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Les Enfants du capitaine Grant (Jules Verne), PREMIÈRE PARTIE: Chapitre VI _Le passager de la cabine numéro six_

PREMIÈRE PARTIE: Chapitre VI _Le passager de la cabine numéro six_

Chapitre VI _Le passager de la cabine numéro six_

Pendant cette première journée de navigation, la mer fut assez houleuse, et le vent fraîchit vers le soir; le _Duncan_ était fort secoué; aussi les dames ne parurent-elles pas sur la dunette; elles restèrent couchées dans leurs cabines, et firent bien.

Mais le lendemain le vent tourna d'un point; le capitaine John établit la misaine, la brigantine et le petit hunier; le _Duncan_, mieux appuyé sur les flots, fut moins sensible aux mouvements de roulis et de tangage. Lady Helena et Mary Grant purent dès l'aube rejoindre sur le pont lord Glenarvan, le major et le capitaine. Le lever du soleil fut magnifique. L'astre du jour, semblable à un disque de métal doré par les procédés Ruolz, sortait de l'océan comme d'un immense bain voltaïque. Le _Duncan_ glissait au milieu d'une irradiation splendide, et l'on eût vraiment dit que ses voiles se tendaient sous l'effort des rayons du soleil. Les hôtes du yacht assistaient dans une silencieuse contemplation à cette apparition de l'astre radieux. «Quel admirable spectacle! dit enfin lady Helena. Voilà le début d'une belle journée. Puisse le vent ne point se montrer contraire et favoriser la marche du _Duncan_.

--Il serait impossible d'en désirer un meilleur, ma chère Helena, répondit lord Glenarvan, et nous n'avons pas à nous plaindre de ce commencement de voyage. --La traversée sera-t-elle longue, mon cher Edward?

--C'est au capitaine John de nous répondre, dit Glenarvan. Marchons-nous bien? Êtes-vous satisfait de votre navire, John?

--Très satisfait, votre honneur, répliqua John; c'est un merveilleux bâtiment, et un marin aime à le sentir sous ses pieds. Jamais coque et machine ne furent mieux en rapport; aussi, vous voyez comme le sillage du yacht est plat, et combien il se dérobe aisément à la vague. Nous marchons à raison de dix-sept milles à l'heure. Si cette rapidité se soutient, nous couperons la ligne dans dix jours, et avant cinq semaines nous aurons doublé le cap Horn.

--Vous entendez, Mary, reprit lady Helena, avant cinq semaines!

--Oui, madame, répondit la jeune fille, j'entends, et mon cœur a battu bien fort aux paroles du capitaine. --Et cette navigation, miss Mary, demanda lord Glenarvan, comment la supportez-vous?

--Assez bien, _mylord_, et sans éprouver trop de désagréments. D'ailleurs, je m'y ferai vite. --Et notre jeune Robert?

--Oh! Robert, répondit John Mangles, quand il n'est pas fourré dans la machine, il est juché à la pomme des mâts. Je vous le donne pour un garçon qui se moque du mal de mer. Et tenez! Le voyez-vous?»

Sur un geste du capitaine, tous les regards se portèrent vers le mât de misaine, et chacun put apercevoir Robert suspendu aux balancines du petit perroquet à cent pieds en l'air. Mary ne put retenir un mouvement.

«Oh! Rassurez-vous, miss, dit John Mangles, je réponds de lui, et je vous promets de présenter avant peu un fameux luron au capitaine Grant, car nous le retrouverons, ce digne capitaine!

--Le ciel vous entende, Monsieur John, répondit la jeune fille.

--Ma chère enfant, reprit lord Glenarvan, il y a dans tout ceci quelque chose de providentiel qui doit nous donner bon espoir. Nous n'allons pas, on nous mène. Nous ne cherchons pas, on nous conduit. Et puis, voyez tous ces braves gens enrôlés au service d'une si belle cause. Non seulement nous réussirons dans notre entreprise, mais elle s'accomplira sans difficultés. J'ai promis à lady Helena un voyage d'agrément, et je me trompe fort, ou je tiendrai ma parole. --Edward, dit lady Glenarvan, vous êtes le meilleur des hommes.

--Non point, mais j'ai le meilleur des équipages sur le meilleur des navires. Est-ce que vous ne l'admirez pas notre _Duncan_, miss Mary? --Au contraire, _mylord_, répondit la jeune fille, je l'admire et en véritable connaisseuse. --Ah! vraiment!

--J'ai joué tout enfant sur les navires de mon père; il aurait dû faire de moi un marin, et s'il le fallait, je ne serais peut-être pas embarrassée de prendre un ris ou de tresser une garcette. --Eh! Miss, que dites-vous là? s'écria John Mangles. --Si vous parlez ainsi, reprit lord Glenarvan, vous allez vous faire un grand ami du capitaine John, car il ne conçoit rien au monde qui vaille l'état de marin! Il n'en voit pas d'autre, même pour une femme! N'est-il pas vrai, John? --Sans doute, votre honneur, répondit le jeune capitaine, et j'avoue cependant que miss Grant est mieux à sa place sur la dunette qu'à serrer une voile de perroquet; mais je n'en suis pas moins flatté de l'entendre parler ainsi. --Et surtout quand elle admire le _Duncan_, répliqua Glenarvan.

