Première & Dernière fois 05
Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois, et pour beaucoup, le
cheminement entre les deux est une véritable aventure.
J'ai décidé de rencontrer des inconnus, ou presque inconnus, de partager avec elles
et eux ses confidences intimes, et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première
et la dernière fois.
Alice a 21 ans.
Elle est étudiante.
Elle se définit comme lesbienne.
Elle aime les chiens, rire, et elle est engagée dans des combats qui lui tiennent à coeur.
Alice, bonjour.
Bonjour.
J'ai une première question.
On se voit ou on se tutoie ? On se tutoie.
On va parler de ta première fois d'abord.
C'était quand ? Alors, j'avais presque 15 ans.
C'était le mois avant mon anniversaire.
J'étais au lycée, et c'était une amie, enfin dans mon cercle d'amis, mais pas hors
lycée.
Elle avait 17 ans, et on était toutes les deux lycéennes.
Et tu étais au courant qu'elle était attirée par les femmes ?
Non.
En fait, à cette époque, je ne me définissais pas vraiment, et j'étais un peu mal à l'aise.
Je ne savais pas quels mots utiliser, et surtout comment demander à quelqu'un, parce que
je n'avais pas envie de demander directement.
J'étais assez mal à l'aise.
Du coup, j'ai inventé un prétexte, on était toutes les deux, et je ne lui avais même pas
dit que j'aimais les filles.
Ce n'était pas quelque chose que je disais naturellement.
Du coup, je lui ai dit à un moment que je participais à une étude de sociologie sur
l'homosexualité.
Et c'est là qu'elle m'a dit « Ah, je ne savais pas que tu aimais les filles. »
Et donc après, elle m'a embrassée.
Et juste après, elle a dit « Désolée. »
Ça s'est passé comment, cette première fois ?
Vous l'avez planifiée ?
Oui, parce que moi, ça me rassurait.
Alors, elle avait déjà eu une expérience avec un garçon, mais pas avec une fille.
Et moi, je voulais que ce soit un rendez-vous.
C'était le jour de la Saint-Valentin.
À l'époque, j'étais romantique.
C'était chez elle, parce que ses parents n'étaient pas là ce jour-là.
Il fêtait la Saint-Valentin de leur côté.
Donc, je me suis rendue chez elle.
On a passé la soirée, on a cuisiné ensemble, puis on a passé la nuit ensemble.
Ça s'est bien passé ?
Oui.
Mieux que ce qu'on peut entendre quand on parle souvent la première fois.
C'est raté, on était mal à l'aise.
Alors oui, effectivement, moi, j'étais pas très à l'aise, parce que j'ai découvert.
Mais ça s'est plutôt bien passé.
On était à l'écoute l'une de l'autre.
Il n'y a pas eu l'aspect douleur que je redoutais un peu.
À part le fait que je me suis foulée le poignet.
Donc, c'est l'anecdote drôle qui est liée à ma première fois.
Alors, je suis obligée de te demander, mais comment tu t'es foulée le poignet ?
Trop d'enthousiasme ?
Sans doute.
J'ai dû faire un faux mouvement à un moment.
Mais en fait, je ne l'ai pas sentie sur le coup.
C'est un moment où j'ai senti une petite douleur, mais bon, ça ne m'a pas arrêtée.
Je me suis dit, on ne va pas s'arrêter à ça quand même, c'est pas grave.
Et c'est après, en fait, dès qu'on a eu fini, la douleur est venue.
Donc, je pense qu'avec l'adrénaline, elle n'était pas apparue.
Et j'ai dû inventer une excuse, évidemment, après, quand je suis rentrée le lendemain.
Est-ce que tu as eu du plaisir ?
Oui.
Pas d'orgasme, mais du plaisir, oui.
Parce que du coup, tu t'étais déjà masturbée avant, toute seule ?
Oui, mais je n'avais jamais eu d'orgasme non plus.
Et à l'époque, tu pensais déjà aux femmes ?
En fait, toujours, ton imaginaire sexuel, c'est qu'on serait autour des femmes.
Alors, avec le recul, je me rends compte que oui, même pas que sexuelle,
mais quand j'étais petite, je pensais toujours à des femmes.
