu'il savait. La pluie ne tombait plus ; le jour commençait à venir, et, sur les branches des pommiers sans feuilles, des oiseaux se tenaient immobiles, hérissant leurs petites plumes au vent froid du matin. La plate campagne s'étalait à perte de vue, et les bouquets d'arbres autour des fermes faisaient, à intervalles éloignés, des taches d'un violet noir sur cette grande surface grise, qui se perdait à l'horizon dans le ton morne du ciel. Charles, de temps à autre, ouvrait les yeux ; puis, son esprit se fatiguant et le sommeil revenant de soi-même, bientôt il entrait dans une sorte d'assoupissement où, ses sensations récentes se confondant avec des souvenirs, lui-même se percevait double, à la fois étudiant et marié, couché dans son lit comme tout à l'heure, traversant une salle d'opérés comme autrefois. L'odeur chaude des cataplasmes [ 17 ] se mêlait dans sa tête à la verte odeur de la rosée ; il entendait rouler sur leur tringle les anneaux de fer des lits et sa femme dormir… Comme il passait par Vassonville, il aperçut, au bord d'un fossé, un jeune garçon assis sur l'herbe. — Êtes-vous le médecin ?

demanda l'enfant. Et, sur la réponse de Charles, il prit ses sabots à ses mains et se mit à courir devant lui.

L'officier de santé, chemin faisant, comprit aux discours de son guide que M. Rouault devait être un cultivateur des plus aisés. Il s'était cassé la jambe, la veille au soir, en revenant de faire les Rois, chez un voisin. Sa femme était morte depuis deux ans. Il n'avait avec lui que sa demoiselle, qui l'aidait à tenir la maison. Les ornières devinrent plus profondes.

On approchait des Bertaux. Le petit gars, se coulant alors par un trou de haie, disparut, puis, il revint au bout d'une cour en ouvrir la barrière. Le cheval glissait sur l'herbe mouillée ; Charles se baissait pour passer sous les branches. Les chiens de garde à la niche aboyaient en tirant sur leur chaîne. Quand il entra dans les Bertaux, son cheval eut peur et fit un grand écart. C'était une ferme de bonne apparence.

On voyait dans les écuries, par le dessus des portes ouvertes, de gros chevaux de labour qui mangeaient tranquillement dans des râteliers neufs. Le long des bâtiments s'étendait un large fumier, de la buée s'en élevait, et, parmi les poules et les dindons, picoraient dessus cinq ou six paons, luxe des basses-cours cauchoises. La bergerie était longue, la. grange était haute, à murs lisses comme la main. Il y avait sous le hangar deux grandes [ 18 ] charrettes et quatre charrues, avec leurs fouets, leurs colliers, leurs équipages complets, dont les toisons de laine bleue se salissaient à la poussière fine qui tombait des greniers. La cour allait en montant ; plantée d'arbres symétriquement espacés, et le bruit gai d'un troupeau d'oies retentissait près de la mare. Une jeune femme, en robe de mérinos bleu garnie de trois volants, vint sur le seuil de la maison pour recevoir M. Bovary, qu'elle fit entrer dans la cuisine, où flambait un grand feu. Le déjeuner des gens bouillonnait alentour, dans des petits pots de taille inégale. Des vêtements humides séchaient dans l'intérieur de la cheminée. La pelle, les pincettes et le bec du soufflet, tous de proportion colossale, brillaient comme de l'acier poli, tandis que le long des murs s'étendait une abondante batterie de cuisine, où miroitait inégalement la flamme claire du foyer, jointe aux premières lueurs du soleil arrivant par les carreaux. Charles monta, au premier, voir le malade.

Il le trouva dans son lit, suant sous ses couvertures et ayant rejeté bien loin son bonnet de coton. C'était un gros petit homme de cinquante ans, à la peau blanche, à l'œil bleu, chauve sur le devant de la tête, et qui portait des boucles d'oreilles. Il avait à ses côtés, sur une chaise, une grande carafe d'eau-de-vie, dont il se versait de temps à autre pour se donner du cœur au ventre ; mais, dès qu'il vit le médecin, son exaltation tomba, et, au lieu de sacrer comme il faisait depuis douze heures, il se prit à geindre faiblement. [ 19 ] La fracture était simple, sans complication d'aucune espèce. Charles n'eût osé en souhaiter de plus facile. Alors, se rappelant les allures de ses maîtres auprès du lit des blessés, il réconforta le patient avec toutes sortes de bons mots ; caresses chirurgicales qui sont comme l'huile dont on graisse les bistouris. Afin d'avoir des attelles, on alla chercher, sous la charretterie, un paquet de lattes. Charles en choisit une, la coupa en morceaux et la polit avec un éclat de vitre, tandis que la servante déchirait des draps pour faire des bandes, et que Mlle Emma tâchait à coudre des coussinets. Comme elle fut longtemps avant de trouver son étui, son père s'impatienta ; elle ne répondit rien ; mais, tout en cousant, elle se piquait les doigts, qu'elle portait ensuite à sa bouche pour les sucer. Charles fut surpris de la blancheur de ses ongles.

Ils étaient brillants, fins du bout, plus nettoyés que les ivoires de Dieppe, et taillés en amande. Sa main pourtant n'était pas belle, point assez pâle peut-être, et un peu sèche aux phalanges ; elle était trop longue aussi, et sans molles inflexions de lignes sur les contours. Ce qu'elle avait de beau, c'étaient les yeux ; quoiqu'ils fussent bruns, ils semblaient noirs à cause des cils, et son regard arrivait franchement à vous avec une hardiesse candide. Une fois le pansement fait, le médecin fut invité, par M. Rouault lui-même, à prendre un morceau avant de partir. Charles descendit dans la salle, au rez-de-chaussée.

Deux couverts, avec des timbales d'argent, y étaient mis sur une petite table, au [ 20 ] pied d'un grand lit à baldaquin revêtu d'une indienne à personnages représentant des Turcs. On sentait une odeur d'iris et de draps humides, qui s'échappait de la haute armoire en bois de chêne, faisant face à la fenêtre. Par terre, dans les angles, étaient rangés, debout, des sacs de blé. C'était le trop-plein du grenier proche, où l'on montait par trois marches de pierre. Il y avait, pour décorer l'appartement, accrochée à un clou, au milieu du mur dont la peinture verte s'écaillait sous le salpêtre, une tête de Minerve au crayon noir, encadrée de dorure, et qui portait au bas, écrit en lettres gothiques : « À mon cher papa. On parla d'abord du malade, puis du temps qu'il faisait, des grands froids, des loups qui couraient les champs, la nuit.

Mlle Rouault ne s'amusait guère à la campagne, maintenant surtout qu'elle était chargée presque à elle seule des soins de la ferme. Comme la salle était fraîche, elle grelottait tout en mangeant, ce qui découvrait un peu ses lèvres charnues, qu'elle avait coutume de mordillonner à ses moments de silence. Son cou sortait d'un col blanc, rabattu.

Ses cheveux, dont les deux bandeaux noirs semblaient chacun d'un seul morceau, tant ils étaient lisses, étaient séparés sur le milieu de la tête par une raie fine, qui s'enfonçait légèrement selon la courbe du crâne ; et, laissant voir à peine le bout de l'oreille, ils allaient se confondre par derrière en un chignon abondant, avec un mouvement ondé vers les tempes, que le médecin de campagne remarqua là pour la première fois de sa vie. Ses pommettes étaient roses. Elle portait, comme un [ 21 ] homme, passé entre deux boutons de son corsage, un lorgnon d'écaille. Quand Charles, après être monté dire adieu au père Rouault, rentra dans la salle avant de partir, il la trouva debout, le front contre la fenêtre, et qui regardait dans le jardin, où les échalas des haricots avaient été renversés par le vent. Elle se retourna. — Cherchez-vous quelque chose ?

demanda-t-elle. — Ma cravache, s'il vous plaît, répondit-il.