--Qui le mérite bien, répondit John.

--Ma foi, dit lady Helena, puisque vous êtes si fier de votre yacht, vous me donnez envie de le visiter jusqu'à fond de cale, et de voir comment nos braves matelots sont installés dans l'entrepont. --Admirablement, répondit John; ils sont là comme chez eux.

--Et ils sont véritablement chez eux, ma chère Helena, répondit lord Glenarvan. Ce yacht est une portion de notre vieille Calédonie! C'est un morceau détaché du comté de Dumbarton qui vogue par grâce spéciale, de telle sorte que nous n'avons pas quitté notre pays! Le _Duncan_, c'est le château de Malcolm, et l'océan, c'est le lac Lomond. --Eh bien, mon cher Edward, faites-nous les honneurs du château, répondit lady Helena.

--À vos ordres, madame, dit Glenarvan, mais auparavant laissez-moi prévenir Olbinett.»

Le steward du yacht était un excellent maître d'hôtel, un écossais qui aurait mérité d'être français pour son importance; d'ailleurs, remplissant ses fonctions avec zèle et intelligence. Il se rendit aux ordres de son maître.

«Olbinett, nous allons faire un tour avant déjeuner, dit Glenarvan, comme s'il se fût agi d'une promenade à Tarbet ou au lac Katrine; j'espère que nous trouverons la table servie à notre retour.» Olbinett s'inclina gravement. «Nous accompagnez-vous, major? dit lady Helena.

--Si vous l'ordonnez, répondit Mac Nabbs. --Oh! fit lord Glenarvan, le major est absorbé dans les fumées de son cigare; il ne faut pas l'en arracher; car je vous le donne pour un intrépide fumeur, miss Mary. Il fume toujours, même en dormant.»

Le major fit un signe d'assentiment, et les hôtes de lord Glenarvan descendirent dans l'entrepont. Mac Nabbs, demeuré seul, et causant avec lui-même, selon son habitude, mais sans jamais se contrarier, s'enveloppa de nuages plus épais; il restait immobile, et regardait à l'arrière le sillage du yacht. Après quelques minutes, d'une muette contemplation, il se retourna et se vit en face d'un nouveau personnage. Si quelque chose avait pu le surprendre, le major eût été surpris de cette rencontre, car ce passager lui était absolument inconnu.

Cet homme grand, sec et maigre, pouvait avoir quarante ans; il ressemblait à un long clou à grosse tête; sa tête, en effet, était large et forte, son front haut, son nez allongé, sa bouche grande, son menton fortement busqué. Quant à ses yeux, ils se dissimulaient derrière d'énormes lunettes rondes et son regard semblait avoir cette indécision particulière aux nyctalopes. Sa physionomie annonçait un homme intelligent et gai; il n'avait pas l'air rébarbatif de ces graves personnages qui ne rient jamais, par principe, et dont la nullité se couvre d'un masque sérieux. Loin de là. Le laisser-aller, le sans-façon aimable de cet inconnu démontraient clairement qu'il savait prendre les hommes et les choses par leur bon côté. Mais sans qu'il eût encore parlé, on le sentait parleur, et distrait surtout, à la façon des gens qui ne voient pas ce qu'ils regardent, et qui n'entendent pas ce qu'ils écoutent. Il était coiffé d'une casquette de voyage, chaussé de fortes bottines jaunes et de guêtres de cuir, vêtu d'un pantalon de velours marron et d'une jaquette de même étoffe, dont les poches innombrables semblaient bourrées de calepins, d'agendas, de carnets, de portefeuilles, et de mille objets aussi embarrassants qu'inutiles, sans parler d'une longue-vue qu'il portait en bandoulière. L'agitation de cet inconnu contrastait singulièrement avec la placidité du major; il tournait autour de mac Nabbs, il le regardait, il l'interrogeait des yeux, sans que celui-ci s'inquiétât de savoir d'où il venait, où il allait, pourquoi il se trouvait à bord du _Duncan_. Quand cet énigmatique personnage vit ses tentatives déjouées par l'indifférence du major, il saisit sa longue-vue, qui dans son plus grand développement mesurait quatre pieds de longueur, et, immobile, les jambes écartées, semblable au poteau d'une grande route, il braqua son instrument sur cette ligne où le ciel et l'eau se confondaient dans un même horizon; après cinq minutes d'examen, il abaissa sa longue-vue, et, la posant sur le pont, il s'appuya dessus comme il eût fait d'une canne; mais aussitôt les compartiments de la lunette glissèrent l'un sur l'autre, elle rentra en elle-même, et le nouveau passager, auquel le point d'appui manqua subitement, faillit s'étaler au pied du grand mât. Tout autre eût au moins souri à la place du major.

Le major ne sourcilla pas. L'inconnu prit alors son parti. «Steward!» cria-t-il, avec un accent qui dénotait un étranger.

Et il attendit. Personne ne parut.

«Steward!» répéta-t-il d'une voix plus forte. Mr Olbinett passait en ce moment, se rendant à la cuisine située sous le gaillard d'avant. Quel fut son étonnement de s'entendre ainsi interpellé par ce grand individu qu'il ne connaissait pas? «D'où vient ce personnage? se dit-il. Un ami de lord Glenarvan? C'est impossible.» Cependant il monta sur la dunette, et s'approcha de l'étranger. «Vous êtes le steward du bâtiment? lui demanda celui-ci.

