Journal en français facile 16 septembre 2019
Loïc Bussières : 22h à Paris, 2h de moins en temps universel. Bonsoir et bienvenue si vous nous rejoignez pour votre journal en français facile que je vous présente en compagnie de Zéphyrin Kouadio. Bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir.
LB : À la une : l'Arabie Saoudite, qui accuse à son tour l'Iran d'être derrière les attaques de ce week-end sur ses installations pétrolières. Téhéran continue de nier. Pendant ce temps, le cours du pétrole s'envole.
ZK : Boris Johnson à Luxembourg pour tenter de relancer négociations en cours sur un nouvel accord sur le Brexit. « Il reste beaucoup de travail à faire », admet ce soir le Premier ministre britannique.
LB : La Tunisie au lendemain du premier tour de la présidentielle. Un homme d'affaires actuellement derrière les barreaux contre un universitaire sans parti. Tel devrait être le duel du deuxième tour, selon des résultats partiels.
ZK : Et puis en France, des familles de jihadistes qui portent plainte contre Jean-Yves le Drian. Elles lui reprochent de refuser de rapatrier les enfants français retenus dans des camps kurdes en Syrie.
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ZK : Tout d'abord cette double attaque contre des installations pétrolières en Arabie Saoudite. C'était ce week-end, des attaques dont on continue de mesurer les conséquences, en ce début de semaine.
LB : Puisque l'Arabie Saoudite est, rappelons-le, le premier exportateur de pétrole au monde et qu'il a, après ces attaques de drones, réduit de moitié sa production du brut. Ce qui représente environ 6 % de l'approvisionnement mondial. Conséquence, le cours du pétrole s'est envolé de plus de 10 % ce lundi. Pour rassurer les marchés, aussi bien Donald Trump que le ministre saoudien de l'Énergie ont autorisé le recours à leurs réserves stratégiques. Est-ce que cela suffit pour combler la chute de production saoudienne ? Éléments de réponse avec Altin Lazaj.
Les risques d'approvisionnement sont minimes. Les stocks commerciaux mondiaux sont élevés et tous les pays disposent des réserves stratégiques. Les réserves américaines sont les plus importantes du monde ; environ 645 millions de barils, stockés dans 4 sites souterrains au Texas et en Louisiane, très proches des sites industriels pétrochimiques du golfe du Mexique. L'Arabie saoudite a aussi d'énormes réserves de brut et de produits raffinés. Elles représenteraient 35 jours de production. Le royaume dispose également d'une capacité inutilisée d'environ deux millions de barils par jour qu'il peut utiliser en période de crise. D'autant plus que plusieurs experts estiment que Riyad pourrait rétablir rapidement un tiers de sa production. Si le monde n'est pas menacé dans l'immédiat d'une pénurie d'or noir, la volatilité des cours sera probablement entretenue plus par la montée des tensions entre les États-Unis et l'Iran. Washington accuse l'Iran d'être derrière les attaques de drones qui ont endommagé les installations pétrolières saoudiennes, ce que réfute Téhéran.
ZK : Cette double attaque en Arabie Saoudite n'a bien évidemment pas que des conséquences économiques.
LB : Puisqu'à la fois Riyad et Washington accusent l'Iran d'être derrière ces frappes, revendiquer par les rebelles Houthis du Yémen, proches de Téhéran. Ce soir, Donald Trump réaffirme que l'Iran est « vraisemblablement » responsable des attaques. Un peu plus tôt, c'est le patron de l'OTAN qui a fait part de son inquiétude tout en accusant lui aussi Téhéran de « déstabiliser l'ensemble » du Moyen-Orient.
ZK : Téhéran qui continue de nier toute responsabilité tandis que la Russie tente de jouer la carte de la désescalade.
LB : Par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, le Kremlin appelle la communauté internationale à « ne pas tirer de conclusions hâtives ».
« C'est une histoire très très déplaisante qui a des conséquences très négatives pour les marchés mondiaux de l'énergie. Nous espérons que la partie saoudienne sera en mesure de venir à bout des dégâts causés par cette attaque le plus rapidement possible. Nous appelons tous les pays de la région, mais aussi les autres, à s'abstenir de toute action ou conclusion hâtive à même d'aggraver la situation. Nous les appelons, au contraire, à maintenir une ligne qui aidera à apaiser le climat ».
ZK : À la une également, cette visite éclair du Premier ministre britannique ce lundi à Luxembourg.
LB : Il y a d'abord rencontré le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker puis son homologue luxembourgeois Xavier Bettel. Objectif pour Boris Johnson, à un mois et demi du Brexit : relancer les négociations en cours sur un nouvel accord de divorce avec Bruxelles. Un accord sur le Brexit se dessine, mais ce n'est pas encore « dans la poche », a estimé le Premier ministre britannique à l'issue de son entretien avec Jean-Claude Juncker. Un peu plus tôt, il a réaffirmé qu'il ne demanderait pas de nouveau report du Brexit et que la Grande-Bretagne sortirait de l'Union européenne le 31 octobre, comme il s'y est engagé.