Et il se mit à fureter sur le lit, derrière les portes, sous les chaises ; elle était tombée à terre, entre les sacs et la muraille. Mlle Emma l'aperçut ; elle se pencha sur les sacs de blé. Charles, par galanterie, se précipita et, comme il allongeait aussi son bras dans le même mouvement, il sentit sa poitrine effleurer le dos de la jeune fille, courbée sous lui. Elle se redressa toute rouge et le regarda par-dessus l'épaule, en lui tendant son nerf de bœuf. Au lieu de revenir aux Bertaux trois jours après, comme il l'avait promis, c'est le lendemain même qu'il y retourna, puis deux fois la semaine régulièrement, sans compter les visites inattendues qu'il faisait de temps à autre, comme par mégarde. Tout, du reste, alla bien ; la guérison s'établit selon les règles, et quand, au bout de quarante-six jours, on vit le père Rouault qui s'essayait à marcher seul dans sa masure, on commença à considérer M. Bovary comme un homme de grande capacité. Le père Rouault disait qu'il n'aurait pas été mieux guéri par les premiers médecins d'Yvetot ou même de Rouen. [ 22 ] Quant à Charles, il ne chercha point à se demander pourquoi il venait aux Bertaux avec plaisir. Y eût-il songé, qu'il aurait sans doute attribué son zèle à la gravité du cas, ou peut-être au profit qu'il en espérait. Était-ce pour cela, cependant, que ses visites à la ferme faisaient, parmi les pauvres occupations de sa vie, une exception charmante ? Ces jours-là il se levait de bonne heure, partait au galop, poussait sa bête, puis il descendait pour s'essuyer les pieds sur l'herbe, et passait ses gants noirs avant d'entrer. Il aimait à se voir arriver dans la cour, à sentir contre son épaule la barrière qui tournait, et le coq qui chantait sur le mur, les garçons qui venaient à sa rencontre. Il aimait la grange et les écuries ; il aimait le père Rouault ; qui lui tapait dans la main en l'appelant son sauveur ; il aimait les petits sabots de Mlle Emma sur les dalles lavées de la cuisine ; ses talons hauts la grandissaient un peu, et, quand elle marchait devant lui, les semelles de bois, se relevant vite, claquaient avec un bruit sec contre le cuir de la bottine. Elle le reconduisait toujours jusqu'à la première marche du perron.

Lorsqu'on n'avait pas encore amené son cheval, elle restait là. On s'était dit adieu, on ne parlait plus ; le grand air l'entourait, levant pêle-mêle les petits cheveux follets de sa nuque, ou secouant sur sa hanche les cordons de son tablier, qui se tortillaient comme des banderoles. Une fois, par un temps de dégel, l'écorce des arbres suintait dans la cour, la neige sur les couvertures des bâtiments se fondait. Elle était sur le seuil ; elle alla chercher son ombrelle, elle [ 23 ] l'ouvrit. L'ombrelle, de soie gorge de pigeon, que traversait le soleil, éclairait de reflets mobiles la peau blanche de sa figure. Elle souriait là-dessous à la chaleur tiède ; et on entendait les gouttes d'eau, une à une, tomber sur la moire tendue. Dans les premiers temps que Charles fréquentait les Bertaux, Mme Bovary jeune ne manquait pas de s'informer du malade, et même sur le livre qu'elle tenait en partie double, elle avait choisi pour M. Rouault une belle page blanche. Mais quand elle sut qu'il avait une fille, elle alla aux informations ; et elle apprit que mademoiselle Rouault, élevée au couvent, chez les Ursulines, avait reçu, comme on dit, une belle éducation, qu'elle savait, en conséquence, la danse, la géographie, le dessin, faire de la tapisserie et toucher du piano. Ce fut le comble ! — C'est donc pour cela, se disait-elle, qu'il a la figure si épanouie quand il va la voir, et qu'il met son gilet neuf, au risque de l'abîmer à la pluie ? Ah ! cette femme ! cette femme !… Et elle la détesta, d'instinct.

D'abord, elle se soulagea par des allusions, Charles ne les comprit pas ; ensuite, par des réflexions incidentes qu'il laissait passer de peur de l'orage ; enfin, par des apostrophes à brûle-pourpoint auxquelles il ne savait que répondre. – D'où vient qu'il retournait aux Bertaux, puisque M. Rouault était guéri et que ces gens-là n'avaient pas encore payé ? Ah ! c'est qu'il y avait là-bas une personne, quelqu'un qui savait causer, une brodeuse, un bel esprit. C'était là ce qu'il aimait : il lui fallait des demoiselles de ville ! – Et elle reprenait : [ 24 ] — La fille au père Rouault, une demoiselle de ville ! Allons donc ! leur grand-père était berger, et ils ont un cousin qui a failli passer par les assises pour un mauvais coup, dans une dispute. Ce n'est pas la peine de faire tant de fla-fla, ni de se montrer le dimanche à l'église avec une robe de soie, comme une comtesse. Pauvre bonhomme, d'ailleurs, qui sans les colzas de l'an passé, eût été bien embarrassé de payer ses arrérages ! Par lassitude, Charles cessa de retourner aux Bertaux.

Héloïse lui avait fait jurer qu'il n'irait plus, la main sur son livre de messe, après beaucoup de sanglots et de baisers, dans une grande explosion d'amour. Il obéit donc ; mais la hardiesse de son désir protesta contre la servilité de sa conduite, et, par une sorte d'hypocrisie naïve, il estima que cette défense de la voir était pour lui comme un droit de l'aimer. Et puis la veuve était maigre ; elle avait les dents longues ; elle portait en toute saison un petit châle noir dont la pointe lui descendait entre les omoplates ; sa taille dure était engainée dans des robes en façon de fourreau, trop courtes, qui découvraient ses chevilles, avec les rubans de ses souliers larges s'entrecroisant sur des bas gris. La mère de Charles venait les voir de temps à autre ; mais, au bout de quelques jours, la bru semblait l'aiguiser à son fil ; et alors, comme deux couteaux, elles étaient à le scarifier par leurs réflexions et leurs observations. Il avait tort de tant manger ! Pourquoi toujours offrir la goutte au premier venu ? Quel entêtement que de ne pas vouloir porter de flanelle ! [ 25 ] Il arriva qu'au commencement du printemps, un notaire d'Ingouville, détenteur de fonds à la veuve Dubuc, s'embarqua, par une belle marée, emportant avec lui tout l'argent de son étude. Héloïse, il est vrai, possédait encore, outre une part de bateau évaluée six mille francs, sa maison de la rue Saint-François ; et cependant, de toute cette fortune que l'on avait fait sonner si haut, rien, si ce n'est un peu de mobilier et quelques nippes, n'avait paru dans le ménage. Il fallut tirer la chose au clair. La maison de Dieppe se trouva vermoulue d'hypothèques jusque dans ses pilotis ; ce qu'elle avait mis chez le notaire, Dieu seul le savait, et la part de barque n'excéda point mille écus. Elle avait donc menti, la bonne dame ! Dans son exaspération, M. Bovary père, brisant une chaise contre les pavés, accusa sa femme d'avoir fait le malheur de leur fils en l'attelant à une haridelle semblable, dont les harnais ne valaient pas la peau. Ils vinrent à Tostes. On s'expliqua. Il y eut des scènes. Héloïse, en pleurs, se jetant dans les bras de son mari, le conjura de la défendre de ses parents. Charles voulut parler pour elle. Ceux-ci se fâchèrent, et ils partirent. Mais le coup était porté . Huit jours après, comme elle étendait du linge dans sa cour, elle fut prise d'un crachement de sang, et le lendemain, tandis que Charles avait le dos tourné pour fermer le rideau de la fenêtre, elle dit : « Ah ! mon Dieu ! » poussa un soupir et s'évanouit. Elle était morte ! Quel étonnement ! Quand tout fut fini au cimetière, Charles rentra chez lui.

Il ne trouva personne en bas ; il monta [ 26 ] au premier, dans la chambre, vit sa robe encore accrochée au pied de l'alcôve ; alors, s'appuyant contre le secrétaire, il resta jusqu'au soir perdu dans une rêverie douloureuse. Elle l'avait aimé, après tout.

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Première Partie, 2 Erster Teil, 2 Part 1, 2 Parte 1, 2 Parte 1, 2 Deel 1, 2 Parte 1, 2