--Oui, monsieur, répondit Olbinett, mais je n'ai pas l'honneur... --Je suis le passager de la cabine numéro six.

--Numéro six? répéta le steward.

--Sans doute. Et vous vous nommez?...

--Olbinett.

--Eh bien! Olbinett, mon ami, répondit l'étranger de la cabine numéro six, il faut penser au déjeuner, et vivement. Voilà trente-six heures que je n'ai mangé, ou plutôt trente-six heures que je n'ai que dormi, ce qui est pardonnable à un homme venu tout d'une traite de Paris à Glasgow. À quelle heure déjeune-t-on, s'il vous plaît? --À neuf heures», répondit machinalement Olbinett.

L'étranger voulut consulter sa montre, mais cela ne laissa pas de prendre un temps long, car il ne la trouva qu'à sa neuvième poche. «Bon, fit-il, il n'est pas encore huit heures. Eh bien, alors, Olbinett, un biscuit et un verre de sherry pour attendre, car je tombe d'inanition.» Olbinett écoutait sans comprendre; d'ailleurs l'inconnu parlait toujours et passait d'un sujet à un autre avec une extrême volubilité. «Eh bien, dit-il, et le capitaine? Le capitaine n'est pas encore levé! Et le second? Que fait-il le second? Est-ce qu'il dort aussi? Le temps est beau, heureusement, le vent favorable, et le navire marche tout seul.»

Précisément, et comme il parlait ainsi, John Mangles parut à l'escalier de la dunette. «Voici le capitaine, dit Olbinett.

--Ah! Enchanté, s'écria l'inconnu, enchanté, capitaine Burton, de faire votre connaissance!» Si quelqu'un fut stupéfait, ce fut à coup sûr John Mangles, non moins de s'entendre appeler «capitaine Burton» que de voir cet étranger à son bord. L'autre continuait de plus belle: «Permettez-moi de vous serrer la main, dit-il, et si je ne l'ai pas fait avant-hier soir, c'est qu'au moment d'un départ il ne faut gêner personne. Mais aujourd'hui, capitaine, je suis véritablement heureux d'entrer en relation avec vous.» John Mangles ouvrait des yeux démesurés, regardant tantôt Olbinett, et tantôt ce nouveau venu.

«Maintenant, reprit celui-ci, la présentation est faite, mon cher capitaine, et nous voilà de vieux amis. Causons donc, et dites-moi si vous êtes content du _Scotia?_

--Qu'entendez-vous par le _Scotia?_ dit enfin John Mangles. --Mais le _Scotia_ qui nous porte, un bon navire dont on m'a vanté les qualités physiques non moins que les qualités morales de son commandant, le brave capitaine Burton. Seriez-vous parent du grand voyageur africain de ce nom? Un homme audacieux. Mes compliments, alors!

--Monsieur, reprit John Mangles, non seulement je ne suis pas parent du voyageur Burton, mais je ne suis même pas le capitaine Burton.

--Ah! fit l'inconnu, c'est donc au second du _Scotia_, Mr Burdness, que je m'adresse en ce moment? --Mr Burdness?» répondit John Mangles qui commençait à soupçonner la vérité.

Seulement, avait-il affaire à un fou ou à un étourdi? Cela faisait question dans son esprit, et il allait s'expliquer catégoriquement, quand lord Glenarvan, sa femme et miss Grant remontèrent sur le pont. L'étranger les aperçut, et s'écria: «Ah! Des passagers! Des passagères! Parfait. J'espère, Monsieur Burdness, que vous allez me présenter...» Et s'avançant avec une parfaite aisance, sans attendre l'intervention de John Mangles: «Madame, dit-il à miss Grant, miss, dit-il à lady Helena, monsieur... Ajouta-t-il en s'adressant à lord Glenarvan. --Lord Glenarvan, dit John Mangles.

--_Mylord_, reprit alors l'inconnu, je vous demande pardon de me présenter moi-même; mais, à la mer, il faut bien se relâcher un peu de l'étiquette; j'espère que nous ferons rapidement connaissance, et que dans la compagnie de ces dames la traversée du _Scotia_ nous paraîtra aussi courte qu'agréable.» Lady Helena et miss Grant n'auraient pu trouver un seul mot à répondre. Elles ne comprenaient rien à la présence de cet intrus sur la dunette du _Duncan_.

«Monsieur, dit alors Glenarvan, à qui ai-je l'honneur de parler? --À Jacques-Éliacin-François-Marie Paganel, secrétaire de la société de géographie de Paris, membre correspondant des sociétés de Berlin, de Bombay, de Darmstadt, de Leipzig, de Londres, de Pétersbourg, de Vienne, de New-York, membre honoraire de l'institut royal géographique et ethnographique des Indes orientales, qui, après avoir passé vingt ans de sa vie à faire de la géographie de cabinet, a voulu entrer dans la science militante, et se dirige vers l'Inde pour y relier entre eux les travaux des grands voyageurs.»

