Journal en français facile 13 septembre 2018
Romain Auzouy : Vous écoutez RFI il est 22h à Paris, 20h en temps universel. Et c'est l'heure de votre Journal en français facile, bonsoir à tous. Un journal présenté en compagnie de Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Romain, bonsoir à tous.
RA : À la une de l'actualité ce soir : le geste d'Emmanuel Macron, qualifié d'historique. Le Président français reconnaît la responsabilité de son pays dans la mort de Maurice Audin, un opposant communiste mort pendant la guerre d'Algérie. Alger salue « une avancée ».
SB : À son tour le Parlement européen demande la libération de deux journalistes emprisonnés en Birmanie. Ils avaient été arrêtés alors qu'ils enquêtaient sur un massacre Rohingyas par l'armée. La dirigeante Aung San Suu Kyi est au cœur des critiques.
RA : Et puis en Espagne les restes du dictateur Franco seront bien déplacés hors de son mausolée. Les députés ont donné leur feu vert ce jeudi. C'est ce que l'on appelle une exhumation.
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SB : Emmanuel Macron reconnaît l'usage de la torture par la France pendant la guerre d'Algérie.
RA : C'est une position qualifiée d'historique et qui fait avancer le travail de mémoire en France. Ce jeudi le chef de l'État a remis une déclaration à la veuve de Maurice Audin, opposant communiste mort après avoir été enlevé par des militaires français en 1957 à Alger. Dans cette déclaration il demande pardon à cette femme et reconnaît la responsabilité de la France dans la mort de son mari. Il reconnaît également que la torture a été utilisée par l'armée française pendant cette guerre. « Il importe que cette histoire soit connue », déclare Emmanuel Macron qui s'est rendu dans l'appartement de Josette Audin aujourd'hui âgée de 87 ans. Notre reporter Anthony Lattier a rencontré la famille après le départ du chef de l'État, reportage.
Josette Audin, 87 ans, est assise dans le fauteuil de son salon, un peu fatiguée après la visite du Président, mais reconnaissante. Sa fille Michèle salue, elle aussi, le geste d'Emmanuel Macron. Sur la commode de la chambre, des photos de Maurice Audin, visage juvénile, il est mort il y a 61 ans. Il ne fallait plus attendre, pour le député et mathématicien Cédric Villani, engagé depuis 6 ans dans le combat pour la reconnaissance de la responsabilité de l'État dans la mort de Maurice Audin. Des sourires et un peu de champagne après le départ du Président pour célébrer une visite historique dans ce modeste appartement de Bagnolet.
RA : Le reportage d'Anthony Lattier en Seine-Saint-Denis où se trouve l'appartement de la veuve de Maurice Audin. Alger salue « une avancée » après la reconnaissance de la France dans la mort de cet homme. Et puis après ce geste, Emmanuel Macron a annoncé l'ouverture des archives de la guerre concernant plusieurs milliers de disparus français et algériens.
SB : En Birmanie la réaction de la dirigeante Aung San Suu Kyi à l'emprisonnement de deux journalistes de l'agence Reuters.
RA : Les deux hommes ont été condamnés au début du mois à 7 ans de prison alors qu'ils menaient une enquête sur un massacre de Rohingyas par l'armée de Rangoun. Une grande partie de la communauté internationale critique cette condamnation. Mais pour Aung San Suu Kyi « ils n'ont pas été emprisonnés parce que c'étaient des journalistes », mais parce que « le tribunal a décidé qu'ils avaient enfreint la loi », c'est-à-dire qu'ils étaient selon elle dans l'illégalité. Vincent Souriau.
La loi et rien que la loi. Face aux critiques venues du monde entier, Aung San Suu Kyi se transforme en juriste. Non, cette condamnation n'a rien de politique. Elle estime que les deux journalistes ont été jugés de manière libre et transparente. « Cette affaire a été jugée en public. Quiconque souhaitait assister aux débats pouvait le faire. Je me demande si le résumé de jugement a bien été lu par tout le monde. Il n'a rien à voir avec la liberté d'expression. Il traite de la violation de la loi sur la sécurité nationale. » La version des accusés et d'un témoin-clé à l'audience ? Le piège tendu par la police pour faire tomber des journalistes un peu trop curieux à propos des crimes commis contre les Rohingyas ? Ils n'ont qu'à déposer un recours, balaie Aung Sann Suu Kyi. « La procédure judiciaire leur permet de faire appel de leur peine. En vertu de l'État de droit, ils ont le droit de faire appel du jugement et d'exposer pourquoi il leur semble injuste, s'ils estiment que c'est le cas ». Autrement dit, il n'y aura pas de grâce présidentielle. La défense comptait sur un geste du président, un proche d'Aung San Suu Kyi. Cette intervention vient d'enterrer tout espoir d'amnistie.