Une nuit, vers onze heures, ils furent réveillés par le bruit d’un cheval qui s’arrêta juste à la porte. ||||||wurden|||||||||||| One night, around eleven o'clock, they were awakened by the sound of a horse which stopped right at the door. La bonne ouvrit la lucarne du grenier et parlementa quelque temps avec un homme resté en bas, dans la rue. ||||окно||||||||||||||| ||||petite fenêtre||||discuta||||||||||| ||||skylight||attic||conversed||||||||||| ||||||||parlierte||||||||||| The maid opened the attic window and spent some time talking with a man who had stayed downstairs in the street. Il venait chercher le médecin ; il avait une lettre. ||||doctor|||| Nastasie descendit les marches en grelottant, et alla ouvrir la serrure et les verrous, l’un après l’autre. Nastasie|descendit||escaliers||tremblant de froid|||||serrure|||verrous : loquets||| Nastasie|descended||steps||shivering|||||lock|||locks||| |||||grelottant||||||||||| Nastasie shivered down the steps, and went to open the lock and bolts, one after the other. L’homme laissa son cheval, et, suivant la bonne, entra tout à coup derrière elle. The man left his horse, and, following the maid, suddenly entered behind her. Il tira de dedans son bonnet de laine à houppes grises, une lettre enveloppée dans un chiffon, et la présenta délicatement à Charles, qui s’accouda sur l’oreiller pour la lire. |||||||||pompons|||||||||||||||||||| |||||||wool||pompoms|||||||cloth||||||||propped up||the pillow||| |||||||||Quasten|||||||||||||||||||| He drew from his gray tussock wool cap, a letter wrapped in a cloth, and presented it delicately to Charles, who leaned on the pillow to read it. Nastasie, près du lit, tenait la lumière. Nastasie||||held|| Madame, par pudeur, restait tournée vers la ruelle et montrait le dos. ||par modestie||||||||| ||Scham||||||||| ||modesty|||||alley|||| Madame, out of modesty, remained turned towards the lane and showed her back. Cette lettre, cachetée d’un petit cachet de cire bleue, suppliait M. Bovary de se rendre immédiatement à la ferme des Bertaux, pour remettre une jambe cassée. |||||||Wachs|||||||||||||||||| |||||seal|||||||||||||||Bertaux||||| This letter, sealed with a small seal of blue wax, begged M. Bovary to go immediately to the Bertaux farm, to put back a broken leg. Or il y a, de Tostes aux Bertaux, six bonnes lieues de traverse, en passant par Longueville et Saint-Victor. Or||||||||||miles||||||Longueville||| Now there are, from Tostes to Bertaux, six good cross-country leagues, passing through Longueville and Saint-Victor. La nuit était [ 16 ] noire. The night was [16] dark. Mme Bovary jeune redoutait les accidents pour son mari. Frau Bovary in jungen Jahren fürchtete die Unfälle für ihren Mann. Young Bovary feared accidents for her husband. Donc il fut décidé que le valet d’écurie prendrait les devants. ||||||||||les devants ||||||Knecht|||| |||||||stable|||leads Es wurde beschlossen, dass der Stallknecht die Vorreise antreten würde. So it was decided that the valet would take the lead. Charles partirait trois heures plus tard, au lever de la lune. Charles würde drei Stunden später, bei Mondaufgang, aufbrechen. On enverrait un gamin à sa rencontre, afin de lui montrer le chemin de la ferme et d’ouvrir les clôtures devant lui. |||||||||||||||||||Zäune|| |||||||||||||||||||fences|| We would send a kid to meet him, to show him the way to the farm and to open the fences in front of him. Vers quatre heures du matin, Charles, bien enveloppé dans son manteau, se mit en route pour les Bertaux. |||||||||||||||||Bertaux Around four in the morning, Charles, wrapped well in his coat, set out for the Bertaux. Encore endormi par la chaleur du sommeil, il se laissait bercer au trot pacifique de sa bête. ||||||||||se balancer||trotter|||| ||||||||||wiegen|||||| ||||||||||rock||trot|||| Still asleep by the heat of sleep, he let himself be rocked by the peaceful trotting of his animal. Quand elle s’arrêtait d’elle-même devant ces trous entourés d’épines que l’on creuse au bord des sillons, Charles se réveillant en sursaut, se rappelait vite la jambe cassée, et il tâchait de se remettre en mémoire toutes les fractures qu’il savait. |||||||||d'épines||||||||||||soudainement éveillé||||||||||||||||||| |||||||holes||of thorns|||digs||||furrows|||||startled||||||||||||||||||| |||||||||von Dornen|||gräbt||||Furchen|||||Satz||||||||||||||||||| Als sie von selbst vor diesen mit Dornen umgebenen Löchern anhielt, die man am Rand der Furchen gräbt, wurde Charles, der plötzlich aufwachte, sich schnell an das gebrochene Bein erinnert und versuchte, sich alle Brüche ins Gedächtnis zu rufen, die er kannte. When she stopped herself in front of these holes surrounded by thorns that are dug at the edge of the furrows, Charles waking up with a start, quickly remembered the broken leg, and he tried to remember all the fractures he knew. La pluie ne tombait plus ; le jour commençait à venir, et, sur les branches des pommiers sans feuilles, des oiseaux se tenaient immobiles, hérissant leurs petites plumes au vent froid du matin. |||||||||||||||||||||||gonflant|||||||| |||||||||||||||apple trees||||||||erecting|||||||| |||||||||||||||||||||||aufplusternd|||||||| Der Regen fiel nicht mehr; der Tag begann zu dämmern, und auf den blattlosen Ästen der Apfelbäume saßen Vögel reglos und sträubten ihr kleines Federkleid gegen den kalten Morgenwind. The rain was no longer falling; the day was coming, and birds stood motionless on the branches of leafless apple trees, bristling their little feathers in the cold morning breeze. La plate campagne s’étalait à perte de vue, et les bouquets d’arbres autour des fermes faisaient, à intervalles éloignés, des taches d’un violet noir sur cette grande surface grise, qui se perdait à l’horizon dans le ton morne du ciel. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||sombre et triste|| ||||||||||||||||||entfernt||||||||||||||||||||| ||||||||||||||||||||||purple||||||||||||||||| Die flache Landschaft erstreckte sich bis zum Horizont, und die Baumgruppen rund um die Höfe bildeten, in großen Abständen, Flecken von schwarz-violett auf dieser großen grauen Fläche, die am Horizont im düsteren Farbton des Himmels verschwand. The flat countryside stretched as far as the eye could see, and the clumps of trees around the farms made, at distant intervals, spots of black violet on this large gray surface, which was lost on the horizon in a dreary tone from the sky. Charles, de temps à autre, ouvrait les yeux ; puis, son esprit se fatiguant et le sommeil revenant de soi-même, bientôt il entrait dans une sorte d’assoupissement où, ses sensations récentes se confondant avec des souvenirs, lui-même se percevait double, à la fois étudiant et marié, couché dans son lit comme tout à l’heure, traversant une salle d’opérés comme autrefois. ||||||||||||||||||||||||||Einschlafen||||||confondent|||||||||||||||||||||||||||| ||||||||||||||||||||||||||dozing||||||||||||||||||||||||||||||||of the operated|| Charles öffnete von Zeit zu Zeit die Augen; dann, als sein Geist ermüdet war und der Schlaf von selbst zurückkam, fiel er bald in eine Art Halbschlaf, in dem sich seine jüngsten Empfindungen mit Erinnerungen vermischten, und er selbst nahm sich doppelt wahr, gleichzeitig Student und verheiratet, im Bett liegend wie zuvor, durch einen Operationssaal gehend wie einst. Charles, from time to time, opened his eyes; then, his mind getting tired and sleep coming back from himself, soon he entered a sort of drowsiness where, his recent sensations merging with memories, himself perceived himself double, both student and married, lying down in bed as before, crossing an operating room like before. L’odeur chaude des cataplasmes [ 17 ] se mêlait dans sa tête à la verte odeur de la rosée ; il entendait rouler sur leur tringle les anneaux de fer des lits et sa femme dormir… Comme il passait par Vassonville, il aperçut, au bord d’un fossé, un jeune garçon assis sur l’herbe. |||Katzenkompressen|||||||||Geruch|||||||||Stange||||||||||||||||||||||||||| |||poultices||||||||||||dew||||||rod||rings|||||||||||||Vassonville||||||ditch|||||| Der warme Geruch der Auflagen vermischte sich in seinem Kopf mit dem grünen Geruch des Morgentaus; er hörte die Eisenringe der Betten auf ihrer Stange rollen und seine Frau schlafen... Als er durch Vassonville ging, erblickte er am Rand eines Grabens einen jungen Jungen, der im Gras saß. The warm smell of poultices [17] mingled in his head with the green smell of dew; he heard the iron rings of the beds roll on their rods and his wife sleeping ... As he was passing by Vassonville, he saw a young boy sitting on the grass at the edge of a ditch. — Êtes-vous le médecin ? — Sind Sie der Arzt?

demanda l’enfant. Et, sur la réponse de Charles, il prit ses sabots à ses mains et se mit à courir devant lui. |||||||||clogs|||||||||| And, on Charles' reply, he took his hooves in his hands and began to run ahead of him.

L’officier de santé, chemin faisant, comprit aux discours de son guide que M. Rouault devait être un cultivateur des plus aisés. ||||||||||||||||||||aisés The officer||||||||||guide|||Rouault||||cultivator|||wealthy Der Sanitätsoffizier verstand während des Weges aus den Äußerungen seines Führers, dass Herr Rouault ein wohlhabender Landwirt sein musste. The health officer, on his way, understood from his guide's words that Mr. Rouault must be a very well-to-do farmer. Il s’était cassé la jambe, la veille au soir, en revenant de faire les Rois, chez un voisin. ||||||||||||feiern||||| |||||the||||||||||at|| Er hatte sich am Vorabend das Bein gebrochen, als er von der Dreikönigsfeier bei einem Nachbarn zurückkam. He had broken his leg the previous evening, on his return from playing Kings, at a neighbor's house. Sa femme était morte depuis deux ans. Seine Frau war vor zwei Jahren gestorben. Il n’avait avec lui que sa demoiselle, qui l’aidait à tenir la maison. ||||||lady|||||| Les ornières devinrent plus profondes. |Furchen||| The|ruts|became|| The ruts became deeper.

