Le calvaire des esclaves qui traversent l'Atlantique
Mes chers camarades bien le bonjour, avant de commencer,
je vous informe que cet épisode est sponsorisé par les éditions 10*18 qui vous présentent
leur nouveau thriller historique : “Blood and Sugar” de Laura Sheperd-Robinson ! Franchement,
rien que la petite phrase sur la couv' me donne envie : “Londres, 1781. La canne à sucre à un
prix : celui du sang”. ça met dans l'ambiance non ? Si vous voulez en savoir plus, je vous
mets un lien en description et on en reparle en fin d'épisode. D'ici là, bon visionnage !
Mes chers camarades, bien le bonjour !
En juin 2020 et pour la première fois, la Royal Bank of Scotland, la Lloyds ou encore le brasseur
britannique Greene King ont reconnu qu'une partie de leurs fondateurs se sont enrichis
dans le commerce des esclaves. Près de 200 ans après l'abolition de l'esclavage au Royaume-Uni,
ce sujet historique reste donc sensible et peut être au cœur de l'actualité. En France,
le commerce triangulaire est aussi de mieux en mieux connu. On l'apprend notamment à l'école.
Aujourd'hui, nous allons en parler mais en vous emmenant au plus près de ces esclaves,
dans l'entrepont des navires négriers et dans un moment charnière de leur histoire:
la traversée de l'Océan Atlantique, le “passage du milieu” comme on disait alors.
Dans quelles conditions sont embarqués ces millions de femmes et d'hommes,
comment se passe leur traversée maritime et combien y survivent ? Si vous voulez du fun,
c'est pas trop par ici qu'il faut traîner, je vous préviens.
Le contexte: un besoin de main d'oeuvre aux colonies
Quand les Européens explorent le Nouveau Monde au XVIe siècle,
ils en comprennent rapidement le potentiel économique.
Au Brésil, les Portugais qui sont les premiers à développer une colonisation organisée,
commencent par y exploiter le bois-brésil, ce bois rouge de braise qui donne son nom à
la colonie. Progressivement, toutes les puissances développent en Amérique le
système de plantation afin de produire localement des cultures tropicales
destinées à l'exportation vers l'Europe : tabac, indigo, café et surtout le sucre.
La canne à sucre est connue depuis l'Antiquité et au Moyen Âge, on redécouvre cette culture en
Orient par l'intermédiaire des croisades. Les Vénitiens en produisent à Chypre notamment.
Mais même si l'on consomme du sucre en Sicile et que la canne à sucre est cultivée dans le sud de
l'Espagne, cela reste jusqu'au XVe siècle, un produit rare réservé aux plus riches. A leur
arrivée à Madère, les Portugais y introduisent la canne à sucre mais un siècle plus tard, les terres
s'y épuisent. Au Brésil, le climat est idéal pour cette culture et les grands espaces ne manquent
pas. Les Espagnols introduisent aussi la canne à sucre dans leurs colonies, comme à Cuba dès 1517.
L'Europe prend goût au sucre qui vient d'Amérique et alors que les Européens ne
consommaient que peu de sucre au XVe siècle, souvent dans un but médical d'ailleurs,
à la fin du XVIIIe siècle, la consommation moyenne est de 4 kilos par personne et par an !
Ce goût sucré va très vite. En 1572, Abraham Ortélius,
un cartographe d'Anvers, déclare à propos du sucre: “aujourd'hui on le
dévore par gloutonnerie. Ce qui nous servait de remède nous sert à présent de nourriture”.
Pour répondre à cette demande, les Portugais et Espagnols sont
rapidement confrontés à un problème majeur : le manque de main d'œuvre.
Et ils ne peuvent pas vraiment compter sur les Indiens pour couper la canne.
Les maladies apportées par les Européens ont entraîné un “choc microbien” sur leurs
organismes qui n'y sont pas habitués. Les Indiens attrapent toutes les infections
y compris de maladies bénignes qui sont souvent mortelles pour eux. On les a aussi
mis au travail forcé et les violences et mauvais traitements sont réguliers.
Bref, la population indienne s'effondre de façon impressionnante ! Imaginez un peu. Les Taïnos,
une ethnie que Christophe Colomb a rencontrés en 1492, peuplaient toutes les Antilles. En 1650,
il n'y en a plus un seul ! La population amérindienne à Cuba disparaît quasi
totalement au cours du XVIe siècle. Il faut donc les remplacer dans les champs.