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PREMIÈRE PARTIE: Chapitre VI _Le passager de la cabine numéro six_ PART ONE: Chapter VI _The passenger in cabin number six_. PRIMERA PARTE: Capítulo VI _El pasajero del camarote número seis_.

Chapitre VI _Le passager de la cabine numéro six_

Pendant cette première journée de navigation, la mer fut assez houleuse, et le vent fraîchit vers le soir; le _Duncan_ était fort secoué; aussi les dames ne parurent-elles pas sur la dunette; elles restèrent couchées dans leurs cabines, et firent bien. ||||||||||bewegte||||||||||||||||||||||||||||||| ||||||||||||||fresh|||||||||||||appeared|||||poop deck||||||||| ||||||||||||||||||||||трясло|||||||||||||лежали||||||

Mais le lendemain le vent tourna d'un point; le capitaine John établit la misaine, la brigantine et le petit hunier; le _Duncan_, mieux appuyé sur les flots, fut moins sensible aux mouvements de roulis et de tangage. |||||||||||||Vorsegel||Brigantine||||Huner||||||||||||||Rollbewegungen|||Nicken |||||||||||||mainsail||||||fore-topgallant||||supported||||||||||||| Pero al día siguiente el viento cambió un punto; el capitán John puso trinquete, bergantín y pequeña gavia; el _Duncan_, mejor apoyado sobre las olas, era menos sensible a los movimientos de balanceo y cabeceo. Але наступного дня ветер змінився; капітан Джон встановив середній вітрило, бригентину і малий хунер; _Дункан_, краще утримуючись на воді, був менш чутливим до коливань і качання. Lady Helena et Mary Grant purent dès l'aube rejoindre sur le pont lord Glenarvan, le major et le capitaine. |||||were able||the dawn||||||||||| |||||||світанок||||||||||| Lady Helena and Mary Grant were able to join Lord Glenarvan, the Major and the Captain on deck at dawn. Леді Хелена та Мері Грант змогли від самого світанку приєднатися на палубі до лорда Гленарвана, майора та капітана. Le lever du soleil fut magnifique. Схід сонця був прекрасним. L'astre du jour, semblable à un disque de métal doré par les procédés Ruolz, sortait de l'océan comme d'un immense bain voltaïque. |||||||||золотистий|||||||||||| Сонячна зірка, схожа на диск із металу, позолочений за методами Руольза, виходила з океану, як з величезної електричної ванни. Le _Duncan_ glissait au milieu d'une irradiation splendide, et l'on eût vraiment dit que ses voiles se tendaient sous l'effort des rayons du soleil. |||||||||||||||||тягнулися|||||| Джан _Дункан_ ковзав серед розкішного сяйва, і справді здавалося, що його вітрила натягуються під впливом променів сонця. Les hôtes du yacht assistaient dans une silencieuse contemplation à cette apparition de l'astre radieux. |guests||||||||||||| ||||спостерігали за|||||||||зірка|яскравий Los invitados del yate contemplaron en silencio la aparición de la radiante estrella. Гості яхти мовчки спостерігали за появою яскравої зірки. «Quel admirable spectacle! dit enfin lady Helena. Voilà le début d'une belle journée. Puisse le vent ne point se montrer contraire et favoriser la marche du _Duncan_. may||||||||||||| Нехай вітер не буде проти і сприяє ходу _Данкана_.

--Il serait impossible d'en désirer un meilleur, ma chère Helena, répondit lord Glenarvan, et nous n'avons pas à nous plaindre de ce commencement de voyage. --Б було б неможливо бажати кращого, моя дорога Гелено, відповів лорд Гленарван, і нам немає чого скаржитися на цей початок подорожі. --La traversée sera-t-elle longue, mon cher Edward? --Чи буде перехід довгим, мій дорогий Едварде?

--C'est au capitaine John de nous répondre, dit Glenarvan. --Це капітан Джон має нам відповісти, сказав Гленарван. Marchons-nous bien? ідемо|| Чи йдемо ми правильно? Êtes-vous satisfait de votre navire, John? Чи задоволений ти своїм кораблем, Джоне?

--Très satisfait, votre honneur, répliqua John; c'est un merveilleux bâtiment, et un marin aime à le sentir sous ses pieds. --Дуже задоволений, ваша честь, - відповів Джон; це чудова будівля, і моряку подобається відчувати її під ногами. Jamais coque et machine ne furent mieux en rapport; aussi, vous voyez comme le sillage du yacht est plat, et combien il se dérobe aisément à la vague. |hull|||||better||||||||wake||||||||||easily||| |оболонка|||||||||||||підводний слід||||||||||||| Ніколи корпус і машина не були краще в гармонії; також, ви бачите, як слід яхти рівний, і як легко він уникає хвилі. Nous marchons à raison de dix-sept milles à l'heure. |йдемо|||||||| Ми йдемо зі швидкістю сімнадцять миль на годину. Si cette rapidité se soutient, nous couperons la ligne dans dix jours, et avant cinq semaines nous aurons doublé le cap Horn. ||||підтримується|||||||||||||||||рогу Wenn diese Geschwindigkeit anhält, werden wir die Linie in zehn Tagen kappen und vor fünf Wochen Kap Hoorn umrunden. Якщо ця швидкість збережеться, ми перервемо лінію через десять днів, і за п'ять тижнів ми об'їдемо мис Горн.

