Journal en français facile 09 février 2019
Romain Auzouy : Vous écoutez RFI il est 21h à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir à tous, c'est l'heure de votre Journal en français facile. Présenté ce soir en compagnie de Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie
Sylvie Berruet : Bonsoir Romain, bonsoir à tous.
RA : À la une de l'actualité ce soir : les gilets jaunes à nouveau mobilisés en France. Plus de 51 000 personnes sont descendues dans la rue cet après-midi partout dans le pays. Il y a eu des incidents, à Paris un manifestant a eu la main arrachée non loin de l'Assemblée nationale.
SB : Aux États-Unis l'intervention stupéfiante d'Alexandria Ocasio-Cortez devant le Congrès. Cette jeune démocrate de 29 ans a tenté de convaincre par un jeu la nécessité de parvenir à plus de transparence dans le financement de la vie politique américaine.
RA : La mort du français Tomi Ungerer à l'âge de 87 ans. De nombreuses générations se souviennent de ses dessins pour enfants. On reviendra sur sa carrière.
SB : Et puis Yvan Amar nous rejoindra à la fin de cette édition pour le mot de la semaine. Il s'agit du mot oligarque.
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SB : En France des rassemblements et des incidents à l'occasion d'une nouvelle journée de mobilisation des gilets jaunes.
RA : Depuis le mois d'octobre, ils descendent chaque samedi dans la rue, c'était donc le 13e samedi de manifestations aujourd'hui. Selon les autorités, la mobilisation est en baisse, le ministère de l'Intérieur affirme que les rassemblements ont réuni partout en France 51 400 personnes, c'est un peu moins que la semaine dernière. On va s'intéresser à la manifestation à Paris à laquelle ont participé 4000 personnes, selon les chiffres officiels, mais ces chiffres sont contestés par les gilets jaunes Christine Siebert.
Difficile à dire, combien ils étaient, ce samedi après-midi à Paris... tant le cortège jaune a semblé interminable... un cortège qui a avancé au pas de charge et qui a traversé les plus beaux quartiers de Paris - Champs-Élysées, Saint Germain de Près, Jardin du Luxembourg... en passant près de plusieurs lieux hautement symboliques - le palais de l'Élysée, l'Assemblée nationale, le sénat, - lieux très protégés par les forces de l'ordre et c'est là où les tensions étaient les plus fortes. Un manifestant a eu une main arrachée - selon un témoin par une « grenade de désencerclement », lancée par les forces de l'ordre alors que des manifestants tentaient d'enfoncer les palissades qui protègent l'entrée de l'Assemblée nationale. À part ces points de tension l'ambiance dans le cortège était joyeuse, mais déterminée... et les slogans parfois virulents... aux côtés du traditionnel Macron démission, les manifestants scandaient : Paris debout soulève toi ! Pour eux, une chose est sûre - tant que le gouvernement ne tiendra pas compte de leurs revendications - qui sont nombreuses - justice fiscale et sociale, pouvoir d'achat, service public, référendum d'initiative citoyenne, entre autres - ils retourneront dans la rue.
RA : Christine Siebert qui a suivi la manifestation des gilets jaunes à Paris. En début de soirée la préfecture de police indiquait que 36 personnes avaient été interpellées, 16 placées en garde à vue.
SB : On revient maintenant sur une intervention qui fait beaucoup de bruit : celle de la plus jeune élue du Congrès américain.
RA : Elle s'appelle Alexandria Ocasio-Cortez, elle a 29 ans et elle appartient au parti démocrate. Le parti qui souhaite qu'un projet de loi pour plus de transparence dans le financement de la vie politique soit adopté à la Chambre des représentants. Mais cette dernière est tenue par les Républicains, qui ne sont pas de cet avis. Il en faut plus pour décourager Alexandria Ocasio-Cortez qui a proposé un exercice stupéfiant lors des 5 minutes qui lui étaient imparties. C'est Anastasia Becchio qui nous raconte son intervention.
« Jouons à un jeu », annonce Alexandria Ocasio-Cortez face à un panel d'experts. La jeune élue de l'Etat de New York se met dans la peau d'une « grande méchante » qui cherche à s'enrichir. Elle demande tout d'abord ce qui pourrait l'empêcher légalement de mener une campagne entièrement financée par de puissants lobbys industriels : « rien », lui répond Karen Hobert Flynn, présidente de Common Cause, un groupe de surveillance des institutions. La représentante démocrate poursuit : « Donc maintenant, je suis élue. J'ai le pouvoir de faire du lobbying et de façonner les lois. Fabuleux. Y a-t-il une limite stricte en ce qui concerne la législation que je suis autorisée à toucher ? Y a-t-il des limites aux lois que je peux écrire ou influencer ? » « Il n'y a pas de limite. » « Il n'y en a pas. Donc je peux être totalement financée par les industries du pétrole et du gaz, par l'industrie pharmaceutique, écrire les lois pour ces industries et il n'y a aucune limite à quoi que ce soit ? » « C'est ça ». Alexandria Ocasio-Cortez en vient à cibler Donald Trump. L'un des experts lui réaffirme qu'il est légal de verser des sommes à des femmes pour les empêcher de parler de relations extraconjugales qu'elles assurent avoir eues avec lui. Elle apprend ensuite par la voix du président du comité d'éthique que « presque aucune loi ne s'applique au chef de l'État ». Elle conclut alors : « c'est déjà super légal pour moi d'être un très mauvais gars. Donc je suppose que c'est encore plus facile pour le président » ? Son interlocuteur acquiesce.