On approchait des Bertaux. Wir näherten uns den Bertaux. Le petit gars, se coulant alors par un trou de haie, disparut, puis, il revint au bout d’une cour en ouvrir la barrière. ||||slipping||||||hedge|||||||||||| Der kleine Junge schlüpfte durch ein Loch in der Hecke, verschwand, dann kam er am Ende eines Hofes zurück, um das Tor zu öffnen. The little guy, then running through a hole in the hedge, disappeared, then he came back to the end of a courtyard to open the gate. Le cheval glissait sur l’herbe mouillée ; Charles se baissait pour passer sous les branches. |||||wet|||||||| Das Pferd glitt über das nasse Gras; Charles beugte sich, um unter den Ästen hindurchzukommen. The horse glided over the wet grass; Charles stooped down to pass under the branches. Les chiens de garde à la niche aboyaient en tirant sur leur chaîne. ||||||Hundehütte|bellten||||| ||||||niche|barked||||| The watchdogs in the kennel barked by pulling on their chain. Quand il entra dans les Bertaux, son cheval eut peur et fit un grand écart. ||||||||||||||Sprung ||||||||had||||||leap When he entered the Bertaux, his horse was afraid and made a big splash. C’était une ferme de bonne apparence.

On voyait dans les écuries, par le dessus des portes ouvertes, de gros chevaux de labour qui mangeaient tranquillement dans des râteliers neufs. |||||||||||||||||||||Futtertrögen| ||||stables|||||||||||||||||feed troughs| One saw in the stables, above the open doors, large working horses which ate quietly in new racks. Le long des bâtiments s’étendait un large fumier, de la buée s’en élevait, et, parmi les poules et les dindons, picoraient dessus cinq ou six paons, luxe des basses-cours cauchoises. |||||||||||||||||||||||||Pfauen|||Bauernhöfen||kautschuk ||||||||||||||||||||were pecking|||||peacocks|luxury||||Norman Entlang der Gebäude erstreckte sich ein breiter Mist, Dampf stieg davon auf, und unter den Hühnern und Truthähnen pickten fünf oder sechs Pfauen, der Luxus der niedrigen Höhlen der Normandie. Along the buildings stretched a large manure, mist rose from it, and, among the hens and the turkeys, pecked on five or six peacocks, luxury of the cauchois backyards. La bergerie était longue, la. |Scheune||| |sheepfold||| Die Schafskälte war lang, die. The sheepfold was long. grange était haute, à murs lisses comme la main. Scheune|||||||| |||||smooth||| Scheune war hoch, mit glatten Wänden wie die Hand. Il y avait sous le hangar deux grandes [ 18 ] charrettes et quatre charrues, avec leurs fouets, leurs colliers, leurs équipages complets, dont les toisons de laine bleue se salissaient à la poussière fine qui tombait des greniers. |||||||||||Pflüge|||Peitschen||||||||Felle|||||schmutzig wurden||||||tombait|| ||||||||carts|||plows|||whips||collars||harnesses||||fleece|||||got dirty|||||||| La cour allait en montant ; plantée d’arbres symétriquement espacés, et le bruit gai d’un troupeau d’oies retentissait près de la mare. |||||||||||||||von Gänsen||||| |||||||symmetrically|spaced||||||flock|of geese|was resonating|||| The court went up; planted with symmetrically spaced trees, and the cheerful sound of a flock of geese resounded near the pond. Une jeune femme, en robe de mérinos bleu garnie de trois volants, vint sur le seuil de la maison pour recevoir M. Bovary, qu’elle fit entrer dans la cuisine, où flambait un grand feu. ||||||mérinos||||||||||||||||||||||||||| |||in|||merino|||||ruffles|came||||||||||||||||||blazed||| Eine junge Frau, in einem blauem Merinokleid mit drei Rüschen, trat auf die Schwelle des Hauses, um Herrn Bovary zu empfangen, den sie in die Küche hineinführte, wo ein großes Feuer loderte. A young woman, in a blue merino dress trimmed with three frills, came to the threshold of the house to receive M. Bovary, whom she led into the kitchen, where a big fire was burning. Le déjeuner des gens bouillonnait alentour, dans des petits pots de taille inégale. |||||umher|||||||ungleich ||||was boiling|around||||||| ||||||||||||de tailles différentes Das Mittagessen der Leute brodelte umher in kleinen Töpfen unterschiedlicher Größe. People's lunch was bubbling around, in small jars of unequal size. Des vêtements humides séchaient dans l’intérieur de la cheminée. Feuchte Kleidung trocknete im Inneren des Kamins. Wet clothes were drying inside the chimney. La pelle, les pincettes et le bec du soufflet, tous de proportion colossale, brillaient comme de l’acier poli, tandis que le long des murs s’étendait une abondante batterie de cuisine, où miroitait inégalement la flamme claire du foyer, jointe aux premières lueurs du soleil arrivant par les carreaux. |||pince à feu|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| |die Schaufel||Zange|||||Blasebalg||||||||der Stahl||||||||||||||||||||||||||||||| |shovel||tweezers|||beak||bell||||||||the steel|||||||||||battery||||mirrored|||||||joined|||||||||tiles The shovel, the tweezers and the bellows beak, all of colossal proportion, shone like polished steel, while along the walls stretched an abundant cookware, where the clear flame of the hearth unevenly shimmered, joined to the first light of the sun coming through the tiles. Charles monta, au premier, voir le malade. Charles went upstairs to see the patient.

Il le trouva dans son lit, suant sous ses couvertures et ayant rejeté bien loin son bonnet de coton. ||||||transpirant abondamment|||||||||||| ||||||sweating|||||||||||| ||||||schweißend|||||||||||| He found him in his bed, sweating under his blankets and having thrown his cotton cap far away. C’était un gros petit homme de cinquante ans, à la peau blanche, à l’œil bleu, chauve sur le devant de la tête, et qui portait des boucles d’oreilles. |||||||||||||||chauve devant tête|||||||||||| ||||||||||||||||||||||||||curls|of earrings He was a fat little man of fifty, with white skin, a blue eye, bald on the front of his head, and wearing earrings. Il avait à ses côtés, sur une chaise, une grande carafe d’eau-de-vie, dont il se versait de temps à autre pour se donner du cœur au ventre ; mais, dès qu’il vit le médecin, son exaltation tomba, et, au lieu de sacrer comme il faisait depuis douze heures, il se prit à geindre faiblement. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||se lamenter| |||||||||||||||||schenkte sich||||||sich||||||||||||||||||||||||||||||geinen| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||sacred|||||||||||whine| Er hatte neben sich, auf einem Stuhl, eine große Karaffe mit Schnaps, aus der er sich von Zeit zu Zeit einschenkte, um sich Mut zu machen; aber sobald er den Arzt sah, ließ seine Erregung nach, und anstatt wie seit zwölf Stunden zu fluchen, begann er leise zu jammern. [ 19 ] La fracture était simple, sans complication d’aucune espèce. |fracture||||complication|| [19] Der Bruch war einfach, ohne jegliche Komplikationen. [19] The fracture was simple, without complications of any kind. Charles n’eût osé en souhaiter de plus facile. Charles||||||| Charles hätte sich keinen einfacheren wünschen können. Charles would not have dared to wish for an easier one. Alors, se rappelant les allures de ses maîtres auprès du lit des blessés, il réconforta le patient avec toutes sortes de bons mots ; caresses chirurgicales qui sont comme l’huile dont on graisse les bistouris. |||||||||||||||||||||||||||||||schmiert||Bistouris ||||manners||||||||||comforted||||||||||surgical||||the oil|||||scalpels |||||||||||||||||||||||||||||||||bistouris Also, sich an die Haltung seiner Meister am Bett der Verletzten erinnernd, tröstete er den Patienten mit allerlei tröstenden Worten; chirurgische Streicheleinheiten, die wie das Öl sind, mit dem man die Skalpelle schmiert. Then, remembering the gaits of his masters by the bed of the wounded, he comforted the patient with all sorts of good words; surgical caresses which are like the oil with which the scalpels are greased. Afin d’avoir des attelles, on alla chercher, sous la charretterie, un paquet de lattes. |||attelles|||||||||| |||splints||||||cart shed||||slats |||||||||Scheune|||| Um Schienen zu haben, ging man unter die Wagenremise, um ein Bündel Latten zu holen. In order to have splints, we went to get a pack of slats under the cart. Charles en choisit une, la coupa en morceaux et la polit avec un éclat de vitre, tandis que la servante déchirait des draps pour faire des bandes, et que Mlle Emma tâchait à coudre des coussinets. ||||||||||polissait|||||||||||||||||||||||coudre des coussinets||des petits coussins ||||||||||polish|||shine||||||||||||||||||was trying||||pads |||||||||||||||||||||||||||||||||||Kissenbezüge Charles wählte eine aus, schnitt sie in Stücke und polierte sie mit einem Glassplitter, während die Dienstbotin Laken zerriss, um Binden zu machen, und Mlle Emma versuchte, Kissen zu nähen. Charles chose one, cut it into pieces and polished it with a glass shard, while the servant tore sheets to make strips, and Miss Emma tried to sew pads. Comme elle fut longtemps avant de trouver son étui, son père s’impatienta ; elle ne répondit rien ; mais, tout en cousant, elle se piquait les doigts, qu’elle portait ensuite à sa bouche pour les sucer. |||||||||||||||||||nähen||||||||||||||saugen ||was||||||case|||became impatient||||nothing||||sewing|||pricked|||||||||||suck |||||||||||||||||||||||||||||||||les lécher Da sie lange brauchte, um ihr Etui zu finden, wurde ihr Vater ungeduldig; sie antwortete nichts; aber während sie nähte, stach sie sich in die Finger, die sie anschließend in den Mund steckte, um daran zu saugen. Charles fut surpris de la blancheur de ses ongles. |||||||his| Charles war überrascht von der Weißheit ihrer Nägel. Charles was surprised at the whiteness of his nails.

