Chapitre 5. Second semestre
Au début du second semestre, le professeur Blanchard organise une réunion dans le théâtre avec tous les étudiants de première année. Il monte sur la scène et dit :
‒ Bienvenue à tous pour le deuxième et dernier semestre de votre première année. Comme vous le savez, à la fin du mois de mai, il y a le spectacle final. Comme d'habitude, vous allez travailler ensemble par groupes de quatre : un acteur, un danseur, un chanteur et un musicien. Cette fois‒ci, il s'agit d'un travail personnel, vous ne pouvez donc pas utiliser de chansons ou de musiques connues. Nous voulons quelque chose de complètement nouveau ! Bonne chance et bon travail !
Deux semaines plus tard, les filles sont dans l'appartement en train de parler, quand Thomas entre dans la pièce et demande :
‒ Vous avez vu Gabriel ? On doit commencer à penser au spectacle.
‒ Gabriel est chez l'homme âgé où il a commencé à travailler, dit Anaïs. Il revient vers huit heures. Je suis inquiète…j'ai cette audition avec la société de publicité pour la vidéo de sport le mois prochain, et je ne sais pas quoi faire !
‒ Ils vont probablement utiliser une sorte de musique de rue comme le hip‒hop, dit Camille.
‒ Oui, quelque chose de rapide et d'actuel, dit Thomas.
‒ Oui, vous avez raison, dit Anaïs. Je voulais demander à ma prof de danse moderne, mais je pense qu'elle ne sera pas contente si elle sait que je vais passer une audition pendant l'année scolaire.
‒ Tu as raison, Anaïs, dit Camille. Ne lui dis rien ! On va t'aider ! Viens, regardons des vidéos de hip‒ hop sur Internet pour avoir des idées.
Plus tard, Gabriel entre et trouve ses amis autour de l'ordinateur.
‒ Alors, vous travaillez déjà sur le spectacle ? dit‒il.
‒ Non, on regarde des vidéos pour l'audition d'Anaïs, dit Camille.
‒ Ah, super… dit Gabriel d'un ton sarcastique.
‒ Gabriel ! crie Camille en colère.
‒ OK, OK, désolé Camille. C'est juste que la journée a été très longue. D'abord, mon prof de musique m'a donné un morceau très difficile à jouer au saxophone, ensuite j'ai lu un livre à Victor pendant plus deux heures ! Bon, qu'est‒ce que je peux faire pour vous aider ?
‒ Fais du thé, dit Camille, et apporte‒nous des biscuits.
Gabriel exécute les ordres de Camille, puis il s'installe autour de l'ordinateur avec ses amis.
‒ Alors, vous avez trouvé quelque chose ? demande‒t‒il.
‒ Eh bien, je pense que oui, dit Anaïs. Écoute ça !
Elle clique sur une vidéo.
‒ Oui, ça me semble bien, dit Gabriel. C'est long ?
‒ Environ trois minutes, dit Anaïs. Qu'est‒ce que tu en penses ? Ça va ?
‒ Très bien, dit Gabriel. Alors, des idées pour le spectacle ?
‒ Eh bien, dit Thomas, j'ai pensé au nom de l'académie...
‒ Oui, d'accord, et… ? dit Gabriel.
‒ Pourquoi ne pas essayer d'utiliser un madal dans notre spectacle ? dit Thomas.
‒ Et où est‒ce qu'on va en trouver un ? demande Gabriel.
‒ J'en ai un à la maison, dit Thomas. Je l'ai acheté quand j'étais avec mon père au Népal l'année dernière.
Après un petit moment de silence, Gabriel lui dit :
‒ Tu sais quoi, Thomas ? Je crois que tu viens d'avoir une idée géniale ! Et vous les filles, qu'est‒ce que vous en pensez ?
‒ Oui, c'est une très bonne idée ! dit Camille. Mais qui va en jouer ?
‒ Bonne question, dit Thomas. Je rentre chez moi ce week‒end. Je le prends et on décidera plus tard.
