Journal en français facile 16 avril 2018
Romain Auzouy : Vous écoutez RFI il est 22 h à Paris, 20 h en TU. C'est l'heure de votre journal en français facile. Présenté en compagnie de Sylvie Berruet, bonsoir, Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Romain, bonsoir à tous.
RA : À la une de l'actualité ce soir : En Syrie, polémique autour de la mission des enquêteurs en charge de l'attaque chimique présumée de Douma. Ils n'ont toujours pas pu accéder à la localité concernée. Suite à l'intervention militaire des Occidentaux, un débat a été organisé devant les Parlements français et britannique.
SB : Justin Trudeau est à Paris. Le Premier ministre du Canada a rencontré le Président français Emmanuel Macron. Tous deux ont une même vision sur de nombreux sujets, notamment sur la question du climat.
RA : Et puis le mouvement de protestation qui se poursuit dans les universités françaises. À Nanterre près de Paris, des examens prévus aujourd'hui ont dû être annulés, car des étudiants ont bloqué l'université.
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SB : Deux jours après les frappes menées par les Occidentaux en Syrie, l'heure est donc au débat
RA : Oui le sujet a été longuement évoqué ce lundi dans les Parlements français et britannique. En France, c'est Édouard Philippe qui a justifié à l'Assemblée nationale l'intervention militaire qui s'est déroulée samedi à l'aube. « Nous avons ainsi envoyé un message ferme, un message clair, un message fort », a dit le chef du gouvernement. « Nous voulons dire qu'aucune victoire militaire ne peut impunément être remportée au moyen d'armes chimiques ». Rappelons que les Occidentaux sont intervenus, car le régime syrien est accusé d'avoir mené une attaque chimique. En Grande-Bretagne, c'est également la Première ministre qui a pris la parole devant les députés. Teresa May qui est critiquée par l'opposition pour avoir participé à ses frappes. Elle a tenté de se défendre. Notre correspondante à Londres Muriel Delcroix a suivi les débats.
Theresa May a tenu à défendre point par point sa décision de participer à ces frappes militaires, menées a-t-elle rappelé pour des raisons humanitaires et éviter de plus amples souffrances aux civils syriens. La Première ministre a ensuite répondu spécifiquement aux nombreux députés qui lui reprochent de ne pas avoir consulté le parlement pour qu'il soutienne son action : « Il s'agissait de frappes ciblées et limitées, menées de façon légale comme cela s'est déjà produit par le passé et c'était une décision fondée sur des informations sensibles qui ne pouvaient pas être communiquées au parlement. Nous avons toujours dit clairement que le gouvernement avait le droit d'agir rapidement dans l'intérêt national. » Mais le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn n'a pas caché son total désaccord avec cette justification : « La déclaration de la Première ministre nous rappelle qu'elle est responsable devant ce parlement, et ne doit pas obéir aux caprices du président américain. Nous avons clairement besoin d'une nouvelle loi pour transformer une convention qui n'est plus désormais respectée en une obligation légale. Il est juste que le parlement ait le pouvoir de soutenir ou d'empêcher le gouvernement d'entreprendre des actions militaires. » Le dirigeant du Labour a aussi demandé au gouvernement d'engager des négociations avec toutes les parties en conflit en Syrie pour obtenir un cessez-le-feu au plus vite.
SB : Le débat est donc vif en Europe. Et pendant ce temps-là, en Syrie, les enquêteurs chargés de travailler sur l'attaque chimique présumée n'ont pas pu débuter leur mission.
RA : C'est une équipe de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques qui se trouve en Syrie depuis samedi. Mais ils n'ont pas encore pu accéder à la ville de Douma où se serait produite l'attaque. La Russie parle de problèmes de sécurité, mais les Occidentaux remettent en cause cette version. Ainsi les États-Unis accusent la Russie d'avoir manipulé le site de Douma pour empêcher que des preuves soient découvertes. Moscou a vivement réagi : ces accusations sont sans fondement, assure le Kremlin. Et ce soir la Russie affirme que les enquêteurs auront accès à Douma demain.
SB : Les deux hommes ont de nombreux points communs : le Premier ministre du Canada Justin Trudeau s'est entretenu avec Emmanuel Macron aujourd'hui
RA : Justin Trudeau est en visite en France depuis ce matin. Âgé de 46 ans, contre 40 ans pour le Président français. Les deux hommes ont le même style. Et tous deux veulent renforcer les liens déjà importants entre le Canada et la France. Ils ont donc évoqué de nombreux sujets communs aux deux pays, le Ceta, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, ou encore la question du climat. Marie Normand a suivi les échanges entre les deux hommes.