Ils étaient brillants, fins du bout, plus nettoyés que les ivoires de Dieppe, et taillés en amande. ||||||||||Elfenbeine|||||| |||||||cleaned|||ivories||||shaped||almond Sie waren glänzend, an den Spitzen fein, sauberer als die Elfenbeine aus Dieppe und mandelförmig geschnitzt. They were shiny, fine at the end, more cleaned than ivory from Dieppe, and cut into almonds. Sa main pourtant n’était pas belle, point assez pâle peut-être, et un peu sèche aux phalanges ; elle était trop longue aussi, et sans molles inflexions de lignes sur les contours. ||||||||||||||||phalanges|||||||||||||| ||||||point||||||||||phalanges|||||||without|soft|inflexions||||| ||||||||||||||||||||||||weichen|Inflexion||||| Seine Hand war jedoch nicht schön, vielleicht nicht genug bleich, und ein wenig trocken an den Knöcheln; sie war auch zu lang und hatte keine sanften Linienverläufe an den Konturen. His hand, however, was not beautiful, perhaps not quite pale, and a little dry on the knuckles; it was too long too, and without soft inflections of lines on the contours. Ce qu’elle avait de beau, c’étaient les yeux ; quoiqu’ils fussent bruns, ils semblaient noirs à cause des cils, et son regard arrivait franchement à vous avec une hardiesse candide. |||||||||||||||||cils||||||||||audace innocente|innocente et sincère ||||||||though|were||||||||lashes||||||||||| |||||||||||||||||Wimpern||||||||||Unerschrockenheit|kindlich Was sie schön hatte, waren die Augen; obwohl sie braun waren, schienen sie wegen der Wimpern schwarz, und ihr Blick traf einen offen mit einem kindlichen Freimut. The beauty of it was the eyes; although they were brown, they seemed black because of the eyelashes, and his gaze came frankly to you with candid boldness. Une fois le pansement fait, le médecin fut invité, par M. Rouault lui-même, à prendre un morceau avant de partir. |||Verband||||||||||||||||| ||the|bandage||||||||Rouault||||||||| Nachdem der Verband gemacht war, wurde der Arzt von Herrn Rouault selbst eingeladen, ein Stück zu essen, bevor er ging. Once the dressing was made, the doctor was invited, by M. Rouault himself, to take a bite before leaving. Charles descendit dans la salle, au rez-de-chaussée. Charles ging ins Zimmer im Erdgeschoss. Charles went down into the room, on the ground floor.

Deux couverts, avec des timbales d’argent, y étaient mis sur une petite table, au [ 20 ] pied d’un grand lit à baldaquin revêtu d’une indienne à personnages représentant des Turcs. ||||Bechern||||||||||||||||||||||| ||||goblets|||||||||||||||canopy|||Indian||||| Two place settings, with silver timpani, were placed on a small table at the foot of a large four-poster bed covered with an Indian woman with figures representing Turks. On sentait une odeur d’iris et de draps humides, qui s’échappait de la haute armoire en bois de chêne, faisant face à la fenêtre. ||||of iris||||||||||||||||||| There was a smell of iris and damp sheets coming out of the tall oak cabinet, facing the window. Par terre, dans les angles, étaient rangés, debout, des sacs de blé. ||||||gestellt||||| |||||||||||wheat Auf dem Boden, in den Ecken, standen Säcke mit Weizen. On the ground, in the corners, there were standing bags of wheat. C’était le trop-plein du grenier proche, où l’on montait par trois marches de pierre. ||too|||||||went up||||| Es war der Überfluss des nahegelegenen Dachbodens, den man über drei Steinstufen erreichte. It was the overflow of the nearby attic, where one climbed by three stone steps. Il y avait, pour décorer l’appartement, accrochée à un clou, au milieu du mur dont la peinture verte s’écaillait sous le salpêtre, une tête de Minerve au crayon noir, encadrée de dorure, et qui portait au bas, écrit en lettres gothiques : « À mon cher papa. |||||l'appartement||||||||||||||||salpêtre||||||||||dorure : cadre doré||||||||||||| ||||||hängend|||||||||||||||||||||||||||||||||||||| ||||||||||||||||||was peeling|||saltpeter||||Minerva||pencil||framed||gilding|||||||||gothic|||| Zur Dekoration der Wohnung hing an einem Nagel, mitten an der Wand, deren grüne Farbe unter dem Salpeter abblätterte, ein Kopf von Minerva, gezeichnet mit schwarzem Bleistift, rahmenlos in Gold, und der unten in gotischen Lettern schrieb: 'An meinen lieben Papa.' There was, to decorate the apartment, hanging on a nail, in the middle of the wall whose green paint was peeling under the saltpetre, a head of Minerva in black pencil, framed in gilding, and which carried at the bottom, written in Gothic letters: "To my dear papa. On parla d’abord du malade, puis du temps qu’il faisait, des grands froids, des loups qui couraient les champs, la nuit. ||||||||that it|was||||||||||| We spoke first of the patient, then of the weather, the great cold, wolves running in the fields at night.

Mlle Rouault ne s’amusait guère à la campagne, maintenant surtout qu’elle était chargée presque à elle seule des soins de la ferme. |Rouault|||||||||||||||||||| Mademoiselle Rouault had little fun in the country, especially now that she was responsible almost alone for the care of the farm. Comme la salle était fraîche, elle grelottait tout en mangeant, ce qui découvrait un peu ses lèvres charnues, qu’elle avait coutume de mordillonner à ses moments de silence. ||||||tremblait de froid|||||||||||bien pleines|||||||||| ||||||was shivering|||||||||||chubby|||custom||nibble||||| As the room was cool, she shivered while eating, which revealed a bit of her fleshy lips, which she used to chew on in her moments of silence. Son cou sortait d’un col blanc, rabattu. ||||||umgeschlagen ||||||folded Ihr Hals ragte aus einem umgeschlagenen weißen Kragen. His neck came out of a white collar, turned down.

Ses cheveux, dont les deux bandeaux noirs semblaient chacun d’un seul morceau, tant ils étaient lisses, étaient séparés sur le milieu de la tête par une raie fine, qui s’enfonçait légèrement selon la courbe du crâne ; et, laissant voir à peine le bout de l’oreille, ils allaient se confondre par derrière en un chignon abondant, avec un mouvement ondé vers les tempes, que le médecin de campagne remarqua là pour la première fois de sa vie. ||||||||||||||||||||||||||Scheitel||||||||||||||||||||||Verwirren|||||chignon|abundant|||||||Schläfen|||||||||||||| |||||bands|||||||||||||||||||||part|||sank|||||||||||||piece|||||||||||bun|abundant||||waved|||temples|||||||||||||| Ihr Haar, dessen zwei schwarze Streifen wie aus einem einzigen Stück zu bestehen schienen, so glatt waren sie, war in der Mitte des Kopfes durch einen feinen Scheitel getrennt, der sich leicht entsprechend der Kurve des Schädels vertiefte; und, der gerade noch die Spitze des Ohrs zeigte, verwandelte es sich hinten in einen üppigen Dutt mit einer welligen Bewegung zu den Schläfen, die der Landarzt dort zum ersten Mal in seinem Leben bemerkte. His hair, whose two black bands each seemed to be a single piece, as it was so smooth, was parted in the middle of the head by a fine parting, which sank slightly along the curve of the skull; and, barely showing the tip of the ear, they were going to merge from behind in an abundant bun, with a wavy movement towards the temples, which the country doctor noticed there for the first time in his life. Ses pommettes étaient roses. |pommettes|| |Wangen|| |cheeks|| Ihre Wangenknochen waren rosa. Her cheekbones were pink. Elle portait, comme un [ 21 ] homme, passé entre deux boutons de son corsage, un lorgnon d’écaille. |||||||||||corsage||lorgnette|d'écailles de tortue |||||||||||corset||lorgnette|of shell |||||||||||||Lorgnon|Horn She wore, like a [21] man, passed between two buttons of her bodice, an eyeglasses of tortoiseshell. Quand Charles, après être monté dire adieu au père Rouault, rentra dans la salle avant de partir, il la trouva debout, le front contre la fenêtre, et qui regardait dans le jardin, où les échalas des haricots avaient été renversés par le vent. ||||||||||||||||||||||||||||||||||poteaux de soutien|||||||| ||||||||||||||||||||standing||||||||||||||bean poles|||||||| ||||||||||||||||||||||||||||||||||Eschalen|||||||| When Charles, after having gone up to say goodbye to Father Rouault, entered the room before leaving, he found her standing, her forehead against the window, and looking out into the garden, where the bean stalks had been knocked over by the wind. Elle se retourna. She turned around. — Cherchez-vous quelque chose ?

