Journal en français facile 04 mars 2017
Florent Guignard : Radio France Internationale, 20 heures en temps universel, 21 heures à Paris
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Bonsoir, bienvenue, c'est le journal en français facile, que je vous présente en compagnie de Zéphirin Kouadio. Bonsoir Zéphirin.
Zéphirin Kouadio : Bonsoir Florent, bonsoir à tous
FG A la une : la pression s'accroit sur François Fillon. ZK Eh oui, son parti Les Républicains avance d'un jour la convocation du comité politique, en raison de "l'évolution de la situation politique". FG Ces derniers jours, plus de 200 personnalités de droite ont retiré leur soutien à François Fillon – « lâcheur », ce sera le mot de la semaine d'Yvan Amar ZK Et puis Donald Trump accuse Barack Obama de l'avoir fait espionner. Accusation sans preuve. L'entourage de Barack Obama dément FG Enfin la percée des nationalistes en Irlande du Nord. La formation d'un gouvernement s'annonce compliquée ------
ZK Et c'est encore avec François Fillon que nous commençons ce journal : la pression s'accroit pour celui qui reste, à ce jour, le candidat de la droite à la présidentielle FG Mais jusqu'à quand ? Son parti politique, Les Républicains, annonce la convocation d'un comité politique lundi soir. Il devait normalement avoir lieu mardi, mais il a été avancé de 24 heures, "compte tenu, je cite, de l'évolution de la situation politique". Cette situation, tout le monde l'a en tête : selon tous les sondages aujourd'hui, François Fillon serait éliminé dès le 1er tour de la présidentielle. Et ses soutiens sont de moins en moins nombreux ; plus de 200 cadres et élus ont décidé ces derniers jours de le lâcher, de ne plus le soutenir. Alors, à la veille de la manifestation de soutien organisée demain dimanche à Paris, François Fillon a décidé de jouer la base contre les élites, les militants contre les élus. En meeting à Aubervilliers, près de Paris, François Fillon a appelé ses partisans à "résister". Valérie Gas
"N'abdiquez pas", a lancé François Fillon devant ses militants réunis à Aubervilliers. Comme un appel de la dernière chance, alors qu'il est en pleine tourmente et de plus en plus isolé. S'il y avait un petit millier de personnes dans la salle, côté élus c'était un peu le désert. Le dernier cercle des fidèles, Bruno Retailleau, Jérôme Chartier, Valérie Boyer, Luc Chatel... qui ont tenté de faire bonne figure malgré une salle à moitié pleine seulement. François Fillon a fait ce que les militants attendaient de lui. Il a rappelé les grandes mesures de son programme, simplification du code du travail, fin des 35h, réforme de la fiscalité du capital, diminution du nombre d'emplois publics. Il a beaucoup parlé de liberté, il a glorifié la société civile et a déclaré : « ce sont les Français qui font la France ». Des Français qui l'ont élu à la primaire et dont il attend un soutien suffisamment massif pour pouvoir maintenir sa candidature. Car on le reconnait dans son entourage, François Fillon se pose avec gravité la question de savoir s'il est toujours le meilleur candidat pour faire gagner son projet et son camp. Le rassemblement de demain au Trocadéro sera donc déterminant. Valérie Gas, Aubervilliers, RFI.
FG Et à signaler encore, une nouvelle perquisition au domicile du couple Fillon. Des policiers se sont rendu hier dans le manoir que possède François Fillon et son épouse Pénélope dans le département de la Sarthe. Ils y ont passé toute la journée.
ZK Et venons-en maintenant à cette accusation, cette grave accusation, lancée par Donald Trump. Le président des Etats-Unis accuse Barack Obama de l'avoir fait espionner. FG Accusation lancée au petit matin sur son compte Twitter. Donald Trump, sans apporter aucune preuve, affirme que Barack Obama a mis ses téléphones sur écoute. Il termine son message en comparant Barack Obama à un "pauvre type". Réponse du porte-parole de l'ancien président : "Barack Obama n'a jamais fait surveiller un citoyen américain." Les accusations de Donald Trump ressemblent fortement à une opération de diversion, pour éviter que les médias parlent encore du scandale des relations de son entourage avec la Russie. Correspondance, à New York, de Grégoire Pourtier.
