Journal en français facile 17 novembre 2018
Adrien Delgrange : RFI, 21h à Paris l'heure de votre Journal en français facile accompagné ce soir de Sylvie Berruet pour vous le présenter. Bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Adrien, bonsoir à tous.
AD : Au sommaire de ce 17 novembre.
SB : La colère de certains Français ! Démonstration de force des « gilets jaunes » partout dans le pays une contestation populaire qui se poursuit à l'heure actuelle.
AD : À la une également, nous connaissons l'affiche du second de la présidentielle à Madagascar.
SB : Donald Trump est arrivé en Californie, le président américain rencontre des pompiers qui continuent à lutter contre de gigantesques incendies.
AD : Et puis le sous-marin argentin - disparu il y a un an dans l'atlantique - a été retrouvé aujourd'hui.
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SB : Commençons Adrien par cette Journée de mobilisation des « gilets jaunes » partout en France.
AD : Une journée marquée d'abord par la mort d'une femme elle a été renversée par une voiture ce matin dans le département de l'Isère. Au total d'après le ministère de l'Intérieur, 282 mille manifestants ont bloqué aujourd'hui, des routes, des ronds-points ou des autoroutes. Des blocages il y en a eu 2000 environ en France aujourd'hui. Comme à Marseille où s'est rendu Stéphane Burgatt.
Jeu du chat et de la souris avec les autorités, pas de barrière pas de voiture en travers de la route pour gêner la circulation, mais des piétons au ralenti. En réaction, beaucoup d'automobilistes sont solidaires, mais certains perdent patience. Le but de cette opération est de gêner l'activité dans ce temple de la consommation. Pas de vente donc pas de TVA pour l'état. Les parkings sont vides et les commerçants comme Mourad Ouanes prennent leur mal en patience. Les gilets jaunes qui prévoient de perturber demain encore cette immense zone commerciale. Des manifestations se poursuivent à l'heure actuelle comme, à Paris où des centaines de manifestants tentent de s'approcher du Palais de l'Élysée.
SB : Réactions coté politique.
AD : Pour la France Insoumise : Jean-Luc Mélenchon dans les rues de Paris déclare : « C'est un immense moment d'auto-organisation populaire est en cours. Le peuple a déjà surmonté les obstacles de la diversion et de la dissuasion. Il va découvrir l'obstination du pouvoir ». Pour le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, « Combien de morts faudra-t-il avant qu'Emmanuel Macron n'entende la détresse des Français ? » SB : À Madagascar, deux anciens présidents s'affronteront au second tour de la présidentielle. AD : Avec un peu plus de 39 % au premier tour pour : Andry Rajoelina et un peu plus de 35 % pour Marc Ravalomanana. Les deux hommes tenteront de l'emporter au second le tour le 19 décembre prochain. Et puis dans l'actualité africaine à noter qu'au Burkina Faso, des syndicats et organisations de la société appellent à une grève générale le 29 novembre contre la hausse de 12 % du prix du litre de carburant à la pompe.
SB : Aux États-Unis : les dernières informations du journal le Washington Post sur l'affaire Jamal Khashoggi pourraient bien avoir des conséquences pour l'Arabie Saoudite.
AD : Selon le quotidien américain, dans le lequel travaillait régulièrement le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, la CIA, les services secrets américains, auraient conclu que le meurtre a été commandité, organisé par le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit « MBS ». Une conclusion qui pourrait amener le Congrès américain à voter de nouvelles sanctions contre Riyad estime Vincent Michelot, professeur d'histoire politique des États-Unis à Sciences Po » Lyon.
[Transcription manquante]
SB : Nous restons aux États-Unis Adrien où il est midi 6 à San Francisco. Le président américain est arrivé il y a quelques instants en Californie sur les lieux des incendies qui ravagent cette région depuis plus d'une semaine.