ZK : La présidentielle en Tunisie au lendemain d'un premier tour dont Kais Sayed et Nabil Karoui sortent en tête.
LB : Les résultats ne sont pas encore définitifs, mais les tendances des sondages observées depuis hier soir semblent se confirmer avec un second tour qui devrait opposer les deux candidats anti système : l'un, Kais Sayed universitaire sans parti, l'autre Nabil Karoui, homme d'affaires controversé actuellement derrière les barreaux et dont les avocats s'apprêtent à déposer une nouvelle demande de libération.
ZK : La Cour Pénale internationale, elle, conteste l'acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé-Goudé.
LB : C'était attendu, la procureure de la CPI a fait appel de cette décision. En janvier dernier, l'ancien président ivoirien et l'ex-leader des jeunes patriotes avaient été acquittés alors qu'ils étaient poursuivis pour crime contre l'humanité dans le cadre de la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d'Ivoire. « L'appel démontrera que la chambre de première instance a commis des erreurs de droit et de procédure » affirme dans un communiqué, Fatou Bensouda.
ZK : En France où plusieurs familles de jihadistes portent plainte contre Jean-Yves le Drian.
LB : Pour elles, le ministre des Affaires étrangères est responsable d'« omission de porter secours », comprendre qu'il aurait -selon elles- abandonné leurs proches en Syrie. On parle ici de femmes et des enfants de djihadistes que la France refuse de rapatrier pour le moment. Les explications Sami Boukhelifa.
Dans le Nord-est syrien, des enfants français payent pour les crimes commis par leurs parents. Les plus chanceux sont détenus dans le camp de Roj. Un camp où cohabitent des civils syriens chassés de leurs terres par les combats, et ces enfants français et leurs mères djihadistes. Dans ce camp les conditions de vie sont certes précaires, mais les uns et les autres disposent d'un accès aux soins et d'une école. Rien à voir avec le drame humanitaire, le calvaire que subissent ces autres Français qui ont eu la malchance d'être conduits vers le camp d'El Hol toujours dans le nord-est de la Syrie. À l'origine Al Hol, a été construits pour accueillir 20 000 personnes. Sa population actuelle dépasse les 70 000. À Al Hol on meurt-de-faim, on meurt de froid. Sans parler des maladies infectieuses et de la saleté dans laquelle vivent et parfois naissent de jeunes enfants, victimes de la folie de leur père et de leur mère djihadistes. Les Kurdes le répètent sans cesse : « nous n'avons pas les moyens de faire face à cette tragédie. Chaque pays doit reprendre ses ressortissants. Jusqu'à présent Paris accepte le retour des orphelins seulement. En France, les proches de ces femmes djihadistes et de leurs enfants réclament leur rapatriement.
ZK : Toujours en France, une nouvelle manifestation contre la réforme des retraites.
LB : Rassemblement des indépendants. Ils étaient plusieurs milliers à défiler dans les rues de Paris aujourd'hui. Les professions libérales -avocats, médecins, infirmiers, pilotes de ligne - qui craignent de voir leurs charges augmenter bien plus que leurs droits avec un seul et même régime réformé de retraites. Or les indépendants ne bénéficient pas de régimes spéciaux, financés par l'État, mais d'un fonctionnement autonome.
ZK : On part au Pérou pour refermer ce journal. À Cuzco, ancienne capitale de l'empire Inca où le pouvoir judiciaire vient d'ordonner la démolition de l'hôtel 4 Points Sheraton.
LB : Sa construction près de la place d'Armes de la ville est déjà très avancée. Les promoteurs devront également reconstruire sur place les 5 terrasses incas détruites lors de la construction. Il s'agit de l'épilogue d'une longue bataille judiciaire que nous retrace notre correspondant dans la région Eric Samson.
Depuis des années, les 7 étages et 3 sous-sols de l'hôtel en construction font mauvais ménage avec les édifices coloniaux souvent construits sur des murs incas près de la place d'Armes. Les colonnes de béton et les murs de briques doivent être démolis pour violer les normes de conservation du centre historique de Cuzco, patrimoine mondial de l'Humanité. Dans cette zone, il est de surcroît interdit de construire des immeubles de plus de deux étages. Pour sa défense, la société immobilière R & G qui construit l'hôtel indique que tous ses documents sont en règle, et notamment le permis de construire délivré par la mairie. Cet argument a cependant été désestimé par la justice qui note qu'un permis de construire violant les normes de construction qu'il est censé défendre n'est pas acceptable. La justice a de surcroît condamné les promoteurs à reconstruire 5 terrasses incas détruites pendant la construction et parfois remontées sur les murs intérieurs de l'hôtel comme une sorte de parement. Très en pointe dans ce combat, la Commission de Juristes de Cuzco s'est félicitée de ce jugement qui, ironie du sort, doit être exécuté par les fonctionnaires de la direction décentralisée du Ministère de la Culture que la construction de cet hôtel n'a jamais vraiment troublée alors que leurs bureaux sont juste en face…