J'étais amoureuse d'actrices, mais c'était que des femmes.
Et puis, en fait, au collège, je pensais que aux garçons.
Ce n'était pas du tout dans mon imaginaire qu'on pouvait sortir avec des femmes.
Et c'est au lycée, en fait, que j'ai rencontré une amie qui était bisexuelle.
Et du coup, ça a fait rentrer cette possibilité dans ma vie.
Et à partir de là, j'ai commencé à envisager d'abord les deux, donc garçons et filles.
Parce que du coup, ton groupe d'amis, quasiment tout le monde était hétérosexuel, j'imagine.
Alors, au lycée, au début, on ne se dépassait pas trop, on était un peu tous en recherche.
Mais au fur et à mesure, on a tous un peu découvert qu'on était queer.
J'ai fini le lycée avec très peu d'amis hétérosexuels.
Et au collège, tu as été obligée plus ou moins de faire semblant,
de passer les étapes comme tout le monde, du premier baiser avec un garçon, ce genre de choses ?
Alors oui, mais du coup, ça ne me posait pas nécessairement de problème,
puisque c'est ce que j'envisageais.
Je pensais que c'était ce que je voulais, en tout cas.
Je ne me suis jamais forcée à avoir un premier baiser avec un garçon.
Quand on en a parlé un peu en amont, tu m'as précisé que ta première expérience sexuelle,
avec quelqu'un d'autre, c'était à 13 ans. C'était quoi ?
Donc, c'était avec un garçon.
On ne sortait pas ensemble, mais c'était le garçon le plus populaire du collège,
donc c'était Ravie qui s'intéressait à moi.
Surtout que moi, je l'étais assez peu.
J'avais envie d'essayer, de voir, parce que tout le monde en parlait.
J'avais envie d'essayer d'avoir une expérience, mais pas un rapport sexuel,
parce que je savais que je n'étais pas prête.
Mais voilà, de découvrir un peu la sexualité, le toucher.
Et vous avez fait quoi du coup ?
Alors du coup, ça s'est arrêté à la fellation.
Et ça t'a fait quoi ?
Je n'ai pas du tout aimé, ni compris l'intérêt.
Lui, oui.
Pour le coup, j'ai prouvé le plaisir de découvrir,
de réaliser cette expérience que j'avais envie de réaliser,
mais pas de plaisir physique.
Et pas d'excitation à proprement parler ?
Non.
Non, c'était vraiment que j'ai assouvi ma curiosité.
Et à ce moment-là, tu as quand même continué à t'intéresser aux garçons,
comme tout le monde, ou là tu t'es dit non, maintenant c'est plié, ça ne m'intéresse plus ?
Alors, ma relation entre guillemets avec lui s'est assez mal finie,
donc après j'ai fait une pause jusqu'au lycée,
puisque ça s'est passé entre la quatrième et la troisième.
Et il n'y avait pas d'autres garçons qui m'intéressaient,
donc je n'ai pas eu ni l'occasion, ni l'envie spécialement.
Et donc après au lycée, j'ai commencé à m'intéresser aux filles.
Cette fille de la première fois, qui avait 17 ans, vous êtes restées ensemble après, ou pas ?
Alors c'est des relations par intermittence.
Parce que j'étais déjà sortie une fois avec elle avant.
Voilà, on a rompu. Après je suis ressortie avec elle, il y a eu cette première fois.
Puis on se revoyait de temps en temps.
Mais ce n'était pas une histoire, une grande histoire d'amour qui a suivi ?
Non.
Vous avez expérimenté des choses ensemble. Tu peux me dire un peu, qu'est-ce que vous avez fait à l'époque ?
Alors au début, c'était assez classique. Et puis très vite, moi j'avais des fantasmes plutôt de SM.
Et donc elle aussi, elle avait envie de... Pas forcément ses fantasmes, mais de l'envie de découvrir, de la curiosité.
Donc voilà, c'est ce qu'on a pratiqué un peu doucement au début, parce que voilà, aucune de nous connaissait.
Puis, enfin, plus des expériences, oui voilà, plutôt SM.
Avant la fin du lycée. Félicitations.
Oui.
