Journal en français facile 18 octobre 2018
Romain Auzouy : Vous écoutez RFI il est 22h à Paris, 20h en temps universel. Et c'est l'heure de votre Journal en français facile, bonsoir à tous. Présenté en compagnie de Zéphyrin Kouadio, bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir Romain, bonsoir à tous.
RA : À la une de l'actualité ce soir : la première réaction de contestation de la part des États-Unis dans l'affaire du journaliste saoudien disparu Jamal Khashoggi. Washington n'enverra pas son secrétaire d'État au Trésor au Forum économique de Riyad, prévu la semaine prochaine.
ZK : Les Palestiniens dénoncent une décision idéologique. Les États-Unis vont regrouper leur représentation diplomatique auprès des Palestiniens, avec leur ambassade à Jérusalem.
RA : Le Président russe Vladimir Poutine dénonce la mondialisation au lendemain de la tuerie dans un lycée de Crimée qui a fait 20 morts. L'auteur de l'attaque est un élève de 18 ans qui s'est suicidé. Trois jours de deuil ont été décrétés dans cette péninsule annexée par la Russie en 2014. Et puis c'est une véritable bombe qui a été révélée par près de 20 médias européens. Une grande fraude fiscale. Plus de 50 milliards d'euros. 10 pays sont concernés.
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ZK : L'Arabie saoudite se retrouve isolée avec l'affaire du journaliste Jamal Khashoggi.
RA : Affaire qui crée une tempête diplomatique. Jamal Khashoggi est saoudien, mais il c'est un critique du régime de Riyad. Quand il a été vu pour la dernière fois, il entrait au consulat saoudien d'Istanbul, en Turquie, c'était le 2 octobre. On ne sait pas ce qu'il est devenu. Plusieurs responsables turcs affirment qu'il a été assassiné. Dans ce contexte, la position des États-Unis est très délicate, car l'Arabie saoudite est un partenaire économique de Washington. Et les États-Unis ont dû prendre une décision importante aujourd'hui, ils ont annoncé que le secrétaire d'État au Trésor ne se rendrait pas à Riyad la semaine prochaine où aura lieu un Forum économique. Explications Oriane Verdier.
Au sortir d'une discussion avec le président américain et le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, Steve Mnuchin a annoncé son retrait du forum économique de Riyad. Parallèlement Mike Pompeo qui revient tout juste de voyage en Arabie saoudite et en Turquie a tout de même affirmé qu'il fallait donner quelques jours de plus à Riyad pour expliquer la disparition du journaliste Jamal Khashoggi. Un nouveau délai qui ne fait que renforcer l'impression que Washington cherche à ménager son allié saoudien. Ces derniers jours déjà, Donald Trump a dû s'en défendre tout en rappelant les énormes intérêts stratégiques qui lient son pays au royaume : la lutte contre le terrorisme, la volonté commune de contrer l'influence de l'Iran, mais aussi les contrats d'armement et leurs retombées économiques. Le président américain a notamment été interrogé sur l'existence d'un enregistrement audio que les autorités turques affirment détenir. Selon Ankara, il prouve que Jamal Khashoggi a été torturé et tué et que son corps a été immédiatement découpé. « Nous avons demandé cet enregistrement… s'il existe », a affirmé Donald Trump qui ne s'est pas exprimé à nouveau sur la question après son entretien avec Mike Pompeo.
RA : Et précisons que la décision de Steve Mnuchin de ne pas participer au Forum économique de Riyad intervient après d'autres annulations : celle de Christine Lagarde directrice du Fonds monétaire internationale, ou encore Bruno le Maire, ministre français de l'Économie. Ainsi que de nombreuses institutions bancaires et financières.
ZK : autre annonce de la diplomatie américaine ce jeudi, elle concerne le Proche Orient et elle est considérée comme un nouveau coup porté aux Palestiniens.
RA : Au Proche-Orient, le consulat général des États-Unis, c'est la représentation diplomatique américaine auprès des Palestiniens. Ce consulat désormais va être fusionné avec l'Ambassade en Israël, qui se trouve à Jérusalem. Mike Pompeo assure que ce n'est pas le signe d'un changement de la politique américaine. Mais pour les Palestiniens, il s'agit d'une décision idéologique. Correspondance à Jérusalem de Guilhem Delteil.