--Vous entendez, Mary, reprit lady Helena, avant cinq semaines! ||||||before|| --Ти чуєш, Мері, знову сказала леді Гелена, за п'ять тижнів!

--Oui, madame, répondit la jeune fille, j'entends, et mon cœur a battu bien fort aux paroles du capitaine. --Так, мадам, відповіла дівчина, я чую, і моє серце дуже сильно забилося від слів капітана. --Et cette navigation, miss Mary, demanda lord Glenarvan, comment la supportez-vous? ||||||||||підтримуєте|

--Assez bien, _mylord_, et sans éprouver trop de désagréments. |||||experience||| |||||переживати|||незручностей --Досить добре, _мій лорде_, і без особливих незручностей. D'ailleurs, je m'y ferai vite. |||will do| |||звикну| Außerdem werde ich mich schnell daran gewöhnen. До речі, я швидко звикну до цього. --Et notre jeune Robert? --А наш молодий Роберт?

--Oh! Robert, répondit John Mangles, quand il n'est pas fourré dans la machine, il est juché à la pomme des mâts. ||||||||||||||oben||||| ||||||||buried||||||||||| ||||||||||||||висить|||||щогли Роберте, - відповів Джон Менглс, - коли він не запханий у машину, він сидить на верхівці щогл. Je vous le donne pour un garçon qui se moque du mal de mer. |||||||||знущається|||| Ich gebe es Ihnen für einen Jungen, der sich über die Seekrankheit lustig macht. Я вам його даю за хлопця, який не боїться морської хвороби. Et tenez! І дивіться! Le voyez-vous?»

Sur un geste du capitaine, tous les regards se portèrent vers le mât de misaine, et chacun put apercevoir Robert suspendu aux balancines du petit perroquet à cent pieds en l'air. ||||||||||||||Vorsegel||||||||den Wanten|||der kleine Perroquet||||| ||||||||||||||||||||||halyards|||||||| ||||||||||||||фок-щогла||||||||балансири|||папуга||||| На жест капітана всі погляди звернулися до грота, і кожен зміг побачити Роберта, який висів на буйлерах маленького попугая на сотні футів у повітрі. Mary ne put retenir un mouvement. Мері не змогла стримати рух.

«Oh! «Ой! Rassurez-vous, miss, dit John Mangles, je réponds de lui, et je vous promets de présenter avant peu un fameux luron au capitaine Grant, car nous le retrouverons, ce digne capitaine! ||||||||||||||||||||Lustiger Kerl|||||||||| ||||||||||||||||||||жартівник|||||||||| Не хвилюйтеся, міс, - сказав Джон Менглз, - я відповідаю за нього, і обіцяю в найближчому майбутньому представити знаменитого жартівника капітану Гранту, адже ми його знайдемо, цього гідного капітана!

--Le ciel vous entende, Monsieur John, répondit la jeune fille. |||чує|||||| --Нехай небо вас почує, пане Джоне, - відповіла дівчина.

--Ma chère enfant, reprit lord Glenarvan, il y a dans tout ceci quelque chose de providentiel qui doit nous donner bon espoir. |||||||||||||||божественний|||||| --Моя дорога дитинко, - продовжив лорд Ґленарван, - в усьому цьому є щось провидене, що має дати нам гарну надію. Nous n'allons pas, on nous mène. |||||веде Ми не йдемо, нас ведуть. Nous ne cherchons pas, on nous conduit. Ми не шукаємо, нас провадять. Et puis, voyez tous ces braves gens enrôlés au service d'une si belle cause. |||||||зараховані|||||| А потім, подивіться на всіх цих добрих людей, які записалися на службу такій прекрасній справі. Non seulement nous réussirons dans notre entreprise, mais elle s'accomplira sans difficultés. |||||||||will be accomplished|| |||||||||здійсниться|| J'ai promis à lady Helena un voyage d'agrément, et je me trompe fort, ou je tiendrai ma parole. |||||||||||||||виконаю|| Я обіцяв леді Гелені подорож для задоволення, і я дуже помиляюся, якщо не дотримаю свого слова. --Edward, dit lady Glenarvan, vous êtes le meilleur des hommes. --Едварде, — сказала леді Гленарван, — ви найкращий з чоловіків.

--Non point, mais j'ai le meilleur des équipages sur le meilleur des navires. |||||||команди||||| --Ні, але у мене найкраща команда на найкращому кораблі. Est-ce que vous ne l'admirez pas notre _Duncan_, miss Mary? |||||адміруєте||||| --Au contraire, _mylord_, répondit la jeune fille, je l'admire et en véritable connaisseuse. ||||||||||||connoisseur ||||||||його ADMIRE|||| --Навпаки, _мій пане_, відповіла дівчина, я захоплююся ним і як справжня знавець. --Ah! --Ах! vraiment! справді!