Au départ, on utilise des Européens qui s'engagent par contrat. Les pauvres ne
manquent pas en Europe et faire fortune au Nouveau Monde fait rêver. Les planteurs,
propriétaires des plantations, s'engagent à payer le transport de l'engagé,
lui assurer le gîte et le couvert sur place en échange d'un travail pendant 3
ans. A l'issue de cette période, l'engagé reçoit un petit pécule (généralement 300
livres de tabac) dont la vente lui permet d'investir à son tour dans une plantation.
Enfin ça, c'est la théorie parce que dans les faits, les engagés travaillent comme des bêtes
de somme et sous les coups des planteurs. Et ça finit par se savoir en métropole où le nombre
d'engagés s'effondre assez logiquement. C'est là que des types ont une idée qui
va tout changer : pourquoi ne pas utiliser des esclaves africains pour les remplacer ? Ils sont
costauds et habitués au climat. Et une fois achetés, on n'a plus besoin de les payer.
Toutes les puissances européennes ayant des colonies au Nouveau Monde (Portugal,
Espagne, Français et Britanniques) arrivent à la même conclusion : il
faut faire venir des esclaves pour travailler dans les plantations.
C'est donc pour répondre à cet impératif économique que se met en place ce que
l'on appelle la traite négrière atlantique, le commerce des esclaves africains vers l'Amérique.
Mais pour les emmener, il faut traverser l'océan. Va donc se mettre en place toute une
logistique pour embarquer ces millions de femmes et d'hommes. Une logistique très...industrielle.
L'embarquement
Les régions d'embarquement des esclaves (le golfe de Guinée, l'Angola, le Sénégal)
correspondent rarement à leur lieu de vie. Le plus souvent, ils viennent de l'intérieur du
continent africain et vivent la plupart du temps assez loin des côtes. Les Européens ne vont pas
les chercher sur place. Ils ne s'aventurent pas en Afrique et pour cause : ils en ont peur !
A leurs yeux c'est plein d'animaux dangereux et de maladies. Donc,
ils laissent faire leurs intermédiaires africains et attendent tranquillement qu'on leur apporte les
esclaves sur les côtes voire sur les îles où les postes de commerce sont installés.
Il faudra vraiment attendre le XIXe siècle pour que les Européens partent explorer ce
continent ; en attendant, on reste prudemment sur les côtes et on attend les livraisons.
Les esclaves sont pour l'essentiel des prisonniers de guerre et des victimes de razzias. Des groupes
d'hommes attaquent des villages par surprise pour capturer des esclaves. Les intermédiaires
africains rassemblent ensuite leurs captifs en caravanes qui relient la côte à pied à raison
d'une quarantaine de kilomètres par jour. Ils sont rarement enchaînés pour éviter que
le frottement des chaînes n'abîme leur peau et ne fasse baisser leur valeur.
Parce que dans toute cette histoire,
il ne faut pas perdre de vue que l'esclave est avant tout ... une marchandise !
Ces esclaves sont vendus en partie aux tribus croisées le long des routes et pour le reste, aux
Européens sur la côte. Les Portugais représentent quasiment le tiers de leurs acheteurs, puis
dans l'ordre d'importance, les Britanniques, les Français, les Espagnols et enfin les Hollandais.
Les Européens font du troc avec les rois africains et les intermédiaires qui leur fournissent des
esclaves. Il faut donc leur proposer des marchandises qui peuvent les intéresser
comme des tissus, des barres de fer, des lingots de plomb, des armes, des bijoux ou de l'alcool.
Contrairement à ce que l'on a pu longtemps dire, soit par racisme pour se moquer de
l'intelligence des Africains ou contre les Européens pour dénoncer leur cupidité,
tous ces biens sont des produits coûteux. Acheter la cargaison pour le troc coûte très cher et il
faut avoir des reins solides pour armer un navire pour le commerce négrier. En 1780,
l'investissement nécessaire pour un seul bateau représentait à 200 000 à 300 000 livres tournois,
soit le prix d'un hôtel particulier parisien. Si le bateau coule, t'as le seum quoi.
Les capitaines négriers étalent leur marchandise sur la plage ou sur leur navire et on essaye
de trouver un accord selon le nombre, l'état physique, l'âge des esclaves. Ça peut être long
et il faut aussi négocier avec les pouvoirs locaux le paiement des taxes, tout en respectant les
traditions et le protocole. Le prix des esclaves évolue aussi à la hausse ou à la baisse. Les
jeunes hommes vigoureux, entre 18 et 25 ans, sont les plus recherchés, on parle de “pièce d'Inde”.
C'est assez pratique d'utiliser des expressions pour désigner ces
hommes qu'on va vendre parce que d'un coup, ça les déshumanise. Du coup,
on culpabilise quand même vachement moins quand on les envoie sur les navires !