Tu avais déjà beaucoup réfléchi tes désirs et tout, c'est vachement bien.
Est-ce que tu as le sentiment d'avoir attendu cette première fois ?
Est-ce que tu as attendu d'être vraiment prête ? Ou est-ce que quand tu t'es dit j'ai eu l'occasion, j'y suis allée ?
Je pense que je l'attendais depuis longtemps.
Mais pareil, c'était toujours cette même curiosité en fait, j'avais envie de réaliser cette expérience dont tout le monde parlait,
dont je ne connaissais rien, parce que voilà, tant qu'on ne l'a pas vécu, je pense qu'on ne peut pas vraiment imaginer ce que c'est.
Mais oui, voilà, c'est plutôt j'ai eu l'occasion. Je sortais avec elle, avec cette fille à l'époque, et puis on a eu envie toutes les deux.
Donc voilà.
J'ai fait des recherches avant, parce que du coup là, pour le que faire, quand tu pars de zéro, on ne sait pas trop quoi malheureusement.
J'ai fait, oui, j'ai tapé comment faire l'amour avec une fille sur Google. Je le reconnais, je le reconnais.
Mais tu as trouvé quoi ? Parce qu'en fait en général, quand on cherche ce genre de choses sur Google, on trouve principalement du porno hétérosexuel avec des femmes entre elles.
Tu as eu le sentiment que ça avait répondu à ta question ?
Pas du tout, parce que moi en plus, je n'ai pas regardé de porno, je voulais un tutoriel moi.
Je ne sais plus si c'était WikiHow, le tutoriel, mais voilà, c'était plus... Je ne voulais pas une vidéo, je voulais vraiment des mots.
Moi je travaille plus avec des mots, ça m'aide plus.
Donc voilà, je cherchais plutôt sur les zones érogènes, enfin voilà, je n'avais pas ces termes.
Mais voilà, en gros, c'était plutôt ce qu'il fallait toucher pour qu'elle apprécie le moment.
Et tu as été satisfaite de tes recherches ?
Alors pas tellement, parce que c'est comme pour la masturbation, quand j'avais cherché, c'était essayez par vous-même et trouvez ce qui vous plaît.
Donc c'était un peu la même idée pour faire l'amour avec une fille.
Pour apprendre à se connaître un petit peu mieux, je vais te faire un petit quiz sur la base du jeu à boire Je N'ai Jamais.
Tu connais ce jeu.
Et bien c'est un j'ai déjà plutôt.
Donc je vais te dire des phrases, des affirmations, et tu vas répondre par soit je ne l'ai jamais fait du tout et ça m'intéresse,
ou ça ne m'intéresse pas du tout, ou alors une anecdote si tu en as une sur le sujet.
D'accord.
Alors oui, je l'ai déjà fait.
Et c'était du coup avec un garçon.
C'était mon premier vrai copain au lycée aussi.
Et on a, il avait envie d'essayer.
Moi, ça ne m'intéressait pas super bien, mais j'ai toujours la curiosité.
Et donc on l'a fait avec un sextoy.
Une bonne expérience ?
C'est pas un fantasme de ma part, mais il a apprécié donc, c'est principal.
J'ai déjà éjaculé.
Alors oui, une fois, en me masturbant.
J'ai déjà eu des soucis avec du matériel.
Oui.
Bon là, mes amis, s'ils écoulent le podcast, ils vont tout de suite me reconnaître.
C'était avec un déodorant.
Je voulais essayer la pénétration en masturbation.
C'était le seul objet rond, enfin arrondi que j'avais.
Et il est resté coincé.
Le déodorant entier ou juste le capuchon du déodorant ?
C'était un petit déodorant.
Et comment tu t'en es sortie ?
Il a fini par sortir.
Mais j'ai été mal éduquée, j'ai envoyé un message à une amie sur le moment.
J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sexe.
Alors non, principalement parce que je ne fais pas de liste de courses.
Non mais à tes cours, à quelque chose d'autre.
Non, je suis assez concentrée sur ce que je fais.
J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre.
Oui.
Mais pas forcément à une ex, plutôt à des personnages fictifs.
Des célébrités, des choses comme ça.
Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.