Les autres sont d'accord. Au moins, ils ont maintenant une idée pour le spectacle.
Gabriel va chez Victor presque tous les jours. Au début, c'était uniquement pour l'argent, mais maintenant il commence à apprécier la compagnie du vieil homme et il commence à se sentir coupable des 10 euros de l'heure que Victor lui donne. Un jour, il lui dit :
‒ Victor, j'ai quelque chose à te dire...
‒ Ah oui ? dit Victor. Dis‒moi !
‒ Eh bien, dit Gabriel lentement. Tu sais, je t'ai dit que je gagnais 10 € de l'heure au bar, mais en réalité...
‒ Je sais, dit Victor. Tu gagnais 8 €. Le garçon d'à côté travaille dans le même bar.
‒ Alors pourquoi tu n'as rien dit ? demande Gabriel, surpris.
‒ Parce que c'était à toi de me le dire, dit Victor avec un sourire.
‒ Je suis désolé, Victor, dit Gabriel. Je vais te rendre l'argent...
‒ Non, ne t'inquiète pas, Gabriel... Je vois que tu es désolé, c'est suffisant pour moi, dit Victor. Maintenant, on va se faire un bon café et tu vas me raconter ce qui se passe à l'académie.
En fin de journée, quand Gabriel se prépare à partir, Victor lui dit :
‒ Viens avec tes amis demain, je veux les rencontrer.
‒ D'accord, dit Gabriel. Je vais voir s'ils sont libres.
Les autres acceptent de venir le lendemain pour rencontrer Victor. Ils passent un bel après‒midi ensemble. Victor veut tout savoir sur eux et sur leurs rêves.
‒ Poursuivez toujours vos rêves, leur dit Victor. Moi, j'ai eu de la chance... mes rêves se sont réalisés.
À quatorze ans, j'ai commencé à travailler dans une usine de chemises. J'y ai rencontré mon épouse, Adèle. Elle est morte il y a quatre ans. Ensemble, nous avons décidé de créer notre propre entreprise de fabrication de cravates. C'était difficile au début, mais un soir, un acteur célèbre a porté une de nos cravates. Ensuite, tout le monde en voulait et notre entreprise s'est développée énormément ! Nous sommes devenus riches et nous avons voyagé dans le monde entier. Nous étions très heureux ensemble. Vous êtes encore jeunes, vous avez seulement dix‒ huit ou dix‒neuf ans, alors poursuivez vos rêves, écoutez votre coeur et tout ira bien, dit Victor avec un sourire.
Depuis ce jour, une fois par semaine, les quatre amis vont prendre le thé chez Victor.
Un après‒midi, ils lui parlent de leur idée d'utiliser le madal dans le spectacle.
‒ Je trouve que c'est une excellente idée, dit Victor.
‒ Oui, c'est l'idée de Thomas, dit Gabriel avec un sourire.
Le jour de l'audition d'Anaïs arrive enfin et ses amis l'accompagnent à la société de publicité.
Elle attend longtemps, mais on finit par l'appeler. Quand elle sort, elle dit :
‒ Je pense que ça s'est bien passé. Au moins, j'ai dansé les trois minutes complètes. Ils ont arrêté certaines personnes après seulement une minute.
‒ C'est bon signe, dit Gabriel. Je suis sûr que tu as été géniale. Rappelle‒toi ce que Victor a dit : poursuis toujours tes rêves !
Anaïs sourit et dit :
‒ Eh bien, Gabriel, tu es beaucoup plus sympa depuis que tu as rencontré Victor ! Il a une bonne influence sur toi !
‒ Je crois que tu as raison, dit Gabriel avec un sourire.
Le madal est maintenant dans l'appartement, sur la table de la cuisine. Le problème est de savoir ce que les quatre amis veulent en faire. Ils restent assis pendant des heures à essayer d'imaginer une histoire avec une chanson et une danse en utilisant le madal et le saxophone de Gabriel. Mais ce n'est malheureusement pas le seul problème à résoudre…