Emmanuel Macron et Justin Trudeau assurent vouloir défendre l'accord de Paris sur le climat. Le président français soutient que la France appuiera les initiatives canadiennes lors du G7 dans quelques semaines. Il annonce d'ailleurs qu'il effectuera une visite officielle au Canada juste avant le sommet. Des convergences donc sur le climat, avec la signature ce lundi d'un partenariat entre Paris et Ottawa. Pourtant, Justin Trudeau est très critiqué dans son pays par les écologistes. Le Premier ministre canadien soutient la prolongation d'un oléoduc pétrolier entre la province de l'Alberta et le port de Vancouver. Ce que ses détracteurs jugent contraire à ses engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre. Justin Trudeau, qui a défendu également le CETA, l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne. La France l'applique déjà, avant même sa ratification par les différentes assemblées de l'UE. Et selon le Premier ministre canadien, les effets sont positifs. Il cite l'exemple des agriculteurs français qui peuvent vendre plus de fromage au Canada. Justin Trudeau parle d'un accord progressiste, moderne. Un modèle, selon lui, pour tous les accords commerciaux à l'avenir.
SB : On parle à présent de cette polémique en Chine : elle concerne un important réseau social.
RA : Weibo, c'est son nom, utilisé par plusieurs centaines de millions d'utilisateurs chaque mois. Ce réseau social avait décidé de censurer tous les contenus liés à l'homosexualité. Cela a provoqué une véritable tempête, et du coup Weibo a dû annuler sa décision. On revient sur cette affaire avec Christophe Paget.
Tout a commencé ce vendredi par un coup de tonnerre : Weibo, la célèbre plateforme chinoise de microblogs, qui revendique pas moins de 400 millions d'utilisateurs par mois, annonce qu'elle entame ce qu'elle appelle une « campagne de nettoyage » de « contenus illégaux », notamment ceux promouvant la violence, mais aussi l'homosexualité. Réaction : un déluge de posts de chinois furieux, sous le mot-dièse « Je suis gay ». « C'est incroyable que la Chine progresse économiquement et militairement, mais en revienne à l'époque féodale sur le plan des idées », se plaignait ce samedi un internaute — l'homosexualité a été décriminalisée en Chine il y a vingt ans. Beaucoup ce week-end ont défié la censure, avec des images d'eux en compagnie de leurs partenaires ou de leurs amis homosexuels. Une célèbre militante LGBT a ainsi posté une photo, rapidement devenue virale, d'elle et de son fils gay, soulignant qu'ils aimaient leurs pays et étaient fiers d'être chinois, mais que l'annonce de Weibo était discriminante et violente. Jusqu'à ce que, finalement, ce matin, Weibo recule: l'homosexualité ne sera plus concernée par la campagne de « nettoyage », et la plateforme de remercier les internautes pour leurs « suggestions ». Du côté du gouvernement chinois, pas de réaction sur les annonces de Weibo, qui affirmait vendredi censurer l'homosexualité dans le cadre de la nouvelle loi chinoise sur la cyber sécurité, pour atteindre « une société harmonieuse ».
SB : En France, le mouvement de colère dans les universités qui se poursuit.
RA : De nombreux étudiants protestent contre la nouvelle loi qui modifie les modalités d'accès à la faculté. Quatre universités sont bloquées, et dix à douze sites sont perturbés, selon le ministère de l'Enseignement supérieur. L'inquiétude des autorités, c'est que les examens soient perturbés. Et c'est déjà le cas, puisqu'à l'université de Nanterre près de Paris, les examens qui étaient prévus aujourd'hui ont dû être reportés, en raison d'un blocage. Les explications de William de Lesseux.
À Nanterre impossible de mettre en place les examens prévus. Dès lundi matin, des étudiants se munissent de chaises, de tables et de banderoles pour barrer les accès à certaines portes. Plus un seul bâtiment libre d'accès proclame le compte Twitter des étudiants qui bloquent la fac. Or ce lundi des épreuves doivent avoir lieu. Le personnel comme les étudiants venus pour les examens, les partiels ne peuvent accéder aux salles. La direction de l'université n'a d'autre choix que de reporter sine die ces épreuves. Ou de les annuler : c'est le cas d'une évaluation de philosophie par exemple. Seule la note des étudiants durant leurs cours sera prise en compte. Plusieurs membres du personnel administratif sont dispensés de venir travailler. Pour forcer les barrages, la faculté aurait pu appeler les forces de l'ordre : mais face au tollé général provoqué la semaine dernière, la présidence de Nanterre change de stratégie. Le président Jean-François Balaudé avait appelé la police pour faire cesser une possible occupation. Désormais Paris X dit étudier les possibilités de report des épreuves. Et informe les étudiants au jour le jour.
SB : Enfin en sport, tennis : les premiers matchs ce lundi du tournoi de Monte-Carlo.
RA : C'est un tournoi de préparation à Roland Garros qui débute dans un mois et demi. À retenir du côté des Français, la qualification pour le deuxième tour de Pierre-Hugues Herbert, qui a battu l'Italien Lorenzi. Élimination en revanche de Julien Benneteau, battu par le Croate Coric. Et puis le Serbe Novak Djokovic qui traverse une période difficile, a facilement gagné son premier match 6-0 6-1 contre son compatriote Lajovic.
SB : Le journal en français facile touche à sa fin.
RA : Merci de nous avoir suivis. N'oubliez pas que vous pouvez réécouter ce journal sur notre site internet www.rfi.fr. Et retrouver sa transcription à partir de demain matin. Bonne soirée à tous.