Les abeilles continuent de payer un lourd tribut aux insecticides - Publiée le 31-12-2009
Partout dans le monde, les apiculteurs et défenseurs de la nature tirent la sonnette d'alarme et soulignent l'inquiétant taux de mortalité des abeilles et la baisse de leurs populations. Ce sujet revient fréquemment à la une de l'actualité et cela est bien compréhensible, car la disparition de ces insectes pollinisateurs serait catastrophique. L'effet domino serait en effet terrible, avec de très nombreuses plantes qui risqueraient de ne plus pouvoir se reproduire et donc, à terme, de disparaître. Dans la foulée, ce sont de nombreux animaux qui, privés de nourriture, pourraient également être rayés de la carte.
La mort des abeilles pourrait donc être assimilée à une catastrophe écologique majeure aux conséquences imprévisibles. Pourtant, des milliers de tonnes de pesticides continuent d'être déversées chaque année sur nos cultures, sans que l'on sache véritablement quel est le danger réel de cette politique. En France, quatre arrêts du Conseil d'Etat, signés entre 1999 et 2006, ont permis d'interdire deux puissants insecticides, le Gaucho et le Régent, suspectés d'être responsables de la mort de nombreuses abeilles. Une victoire pour les écologistes et les apiculteurs et un motif d'espoir qui a malheureusement été de courte durée. Au début de l'année, le gouvernement français a ainsi autorisé l'utilisation, sous certaines conditions, du Cruiser, un insecticide produit par la société Syngenta. Dans le même temps, le Poncho-Maïs a lui été interdit. Deux poids deux mesures qui peuvent surprendre, ces deux produits faisant partie de la même famille des insecticides systémiques. Certes, le Cruiser n'a été autorisé que pour un an, avec une limitation de la période d'utilisation avant le 15 mai et une application limitée sur le maïs ensilage, le maïs grain et le maïs porte-graine femelle. Au terme de cette année, une nouvelle évaluation de son impact sera menée, mais toutes ces précautions ne sont guère rassurantes.
Si le Cruiser était véritablement innofensif, ce que soutient évidemment la société Syngenta, il n'y aurait aucun motif de se méfier. Pourtant, dans son rapport sur le Cruiser, l'Afssa (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) a bien précisé que le thiaméthoxam, une molécule présente dans cet insecticide, se révèle très toxique pour les abeilles et peut même se retrouver dans les pollens et nectars. Dès lors, pourquoi autoriser un tel produit? Pour ceux qui défendent le Cruiser, il n'y aucun risque pour les abeilles si le produit est appliqué sur les graines et qu'il n'entre pas en contact direct avec les insectes. Des arguments bien loin de convaincre les apiculteurs qui ne comprennent pas comment un puissant neurotoxique ressemblant fortement au Gaucho et au Régent pourrait se révéler moins nocif pour leurs ruches. Ceux-ci sont d'autant plus inquiets qu'en Italie le Cruiser est fortement soupçonné d'être à l'origine d'une véritable hécatombe dans des milliers d'essaims. On interdit des produits dangereux d'un côté, on autorise l'utilisation d'un autre en sachant qu'il est loin d'être inoffensif, l'Afssa précisant même qu'il peut se révéler toxique pour les oiseaux. Où est la logique dans tout ça et quelle a été l'ampleur du lobbying de la puissante société Syngenta? Une chose est malheureusement sûre, c'est que les abeilles n'ont pas besoin de ça. Victimes depuis quelques années du frelon asiatique dans tout le Sud-Ouest du pays, ces précieux insectes sont plus que jamais en danger et il faut bien comprendre que nous sommes donc nous aussi en danger. Si vous le souhaitez, n'hésitez pas à signer la pétition contre le Cruiser, notamment en vous connectant sur le site de France Nature Environnement. vincent, pour la Rédaction.