Journal en français facile 02 avril 2019
Loïc Bussières : Il est 22h ici à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir et bienvenue si vous nous rejoignez pour cette nouvelle édition de votre Journal en français facile. Journal que je vous présente en compagnie de Zéphyrin Kouadio. Bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir Loïc, bonsoir à toutes et à tous.
LB : À la une : ce soir le départ d'Abdelaziz Bouteflika en Algérie. Le président, accusé de s'accrocher au pouvoir par la rue, annonce sa démission ce soir. On y revient dans un instant.
ZK : À la une également, le Brexit et cette demande d'un nouveau report de Theresa May. Jusqu'à ce qu'un accord puisse être validé par les députés précise la Première ministre qui veut rencontrer Jeremy Corbyn, le chef de file des travaillistes.
LB : Et puis nous reviendrons sur cette polémique en Israël où des faux-comptes Twitter ont relayé les messages du Likud en pleine campagne pour les législatives.
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ZK : C'est l'information de la soirée. En Algérie, Abdelaziz Bouteflika n'est plus président.
LB : Après une réunion du chef d'état-major Ahmed Gaid Salah et des hauts responsables militaires du pays. Des militaires qui exigeaient justement le départ immédiat du chef de l'État. À Alger, les précisions de Leïla Berrato.
Il était un peu plus de 19h30 ici quand le communiqué est tombé. Le Président Abdelaziz Bouteflika a remis sa démission au Conseil Constitutionnel. C'est l'issue de plusieurs jours de bras de fer entre plusieurs cercles du pouvoir. 1h30 plus tôt, l'armée publiait un communiqué et déclarait qu'elle ne reconnaissait pas le communiqué publié la veille par la Présidence et qui promet une démission d'Abdelaziz Bouteflika d'ici le 28 avril. L'armée demandait elle l'application immédiate de l'article 102, c'est-à-dire la mise en place du processus d'empêchement du Président. Les militaires estimaient donc qu'il n'est pas question d'attendre 4 semaines pour le départ d'Abdelaziz Bouteflika. Une heure 30 plus tard, les médias officiels annonçaient la démission du Président au pouvoir depuis 20 ans, et dont les manifestants demandaient, par centaines de milliers, le départ depuis plus de 6 semaines.
LB : Notez que RFI sera en édition spéciale Algérie demain matin à partir de 8h30. Vous pourrez également réagir à cette démission d'Abdelaziz Bouteflika demain, dans Appel sur l'Actualité. Juan Gomez attend vos appels au 33 9 693 693 70 ou sur les comptes Facebook et Twitter d'Appels sur l'Actualité. Rendez-vous à partir de 10h10 heure de Paris.
Autre rendez-vous à noter : Afrique Soir, tout à l'heure, 0h30. Il sera très largement question de cette actualité algérienne. Ce sera avec vous Zéphyrin Kouadio.
ZK : À la une également, cette nouvelle réunion entre Theresa May et ses ministres pour tenter de trouver une solution à l'impasse du Brexit.
LB : L'UE avait donné à la dirigeante jusqu'au 12 avril pour trouver un plan et après plus de 7 heures de discussions difficiles avec un cabinet très divisé sur la forme de Brexit qu'il souhaite, la Première ministre a annoncé qu'elle avait l'intention de demander une nouvelle période d'extension. RFI Londres, Muriel Delcroix.
Theresa May a rejeté résolument l'idée d'une sortie sans accord et appelé à un nouveau report, se dirigeant implicitement vers un Brexit plus doux. Estimant que l'approche du parlement et les séries de votes indicatifs n'avaient pas fonctionné, la dirigeante a tendu la main à l'opposition et proposé au leader travailliste Jeremy Corbyn de trouver ensemble un plan de sortie de l'UE. Avec une condition importante : ce plan doit selon elle inclure son accord de retrait pourtant si impopulaire. S'ils trouvent un terrain d'entente, leur plan sera soumis à l'approbation du Parlement et présenté au conseil européen la semaine prochaine. En cas d'impasse, la cheffe du gouvernement propose de modifier la déclaration politique qui accompagne l'accord de retrait et de soumettre au vote des députés une série d'options pour les relations futures entre Londres et les 27. La dirigeante promet de se ranger à l'avis final de la chambre si l'opposition travailliste en fait de même et souhaite voir le processus achevé avant le 22 mai afin d'éviter la participation du Royaume-Uni aux élections européennes. La Première ministre a conclu que « les îles britanniques vivaient un moment décisif qui requérait l'unité de la nation », envoyant le signal tardif d'un changement d'approche et d'un petit pas vers le compromis.
LB : Et ce soir, Jeremy Corbyn dit avoir accepté de rencontrer la Première ministre. Le chef de l'opposition travailliste s'est dit « très heureux » de discuter avec la dirigeante conservatrice.
ZK : En Turquie, L'AKP conteste officiellement le résultat des élections municipales à Istanbul et Ankara. Deux villes remportées par l'opposition, selon des chiffres provisoires.
LB : Deux jours après un scrutin très serré, des responsables du Parti de la justice et du développement dans ces deux villes ont indiqué avoir déposé des recours auprès des autorités électorales affirmant avoir relevé des « irrégularités flagrantes ».