--J'ai joué tout enfant sur les navires de mon père; il aurait dû faire de moi un marin, et s'il le fallait, je ne serais peut-être pas embarrassée de prendre un ris ou de tresser une garcette. ||||||||||||||||||||||||||||||||Segel|||||eine Schotterleine ||||||||||||||||||||||||||||||||reef||||| |грав|||||||||||||||||||||||||||||||||||| --Ich habe als Kind auf den Schiffen meines Vaters gespielt; er hätte aus mir einen Seemann machen sollen, und wenn es sein müsste, wäre es mir vielleicht nicht peinlich, ein Reff zu machen oder einen Garcetta zu flechten. --I played as a child on my father's ships; he should have made me a sailor, and if I had to, I might not be embarrassed to reef or braid a garcette. --Yo jugaba de niño en los barcos de mi padre; él debería haber hecho de mí un marinero, y si hubiera tenido que hacerlo, tal vez no me avergonzaría de hacer rizos o tejer una garcette. --Я грав у дитинстві на кораблях мого батька; він повинен був зробити з мене моряка, і якби потрібно було, я, можливо, не соромилася б підняти вітрило чи сплести шнур. --Eh! --Гей! Miss, que dites-vous là? Міс, що ви там кажете? s'écria John Mangles. --Si vous parlez ainsi, reprit lord Glenarvan, vous allez vous faire un grand ami du capitaine John, car il ne conçoit rien au monde qui vaille l'état de marin! ||||||||||||||||||||conceives|||||||| ||||||||||||||||||||||||||стан|| --Якщо ти так говориш, - продовжив лорд Гленарван, - ти станеш великим другом капітана Джона, адже він не уявляє нічого на світі, що варте стану моряка! Il n'en voit pas d'autre, même pour une femme! Він не бачить нічого іншого, навіть заради жінки! N'est-il pas vrai, John? Хіба це не так, Джоне? --Sans doute, votre honneur, répondit le jeune capitaine, et j'avoue cependant que miss Grant est mieux à sa place sur la dunette qu'à serrer une voile de perroquet; mais je n'en suis pas moins flatté de l'entendre parler ainsi. |||||||||||||||||||||||||||der Besan||||||||||| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||це чути|| --Безсумнівно, ваша честь, відповів молодий капітан, і я визнаю, що міс Грант краще на верхній палубі, ніж при натягуванні вітрила; але я не менш задоволений чути, як вона говорить так. --Et surtout quand elle admire le _Duncan_, répliqua Glenarvan. --І особливо коли вона захоплюється _Дунканом_, відповів Гленарван.

--Qui le mérite bien, répondit John. --Хто цього справді заслуговує, відповів Джон.

--Ma foi, dit lady Helena, puisque vous êtes si fier de votre yacht, vous me donnez envie de le visiter jusqu'à fond de cale, et de voir comment nos braves matelots sont installés dans l'entrepont. ||||||||||||||||||||||||||||||||||the forecastle |||||||||||||||||||||||каюта||||||||||| --Моя віра, - сказала леді Гелена, - оскільки ви так пишаєтеся своїм яхтою, ви змушуєте мене захотіти її відвідати до самого дна, і побачити, як наші відважні матроси облаштувалися в трюмі. --Admirablement, répondit John; ils sont là comme chez eux. --Чудово, - відповів Джон; вони там, як вдома.

--Et ils sont véritablement chez eux, ma chère Helena, répondit lord Glenarvan. |||справді|||||||| --І вони дійсно вдома, моя дорога Гелено, - відповів лорд Гленарван. Ce yacht est une portion de notre vieille Calédonie! ||||частина|||| C'est un morceau détaché du comté de Dumbarton qui vogue par grâce spéciale, de telle sorte que nous n'avons pas quitté notre pays! |||||||||пливе||||||||||||| Це шматок, відділений від графства Дамбартона, який пливе з особливою милістю, так що ми не покинули нашу країну! Le _Duncan_, c'est le château de Malcolm, et l'océan, c'est le lac Lomond. _Дункан_ — це замок Малкольма, а океан — це озеро Ломонд. --Eh bien, mon cher Edward, faites-nous les honneurs du château, répondit lady Helena. ||||||||почесті||||| --Ну що ж, мій дорогий Едварде, проведіть нас по замку, відповіла леді Гелена.

--À vos ordres, madame, dit Glenarvan, mais auparavant laissez-moi prévenir Olbinett.» |||||||before|||| --На вашій службі, мадам, сказав Гленарван, але спершу дайте мені попередити Олбінета.

Le steward du yacht était un excellent maître d'hôtel, un écossais qui aurait mérité d'être français pour son importance; d'ailleurs, remplissant ses fonctions avec zèle et intelligence. |||||||||||||deserved|||||||||||zeal|| ||||||||||||||||||||виконуючи|||||| Стюард яхти був відмінним майстром прийому, шотландець, який заслуговував на те, щоб бути французом через свою значущість; до того ж, він із завзяттям і розумом виконував свої обов'язки. Il se rendit aux ordres de son maître. Він підкорився наказам свого господаря.

«Olbinett, nous allons faire un tour avant déjeuner, dit Glenarvan, comme s'il se fût agi d'une promenade à Tarbet ou au lac Katrine; j'espère que nous trouverons la table servie à notre retour.» |||||||||||||||||||||||||||||накритий стіл||| Olbinett s'inclina gravement. ||серйозно «Nous accompagnez-vous, major? |супроводжуєте|| dit lady Helena.