Sûrement, je n'ai pas d'exemple qui me vient à l'heure en tête.
Mais probablement.
Tu disais que tu as déjà sodomisé un garçon.
Tu as déjà couché régulièrement avec des garçons.
Tu as déjà eu des expériences avec des garçons.
Alors que tu étais plutôt assurée d'aimer les femmes.
Au lycée, je pensais que j'étais bisexuelle.
Parce que je crois que j'avais peur de me fermer des portes.
Et pour moi, des lesbiennes, il devait y en avoir trois en France.
Et je ne voulais pas me manquer de la vie.
Et je me suis fait chier.
Il devait y en avoir trois en France.
Et je ne voulais pas me manquer d'opportunités par la suite.
Donc j'ai essayé avec des garçons.
Comment ça s'est passé ?
Avec les garçons ?
Oui.
Ce n'était pas forcément très intéressant.
Tu as réussi à être naturelle ?
Ou tu as joué à être une copine hétérosexuelle ?
À être naturelle, oui.
Mais je n'éprouvais pas de plaisir physique.
Et du coup, comment tu as compris que tu ne l'étais pas du tout ?
Au bout d'un moment, je me suis dit qu'il fallait arrêter de faire semblant.
Quand j'ai découvert qu'il y avait plus que trois lesbiennes en France,
je me suis dit que je n'avais pas besoin de garder les portes ouvertes du côté des garçons.
Il y en a suffisamment du côté des filles.
C'est arrivé quand, ça, du coup ?
La première année après le lycée, je pense.
Je suis allée.
Dans ma promo, il n'y avait que des filles.
Peut-être pas une majorité, mais une grande proportion était queer.
Donc c'est là que j'ai vu qu'il y en avait plein d'autres que moi.
Tu avais assez de stock.
Ça représente combien de ta vie pour l'instant, ces histoires d'hommes qui sont finies,
qui ne se reproduiront à priori plus ?
Il y a eu combien de petits copains, de partenaires ?
De partenaires, j'en ai eu cinq ou six.
Masculins.
Et de femmes ?
Une trentaine ?
37.
Je suis à 43.
C'est très très précis.
Tu gardes des chiffres très précis.
J'ai compté une fois, j'étais avec mes amis.
On voulait savoir chacun combien on avait.
Qu'est-ce qui s'est passé après ?
Tu as eu cette première fois avec cette fille.
Il y a eu cette relation un peu on and off auquel temps.
Quelques expériences avec des hommes.
Est-ce que tu as été en couple avec une femme ?
Est-ce que tu as été en couple avec des femmes ?
Ou est-ce que tu as papillonné pendant quelques années ?
Je papillonne depuis quelques années.
Je suis en couple au sein de Cheux-le-Sor avec,
mais des relations très courtes.
C'est-à-dire, de l'ordre de deux mois.
Je ne me suis jamais posée très longtemps.
Ça ne m'intéresse pas pour l'instant.
Donc ce n'est pas particulièrement important pour toi d'avoir des sentiments pour...
Ah non, pas du tout.
Non, les sentiments, ce n'est pas trop mon truc.
Tu as parlé tout à l'heure de BDSM.
Est-ce que c'est quelque chose que tu as expérimenté depuis ?
Oui, avec des femmes.
De quelle manière ? Je peux te demander des détails ?
Oui, c'était...
En fait, j'étais déjà sur des applications de rencontres.
Et il y avait des femmes qui marquaient directement dans leur description
que c'était ce qu'elles recherchaient.
Et je préférais le faire comme ça plutôt que dans une relation déjà installée,
aborder le sujet.
Comme ça, dès le début, les bâtes étaient posées.
Et donc c'était des femmes dominatrices plutôt,
et qui recherchaient une femme plus soumise au lit.
Ça se passe comment, le BDSM, avec deux femmes ?
Je ne peux parler que de mon expérience.
Donc moi, j'étais plutôt soumise.
Et puis, les mêmes pratiques, je suppose, qu'entre les hétérosexuels.
Parce qu'on parle beaucoup, dans le féminisme en l'occurrence,
on parle beaucoup de la remise en cause du BDSM
à cause de la reproduction de systèmes inégalitaires.
