Journal en français facile 15 août 2018
Marie Casadebaig : 20h en temps universel, 22h à Paris. Bonsoir à tous et bienvenu dans ce Journal en français facile présenté avec Sylvie Berruet.
Sylvie Berruet : Bonsoir.
MC : À la UNE, l'Italie : il y aujourd'hui peu de chances de trouver des survivants, après la chute d'un pont d'autoroute à Gênes hier. Il y au moins 39 morts. Le gouvernement italien annonce l'état d'urgence dans la région.
SB : Au Cambodge, les résultats des élections législatives confirment la victoire très large du parti du Premier ministre Hun Sen. Il contrôle entièrement le parlement.
MC : Le bateau Aquarius a rejoint un port de Malte aujourd'hui. Les migrants qui ont été secourus vont maintenant être accueillis dans cinq pays européens différents.
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SB : Le gouvernement italien annonce des mesures au lendemain de la chute d'un pont d'autoroute à Gênes en Italie.
MC : L'État d'urgence a été déclaré dans la région. L'État va par exemple prendre en charge l'assistance des victimes. Cela lui permet aussi de débloquer une somme d'urgence ; 5 millions d'euros. Le gouvernement italien a aussi annoncé qu'il allait mettre fin au contrat de la société qui gère l'autoroute A10. Il l'accuse de ne pas avoir pris soin du pont. Mais une autre piste est avancée : un problème de construction dès l'origine, à la fin des années 60. Un spécialiste du béton armé, un universitaire avait donné l'alerte, il y a déjà plusieurs années. Le récit de Vincent Souriau.
Il s'appelle Antonio Brencich. Professeur d'ingénierie à l'Université de Gênes. Dès 2016, il parlait d'échec technique à propos du pont Morandi. Un ouvrage présenté comme novateur à l'époque de sa construction, mais qui a très vite montré ses limites. « Le problème, ce ne sont pas les matériaux. Ils n'étaient pas de mauvaise qualité. Mais les choix technologiques choisis pour ce projet. Ce qu'on appelle le système de pré-compression, qui n'a pas tenu ses promesses, ça a entraîné une dégradation des matériaux, une corrosion très rapide, qui était impensable. Imaginez qu'en 1990, alors que le pont n'avait que 23 ans, ce qui n'est rien du tout pour un ouvrage de ce type. Il a fallu remplacer les haubans - les câbles qui retiennent la structure - parce que leur état était trop préoccupant ». Ces câbles ont-ils fini par céder et provoquer le drame ? C'est possible. Mais ça n'explique pas tout. D'après Antonio Brencich, même si une partie du pont s'écroulait, le pylône central aurait dû rester debout. Problème de maintenance. À la fin des années 1990, l'entretien du viaduc avait déjà coûté 80 % de la somme dépensée pour sa construction.
SB : À Londres, la police britannique a ouvert une enquête pour tentative de meurtre, au lendemain de l'attaque à la voiture devant le parlement. Une voiture a foncé, hier, sur des piétons, des cyclistes et des policiers. 3 personnes ont été blessées.
MC : Le conducteur de la voiture, un homme de 29 ans, a été aussitôt arrêté. Les enquêteurs cherchent à comprendre ses motivations, pourquoi il a fait ça. La police continue à visiter et fouiller des lieux, dans sa région d'origine, les Midlands. C'est dans le centre de l'Angleterre. Le point sur l'enquête avec Sophie Miller à Londres.
L'une des propriétés perquisitionnées à Birmingham est un petit appartement que le suspect louait il y a encore quatre mois selon les médias anglais. Il se situe à Sparkbrook, un quartier associé par le passé à des complots terroristes. Juste au-dessous de cet appartement, un café internet, que le suspect fréquentait régulièrement et d'où les enquêteurs ont extrait des ordinateurs, selon des clients de cet endroit, l'homme de 29 ans était solitaire et ne parlait à personne. La presse anglaise révèle qu'il était d'origine soudanaise. Fils de paysans, il serait arrivé au royaume uni il y a environ 5 ans, de septembre 2017 à mai 2018 il a étudié la comptabilité à l'université de Coventry. Dans la nuit de lundi à mardi, il a quitté Birmingham à bord d'une Ford grise pour Londres. Au petit matin, il a circulé pendant une heure autour du parlement avant de foncer dans des cyclistes et des piétons faisant 3 blessés. Sophie Miller Londres RFI.
SB : À Ghazni, dans l'est de l'Afghanistan, les forces afghanes ont finalement repoussé les talibans, les combattants islamistes qui avaient attaqué la ville il y a une semaine.
MC : Mais une autre attaque a été lancée la nuit dernière contre un poste de l'armée dans la province de Baghlan dans le nord du pays. Une quarantaine de policiers et de soldats ont été tués. Et ce mercredi, c'est un centre éducatif d'un quartier chiite de Kaboul qui a été visé. L'attentat-suicide a fait au moins 48 morts et une soixantaine de blessés. La plupart des victimes étaient des jeunes lycéens qui se préparaient à l'examen d'entrée à l'Université.
SB : Israël a rouvert le principal point de passage de marchandises avec la bande de Gaza.