demanda-t-elle. — Ma cravache, s’il vous plaît, répondit-il. |ma cravache||||| |whip||||| |Peitsche|||||

Et il se mit à fureter sur le lit, derrière les portes, sous les chaises ; elle était tombée à terre, entre les sacs et la muraille. |||||||||||||||||||||||||le mur |||||snoop|||||||||||||||||||| And he began to rummage on the bed, behind the doors, under the chairs; she had fallen to the ground, between the bags and the wall. Mlle Emma l’aperçut ; elle se pencha sur les sacs de blé. ||sah|||||||| ||saw it|||||||| Charles, par galanterie, se précipita et, comme il allongeait aussi son bras dans le même mouvement, il sentit sa poitrine effleurer le dos de la jeune fille, courbée sous lui. ||politesse||||||||||||||||||||||||||| ||gallantry||rushed||||extended||||||||||||grazed|||||||bent|| |||||||||||||||||||||||||||gebückt|| Charles, in gallantry, rushed and, as he stretched out his arm in the same movement, he felt his chest touch the back of the girl, bent under him. Elle se redressa toute rouge et le regarda par-dessus l’épaule, en lui tendant son nerf de bœuf. |||||||||||while||||nerve||beef Sie richtete sich ganz rot auf und sah ihn über die Schulter an, während sie ihm ihren Rindersehnen entgegenstreckte. She straightened up all red and looked at him over the shoulder, holding out his nerve. Au lieu de revenir aux Bertaux trois jours après, comme il l’avait promis, c’est le lendemain même qu’il y retourna, puis deux fois la semaine régulièrement, sans compter les visites inattendues qu’il faisait de temps à autre, comme par mégarde. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||wie||mégarde ||||||||||||||||||||||||||||||unanticipated|||||||||by mistake Anstatt drei Tage später zu den Bertaux zurückzukehren, wie er es versprochen hatte, ging er schon am nächsten Tag wieder dorthin, dann regelmäßig zweimal in der Woche, ganz zu schweigen von den unerwarteten Besuchen, die er hin und wieder, wie aus Versehen, machte. Instead of returning to Bertaux three days later, as he had promised, it was the very next day that he returned, then twice a week regularly, not counting the unexpected visits he made from time to time, as if by mistake. Tout, du reste, alla bien ; la guérison s’établit selon les règles, et quand, au bout de quarante-six jours, on vit le père Rouault qui s’essayait à marcher seul dans sa masure, on commença à considérer M. Bovary comme un homme de grande capacité. |||||||||||||||||||||||||||||||sa petite maison|||||||||||| |||||||||||||||||||||||||was trying||||||hovel|||||||||||| |||||||||||||||||||||||||||||||Hütte|||||||||||| Alles verlief übrigens gut; die Genesung setzte sich nach den Regeln in Gang, und als man nach sechsundvierzig Tagen den Vater Rouault sah, wie er versuchte, allein in seiner Hütte zu gehen, begann man, Herrn Bovary als einen Mann von großem Können zu betrachten. Everything else went well; the cure is established according to the rules, and when, at the end of forty-six days, one saw Father Rouault who was trying to walk alone in his hovel, one began to consider Mr. Bovary as a man of great capacity. Le père Rouault disait qu’il n’aurait pas été mieux guéri par les premiers médecins d’Yvetot ou même de Rouen. |||||||||geheilt||||||||| ||||||||||||||of Yvetot||||Rouen Father Rouault said that he would not have been better cured by the first doctors of Yvetot or even Rouen. [ 22 ] Quant à Charles, il ne chercha point à se demander pourquoi il venait aux Bertaux avec plaisir. [ 22 ] Was Charles betrifft, so suchte er sich nicht zu fragen, warum er mit Freude zu den Bertaux kam. [22] As for Charles, he did not seek to wonder why he came to Bertaux with pleasure. Y eût-il songé, qu’il aurait sans doute attribué son zèle à la gravité du cas, ou peut-être au profit qu’il en espérait. |||réfléchi|||||||||||||||||||| Y(1)|||thought|||||||||||||||||||| Hätte er darüber nachgedacht, hätte er seinen Eifer ohne Zweifel der Schwere des Falls oder vielleicht dem Vorteil, den er sich davon erhoffte, zugeschrieben. Had he thought about it, he would no doubt have attributed his zeal to the gravity of the case, or perhaps to the profit he hoped for. Était-ce pour cela, cependant, que ses visites à la ferme faisaient, parmi les pauvres occupations de sa vie, une exception charmante ? War es deshalb, dass seine Besuche auf dem Bauernhof unter den armen Beschäftigungen seines Lebens eine charmante Ausnahme darstellten? Was it for this, however, that his visits to the farm made a charming exception among the poor occupations of his life? Ces jours-là il se levait de bonne heure, partait au galop, poussait sa bête, puis il descendait pour s’essuyer les pieds sur l’herbe, et passait ses gants noirs avant d’entrer. ||||||||||||||||||||||||||||||d'entrer dedans |||||||||||||||||||wipe||||||||||| These days he would get up early, gallop, push his animal, then he would come down to wipe his feet on the grass, and put on his black gloves before entering. Il aimait à se voir arriver dans la cour, à sentir contre son épaule la barrière qui tournait, et le coq qui chantait sur le mur, les garçons qui venaient à sa rencontre. He liked to see himself coming into the courtyard, to feel the barrier that was turning against his shoulder, and the rooster crowing on the wall, the boys who came to meet him. Il aimait la grange et les écuries ; il aimait le père Rouault ; qui lui tapait dans la main en l’appelant son sauveur ; il aimait les petits sabots de Mlle Emma sur les dalles lavées de la cuisine ; ses talons hauts la grandissaient un peu, et, quand elle marchait devant lui, les semelles de bois, se relevant vite, claquaient avec un bruit sec contre le cuir de la bottine. ||||||écuries|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||semelles de bois||||pertinent||faisaient du bruit|||||||||| |||barn|||||||||||tapped||||||||||||hooves||||||tiles|washed|||||heels|||||||||||||soles||||||clattered|||||||leather|||boot ||||||||||||||schlug||||||||||||||||||||||||talons||||||||||||||||||||||||||||| He loved the barn and the stables; he loved Father Rouault; who clapped him in the hand by calling him his savior; he loved Miss Emma's little hooves on the washed kitchen tiles; her high heels grew a little taller, and when she walked before him, the wooden soles, rising quickly, snapped with a sharp noise against the leather of the boot. Elle le reconduisait toujours jusqu’à la première marche du perron. |||||||||perron ||reconduced|||||||platform |||||||||Perron She always drove him to the first step of the steps.