AD : Des incendies meurtriers. 71 morts, plus d'un millier de disparus. Des centaines d'habitations parties en fumée alors sur place pour tenter d'éteindre le feu. Il y a 9000 pompiers sur le terrain, Vincent Souriau, et une particularité, aux États-Unis, ce sont de plus en plus souvent des entreprises privées qui mènent les opérations.
Le secteur privé fournit 40 % du personnel et du matériel mobilisés contre les feux de forêt. C'est l'Association nationale d'extinction des incendies qui le dit. Une sorte de syndicat qui regroupe 250 entreprises de pompiers privés. Ils sont de plus en plus présents pour pallier les défaillances du service public. Parce qu'en raison des coupes budgétaires, l'État fédéral, les autorités locales n'ont plus assez de personnel. Le bémol, c'est qu'il faut les payer, ces sociétés privées, ça se passe généralement par le biais d'un contrat d'assurances. Il garantit qu'en cas d'incendie, une équipe de pompiers privés se rendra au domicile de l'assuré pour arroser, creuser des tranchées, retarder les flammes. C'est ce qui s'est passé cette semaine pour un couple de célébrités, Kim Kardashian et Kanye West, qui, grâce à ce mécanisme, ont pu sauver leur maison à 60 millions de dollars. C'est un service très cher, réservé aux plus fortunés, et cela crée une inégalité de fait entre les habitants de Californie. Avec la crainte qu'à terme, seuls ceux qui en ont les moyens puissent éviter d'être les victimes d'une catastrophe naturelle.
SB : Après un an de recherches, le sous-marin argentin, le « San Juan », disparu avec ses 44 membres d'équipage, a été retrouvé aujourd'hui.
AD : Découverte faite à 900 mètres de profondeur, à environ 500 km des côtes de la Patagonie. « Maintenant, c'est un autre chapitre qui s'ouvre. À partir de l'analyse de l'état dans lequel se trouve le sous-marin, nous verrons comment nous procédons », a indiqué le porte-parole de la marine argentine. Place au mot de l'actu avec Yvan Amar, Yvan, c'est le mouvement des gilets jaunes qui a retenu votre attention vous revenez sur le mot « le mécontentement ».
Les « gilets jaunes » sur les routes ! Voilà qui exprime bien un mécontentement de beaucoup de Français face à certaines taxes ! Et ce mot de mécontent est celui qu'on entend le plus pour désigner le sentiment de ceux qui manifestent. Mécontentement donc. C'est-à-dire un peu plus que la grogne, un peu moins que la colère. Il est pourtant difficile de mesurer cette intensité avec de simples mots. Mais quand on parle de grogne, c'est plus sourd, c'est dit de façon moins claire : on entend un grondement, mais pas forcément des paroles. Et le mot colère est peut-être plus fort, bien que dans la situation présente, on puisse l'employer également. On parle donc des mécontents ! Qui en parle ? Souvent la presse ! Le mot appartient à un vocabulaire plutôt surveillé, choisi. Et d'une certaine façon il réfrène le sens, il le diminue, peut-être qu'il le contient. C'est presque ce qu'on appelle un euphémisme. En tout cas pas un terme qui exprime une fureur incontrôlée qui éclate. Et si ça peut être évidemment un adjectif – « je suis très mécontent : je ne trouve plus mon chapeau… » - c'est le plus souvent un nom : on parle des mécontents, et presque toujours quand on imagine un tableau politique. Et pourtant ces mécontents peuvent venir d'un peu partout, ils n'appartiennent pas à une classe sociale ou à une sensibilité spéciale : ils peuvent être de droite ou de gauche, pauvres ou riches, jeunes ou vieux. On l'entend d'ailleurs rarement appliqué à des situations de la vie privée, alors qu'on rencontre facilement le mot inverse, content. Et qu'on peut l'utiliser à la négative. Alors est-ce que c'est la même chose ? Pas vraiment : je fais partie des mécontents si je trouve que je paye mon essence trop chère. Et je ne suis pas content, parce que j'ai perdu mon chapeau !