MC : Le point de Kerem Shalom était fermé depuis plus d'un mois, en raison des tensions entre Israël et le Hamas, le mouvement qui contrôle la bande de Gaza. Certains produits ne pouvaient pas entrer dans le territoire palestinien, parfois même le carburant. Hier, le ministre israélien de la Défense avait promis de rouvrir ce point de passage, si la situation restait calme.
SB : Pas de surprise au Cambodge. Deux semaines après les élections législatives, la commission électorale confirme la victoire absolue du Parti du Peuple cambodgien, du Premier ministre Hun Sen.
MC : Avec 77 % des voix, il contrôle l'ensemble du parlement. Sans parti d'opposition ou presque, Hun Sen peut donc commencer un nouveau mandat de 5 ans. La correspondance de Juliette Buchez.
Le Comité national des Élections confirme ces résultats. La totalité des 125 sièges du Parlement cambodgien est officiellement attribuée au parti du Premier ministre Hun Sen. Aucun des 19 autres partis candidats n'a emporté un seul siège. Cette année, avec 8,5 % du total des voix, le nombre de bulletins nuls dépasse même le parti arrivé en seconde position, le Funcinpec. Un résultat très différent des élections précédentes. En 2013, le principal parti d'opposition, le Parti du Sauvetage national du Cambodge, le PSNC, avait emporté 43,8 % des voix. Mais ce dernier était absent du scrutin après sa dissolution contestée en novembre 2017. Une absence critiquée par plusieurs organisations et États occidentaux dans un contexte de dégradation des libertés d'expression ou de rassemblement. Plusieurs États ont reproché aux élections de n'être ni libres ni équitables. Dans un communiqué, le parti du Premier ministre accepte le résultat de l'élection, mais déplore ces critiques les jugeant insultantes pour les électeurs. Après 33 ans au pouvoir, Hun Sen ne se cache pas de vouloir rester à la tête du gouvernement encore au moins 10 ans, soit deux mandats de plus. Aujourd'hui l'un de ces mandats lui est officiellement acquis.
SB : Au Mali, c'est demain matin, jeudi, que l'on devrait connaître les résultats provisoires du second tour de l'élection présidentielle. Ils devaient être annoncés ce soir, mais le gouvernement parle de « raisons pratiques ».
MC : Avant même leur publication, le camp d'Ibrahim Boubacar Keita estime que le président sortant a largement été réélu. Son rival, Soumaïla Cisse, lui, a prévenu qu'il ne reconnaîtrait pas les résultats. Il affirme que l'élection a été manipulée.
SB : L'Espagne est la première porte d'entrée par la mer des migrants vers l'Europe. Ce mercredi, les garde-côtes du pays ont secouru plus de 520 personnes, à bord d'une douzaine de bateaux différents.
MC : Depuis le début de l'année, plus de 25 000 migrants sont arrivés en Espagne, c'est trois fois plus que l'année dernière à la même période. C'est évidemment beaucoup moins que lors de la crise en 2014, où des centaines de milliers de personnes avaient rejoint le territoire italien, alors principale porte d'entrée de l'Europe. L'Aquarius, lui, est arrivé à Malte aujourd'hui. Les migrants à bord de ce bateau humanitaire seront ensuite accueillis par cinq autres pays européens. Mais d'où viennent ces personnes secourues en mer Méditerranée ? La réponse avec Victor Zammit.
Selon Médecins sans Frontières et SOS Méditerranée, les affréteurs du navire humanitaire, une très grande majorité de ces naufragés sont érythréens et somaliens, mais on compte également des migrants originaires de l'Afrique de l'Ouest et du Bangladesh. Sur les 141 personnes secourues, un tiers sont des femmes, dont deux qui sont enceintes. Les ONG attirent par ailleurs l'attention sur les 73 migrants qui sont mineurs : la moitié d'entre eux ont entre 12 et 15 ans et voyageaient majoritairement seuls. À bord, pas d'urgence médicale sévère rapporte le personnel de santé. Mais toutes ces personnes restent très vulnérables selon Médecins sans frontières : mal nourries, déshydratées, marquées par la violence des situations qu'elles ont fuie ou par leur traitement en Libye. Certains de ces migrants ont été détenus en captivité pendant plus de 3 ans. Aujourd'hui, ils sont à Malte. 50 d'entre eux y resteront d'ailleurs selon l'accord trouvé mardi par les Européens. Les autres seront répartis dans plusieurs pays : l'Espagne, la France, l'Allemagne, le Portugal et le Luxembourg.
SB : La Turquie a augmenté ses tarifs douaniers sur plusieurs produits américains. Cela veut dire qu'il coûtera plus cher aux États-Unis de les vendre en Turquie.
MC : Sont concernés les véhicules de tourisme, des boissons alcoolisées, le riz ou encore les produits de beauté. Le vice-président turc n'a pas caché qu'il s'agissait d'actes de représailles, d'une vengeance après les attaques des États-Unis. Washington a augmenté les tarifs douaniers pour l'aluminium et l'acier turc. La guerre diplomatique entre les deux pays a fait chuter la monnaie turque. Ces derniers jours, la livre a perdu de sa valeur face au dollar.