Journal en français facile 08 octobre 2018
Romain Auzouy : Vous écoutez RFI il est 22h à Paris, 20h en temps universel. Et c'est l'heure de votre Journal en français facile, bonsoir à tous. Présenté ce soir en compagnie de Mehdi Meddeb, bonsoir Mehdi.
Mehdi Meddeb : Bonsoir Romain, bonsoir à tous.
RA : À la une de l'actualité ce soir : le début de la campagne pour le second tour de la présidentielle au Brésil. Il opposera dans 20 jours Fernando Haddad à Jaïr Bolsonaro, ce dernier candidat de l'extrême droite qui a failli être élu dès le premier tour.
MM : Le nouveau message des experts sur le climat. Il n'est pas trop tard pour empêcher les effets dévastateurs du réchauffement climatique. Mais le Giec appelle à des transformations profondes et sans précédent.
RA : Et puis le prix Nobel d'économie attribué à deux Américains. Leurs travaux sont liés à la question climatique : comment parvenir à une croissance sur le long terme, tout en préservant le bien-être de la population.
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MM : Au Brésil le duel annoncé aura donc lieu.
RA : Dans 20 jours le second tour de l'élection présidentielle opposera Fernando Haddad, le candidat du Parti des travailleurs, à Jaïr Bolsonaro, le candidat de l'extrême-droite. Ce dernier a été tout près de l'emporter dès le premier tour, il a en effet recueilli 46 % des suffrages. Mais rien n'indique qu'il sera élu président le 28 octobre puisque les indécis sont extrêmement nombreux. Quoi qu'il en soit sa présence au second tour est un évènement, et cela ne semble pas inquiéter les marchés. On fait le point avec Aabla Jounaidi.
Deux courbes évoluaient en parallèle ces dernières semaines : celle des sondages qui donnaient Jaïr Bolsonaro favori et celle de la croissance des marchés. La semaine dernière, la bourse de Sao Paulo, la capitale économique du pays, voyait ses titres bondir au lendemain d'un sondage favorable au candidat d'extrême-droite. Jaïr Bolsonaro l'a avoué pourtant : il ne connaît rien à l'économie, n'a pas de solution, ni contre le chômage croissant ni contre la pauvreté qui progresse. Mais il s'est accompagné d'un conseiller ultralibéral, un ancien banquier formé à l'École de Chicago ; Paulo Guedes a concocté un programme résolument libéral avec la privatisation des grands groupes publics à commencer par Petrobras. Un recul de l'État qui rassure les marchés à défaut de soulever leur enthousiasme. Le véritable favori des investisseurs et du puissant lobby de l'agroalimentaire, c'était le centriste Geraldo Alckim, mis hors-jeu depuis des semaines. Dans un scrutin aussi polarisé, les marchés ont donc fait le choix de l'extrême-droite. Une première depuis le retour de la démocratie. Mais un choix par défaut, contre la gauche de Fernando Haddad, rendue responsable des dérives économiques des dernières décennies au Brésil.
MM : Au Cameroun le candidat Maurice Kamto annonce sa victoire à la présidentielle.
RA : Il s'est exprimé face à la presse cet après-midi à Yaoundé. Et voilà ce qu'il a déclaré : « j'ai eu pour mission de tirer le penalty, je l'ai tiré. Le but a été marqué ». Il a utilisé l'image du football, car Maurice Kamto était devenu le principal opposant au Président sortant Paul Biya après le ralliement d'Akere Muna. Il demande justement à Paul Biya « d'organiser une passation de pouvoir pacifique ».
MM : Non, il n'est pas trop tard pour limiter les effets du réchauffement climatique.
RA : C'est le message du rapport du Giec, les experts sur le climat, qui a été rendu public ce lundi. Mais un rapport dans lequel il est précisé qu'il va falloir engager des transformations rapides et sans précédent. Tous les secteurs sont appelés à réduire leurs émissions de dioxyde de carbone, qu'il s'agisse de l'industrie, l'énergie ou les villes. Objectif, limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, et non 2 degrés. Seulement un demi-degré, mais qui change tout selon les experts. Détail du rapport avec Anne-Cécile Bras.