SB : Et puis de nombreuses générations ont été bercées par ses dessins : Tomi Ungerer est décédé à l'âge de 87 ans.
RA : Il était à la fois dessinateur et auteur, selon son ancien conseiller il disait : « j'écris ce que je dessine et je dessine ce que j'écris ». Tomi Ungerer se définissait comme un pessimiste joyeux. Il laisse une œuvre riche de 30 à 40mille dessins. Muriel Maalouf revient sur sa carrière.
Le nom de Tomi Ungerer restera attaché aux Trois Brigands ou Jean de la Lune, des livres pour enfants qu'il a illustré et qui lui ont valu sa renommée. Des ouvrages traduits dans plus de 40 langues et adaptés au cinéma. Le dessinateur a mené une carrière internationale dans l'art graphique depuis 1957. Écrivain, sculpteur, créateur d'affiches, celle qu'il dessine contre la ségrégation raciale Black Power/White Power est célèbre. Et pourtant les débuts du jeune Jean-Thomas Ungerer né à Strasbourg en 1931 et devenu Tomi n'ont pas été simples. Il échoue au baccalauréat, se fait renvoyer pour indiscipline des Arts décoratifs, vit de petits boulots avant de débarquer à New York en 1957 avec un carton de dessins et 60 dollars en poche. Le succès est immédiat. Il travaille pour les journaux et magazines les plus prestigieux et en dix ans il publie pas moins de 80 livres pour enfants aux éditions Harper and Row. Le musée Tomi Ungerer ouvert en 2007 à Strasbourg, conserve aujourd'hui la collection de l'artiste : dessins originaux, estampes, et des milliers de jouets qui proviennent de plusieurs donations de l'illustrateur à sa ville natale.
SB : Et puis en football inquiétude pour le Paris Saint-Germain.
RA : Le club de la capitale a gagné son match de Ligue 1 cet après-midi, 1-0 contre Bordeaux, mais l'attaquant Edinson Cavani a dû sortir sur blessure, il souffre de la jambe droite, et cela inquiète, car dans trois jours les Parisiens affrontent Manchester United en 1/8e de finale de la Ligue des Champions. 21h08 ici à Paris, l'heure de retrouver comme chaque samedi le mot de la semaine avec Yvan Amar. Un mot qui est souvent revenu dans les journaux de RFI depuis deux jours, c'est le mot oligarque.
Benalla est-il lié à Iskander Makhmudov, l'oligarque russe ? A priori ce n'est pas impossible… et RFI en fait état comme beaucoup d'autres médias. Mais qu'est-ce au juste qu'un oligarque ? Un homme riche et puissant ? Oui certainement, mais le mot est plus précis que ça. Une construction simple à comprendre : -arque évoque le pouvoir. Et oligos en grec signifie petit, mais surtout peu nombreux. Les oligarques sont donc ceux qui font partie d'une oligarchie, c'est-à-dire d'un état où le pouvoir se partage entre un petit nombre de privilégiés, qui le conservent jalousement, sans le partager. Est-il question de richesse quand on prononce ce mot ? Étymologiquement, techniquement, non ! Mais l'usage s'éloigne du sens d'origine, et c'est bien à la fortune qu'on pense : les oligarques font penser à des milliardaires, et plus précisément à des milliardaires de fraîche date : Rockfeller ? Le baron de Rothschild, des oligarques ? Ce n'est pas comme ça qu'on les appellerait ! Ils sont ancrés, installés dans l'opulence depuis trop longtemps. Et depuis quelques années, ce mot d'oligarque est le plus souvent employé à propos de la Russie, et de ceux qui se sont enrichis très vite après la chute du régime communiste, en développant des pratiques commerciales très profitables et très soudaines. Dans le pétrole ? Pas forcément… mais la ressemblance entre le mot oligarque et la racine oléo -, comme dans oléoduc fait naître le doute : les oligarques sont souvent d'heureux magnats du pétrole ?
RA : Fin de ce Journal en français facile.