LAO-TSEU : Tao Te King, Livre 1: chapitre 29
29.
Si l'homme agit pour gouverner parfaitement l'empire, je vois qu'il n'y réussira pas. L'empire est (comme) un vase divin (auquel l'homme) ne doit pas travailler. S'il y travaille, il le détruit ; s'il veut le saisir, il le perd. C'est pourquoi, parmi les êtres, les uns marchent (en avant) et les autres suivent ; les uns réchauffent et les autres refroidissent ; les uns sont forts et les autres faibles, les uns se meuvent et les autres s'arrêtent 16 . De là vient que le saint homme supprime les excès, le luxe et la magnificence.
Notes du chapitre 29
| 16| Telle est l'opposition mutuelle et l'inégalité naturelle des êtres. Ceux qui marchent (en avant), on ne peut faire qu'ils suivent ; ceux qui réchauffent (ou apportent de la chaleur, comme l'été), on ne peut faire qu'ils refroidissent (ou apportent du froid, comme l'hiver), c'est-à-dire on ne peut changer leur nature. C'est pourquoi on réussit sans peine à gouverner les êtres en se conformant à leur nature (c'est-à-dire en pratiquant le non-agir et en les laissant suivre leur impulsion innée). Mais si l'on contrarie leur nature et si l'on agit, on se donne beaucoup de peines et de tourment, et les créatures ne font que se troubler davantage.