Et du coup, je pose la question.
Je ne sais pas si c'est très courant, le BDSM lesbien.
Mais je ne sais pas.
Parce que même dans tout ce qui est vidéo, c'est toujours fait pour un homme.
Donc je ne sais pas si c'est une pratique courante.
Peut-être moins, parce qu'il n'y a pas ce rapport de domination
dans la relation en général.
Après, je n'ai jamais eu beaucoup de mal à trouver une partenaire
qui était intéressée par ça aussi.
Les femmes que tu as rencontrées dans ce cadre-là,
c'était des dominatrices bisexuelles ?
Ou lesbiennes particulièrement ?
Non, elles étaient lesbiennes.
Il y en avait une qui est habitée, je crois.
Tu peux nous raconter un petit peu plus ce qui se passe,
le type de pratique ?
Oui, oui.
Après, je ne pense pas que ce soit très différent.
Mais il y a tout ce qui est...
Enfin, attacher la partenaire,
que ce soit avec des menottes, avec une corde,
la cravache, le martinet.
Enfin, voilà, ce qu'on peut imaginer, j'imagine.
Il y a aussi les douleurs par...
Aide de la cire, chaude.
Après, de ce que moi j'ai essayé,
enfin, bâillonner et bander les yeux.
Tu penses que tu vas y revenir ?
C'est quelque chose qui t'intéresse ?
Non, en fait, je pense que c'est mieux en fantasme
que dans la réalité.
Puisque, voilà, dans la réalité,
j'appréciais, puisque j'avais choisi et j'appréciais.
Mais en fait, je ne me vois pas construire une relation avec quelqu'un
et en même temps avoir ces rapports.
Je vais rebondir encore sur quelque chose que tu m'as dit
avec cette petite série de questions.
On parlait de ton déodorant,
qui n'était donc pas un sextoy adapté.
En l'occurrence, comme beaucoup de choses qu'on détourne,
ça arrive souvent que les femmes détournent des objets du quotidien
comme sextoy et rarement c'est une bonne idée.
Est-ce qu'il y a des sextoys que tu as expérimentés ?
Est-ce qu'il y a des choses qui font partie de ta sexualité aujourd'hui ?
Ou est-ce que tu es plutôt nature
et que tu penses que...
Tu es déjà suffisamment outillée pour ne pas avoir besoin d'aller chercher ?
Non, surtout seule en fait.
J'aime bien en utiliser.
J'ai un vibromasseur.
Non, deux vibromasseurs.
Deux vibromasseurs chez moi.
Et sinon, avec mes partenaires,
oui, ça m'arrive d'en utiliser pour...
Pas forcément dans le type de pimenter,
mais juste parce que ça peut être un outil intéressant
et qui apporte du plaisir.
Mais j'aime bien alterner.
Faire complètement naturel, entre guillemets,
et utiliser des accessoires.
Après, ça dépend aussi de ma partenaire, ce qui l'intéresse.
Il y en a qui sont plus ou moins à l'aise, qui connaissent pas,
d'autres qui connaissent beaucoup.
C'est des choses que tu discutes en amont avec tes partenaires ?
Vous parlez avant de ce que vous avez envie de faire,
de ce que tu as proposé, entre guillemets, de tes règles ?
Généralement, on en discute
après avoir eu déjà plusieurs rapports
Pour faire évoluer.
C'est-à-dire qu'au début, on reste basique
et puis après, on fait évoluer vers autre chose.
En général, les partenaires que tu vois,
tu les vois plusieurs fois, du coup ?
Oui. C'est rare que j'ai réellement un coup d'un soir.
Ça m'arrive, mais assez peu.
À part si ça a vraiment été nul.
Ça arrive ?
Ça arrive.
Tu m'as dit que tu n'avais pas eu d'orgasme
la première fois,
dans ta première fois.
Est-ce que tu as réussi quand même à avoir des orgasmes
avec des hommes ?
Avec des hommes, non.
Jamais ?
Jamais.
Et avec des femmes aussi ?
Ça m'arrive assez rarement.
Tu as besoin d'une stimulation particulière
ou d'une concentration particulière ?
Non, je crois que j'ai besoin d'être seule.
Oui.
