Journal en français facile 17/02/2022 20h00 GMT
Anne Corpet : RFI, il est 21h à Paris, 20h à Bamako. Bienvenue dans le Journal en français facile présenté ce soir avec Zéphirin Kouadio. Bonsoir.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir Anne, bonsoir à toutes et à tous. À la Une : la France retire ses troupes du Mali.
AC : La décision était attendue, elle a été annoncée aujourd'hui par Emmanuel Macron. Le président français refuse de parler d'échec.
ZK : Des troupes européennes et françaises resteront cependant dans la région.
AC : Elles seront redéployées en plus petit nombre au Niger. Vous entendrez dans un instant le porte-parole du chef d'État-major expliquer ce choix.
ZK : Les Américains continuent de croire à une attaque imminente, c'est-à-dire très prochaine, des Russes en Ukraine.
AC : Moscou affirme pourtant alléger son dispositif militaire à la frontière. Mais les ministres de la Défense de l'alliance atlantique n'y croient pas.
ZK : L'inflation inquiète la secrétaire au Trésor aux États-Unis.
AC : Les prix ont grimpé de plus de 7% en un an. Presque tous les produits, mais aussi les services, ont augmenté.
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ZK : Les soldats français, mais aussi européens et canadiens vont quitter le Mali. Cela a été annoncé officiellement ce matin.
AC : La France et ses alliés partent officiellement en raison des « obstructions », de la résistance des militaires au pouvoir à Bamako. Ils ont cependant dit vouloir rester engagés auprès des pays sahéliens et du golfe de Guinée. La France est maintenant présente au Mali depuis 2013. Ses dernières bases sont à Gao, Ménaka et Gossi. Le retrait ne se fera pas d'un coup : il devrait prendre entre 4 et 6 mois, a précisé le président français. Emmanuel Macron refuse de parler d'échec. Amélie Tulet.
« Que se serait-il passé en 2013 si la France n'avait pas fait le choix d'intervenir au Mali ? » Question rhétorique du président français qui salue une décision « courageuse » de son prédécesseur François Hollande. Pour Emmanuel Macron, le déclenchement de l'opération Serval intégrée ensuite dans Barkhane a permis d'éviter à l'époque l'effondrement de l'État malien. Le président français met en avant les pertes infligées aux commandements des groupes jihadistes durant ces neuf années. Notamment la mort d'Abdelmalek Droukdel le chef d'AQMI en 2020. Des coups qui auraient empêché les groupes armés de mettre en oeuvre des projets d'envergure. Emmanuel Macron souligne également la consolidation des armées africaines de la région ces dernières années via le programme européen EUTM et la structuration du G5 Sahel. Enfin, le président français rappelle qu'en 2013, Paris s'est engagé contre les groupes armés au Mali à la demande des autorités maliennes et c'est cette condition qui change aujourd'hui. Pour Emmanuel Macron, la junte au pouvoir ne fait plus de la lutte contre les groupes armés sa priorité. Et neuf ans après le début de l'intervention française, le Mali n'est plus le coeur de la stratégie européenne de lutte contre le terrorisme au Sahel.
ZK : Amélie Tulet. Puis la France ne se retire pas complètement de la région.
AC : Entre 2 500 et 3 000 soldats français resteront déployés au Sahel. Ils sont actuellement 4 600. Le redéploiement des Français et de leurs partenaires européens se fera au Niger. C'est ce qu'a précisé le porte-parole du chef d'État-major des armées français. Le colonel Pascal Lanni a accepté de répondre en exclusivité aux questions de RFI et de France 24. Il explique pourquoi la France va rester au Niger, au micro de Franck Alexandre.
Il était déjà prévu que le Niger devienne le centre de gravité géographique du dispositif militaire français dans la BSS. Puisque vous vous souvenez qu'en juillet 2021, le président de la République et les présidents sahéliens avait acté une adaptation de la force Barkhane, qui s'était traduite par la fermeture de 3 ans prises dans le nord du Mali. Donc, le Niger restera le centre de gravité géographique de l'opération de lutte contre les groupes armés terroristes. Il n'est pas prévu d'augmenter significativement les effectifs au Niger. Au Niger, nous conserverons une base aérienne projetée et nous conserverons un groupement tactique que désert qui… dont la mission sera d'accompagner les forces nigériennes au combat. Ce qui est important, c'est que le futur est en train de se construire. Le futur, c'est une co-réflexion, une réflexion commune avec les pays africains, avec les pays européens pour aboutir à une co-décision, une décision commune sur la façon dont nous allons répondre de manière stratégique à la menace terroriste dans la bande de Sahélo-saharienne et en Afrique de l'Ouest.
ZK : Le colonel Pascal Lagny, porte-parole du chef d'état-major des armées françaises. Quelques heures après l'annonce du retrait français du Mali, Anne, les dirigeants européens et africains réunis à Bruxelles.