RA : Et ajoutons qu'aujourd'hui le Parlement européen s'est prononcé en faveur de la libération des deux journalistes.
SB : On parle à présent de la décision de la banque centrale en Turquie pour stopper la chute de la livre.
RA : La livre qui est la monnaie du pays. Elle s'est effondrée ces derniers mois, la preuve depuis le début de l'année la livre a perdu 40 % de sa valeur face au dollar. Par ailleurs l'inflation est très importante. Alors face à cette situation, la banque centrale a décidé d'augmenter fortement son principal taux directeur. C'est une mesure à laquelle s'opposait pourtant le Président Recep Tayyip Erdoğan. Mais c'est une mesure qui semble avoir un bon effet puisque cet après-midi la livre turque s'est ressaisie. Cela risque cependant de ne pas être suffisant, car l'économie turque n'est pas loin d'une crise profonde. La correspondance d'Alexandre Billette.
Avec cette annonce on pourrait croire que la Banque centrale a repris son indépendance du pouvoir politique puisque RTE se pose depuis toujours comme le premier pourfendeur des taux d'intérêt élevés afin de stimuler le crédit et la croissance. Mais en réalité les autorités bancaires n'auraient pas pu prendre cette décision sans le feu vert du palais présidentiel. Signe implicite qu'Ankara reconnaît aujourd'hui que la politique économique actuelle devait absolument prendre une autre direction. Certes, le président turc a bien insisté en affirmant que cette décision n'était pas la sienne, et qu'il s'en distanciait. Mais dans l'immédiat la réaction des marchés a été positive, la livre turque a bondi après avoir perdu 40 % de sa valeur face au dollar cette année. Le message envoyé par la banque centrale a donc été bien reçu. Il risque cependant d'être insuffisant pour rassurer les marchés, alors que de l'avis de la plupart des économistes la Turquie devrait connaître une période de profonde récession au cours des prochains mois. Alexandre Billette Istanbul RFI.
SB : Et puis en Espagne un vote d'importance aujourd'hui à la chambre basse du Parlement.
RA : 172 voix pour. Seulement 2 contre. 164 abstentions. Il est donc décidé que les restes du dictateur Franco seront déplacés hors du mausolée où ce dernier repose depuis 43 ans. Le décret qui avait été signé à la fin du mois d'août est ratifié. À Madrid pour RFI, François Musseau.
L'Espagne a fait un pas historique. Aujourd'hui, notre démocratie est meilleure. Ce sont les mots de Pedro Sanchez, le tout nouveau chef du gouvernement, qui est à l'origine de ce geste que tous les prédécesseurs ont évoqué sans jamais l'avoir inscrit dans les faits. Lui l'a fait. La dépouille de l'ancien dictateur, qui dirigea l'Espagne d'une main de fer pendant quatre décennies, ne reposera plus au valle de Los Caidos, cet édifiant monument à l'ouest de Madrid. Il devrait être transféré dans un cimetière civil, certain au Pardo, au nord de la capitale, où existe un panthéon de la faille Franco. Tous les groupes parlementaires ont sans exception qualifié le fait que le Caudillo repose dans un tel mausolée, gigantesque, très visité et monument national, comme, je cite, « une anomalie historique ». Si le Parti Populaire et Ciudadanos, les deux formations de la droite se sont abstenues c'est parce que selon elles, il n'y avait pas urgence. Seule aujourd'hui les descendants de Franco s'opposent au transfert des restes de leur aïeul. Mais cela n'empêchera pas son départ, certainement d'ici décembre. François Musseau Madrid RFI.
SB : Retour en France où Emmanuel Macron a présenté le plan pauvreté aujourd'hui.
RA : Un plan qui se veut très ambitieux. Il s'élève à 8 milliards d'euros sur 4 ans. Car il faut savoir qu'aujourd'hui en France près de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Parmi les annonces à retenir : la création d'un revenu universel d'activité, qui remplacerait les nombreuses prestations qui existent aujourd'hui. Ou encore de nombreuses aides à destination des jeunes et des enfants, comme des repas à un euro dans les cantines scolaires.
MC : Et puis en tennis demain le début des 1/2 finales de la Coupe Davis, avec l'affiche France/Espagne.
RA : Et un absent de marque, le numéro 1 mondial Rafael Nadal. Face à une équipe espagnole affaiblie, c'est Benoit Paire qui lancera la rencontre face à Pablo Carreno Busta. Ensuite le numéro 1 français Lucas Pouille sera opposé à Roberto Bautista Agut.