Non, mais en fait,
j'ai beaucoup de mal à exprimer mes émotions
dans la vie en général.
Donc là, forcément, je suppose que ça joue aussi.
Et puis, de toute façon, j'aime assez peu qu'on...
Enfin, je préfère être active.
Ce qu'on appelle top,
plutôt que bottom,
mais qui entre deux femmes n'a pas tellement de sens.
Déjà, dans le principe, c'est plutôt stupide,
mais entre deux femmes, ça n'a pas de sens,
parce qu'il n'y en a pas une qui reçoit et une...
En fait, tu as du mal à perdre le contrôle.
Voilà, c'est ça.
Pourtant, en BDSM,
la personne soumise est la personne qui lâche
le plus de contrôle
et qui casse toutes ses barrières.
C'est quelque chose que tu penses que tu as recherché
dans le BDSM, justement,
parce que tu n'y arrivais pas autrement.
Je pense, mais la personne qui est soumise,
c'est aussi celle qui peut arrêter à tout moment
et qui, au final, a le vrai contrôle.
C'est son plaisir, il compte.
Mais aussi, c'est pour ça que j'ai dit
que je préférais en fantasme que dans la réalité.
Parce que dans le fantasme,
c'est moi qui contrôle le fantasme.
Dans la réalité, on n'a pas...
Mais maintenant, en plus, c'est quelque chose que je n'ai plus envie de pratiquer.
Même en tant que dominatrice ?
Ça, ça ne m'a jamais intéressée, par contre.
Ça ne m'intéresse pas du tout.
C'est trop de pression, je crois.
Je n'ai pas d'autorité dans rien.
On va parler des oeuvres
qui accompagnent ton imaginaire sexuel.
Donc, le livre qui t'excite.
Le seul livre
excellent auquel j'ai pensé,
c'est Les Liaisons Dangereuses.
Mais c'est plutôt... En fait, je fantasme assez peu
sur des oeuvres, plutôt sur les personnages.
Et donc, La Marquise de Merseille,
c'est vraiment... C'est tout pink.
Le film qui te fait vibrer.
Carole.
Quelle blanchette.
Évidemment, grand film.
Qui te donne des frissons de plaisir.
Je n'ai pas d'image en tête précise, mais toutes
les photos ou dessins,
ou oeuvres où il y a des femmes en costume.
Tu aimes les déguisements ?
Non, en costume.
Ah, en costume, en smoking ?
Oui.
Carole, en fait, un peu dans le délire.
Il y a cet esprit aussi très chic,
qui joue avec les gens.
Avec quelle blanchette en costume ?
Elle le porte très bien.
Le parfum qui réveille tes sens.
Un parfum capiteux.
Par exemple, quand quelqu'un s'assoit à côté de nous,
le parfum nous envahit.
Un parfum un peu fort.
La musique qui me met le mieux dans l'ambiance.
Alors, soit de la musique classique,
où il n'y a pas de paroles, ce que je préfère.
Soit du rap,
mais du rap un peu...
Le mot qui me vient, c'est aérien.
Mais j'écoute O-Boy.
Mais voilà, c'est où...
Le style un peu...
J'écoute pas du rap engagé,
sur le moment.
C'est la première fois qu'on me répond ça à cette question.
La musique classique pendant le sexe,
qu'est-ce que tu écoutes spécifiquement ?
Vraiment des artistes très classiques.
Genre Vivaldi.
Les 4 saisons de Vivaldi pendant le sexe.
Le violon, c'est parfait.
Quand la musique monte, ça me donne le rythme.
Et en plus, ça prend son temps.
C'est des morceaux longs.
Et c'est surtout l'aspect, pas de paroles.
Les paroles, ça va me déconcentrer.
Je comprends rarement les paroles dans les opéras.
Donc il ne faut pas de mots en français.
Tu as eu une mauvaise expérience avec quelqu'un.
Tu veux m'en parler ?
Oui, c'est possible.
C'était il y a un an, avec ma copine de l'époque.
C'était la deuxième fois que je sortais avec elle.
J'étais sortie avec elle 6 mois plus tôt.
C'était mal terminé.
J'avais décidé de lui donner une deuxième chance.