C'est le grand enseignement de ce rapport. Un demi-degré de réchauffement global du climat de notre planète de plus et nous basculons dans un autre monde. Dans les deux cas, les impacts sont sévères et se font déjà sentir, mais avec 1,5 degré au lieu de deux : la hausse du niveau de la mer sera inférieure de 10cm. C'est peu pensez-vous, mais près des deux tiers de la population mondiale vit à moins de 60 km des côtes donc plus de 10 millions de personnes seraient épargnées. Dans la plupart des régions habitées, l'intensité des vagues de chaleur grimpera de 3 °C dans un cas, de 4 °C dans l'autre. Les précipitations torrentielles seront aussi plus importantes avec 2 °C, en particulier dans les hautes latitudes de l'hémisphère nord, en Amérique du Nord et en Asie. Les conséquences sur nos économies ne sont pas non plus les mêmes avec un demi-degré d'écart : les pêcheries verront leurs prises annuelles chuter de 1,5 million de tonnes dans le premier cas, de plus de 3 millions de tonnes dans le second. Mais les auteurs du rapport sont clairs sur un point il faut agir tout de suite, hors selon l'OCDE seulement 9 pays ont soumis aux Nations Unies des programmes concrets pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Et « les gouvernements continuent de consacrer près de 500 milliards de dollars par an pour subventionner les énergies fossiles ! La mobilisation n'est donc toujours pas à la hauteur…
MM : Cela nous amène à évoquer le prix Nobel d'économie qui a été remis aujourd'hui.
RA : Oui, car il y a un lien avec le climat. Ce sont deux Américains qui ont été récompensés, William Nordhaus et Paul Romer. Leurs travaux répondent à un défi actuel : comment parvenir à une croissance sur le long terme, tout en préservant le bien-être de la population. Détails avec Francine Quentin.
L'académie royale des sciences de Suède a récompensé cette année deux chercheurs dont elle estime que les travaux ont élargi le champ de l'analyse économique. Et ce, en expliquant comment l'économie de marché, loin de fonctionner en circuit fermé, interagit avec l'environnement et le progrès des connaissances, afin de conjuguer croissance durable et bien-être de la population. Le premier nobélisé, William Nordhaus, professeur à Yale, âgé de 77 ans, est connu pour ses recherches sur les conséquences économiques du réchauffement climatique. Le second Paul Romer, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, puis professeur à l'université de New York, 63 ans, a mis en relief les limites d'une croissance basée sur les seules ressources naturelles, alors qu'une autre ressource, la connaissance, n'est pas seulement abondante, mais, selon lui, infinie. Le choix de ces deux nobélisés reflète le tournant pris ces dernières années par la science économique, plus ouverte qu'auparavant aux sciences sociales et humaines, comme la sociologie ou la psychologie. Avec un net recul des modèles mathématiques et d'un “homo economicus” abstrait.
MM : La France devrait connaître un remaniement gouvernemental dans les prochaines heures.
RA : On parle de remaniement quand le chef du gouvernement modifie son équipe. Cette modification est indispensable suite à la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Mais le remaniement pourrait être plus profond, afin de permettre au gouvernement de se relancer dans une période difficile.
MM : Et puis une star américaine rend publique ses opinions politiques.
RA : Elle s'appelle Taylor Swift, vous ne la connaissez peut-être pas, mais c'est une star pop âgée de 28 ans, très influente sur Instagram où elle est suivie par 112 millions d'abonnés. C'est d'ailleurs sur ce réseau social qu'elle a fait son annonce : à l'occasion des élections de mi-mandat, au mois de novembre, elle votera démocrate. Une prise de position qui n'est pas sans risque Marie Normand.
Jusqu'ici, les fans de Taylor Swift en savaient beaucoup plus sur ses ruptures... que sur ses opinions politiques. Jamais elles ne les avaient affichées. Mais dans un long message posté dimanche, la chanteuse de 28 ans dit avoir changé d'avis. “Terrifiée”, c'est le mot qu'elle emploie, par les choix politiques de la républicaine Blackburn. Une sénatrice qui a par exemple, explique-t-elle, voté au Congrès “contre l'égalité salariale entre les hommes et les femmes” et qui “croit que les entreprises peuvent refuser de servir les couples homosexuels”. “Ce ne sont pas mes valeurs pour le Tennessee”, conclut la star qui est originaire de cet État du Sud conservateur.... et dont les fans appartiennent avant tout à la jeunesse blanche. Des fans qu'elle invite à s'inscrire sur les listes électorales et à faire entendre leurs voix. Cela pourrait sembler anecdotique si Taylor Swift n'était pas une immense star aux États-Unis. 112 millions d'abonnés sur Instagram. Une prise de risque qui lui attire de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux. Moins de 24h après avoir été posté, son message récoltait d'ailleurs plus d'un million 300 mille “j'aime”.
MM : Et puis en football, un nouveau rassemblement de l'équipe de France, avant deux matchs prévus dans les 8 prochains jours.
RA : La première échéance ce sera ce jeudi face à l'Islande. Il y a un fossé entre les deux équipes : d'un côté la France championne du monde, et de l'autre l'Islande qui a participé pour la première fois au Mondial cette année. Et puis mardi 16 octobre une affiche de gala : France- Allemagne au Stade de France. Dans le groupe sélectionné, à retenir des revenants comme Dimitri Payet et Mamadou Sakho.