Lorsqu’on n’avait pas encore amené son cheval, elle restait là. When||||brought||||| On s’était dit adieu, on ne parlait plus ; le grand air l’entourait, levant pêle-mêle les petits cheveux follets de sa nuque, ou secouant sur sa hanche les cordons de son tablier, qui se tortillaient comme des banderoles. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||drapeaux flottants |||||||||||||pêle-mêle|||||||||||||||||||||tortillierten||| ||||||||||||||||||curls|||nape||shaking|||||cords||||||twisted|||ribbons Wir hatten uns verabschiedet, wir sprachen nicht mehr; die frische Luft umgab sie, hob durcheinander die kleinen, ungezähmten Härchen an ihrem Nacken, oder schüttelte an ihrer Hüfte die Schnüre ihrer Schürze, die sich wie Banner wanden. Une fois, par un temps de dégel, l’écorce des arbres suintait dans la cour, la neige sur les couvertures des bâtiments se fondait. ||||||fonte des glaces||||suintait|||||||||||| ||||||thaw|the bark|||oozed|||||||||||| |||||||die Rinde|||süßte|||||||||||| Einmal, bei Tauwetter, sickerte die Rinde der Bäume im Hof, der Schnee auf den Dächern der Gebäude schmolz. Elle était sur le seuil ; elle alla chercher son ombrelle, elle [ 23 ] l’ouvrit. |||||||||parasol|| Sie stand an der Türschwelle; sie ging, um ihren Sonnenschirm zu holen, sie öffnete ihn. L’ombrelle, de soie gorge de pigeon, que traversait le soleil, éclairait de reflets mobiles la peau blanche de sa figure. Der Sonnenschirm||Seide|gorge||Taube||||||||||||||Gesicht The parasol|||gorge||pigeon|||||||||||||| Der Sonnenschirm aus Taubenblauer Seide, den die Sonne durchdrang, erleuchtete die weiße Haut ihres Gesichts mit beweglichen Reflexen. The umbrella, of pigeon-throat silk, which the sun crossed, illuminated the white skin of her face with mobile reflections. Elle souriait là-dessous à la chaleur tiède ; et on entendait les gouttes d’eau, une à une, tomber sur la moire tendue. ||||||||||||||||||||tissu ondulé| |lächelte||||||wärmend|||||||||||||Seide| |was smiling|||||||||||||||||||moire| Sie lächelte dort unten in der milden Wärme; und man hörte, wie die Wassertropfen, einer nach dem anderen, auf das gespannten Moiré fielen. Dans les premiers temps que Charles fréquentait les Bertaux, Mme Bovary jeune ne manquait pas de s’informer du malade, et même sur le livre qu’elle tenait en partie double, elle avait choisi pour M. Rouault une belle page blanche. |||||||||Mrs||||||||||||on|||||||||||to|||||| In den frühen Zeiten, als Charles die Bertaux häufig besuchte, vergaß die junge Mme Bovary nicht, sich nach dem Kranken zu erkundigen, und sogar in dem Buch, das sie teilweise doppelt hielt, hatte sie für M. Rouault eine schöne leere Seite ausgewählt. In the early days that Charles frequented the Bertaux, Mme Bovary young did not fail to inquire about the patient, and even on the book she was holding in double part, she had chosen for M. Rouault a beautiful blank page. Mais quand elle sut qu’il avait une fille, elle alla aux informations ; et elle apprit que mademoiselle Rouault, élevée au couvent, chez les Ursulines, avait reçu, comme on dit, une belle éducation, qu’elle savait, en conséquence, la danse, la géographie, le dessin, faire de la tapisserie et toucher du piano. |||||||||went|||||||||||convent|||Ursulines||||||||||||||||||||||tapestry|||| Aber als sie erfuhr, dass er eine Tochter hatte, ging sie zur Nachrichtenübermittlung; und sie erfuhr, dass Mademoiselle Rouault, die im Kloster bei den Ursulinen aufgewachsen war, wie man so sagt, eine schöne Erziehung genossen hatte, dass sie folglich tanzen, Geographie, Zeichnen, Stickerei und Klavier spielen konnte. Ce fut le comble ! |||the height Das war der Gipfel! It was the last straw! — C’est donc pour cela, se disait-elle, qu’il a la figure si épanouie quand il va la voir, et qu’il met son gilet neuf, au risque de l’abîmer à la pluie ? ||||||||||||erblüht||||||||||Weste|||||abzubrechen||| ||||||||||||flourishing||||||||||jacket|||||damage||| — Ist das der Grund, dachte sie, warum er so erblüht aussieht, wenn er sie besucht, und warum er seine neue Weste anzieht, obwohl er riskieren könnte, sie im Regen zu ruinieren? "Is that why," she said to herself, "that his face is so full when he goes to see her, and that he puts on his new waistcoat, at the risk of damaging it in the rain?" Ah ! cette femme ! cette femme !… Et elle la détesta, d’instinct. |||hasste| |||hated|instinctively And she hated it, instinctively.

D’abord, elle se soulagea par des allusions, Charles ne les comprit pas ; ensuite, par des réflexions incidentes qu’il laissait passer de peur de l’orage ; enfin, par des apostrophes à brûle-pourpoint auxquelles il ne savait que répondre. ||||||||||||||||||||||||||||||à brûle-pourpoint|||||| First|||relieved|||allusions||||||||||incidental|that he||||||||||apostrophes|with|burn|point|to which||||| Zuerst erleichterte sie sich durch Anspielungen, Charles verstand sie nicht; dann durch zufällige Überlegungen, die er vorbeilassen ließ aus Angst vor dem Sturm; schließlich durch pointierte Anreden, auf die er nicht wusste, was er antworten sollte. First, she relieved herself by allusions, Charles did not understand them; then, by incidental reflections which he let pass for fear of the storm; finally, by point-blank apostrophes to which he did not know what to answer. – D’où vient qu’il retournait aux Bertaux, puisque M. Rouault était guéri et que ces gens-là n’avaient pas encore payé ? – Woher kommt es, dass er zu den Bertaux zurückkehrte, da M. Rouault geheilt war und diese Leute noch nicht bezahlt hatten? "How did he return to Bertaux, since M. Rouault was healed and these people had not yet paid?" Ah ! Ah! c’est qu’il y avait là-bas une personne, quelqu’un qui savait causer, une brodeuse, un bel esprit. |||||||||||||brodeuse||| |||||||||||cause||embroiderer||| |||||||||||||Stickerei||| is that there was a person there, someone who knew how to talk, an embroiderer, a beautiful spirit. C’était là ce qu’il aimait : il lui fallait des demoiselles de ville ! |||||||||maidens|| That was what he liked: he needed city ladies! – Et elle reprenait : [ 24 ] — La fille au père Rouault, une demoiselle de ville ! |||||||||young lady|| Allons donc ! Let's go|so leur grand-père était berger, et ils ont un cousin qui a failli passer par les assises pour un mauvais coup, dans une dispute. ||||||||||who||almost||||assizes||||||| their grandfather was a shepherd, and they have a cousin who almost went by the assizes for a bad blow, in a dispute. Ce n’est pas la peine de faire tant de fla-fla, ni de se montrer le dimanche à l’église avec une robe de soie, comme une comtesse. |||||||||fla||||||||||||||||| |||||||||flaunting|fla||||||||||||||||countess Es ist nicht nötig, so viel Aufhebens zu machen, noch sich am Sonntag in der Kirche mit einem Seidenkleid zu zeigen, wie eine Gräfin. It is not worth doing so much fla-fla, or showing up on Sunday in church with a silk dress, like a countess. Pauvre bonhomme, d’ailleurs, qui sans les colzas de l’an passé, eût été bien embarrassé de payer ses arrérages ! ||||||rapes|||||||||||arriérés ||||||canolas||||would|||||pay||arrears ||||||Raps|||||||||||Rückstände Armer Kerl, der ohne die Raps des letzten Jahres ziemlich in Schwierigkeiten gewesen wäre, seine Rückstände zu bezahlen! Poor fellow, moreover, who without the rapeseed of last year, would have been very embarrassed to pay his arrears! Par lassitude, Charles cessa de retourner aux Bertaux. |fatigue|||||| |fatigue|||||| Aus Müdigkeit hörte Charles auf, zu den Bertaux zurückzukehren.