Et ça s'est très mal terminé.
Elle m'a violée.
Est-ce que tu t'es reconstruite ?
C'est en cours, ça fait un an.
Je suis allée voir une psychologue tout de suite après.
J'ai écrit une nouvelle.
Pas sur moi, mais sur le viol conjugal.
J'ai fait lire à mes amis.
Je leur fais lire ce que j'écris.
Ça m'a permis de leur dire
que si je ne vais pas bien en ce moment,
c'est parce que ce que j'ai écrit,
ça m'est arrivé.
Je n'aurais jamais été capable de dire
que j'ai été violée.
Mes amis ont été super compréhensifs.
Ils m'ont soutenue.
Par la thérapie, par l'écriture, par le fait d'en parler.
C'est pour ça que là, j'en parle.
J'ai participé à une interview sur les violences conjugales
LGBT.
C'est un sujet dont on ne parle pas du tout.
Il y a zéro ressource.
Si on tape viol lesbien, on tombe sur des pornos.
Si on tape violences conjugales LGBT, on tombe sur des pornos.
Ça fait un an.
Tu as réussi à reprendre le dating ?
Ça ne m'a pas stoppée
dans l'envie de sortir avec des gens.
C'est plutôt l'aspect
contact physique qui n'est pas encore reconstruit.
Il y a des symptômes ?
Des choses que tu ne peux plus faire ?
Oui, qu'on me touche.
Je n'ai jamais été quelqu'un de tactile.
Mais dans le cadre sexuel,
oui, qu'on me touche, non.
Ça ne me dérange pas du tout.
J'apprécie de toucher l'autre personne.
Mais que l'autre me touche, non.
Tu as encore du mal avec ça.
En termes de plaisir,
j'imagine que là,
tu te gères toute seule.
Tu ne t'attends pas de l'autre qui te donne du plaisir.
Donc c'est des relations sexuelles un peu déséquilibrées.
Comment les gens réagissent ?
Tu leur dis ? Tu les préviens ?
Je ne leur donne pas la cause.
Si c'est un coup d'un soir,
ça sera plus facile.
C'est la recherche du plaisir.
Si l'autre a son plaisir,
généralement, ça va.
Récemment, je suis sortie avec quelqu'un
et ça ne me dérangeait pas.
J'avais posé les bases dès le début.
Après, dans l'avenir,
j'imagine que si je sors à gagner le confiant,
et que j'ai envie de construire une relation,
je lui dirai.
Mais sinon, ce n'est pas dans mes projets d'en parler.
Les femmes que tu rencontres actuellement,
tu les rencontres comment ?
Sur Internet.
J'ai Tinder, mais ce n'est pas terrible.
Pour moi, en tout cas.
Ou l'application exprès pour les femmes queer.
Tu sens une différence avec la drague ?
Comme tu as des expériences avec les hommes,
tu as des expériences avec les femmes queer.
Comme tu as des expériences avec les hommes,
la drague entre femmes, c'est plus facile.
C'est moins facile, c'est différent.
Ça dépend si on est
à l'aise avec le fait d'engager la conversation.
Parce que les lesbiennes
n'engagent pas la conversation.
Moi, ça ne me dérange pas d'engager la conversation.
Et de trouver des approches
un peu originales pour changer.
C'est-à-dire ?
Essayer d'engager la conversation par des blagues.
Ou quelque chose qui est écrit sur son profil,
qui n'intéresse plutôt qu'un salut ça va.
Forcément, ça donne un peu moins envie de répondre.
En fait, les rapports
sont censés être plus équilibrés.
Parce que dans la drague hétérosexuelle,
on attend que l'homme vienne
et qu'il engage la conversation.
De lui-même, il va aussi à engager la conversation.
Parce que ça va être son rôle.
Mais entre femmes, il faut...
J'aime pas dire ça, mais il faut que l'une des deux
prenne l'initiative d'engager la conversation.
Il y a des codes ? Ou pas du tout ?
Je sais pas. S'il y a des codes, je ne les ai pas.
Mais...
Comment tu te définis sur ton Tinder
ou sur les applications que tu utilises ?
C'est quoi ta présentation ?