Un nouveau Watergate ? Donald Trump ne se prive en tout cas pas pour faire un parallèle entre l'affaire qui a fait chuter le président Richard Nixon dans les années 70, et ses « découvertes », à 6 heures du matin, qui lui font penser qu'il a été mis sur écoute par Barack Obama. Pour le moment, on n'a aucune idée de ce sur quoi s'appuie le nouveau président américain pour faire des accusations aussi graves, mais ces allégations sont une parfaite diversion après deux jours durant lesquels les relations de l'équipe Trump avec des officiels russes ont fait polémique. Le média choisi, Twitter, le style et la syntaxe très « décontractée » des messages... On aurait pu imaginer un peu plus de solennité pour des révélations aussi grave, mais au moins la machine médiatique est-elle lancée, et c'était sans doute l'objectif. Car on est forcément curieux d'en savoir davantage : Trump a-t-il grossièrement menti ? Ça en devient presque folklorique. Mais si Obama a espionné un adversaire politique, là ça devient scandaleux. Mais Trump n'est pas seulement président, il a aussi sa petite boutique à faire tourner. Alors il a profité de son élan pour vitrifier Arnold Schwarzenneger. L'acteur animait la télé-réalité The Apprentice, que le milliardaire produit toujours, mais vient de quitter le navire avec fracas. Alors même en plein Watergate potentiel, Trump n'allait pas se priver de le dézinguer. Grégoire Pourtier, New York, RFI
ZK Dans l'actualité également, les résultats des élections législatives en Irlande du Nord : les nationalistes rattrapent les unionistes FG A peine plus de mille voix séparent les deux grands partis politiques de cette province du Royaume-Uni. D'un côté, les unionistes, de religion protestante, favorables au maintien de l'Irlande du Nord au sein de la couronne britannique : ils obtiennent 28 sièges. Et de l'autre côté, le Sinn Fein, républicain et catholique, partisan d'un rattachement de l'Irlande du Nord à l'Irlande ; ils obtiennent un siège de moins. Ça s'annonce compliqué pour la formation d'un gouvernement de coalition. A Londres, la correspondance de Marina Daras.
Le Sinn Fein est décidément le grand gagnant de ces élections. Même si le Parti unioniste démocrate a remporté 28 sièges sur 90, le Sinn Fein le suit désormais de très près avec un record de vote en sa faveur qui lui a permis d'obtenir 27 sièges à l'assemblée. Pour la première fois, les unionistes n'ont pas la majorité à l'assemblée de Stormont. Les deux partis ont désormais trois semaines pour s'entendre sur la formation d'un gouvernement. Des discussions qui s'annoncent difficiles, mais si les partis ne parviennent pas à se partager le pouvoir au-delà de ces trois semaines, Londres pourrait reprendre un contrôle direct sur le pays. Une solution que les unionistes et les nationalistes veulent éviter à tout prix, mais qui reste malgré tout très probable. Les nationalistes du Sinn Fein, qui avaient fait implosé le gouvernement de Stormont en janvier après la démission de leur vice-premier ministre Martin McGuinness, réclament toujours le départ d'Arlene Foster, la chef du Parti Unioniste Démocrate. Ils reprochent aux unionistes la mauvaise gestion d'un programme de subventions aux entreprises pour soutenir les énergies renouvelables et qui pourraient coûter plus de 500 millions d'Euros aux Nord-Irlandais. Mais les tensions sont nombreuses : les deux partis sont en désaccord sur des sujets fondamentaux tels que le mariage pour tous, ou encore le Brexit, puisque le Sinn Fein a fait campagne pour rester au sein de l'UE, contrairement aux unionistes. Marina Daras, Londres, RFI
ZK Et puis la fin du Fespaco, le festival du cinéma africain à Ougadougou : l'étalon d'or est décerné au fil sénégalais "Félicité" d'Alain Gomis. FG Il a déjà obtenu il y a deux semaines le Grand prix du jury du festival de Berlin, en Allemagne. Félicité raconte la vie d'une chanteuse de bar à Kinshasa. ZK Et on termine ce journal comme on l'avait commencé, avec François Fillon FG Oui, c'est "Le mot de la semaine", choisi par Yvan Amar : « lâcheurs », ceux qui lâchent François Fillon François Fillon n'est pas en très bonne situation en ce moment, puisque de nombreux soutiens le lâchent. Des soutiens ? C'est-à-dire des gens qui soutiennent ou qui soutenaient sa candidature à l'élection présidentielle. De plusieurs manières : ou bien ils déclaraient simplement qu'ils étaient d'accord avec les idées de François Fillon, qu'ils voteraient pour lui. Soit ils l'aidaient directement dans sa campagne, ils faisaient partie des équipes qui organisent sa candidature. Alors, si on le lâche, c'est qu'on ne le soutient plus. Le verbe lâcher, c'est bien l'opposé du verbe soutenir, comme du verbe tenir. Et on le voit dans les exemples les plus concrets, au sens propre, dans d'autres contextes : si je tiens ce verre, si je soutiens de poteau, ils ne tombent pas. Si je les lâche, eh bien le poteau tombe et le verre se brise. Au figuré, c'est un petit peu pareil, avec un effet particulier : lâcher quelqu'un, c'est l'abandonner, c'est ne pas aller jusqu'au bout d'un projet ou d'une idée qu'on pouvait avoir en commun. Ne pas épauler, c'est-à-dire ne pas aider un partenaire jusqu'au bout de son entreprise. Par faiblesse, ou par cynisme, c'est-à-dire en suivant son intérêt sans s'occuper des autres, sans scrupule, en reconnaissant tranquillement qu'on pense à soi, d'abord, et aux autres, ensuite … Ou bien alors par découragement : on lâche quelqu'un parce qu'on se rend compte que l'affaire est perdue et qu'il n'est pas utile de s'obstiner. Et de façon familière, on parle d'un lâcheur : un ami qui n'est plus à vos côtés quand vous avez besoin de lui. Il est là pour partager les plaisirs, et puis quand ça se gâte, quand ça demande trop d'effort ou de courage, on ne le voit plus. FG Merci Yvan Amar. Merci aussi Zéphirin Kouadio
ZK Merci Florent Guignard
FG C'est la fin de ce journal en français facile. Très bonne soirée à tous.