--Si vous l'ordonnez, répondit Mac Nabbs. ||якщо ви це накажете||| --Oh! fit lord Glenarvan, le major est absorbé dans les fumées de son cigare; il ne faut pas l'en arracher; car je vous le donne pour un intrépide fumeur, miss Mary. ||||||||||||||||||||||||||unerschrockener||| ||||||||||||||||||pluck||||||for||intrepid||| |||||||||дим|||||||||||||||||||| Il fume toujours, même en dormant.» |курить||||

Le major fit un signe d'assentiment, et les hôtes de lord Glenarvan descendirent dans l'entrepont. |||||of assent||||||||| ||||||||||||спустилися|| Mac Nabbs, demeuré seul, et causant avec lui-même, selon son habitude, mais sans jamais se contrarier, s'enveloppa de nuages plus épais; il restait immobile, et regardait à l'arrière le sillage du yacht. |||||||||||||||||обгорнувся||||||||||||||| Après quelques minutes, d'une muette contemplation, il se retourna et se vit en face d'un nouveau personnage. Si quelque chose avait pu le surprendre, le major eût été surpris de cette rencontre, car ce passager lui était absolument inconnu.

Cet homme grand, sec et maigre, pouvait avoir quarante ans; il ressemblait à un long clou à grosse tête; sa tête, en effet, était large et forte, son front haut, son nez allongé, sa bouche grande, son menton fortement busqué. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||stark gebogen Quant à ses yeux, ils se dissimulaient derrière d'énormes lunettes rondes et son regard semblait avoir cette indécision particulière aux nyctalopes. ||||||versteckten sich||||||||||||||Nachtseher ||||||were hidden||||||||||||||nyctalopes Sa physionomie annonçait un homme intelligent et gai; il n'avait pas l'air rébarbatif de ces graves personnages qui ne rient jamais, par principe, et dont la nullité se couvre d'un masque sérieux. ||||||||||||abweisend||||||||||||||||||| ||||||||||||uninviting||||||||||||||||||| Loin de là. Le laisser-aller, le sans-façon aimable de cet inconnu démontraient clairement qu'il savait prendre les hommes et les choses par leur bon côté. Mais sans qu'il eût encore parlé, on le sentait parleur, et distrait surtout, à la façon des gens qui ne voient pas ce qu'ils regardent, et qui n'entendent pas ce qu'ils écoutent. Il était coiffé d'une casquette de voyage, chaussé de fortes bottines jaunes et de guêtres de cuir, vêtu d'un pantalon de velours marron et d'une jaquette de même étoffe, dont les poches innombrables semblaient bourrées de calepins, d'agendas, de carnets, de portefeuilles, et de mille objets aussi embarrassants qu'inutiles, sans parler d'une longue-vue qu'il portait en bandoulière. ||||||||||||||Lederüberzüge||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| ||wearing||cap|||shod|||boots||||gaiters||||||||||||||||||||stuffed|||||notebooks||||of|||||||||||||| Llevaba una gorra de viaje, robustas botas amarillas y polainas de cuero, pantalones de terciopelo marrón y una chaqueta del mismo tejido, con innumerables bolsillos atiborrados de cuadernos, agendas, libretas, carteras y mil objetos tan embarazosos como inútiles, por no hablar de un telescopio colgado del hombro. L'agitation de cet inconnu contrastait singulièrement avec la placidité du major; il tournait autour de mac Nabbs, il le regardait, il l'interrogeait des yeux, sans que celui-ci s'inquiétât de savoir d'où il venait, où il allait, pourquoi il se trouvait à bord du _Duncan_. Quand cet énigmatique personnage vit ses tentatives déjouées par l'indifférence du major, il saisit sa longue-vue, qui dans son plus grand développement mesurait quatre pieds de longueur, et, immobile, les jambes écartées, semblable au poteau d'une grande route, il braqua son instrument sur cette ligne où le ciel et l'eau se confondaient dans un même horizon; après cinq minutes d'examen, il abaissa sa longue-vue, et, la posant sur le pont, il s'appuya dessus comme il eût fait d'une canne; mais aussitôt les compartiments de la lunette glissèrent l'un sur l'autre, elle rentra en elle-même, et le nouveau passager, auquel le point d'appui manqua subitement, faillit s'étaler au pied du grand mât. |||||||||||||||||||||||||||||unbeweglich||||||Pfahl|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| ||||||attempts|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||leaned|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Tout autre eût au moins souri à la place du major.

Le major ne sourcilla pas. L'inconnu prit alors son parti. «Steward!» cria-t-il, avec un accent qui dénotait un étranger.

Et il attendit. Personne ne parut.

«Steward!» répéta-t-il d'une voix plus forte. Mr Olbinett passait en ce moment, se rendant à la cuisine située sous le gaillard d'avant. ||||||||||||||forecastle| Quel fut son étonnement de s'entendre ainsi interpellé par ce grand individu qu'il ne connaissait pas? «D'où vient ce personnage? se dit-il. Un ami de lord Glenarvan? C'est impossible.» Cependant il monta sur la dunette, et s'approcha de l'étranger. |||||der Kommandostand|||| «Vous êtes le steward du bâtiment? lui demanda celui-ci.