Je crois que j'ai juste mis un smiley.
J'ai tout misé sur les photos.
Euh...
J'ai mis juste le smiley
avec deux femmes. Enfin, l'emoji avec deux femmes.
Ce qui n'empêche pas les hommes
de venir quand même.
Ou les couples aussi. Il y a énormément de ça.
Et du coup, ta dernière fois,
c'était quand ?
C'était il y a deux semaines peut-être.
Oui, deux semaines.
C'était avec qui ?
Du coup, avec ma copine.
Enfin, à l'époque.
Je dis à l'époque, alors que c'était il y a deux semaines.
Je suis restée quatre mois, je crois,
avec elle.
Donc une relation plutôt longue.
Et ça s'est passé comment ?
C'était la dernière fois ? Tu savais que c'était la dernière fois
avec elle aussi ?
Non, pas spécialement. C'est juste...
Ça se passe très vite dans mes relations.
Et du coup, il y a un moment où je suis arrivée au point où...
J'avais pas tellement le continuer.
Mais c'était neutre.
Elle m'avait pas blessée ou fait quelque chose.
Mais voilà, après,
j'ai rompu. Mais je me suis pas née sur le moment.
Non, c'était ma dernière fois.
C'était une fois bien ?
Oui. Je sais pas, faudrait lui demander.
Par rapport à ton profil
et tout, avec les mêmes règles
que d'habitude, tu n'as pas
particulièrement joué du coup.
Non.
Qu'est-ce que tu attends maintenant ?
Qu'est-ce que tu cherches ? Est-ce que tu veux rencontrer
encore plus de femmes ? Est-ce que tu te dis
que peut-être une relation longue...
Je sais pas.
Je suis fermée à aucune idée.
En fait, je pense que j'ai toujours un peu envie
de sortir avec quelqu'un.
Mais c'est ça, ce que je disais, c'est que je me lasse très vite.
Donc je recherche pas
particulièrement juste du physique
ou juste un plan cul.
C'est juste que ça dure pas très longtemps.
Mais oui, j'ai envie de sortir avec quelqu'un.
Tu vas continuer à travailler sur ton traumatisme
et sur le fait de
débloquer ça.
C'est quelque chose que tu veux faire.
Tu veux travailler là-dessus.
Parce que t'as envie d'être touchée à nouveau.
Oui.
Donc aujourd'hui, Alice, t'as 21 ans.
Tu sais que tu es lesbienne.
Tu sais ce que t'aimes dans la vie.
Est-ce que tu penses que
tu es heureuse, ou en tout cas, tu es sur la voie
d'être heureuse quand tu auras
avancé sur ton
traumatisme ?
Je pense oui, parce que je suis en train de me
reconstruire.
Je pense que oui, je suis sur la bonne voie.
Je pense qu'il faut juste que j'aurais à
faire confiance à l'autre
pour justement lâcher prise.
Mais je pense que ça se fera qu'avec une partenaire
vraiment de confiance, où j'aurais envie de construire une relation.
Pas avec une partenaire où je vais rester
même deux mois.
Voilà. Une vraie relation
stable.
Le souhait. J'espère.
J'ai eu un rendez-vous encourageant récemment.
S'il n'y a rien passé ?
Sinon tu me l'aurais raconté, déjà.
Non, c'était... On est resté... Je suis
quelqu'un d'honorable. On est resté correct.
Ah, tu bouges pas le premier soir ?
Non.
C'était pas crédible comme réponse.
Non, en ce moment, non. Parce que j'ai
envie de sortir avec
quelqu'un. D'abord
qu'on se découvre.
En discutant, avant de se découvrir
plus intimement. Et puis
non, on est resté mignonne.
On est allé au cinéma.
Donc il y aura un deuxième rendez-vous.
C'est prévu, je dois lui faire visiter Paris.
Donc il faut que je me renseigne un peu sur Paris pour avoir des choses
à lui raconter.
Il faut que tu nous racontes après ce qui s'est passé.
Je reviendrai. Je vais suivre l'affaire, je t'annonce.
Merci Alice
de nous avoir raconté tout ça. Avec plaisir.
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Première dernière fois. Un podcast
de Lucille Bélan, produit par
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