PÂQUES 2009-04-13
Est-ce Pâques aujourd'hui ? Oui, d'une certaine façon. Nous sommes le lundi de Pâques. Et hier alors ! Ce n'était pas Pâques peut-être ? Si, si ! bien sûr ! C'était Pâques aussi, le dimanche de Pâques. On voit donc ainsi que Pâques n'est pas vraiment un jour : c'est une période qui s'étend souvent sur ce qu'on appelle la « Semaine sainte ». Les expressions sont fréquentes dans les langues qui ont un passé chrétien, notamment les langues romanes ou anglo-saxonnes, même si la fête dite « de Pâques » se retrouve dans d'autres religions, avec d'autres rituels et d'autres significations. Célébration de la mort et de la renaissance dans les cultes chrétiens, on voit bien que cette fête, même si elle est mobile, c'est-à-dire qu'elle ne se situe pas tous les ans à la même date – contrairement à Noël par exemple, fête fixe, le 25 décembre – elle trouve sa place en gros au début du printemps, au moment où la terre elle-même termine la période de mort de l'hiver pour renaître dans un nouveau printemps. Le mot a une longue histoire : le français l'emprunte au latin chrétien, qui le tient de grec, qui l'a hérité d'une langue biblique, probablement l'araméen. Erosion linguistique importante donc pour arriver à ce mot si français, à l'orthographe marquée par cette histoire : un circonflexe pour un « s » disparu, un « s » pour un pluriel mystérieux, puisque le mot se trouve parfois au singulier. En tout cas son succès l'a ancré dans un certain nombre d'expressions différentes. « A Pâques » ou « à la Trinité » par exemple. L'expression vient d'une chanson populaire, et n'est pas si vieille : elle s'est popularisée dans le courant du XIXe siècle. Quant à la chanson c'est celle de Malbrough, celui qui s'en va-t-en guerre, on ne sait pour combien de temps. Partir en guerre, c'est partir… on ne sait pour où. Et surtout, nul ne sait s'il en reviendra. Et « Pâques » est alors synonyme de « plus tard », « on ne sait quand », « peut-être jamais ». La preuve, on redouble cette incertitude avec « la Trinité ». La Trinité étant une autre célébration chrétienne, plus tardive. Chaque fois on recule le terme, sans oser dire que Malbrough ne reviendra pas.
On a un peu le même fonctionnement avec les « calendes ». Mais là, l'expression s'emploie bien souvent quand on retarde quelque chose, qu'on l'ajourne, qu'on le diffère. On le remet à plus tard. Mais à quand ? Aux calendes. La discussion de cette loi ? Elle a été remise aux calendes, c'est-à-dire à une date ultérieure, qu'on ne s'est même pas donné la peine de fixer. A plus tard, tout simplement. Pourquoi les « calendes » ? Au départ, l'expression précisait les « calendes grecques ». Et en fait les « calendes grecques » n'existent pas, car les calendes représentent un moment du calendrier romain, qu'on ne trouvait pas dans le calendrier des Grecs de l'Antiquité. Remettre au calendes grecques, c'est donc remettre à jamais Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/