NÉPOTISME 2009-10-14
La presse française et même la presse internationale ont largement commenté depuis deux jours l'ambition de Jean Sarkozy de diriger l'établissement public de la Défense. Qu'est-ce qui étonne là-dedans ? La jeunesse du candidat, sa relative inexpérience, un cursus universitaire qui en est encore à ses débuts – il est en deuxième année de droit.
Mais la gêne vient surtout de ce que Jean Sarkozy est le fils du président de la République. Avec son âge et son curriculum vitae, un inconnu aurait bien peu de chance d'accéder à ce poste. Quand on s'appelle Sarkozy, c'est différent. Le mot de népotisme revient donc inlassablement dans les commentaires.
Ce mot est assez savant, un mot d'histoire ou de politique ! Et son origine latine permet de le comprendre aisément. Nepos signifie dans cette langue, neveu. Le népotisme serait donc mot à mot la politique du neveu, c'est-à-dire le fait pour un prince, un puissant, quelqu'un qui a du pouvoir de favoriser sa famille proche. On remarque quand même que le mot se construit à partir d'une relation familiale qui n'est pas absolument directe. C'est le neveu et non fils !
Peut-être parce que le fils étant considéré comme héritier direct, un dauphin, ces pratiques semblaient moins condamnables. Mais aussi parce que le dauphin est souvent vu dans une position d'attente. Il succèdera à son père lorsque celui-ci ne sera plus là. Le népotisme n'est pas une affaire de succession. Il s'agit de placer sa famille proche, alors qu'on est encore tout-puissant. Deux intérêts sont en jeu ; d'une part, on favorise les siens, et de l'autre on distribue des postes-clé à des proches et on répartit le pouvoir de façon familiale : neveux et nièces, cousins, beaux-frères, on pense alors à toute une constellation familiale.
Mais il y a encore un autre raison à cette référence au neveu, et qui tient à l'origine historique du mot : on l'emprunte au XVIIe siècle à l'italien. Et le nepotismo , qui naît à Rome, désigne d'abord les faveurs importantes accordées par les Papes à leurs neveux, ceux qui, à la génération suivante, sont les plus proches d'eux. En effet, un Pape n'a pas d'enfant, tout au moins officiellement. C'est donc le neveu qui peut profiter de l'influence de l'oncle.
Comment appelle-t-on celui qui est dans cette enviable position ? Pas de dénomination standard ! On entre là dans le vocabulaire plus familier. Avec le fils à papa, dont les échos débordent souvent le rayon du népotisme : le fils à papa n'a pas forcément d'ambition. Et même le plus souvent, le terme désigne celui qui profite de la situation enviable de son père : vie facile, riche, oisive, amusements coûteux, apparence flatteuse d'une jeunesse dorée qui brûlent les plaisirs.
C'est une toute autre façon d'utiliser son ascendance. Et parfois le fils à papa est même celui qui est en porte à faux avec le népotisme : le pouvoir, les postes importants, les responsabilités, il n'en veut pas. Il se laisse vivre, et profite.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/