AC : Un sommet réunit l'Union Africaine et l'Union européenne. Il doit s'étaler sur deux jours. Les chefs d'État disent vouloir réinventer leur partenariat. Une déclaration commune sera adoptée vendredi. Elle sera accompagnée d'une liste de projets concrets : les Européens proposent par exemple de lancer des satellites pour permettre à l'Afrique d'avoir un meilleur accès à internet.
ZK : Le conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni aujourd'hui pour discuter de la situation en Ukraine.
AC : Le secrétaire d'État américain s'est dit sûr que les Russes allaient attaquer. Antony Blinken a parlé d'une invasion dans les prochains jours. Il a décrit le déroulement des opérations que prévoient les services de renseignement américains.
ZK : La situation en Ukraine a aussi été abordée à Bruxelles.
AC : Les dirigeants des 27 pays membres de l'Union européenne ont évoqué de possibles sanctions contre la Russie en cas d'intervention militaire. Discussion également à l'OTAN, dans la même ville. Les trente ministres de la Défense de l'Alliance atlantique ont rencontré leurs homologues géorgien et ukrainien. Les deux pays se sentent toujours menacés par la Russie. Et tout comme les Américains, l'Alliance atlantique ne croit pas au retrait des troupes annoncé par les Russes. Les précisions sur place, Pierre Bénazet.
L'OTAN réclame à la Russie une « vraie désescalade, tangible, significative », autour de l'Ukraine, en Biélorussie, en Crimée et en Mer Noire. Selon le secrétaire-général de l'Alliance Jens Stoltenberg, la Russie a les effectifs pour lancer du jour au lendemain une invasion à grande échelle. Le fait de montrer des images de blindés sur des trains ne prouve pas qu'il y ait un retrait, une analyse appuyée par le ministre américain de la Défense Lloyd Austin. « Nous les voyons encore renforcer leur effectif eu plus de 150 000 hommes qu'ils ont déjà, nous voyons des troupes se rapprocher de la frontière, nous voyons arriver des avions de combat et de soutien, nous les voyons élever le niveau de préparation en Mer Noire, nous les voyons même amasser des poches de sang. J'étais moi-même militaire il y a peu et je sais d'expérience qu'on ne fait pas ce genre de choses quand on s'apprête à faire son sac et rentrer à la maison. » Les pays de l'OTAN sont d'accord pour estimer que la Russie est en train de préparer des prétextes pour déclencher un éventuel conflit. Les alliés maintiennent leur porte ouverte à une adhésion ukrainienne et affirment que si le Kremlin cherchait à les diviser, c'est le résultat contraire qui s'est produit. Pierre Bénazet, Bruxelles, RFI.
ZK : Aux États-Unis, la secrétaire au Trésor s'inquiète du taux d'inflation. Les prix ont beaucoup augmenté.
AC : Voiture, viande, essence et même événements sportifs... tout est plus cher que l'année dernière aux États-Unis. L'inflation a atteint 7,5% en janvier sur un an. Janet Yellen, la secrétaire au Trésor estime désormais qu'il n'est « pas tolérable qu'elle reste à ce niveau ». Alors, que peuvent faire les autorités ? Les explications de Pauline Gleize.
L'inflation est liée à la forte reprise de l'économie et à un déséquilibre entre offre et demande. C'est d'ailleurs pourquoi les Républicains et certains économistes accusent le plan de relance de 1 900 milliards de dollars de contribuer à cette flambée. L'administration Biden dit, elle, s'atteler à fluidifier les chaînes d'approvisionnement. Objectif : que les produits soient disponibles plus rapidement pour faire baisser la pression sur les prix. Les yeux sont surtout tournés désormais vers la Fed. Janet Yellen a renouvelé sa confiance dans la Banque centrale. L'institution pourrait remonter ses taux directeurs dès le mois prochain et plus que prévu. Pourquoi ? Parce que des taux plus hauts encouragent l'épargne. Et puis, cela peut faire baisser les cours des actions et avoir un effet sur le financement des entreprises. Une remontée des taux doit donc freiner un peu l'activité. Alors, si les taux augmentent est-ce que cela va peser sur les emprunts ? Et bien, la souscription de nouveaux prêts pourrait coûter un peu plus cher aux emprunteurs. Le plus gros risque, ce serait que par peur, les taux augmentent brutalement et que cela provoque la panique sur les marchés obligataires. Mais, beaucoup d'analystes écartent pour l'instant ce scénario.
ZK : Pauline Gleize. Et puis toujours dans l'actualité économique, les profits historiques d'Airbus.
AC : Après deux années très difficiles à cause de la pandémie, le constructeur d'avions européen affiche un bénéfice record : 4,2 milliards d'euros. C'est la fin de ce Journal en français facile, merci de nous avoir écouter.