ZK : Au Sénégal, un peu plus d'un mois après sa réélection, Macky Sall prêtait serment aujourd'hui.
LB : Après avoir obtenu 58 % des voix le 24 février dernier. La cérémonie d'investiture avait lieu en présence d'une vingtaine de dirigeants africains, devant lesquels Macky Sall a fixé ses priorités pour les 5 ans à venir : prolonger le plan Sénégal émergent, lutter aussi contre la pollution et faire plus pour l'emploi des jeunes et les droits des femmes.
ZK : Et puis toujours concernant l'actualité sur le continent africain, on apprend ce soir la mort d'un médecin militaire français au Mali.
LB : Suite au « déclenchement d'un engin explosif improvisé » au passage de son véhicule blindé, lors d'une opération de lutte « contre les groupes armés terroristes », c'est ce qu'annonce la présidence française.
ZK : Direction Israël où à moins d'une semaine des élections législatives, la campagne est marquée par une nouvelle polémique.
LB : Selon un groupe d'observation des réseaux sociaux, des centaines de faux-comptes Twitter ont relayé les messages du Likud, le parti du Premier ministre, et dénigré les principaux rivaux de Benyamin Netanyahu. Le rapport n'établit toutefois pas de lien direct avec l'équipe de campagne du chef du gouvernement. Depuis ces révélations, Likud et opposition s'écharpent. Mais l'impact électoral de cette polémique devrait rester limité. À Jérusalem pour RFI, Guilhem Delteil.
Face à la polémique, Benyamin Netanyahu a tenu une conférence de presse dès lundi. Le Premier ministre sortant a réfuté tout lien avec ces faux-comptes gérés non par des « bots », mais des personnes réelles, a-t-il dit. Et il a accusé ses principaux rivaux d'avoir, eux, recours aux logiciels autonomes. Mais en l'état, cette affaire agite plus la classe politique que les électeurs, estime Eyal Arad. Cet ancien conseiller politique a participé à des campagnes électorales pour Benyamin Netanyahu, Ariel Sharon et Ehud Olmert. « La classe politique en générale aime parler de ragots politiques : qui utilise quelle tactique contre qui ? Mais 95 % des électeurs ne sont pas intéressés par la politique. Leur préoccupation, c'est leur propre vie, la sécurité et le développement du pays. » « Bleu et Blanc », la principale coalition d'opposition à Benyamin Netanyahu a demandé l'ouverture d'une enquête. Le procureur général estime qu'il n'y a pas assez d'éléments pour cela. Et pour Eyal Arad, il faudrait de nouvelles fortes révélations pour que cette affaire ait un impact sur la campagne. « Les gens accordent toujours de l'importance à l'honnêteté. Et s'il y a un écart très très net par rapport aux règles morales, cela peut avoir un effet sur les quelques pourcents d'électeurs qui hésitent entre le Likud et Bleu et Blanc. » De même, l'impact des messages véhiculés par ces faux-comptes est aussi incertain. L'organisme à l'origine de ces révélations estime qu'ils ont été vus plus de 2,5 millions de fois. Mais il n'existe que quelques dizaines de milliers de comptes Twitter israéliens, souligne Eyal Arad. Les Israéliens préfèrent la messagerie WhatsApp. Guilhem Delteil, Jérusalem, RFI.
ZK : Venons-en à cette nouvelle loi qui doit entrer en vigueur demain mercredi dans le Sultanat de Brunei. Une loi qui prévoit la peine de mort par lapidation pour les relations homosexuelles et l'adultère et qui punit le vol par l'amputation d'une main ou d'un pied.
LB : Un texte qui fait largement réagir la communauté internationale. La France aujourd'hui a demandé l'annulation de cette loi. Hier, c'était Michèle Bachelet, la Haute-commissaire de l'ONU qui condamnait, je cite, une loi inhumaine. Vendredi dernier, l'acteur américain George Clooney avait lancé une campagne de boycott de neuf hôtels de luxe liés à Brunei, rejoint par le chanteur britannique Elton John. En revanche, en Asie du Sud-Est, les ONG déplorent le silence des gouvernements. Ryan Silverio est coordinateur régional de l'ASEAN SOGIE Caucus, une association basée à Manille et qui défend les droits des personnes LGBT.
« C'est bien que la communauté internationale se saisisse de cette question et la pose sur une plateforme mondiale. Mais d'un autre côté, nous sommes inquiets, car beaucoup de gouvernements et d'acteurs sociaux ici dans notre région Asie du Sud-Est restent silencieux sur ce dossier. Et ce silence dans notre région perpétue la notion qu'il s'agit d'un problème occidental, qui n'est pas pertinent en Asie. Donc nous concentrons maintenant nos efforts pour amener les gouvernements et les organisations sociales de l'ASEAN, de l'Asie du Sud-Est à prendre la parole. Et cela dans le but de faire comprendre que les religions ne doivent pas être utilisées pour inciter ou opprimer les autres, mais comme un message de compassion, d'humanité et de respect pour la vie. » LB : Joint au téléphone par Joris Zylberman.