Héloïse lui avait fait jurer qu’il n’irait plus, la main sur son livre de messe, après beaucoup de sanglots et de baisers, dans une grande explosion d’amour. ||||||||||||||||||pleurs|||baisers||||| Héloise||||||||||||||||||sobs|||||||| Héloïse hatte ihm geschworen, dass er nicht mehr hingehen würde, die Hand auf sein Messebuch, nach vielen Schluchzen und Küssen, in einer großen Explosion der Liebe. Il obéit donc ; mais la hardiesse de son désir protesta contre la servilité de sa conduite, et, par une sorte d’hypocrisie naïve, il estima que cette défense de la voir était pour lui comme un droit de l’aimer. |||||audacity||||protesta|||servitude||||||||||||||||||||||||| |||||boldness||||protested|||servility||||||||of hypocrisy||||||||||||||||| Er gehorchte also; aber die Kühnheit seines Wunsches protestierte gegen die Unterwürfigkeit seines Verhaltens, und durch eine Art naive Heuchelei schätzte er, dass dieses Verbot, sie zu sehen, für ihn wie ein Recht war, sie zu lieben. He therefore obeys; but the boldness of his desire protested against the servility of his conduct, and, by a sort of naive hypocrisy, he considered that this defense of seeing her was for him as a right to love him. Et puis la veuve était maigre ; elle avait les dents longues ; elle portait en toute saison un petit châle noir dont la pointe lui descendait entre les omoplates ; sa taille dure était engainée dans des robes en façon de fourreau, trop courtes, qui découvraient ses chevilles, avec les rubans de ses souliers larges s’entrecroisant sur des bas gris. ||||||||||||||||||châle|||||||||épaules|||||engoncée, serrée||||||||||||||||||||||||| ||||||||||||||||||shawl|||||||||shoulders||waist|||encased|||||||sheath||||discovered||ankles||the|ribbons|||||intersecting|||| ||||||||||||||||||Schal|||||||||Schulterblätter|||||eingeschnallt|||||||das Fourreau||||||der Taille|||||||||||| Und dann war die Witwe dünn; sie hatte lange Zähne; sie trug zu jeder Jahreszeit einen kleinen schwarzen Schal, dessen Spitze ihr zwischen die Schulterblätter fiel; ihre harte Taille war in zu kurzen, schmalen Kleidern gehüllt, die ihre Knöchel entblößten, mit den Bändern ihrer breiten Schuhe, die sich über graue Strumpf vereinigten. And then the widow was thin; she had long teeth; in all seasons, she wore a small black shawl, the point of which descended between her shoulder blades; her hard waist was sheathed in sheath dresses, too short, which exposed her ankles, with the ribbons of her wide shoes crisscrossing on gray stockings. La mère de Charles venait les voir de temps à autre ; mais, au bout de quelques jours, la bru semblait l’aiguiser à son fil ; et alors, comme deux couteaux, elles étaient à le scarifier par leurs réflexions et leurs observations. ||||||||||||||||||||sharpen it||||||||||||||||||| |||||||||||||||||the|daughter-in-law||sharpen it|||blade||||||||||scarify|||||| ||||||||||||||||||||ausschärfen|||||||||||||schärfen|||||| Die Mutter von Charles kam sie von Zeit zu Zeit besuchen; aber nach ein paar Tagen schien die Schwiegertochter sie auf ihren Draht zu spitzen; und dann, wie zwei Messer, waren sie dabei, ihn mit ihren Überlegungen und ihren Beobachtungen zu zerfleischen. Charles' mother came to see them from time to time; but, after a few days, the daughter-in-law seemed to sharpen it to its edge; and then, like two knives, they were to scarify it by their reflections and their observations. Il avait tort de tant manger ! Er hatte Unrecht, so viel zu essen! Pourquoi toujours offrir la goutte au premier venu ? Why||||||| Warum immer dem Erstbesten einen Schluck anbieten? Why always offer gout to the first comer? Quel entêtement que de ne pas vouloir porter de flanelle ! |obstination||||||||flanelle |stubbornness|that|||||||flannel |Sturheit|||||||| Was für eine Sturheit, keine Flanell zu tragen! What obstinacy not to want to wear flannel! [ 25 ] Il arriva qu’au commencement du printemps, un notaire d’Ingouville, détenteur de fonds à la veuve Dubuc, s’embarqua, par une belle marée, emportant avec lui tout l’argent de son étude. |||||||||Inhaber|||||||sich einschiffte||||Mare|||||||| ||||||||of Ingouville|holder|||||widow|Dubuc|embarked|by|||tide|||||||| ||||||||||||||||embarked|||||||||||| [25] Es geschah, dass zu Beginn des Frühjahrs ein Notar aus Ingouville, der Geld bei der Witwe Dubuc hatte, sich bei gutem Wetter an Bord begab und all das Geld aus seiner Kanzlei mitnahm. [25] It happened that at the beginning of spring, a notary from Ingouville, holder of funds to the widow Dubuc, embarked, by a fine tide, taking with him all the money from his study. Héloïse, il est vrai, possédait encore, outre une part de bateau évaluée six mille francs, sa maison de la rue Saint-François ; et cependant, de toute cette fortune que l’on avait fait sonner si haut, rien, si ce n’est un peu de mobilier et quelques nippes, n’avait paru dans le ménage. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||vêtements usés||||| Héloise|||||||||||evaluated||||||||||||||||||||||||||||||||||rags|had|appeared||| Héloïse besaß in der Tat, neben einem Anteil an einem Boot, das auf sechstausend Francs geschätzt wurde, ihr Haus in der Rue Saint-François; und dennoch, von all dem Vermögen, das man so laut vermeintlich hörbar gemacht hatte, war nichts, außer ein wenig Mobiliar und einigen Kleidern, im Haushalt erschienen. Heloise, it is true, still owned, in addition to a share of a boat valued at six thousand francs, her house in the rue Saint-François; and yet, of all this fortune which had been made to ring so high, nothing, if not a little furniture and a few coats, had appeared in the household. Il fallut tirer la chose au clair. Es musste die Sache klar gezogen werden. It had to be cleared up. La maison de Dieppe se trouva vermoulue d’hypothèques jusque dans ses pilotis ; ce qu’elle avait mis chez le notaire, Dieu seul le savait, et la part de barque n’excéda point mille écus. ||||||rotten|||||pilotis|||||||||||||||||||| ||||||rotten|of mortgages||||stilts||||||||||||||||boat|did not exceed|||ducats ||||||verfault|||||Pfählen|||||||||||||||||überschritt||| Das Haus in Dieppe war bis in seine Pfähle von Hypotheken zerfressen; was es beim Notar hinterlegt hatte, wusste nur Gott, und der Anteil am Kahn überstieg nicht tausend Livres. Dieppe's house was wormed with mortgages even in its stilts; what she had put with the notary, God only knew, and the share of the boat did not exceed a thousand crowns. Elle avait donc menti, la bonne dame ! Sie hatte also gelogen, die gute Dame! So she had lied, the good lady! Dans son exaspération, M. Bovary père, brisant une chaise contre les pavés, accusa sa femme d’avoir fait le malheur de leur fils en l’attelant à une haridelle semblable, dont les harnais ne valaient pas la peau. ||||||||||||||||||||||||||jument||||||||| |||||||||||pavés||||||||||||l'attachant|||jument médiocre|semblable|||harnachement||||| ||Exasperation||||brechend|||||||||||||||||attelieren|||Eselin||||Geschirre||wert waren||| ||||||||||||accused|||||||||||harnessing|||nag|similar|||||||| In his exasperation, Mr. Bovary father, breaking a chair against the paving stones, accused his wife of having made their son's misfortune by harnessing him to a similar haridelle, whose harnesses were not worth the skin. Ils vinrent à Tostes. |||Tostes |came|| Sie kamen nach Tostes. They came to Tostes. On s’expliqua. |explained Man erklärte sich. We explained ourselves. Il y eut des scènes. Es gab Szenen. There were scenes. Héloïse, en pleurs, se jetant dans les bras de son mari, le conjura de la défendre de ses parents. ||||||||||||batte|||||| ||||||||||||begged|||||| Charles voulut parler pour elle. Ceux-ci se fâchèrent, et ils partirent. |||wurden wütend||| |||got angry||| Diejenigen wurden wütend und gingen weg. They got angry, and they left. Mais le coup était porté . ||||donné Aber der Schlag war versetzt. But the blow was struck. Huit jours après, comme elle étendait du linge dans sa cour, elle fut prise d’un crachement de sang, et le lendemain, tandis que Charles avait le dos tourné pour fermer le rideau de la fenêtre, elle dit : « Ah ! |||||||||||||||Husten|||||||||||||||||||||| |||||was spreading||||||||||cough||blood|||||||||||||||||||| Acht Tage später, als sie Kleidung in ihrem Hof aufhing, bekam sie einen Bluthusten, und am nächsten Tag, während Charles sich umdrehte, um den Vorhang am Fenster zu schließen, sagte sie: „Ah!“ Eight days later, as she was hanging out clothes in her yard, she was spitting blood, and the next day, while Charles's back was turned to close the window curtain, she said: “Ah! mon Dieu ! » poussa un soupir et s’évanouit. ||||s'évanouit » seufzte und fiel in Ohnmacht. Sighed and passed out. Elle était morte ! Sie war tot! Quel étonnement ! Was für ein Erstaunen! Quand tout fut fini au cimetière, Charles rentra chez lui.

Il ne trouva personne en bas ; il monta [ 26 ] au premier, dans la chambre, vit sa robe encore accrochée au pied de l’alcôve ; alors, s’appuyant contre le secrétaire, il resta jusqu’au soir perdu dans une rêverie douloureuse. |||||||||||||||||||||l'alcôve|||||||||||||| |||||||||||||||||||||the alcove|||||desk||||||||| He found no one downstairs; he went up [26] to the first, in the bedroom, saw his dress still hanging on the foot of the alcove; then, leaning against the secretary, he remained lost in a painful reverie until evening. Elle l’avait aimé, après tout. Sie hatte ihn schließlich geliebt. She had loved him, after all.