--Oui, monsieur, répondit Olbinett, mais je n'ai pas l'honneur... --Je suis le passager de la cabine numéro six.

--Numéro six? répéta le steward.

--Sans doute. Et vous vous nommez?...

--Olbinett.

--Eh bien! Olbinett, mon ami, répondit l'étranger de la cabine numéro six, il faut penser au déjeuner, et vivement. Voilà trente-six heures que je n'ai mangé, ou plutôt trente-six heures que je n'ai que dormi, ce qui est pardonnable à un homme venu tout d'une traite de Paris à Glasgow. À quelle heure déjeune-t-on, s'il vous plaît? --À neuf heures», répondit machinalement Olbinett.

L'étranger voulut consulter sa montre, mais cela ne laissa pas de prendre un temps long, car il ne la trouva qu'à sa neuvième poche. «Bon, fit-il, il n'est pas encore huit heures. Eh bien, alors, Olbinett, un biscuit et un verre de sherry pour attendre, car je tombe d'inanition.» ||||||||||||||||vor Hunger Olbinett écoutait sans comprendre; d'ailleurs l'inconnu parlait toujours et passait d'un sujet à un autre avec une extrême volubilité. ||||||||||||||||||Redseligkeit Olbinett escuchaba sin entender; además, el desconocido no paraba de hablar y pasaba de un tema a otro con extrema volubilidad. «Eh bien, dit-il, et le capitaine? Le capitaine n'est pas encore levé! Et le second? Que fait-il le second? Est-ce qu'il dort aussi? Le temps est beau, heureusement, le vent favorable, et le navire marche tout seul.»

Précisément, et comme il parlait ainsi, John Mangles parut à l'escalier de la dunette. «Voici le capitaine, dit Olbinett.

--Ah! Enchanté, s'écria l'inconnu, enchanté, capitaine Burton, de faire votre connaissance!» Si quelqu'un fut stupéfait, ce fut à coup sûr John Mangles, non moins de s'entendre appeler «capitaine Burton» que de voir cet étranger à son bord. L'autre continuait de plus belle: «Permettez-moi de vous serrer la main, dit-il, et si je ne l'ai pas fait avant-hier soir, c'est qu'au moment d'un départ il ne faut gêner personne. Mais aujourd'hui, capitaine, je suis véritablement heureux d'entrer en relation avec vous.» John Mangles ouvrait des yeux démesurés, regardant tantôt Olbinett, et tantôt ce nouveau venu.

«Maintenant, reprit celui-ci, la présentation est faite, mon cher capitaine, et nous voilà de vieux amis. Causons donc, et dites-moi si vous êtes content du _Scotia?_

--Qu'entendez-vous par le _Scotia?_ dit enfin John Mangles. --Mais le _Scotia_ qui nous porte, un bon navire dont on m'a vanté les qualités physiques non moins que les qualités morales de son commandant, le brave capitaine Burton. Seriez-vous parent du grand voyageur africain de ce nom? Un homme audacieux. Mes compliments, alors!

--Monsieur, reprit John Mangles, non seulement je ne suis pas parent du voyageur Burton, mais je ne suis même pas le capitaine Burton.

--Ah! fit l'inconnu, c'est donc au second du _Scotia_, Mr Burdness, que je m'adresse en ce moment? --Mr Burdness?» répondit John Mangles qui commençait à soupçonner la vérité.

Seulement, avait-il affaire à un fou ou à un étourdi? ||||||||||distracted Cela faisait question dans son esprit, et il allait s'expliquer catégoriquement, quand lord Glenarvan, sa femme et miss Grant remontèrent sur le pont. L'étranger les aperçut, et s'écria: «Ah! Des passagers! Des passagères! Parfait. J'espère, Monsieur Burdness, que vous allez me présenter...» Et s'avançant avec une parfaite aisance, sans attendre l'intervention de John Mangles: «Madame, dit-il à miss Grant, miss, dit-il à lady Helena, monsieur... Ajouta-t-il en s'adressant à lord Glenarvan. --Lord Glenarvan, dit John Mangles.

--_Mylord_, reprit alors l'inconnu, je vous demande pardon de me présenter moi-même; mais, à la mer, il faut bien se relâcher un peu de l'étiquette; j'espère que nous ferons rapidement connaissance, et que dans la compagnie de ces dames la traversée du _Scotia_ nous paraîtra aussi courte qu'agréable.» |||||||||||||||||||||relax|||||||||||||||||||||||||||pleasant Lady Helena et miss Grant n'auraient pu trouver un seul mot à répondre. Elles ne comprenaient rien à la présence de cet intrus sur la dunette du _Duncan_. |||||||||intruder|||||

«Monsieur, dit alors Glenarvan, à qui ai-je l'honneur de parler? --À Jacques-Éliacin-François-Marie Paganel, secrétaire de la société de géographie de Paris, membre correspondant des sociétés de Berlin, de Bombay, de Darmstadt, de Leipzig, de Londres, de Pétersbourg, de Vienne, de New-York, membre honoraire de l'institut royal géographique et ethnographique des Indes orientales, qui, après avoir passé vingt ans de sa vie à faire de la géographie de cabinet, a voulu entrer dans la science militante, et se dirige vers l'Inde pour y relier entre eux les travaux des grands voyageurs.»