Pour les pays qui ne reconnaissent pas la Palestine comme État indépendant, ce sont en général des consulats généraux installés à Jérusalem ou à Ramallah qui gèrent les relations diplomatiques avec l'Autorité palestinienne. Il en allait ainsi des États-Unis : le Consulat général de Jérusalem fonctionnait de manière autonome, en rendant des comptes au Département d'État à Washington et non à l'ambassade en Israël. Selon Mike Pompeo, cette décision est dictée par un souci d'efficacité. Le Secrétaire d'État affirme que les États-Unis continueront de mener des actions « en Cisjordanie, à Gaza ainsi qu'auprès des Palestiniens de Jérusalem ». Mais celles-ci seront dirigées par une « unité en charge des affaires palestiniennes » au sein de l'ambassade. L'ambassadeur en Israël supervisera donc ce travail : il voit ainsi sa compétence s'étendre de la Méditerranée aux rives du fleuve Jourdain. Mike Pompeo affirme que cette décision « ne signale pas un changement de la politique des États-Unis concernant Jérusalem, la Cisjordanie et la bande de Gaza ». Mais de la part d'une administration qui ne s'est jamais engagée formellement en faveur de la solution à deux États, cela ressemble à un refus de voir naître un État palestinien. Guilhem Delteil, Jérusalem, RFI.
ZK : En Crimée premier jour de deuil au lendemain de la tuerie qui a fait 20 morts dans un lycée.
RA : C'est la pire tuerie dans un établissement scolaire de l'histoire de la Russie. L'auteur des faits est un élève du lycée, âgé de 18 ans. Il s'est ensuite suicidé. Aujourd'hui son ancienne petite amie affirme qu'il a voulu se venger des humiliations de ses camarades. Des renforts militaires ont été envoyés à Kertsch, la ville de Crimée où le drame a eu lieu. Une ville où l'émotion était très forte aujourd'hui. C'est un reportage de notre envoyé spécial Daniel Vallot.
C'est un mémorial improvisé, non loin du lycée où le drame s'est déroulé, en famille ou entre amis, les habitants de Kertch déposent des gerbes de fleurs, ou allument des bougies. Dans la foule, nous rencontrons Nastia, l'une de ses amies est morte dans la tuerie, elle a eu plus de chances, et a réussi à s'enfuir. « Le plus important c'était la peur, et la volonté de survivre. Tu cours, tu sautes les barrières parce qu'il n'y a pas d'autre issue, les fenêtres étaient barrées, la sortie fermée, c'était être comme dans une cage. » Devant le mémorial, les visages sont tendus, les regards baissés vers le sol. Ce prêtre orthodoxe lui aussi a voulu se recueillir sur place et soutenir les habitants de la ville. « Le devoir de chacun pas seulement d'un prêtre est de venir sur les lieux de la tragédie, là où il y a de la souffrance. On ne peut pas tout exprimer par des mots, mais être à côté d'une personne qui souffre c'est très important… » L'hommage se poursuit à quelques centaines de mètres du Lycée technique, une prière collective à la mémoire des victimes, et en soutien à leurs familles… Daniel Vallot Kertch RFI.
RA : Et au lendemain de ce drame, la journée a également été marquée par les déclarations de Vladimir Poutine. Le Président russe a mise en cause « la mondialisation », responsable selon lui de la tuerie en Crimée.
ZK : Et puis des révélations explosives sur une vaste évasion fiscale en Europe.
RA : Une facture de près de 55 milliards d'euros. Dix pays européens concernés, dont la France, l'Italie, l'Espagne, mais le pays en première ligne c'est l'Allemagne. Sont évoquées des manœuvres impliquant des banques et des fonds financiers dans un seul but : échapper à l'impôt. Une enquête-choc publiée par 19 médias. Les détails avec Agnieszka Kumor.
L'affaire remonte à une dizaine d'années. C'est à cette époque juste avant la crise mondiale qu'un ancien fonctionnaire du fisc allemand trouve une astuce : utiliser les crédits d'impôt, lorsque des dividendes sont versés à des actionnaires. Profitant des failles du système, celui qui est devenu avocat met en place une sorte de machine à sous. Il met au point des montages où les actions changent très vite de mains et où il est difficile de désigner leur détenteur. Ainsi, l'impôt payé une fois peut être remboursé plusieurs fois, parfois même l'impôt n'est pas payé du tout. Mis en place en Allemagne, le procédé baptisé « CumEx » se propage dans le monde entier. Des fonds d'investissement, des grandes fortunes, des sociétés profitent de cette optimisation fiscale agressive. Une cinquantaine de banques y participent en apportant leur logistique et leur puissance financière. Trois établissements français, dont BNP Paribas, la Société Générale et Caceis, la filiale du Crédit Agricole sont impliqués à des niveaux de responsabilité différents. Au total, 54 milliards d'euros se sont envolés, au préjudice des contribuables européens.
MC : Et puis des milliers de fans de Johnny Hallyday attendu à minuit ce soir pour la sortie de l'album posthume de l'artiste.
RA : À album exceptionnel, dispositif exceptionnel : des enseignes vont ouvrir spécialement cette nuit pour la vente. « Mon pays c'est l'amour », c'est le titre de cet album.