Un enfant vaut généralement un tiers ou la moitié d'une “pièce d'Inde”, une femme entre
la moitié et les ⅔. Une fois les esclaves achetés, un chirurgien les examine pour vérifier leur santé
et on les “estampe”, c'est-à-dire qu'on les marque au fer rouge avec un signe distinctif. Ensuite,
on les amène à bord du navire négrier avec des chaloupes. Et il leur faut attendre parce que
tant que la cargaison n'est pas complète, le bateau ne fait pas la traversée. Au mieux,
il faudra un ou deux mois mais le plus souvent, ça prend trois ou quatre mois.
Assez souvent, le navire suit la côte pour s'approvisionner en esclaves un peu plus loin.
Les esclaves déjà à bord ont donc tout le temps de se lamenter sur leur sort.
Ou de se suicider en se jetant à l'eau ce que les capitaines négriers essayent
d'empêcher pour ne pas perdre leur cargaison.
La traversée
Il n'existe pas de navires spécialisés pour la traite négrière. Il s'agit simplement de navires
de commerce que l'on a aménagés pour cette cargaison particulière. Au retour d'Amérique,
ces bateaux doivent d'ailleurs transporter des produits tropicaux.
Ce qui fait que l'on fait un peu tout le temps des travaux sur le
navire en fonction de la cargaison pour optimiser au mieux l'espace !
Il y a cependant à bord une cuisine plus importante pour réaliser les repas pour
l'équipage et ceux des captifs. Les esclaves sont stockés dans une partie qu'on appelle
l'entrepont. En gros la cale sert pour l'eau et les marchandises,
l'entrepont accueille les esclaves et au-dessus on a le pont supérieur, à l'air libre. L'entrepont
ne mesure que 1,40 m de hauteur, mais dites vous bien que c'est un peu plus que sur un navire
classique parce que les charpentiers aménagent cet espace, comme on l'a dit tout à l'heure,
en installant des plate-formes qui permettent d'embarquer encore plus de monde. En moyenne,
les esclaves disposent de 83 cm en hauteur ce qui leur permet au mieux de s'asseoir. En largeur,
l'espace par esclave est de 40 à 43 cm les obligeant à se tenir sur le côté plutôt que sur
le dos. Ils sont enchaînés 2 par 2 avec des fers aux mains et aux chevilles. Ils sont quasiment
nus à cause de la chaleur et pour simplifier l'hygiène, ils couchent sur des planches.
Une “rambarde”, c'est-à-dire une cloison de bois très haute avec des lames métalliques
tranchantes sur ses bords, sépare le navire en deux parties. La plus petite à l'arrière est pour
les femmes et enfants ; l'avant est réservé aux hommes. La porte entre ces deux espaces
reste fermée à clé. Une écoutille centrale, qui permet de faire entrer un peu d'air et
de lumière dans l'entre-pont, permet aussi de faire monter les esclaves sur le pont.
On compte généralement 2 esclaves par tonneau ce qui fait qu'un bateau négrier embarque en moyenne
400 à 600 esclaves. Ils sont encadrés par 40 à 45 hommes d'équipage, recrutés pour leurs
connaissances maritimes et leur capacité à maintenir l'ordre à coups de fouet.
Quand les conditions climatiques le permettent, on fait monter les esclaves, par groupes,
sur le pont supérieur vers huit heures du matin. La toilette se fait à l'eau de mer et
leur bouche est rincée au vinaigre. Un chirurgien inspecte les malades et les plaies. Il regarde
aussi l'état des dents. Deux fois par semaine, on enduit leur corps d'huile de palme pour atténuer
la brûlure des fers et du sel. Tous les quinze jours, on leur coupe les ongles et rase la tête.
Pendant qu'ils sont sur le pont supérieur, des marins grattent l'entrepont, vident les bailles
de déjection (c'est-à-dire les baquets utilisés pour les excréments), jettent du vinaigre au sol
pour lutter contre les odeurs. Le premier repas est servi sur le pont supérieur vers neuf-dix
heures et ressemble beaucoup à ce que les esclaves mangeaient en Afrique: fèves, haricots, riz, maïs,
igname, manioc et bananes. Tout est bouilli et on y ajoute à l'occasion un peu d'eau-de-vie ou
d'huile de palme. 10 esclaves partagent le même plat avec chacun sa cuillère en bois.
Et s'ils ne veulent pas manger, on les fouette pour leur donner de l'appétit. Parce qu'encore
une fois, il s'agit que la marchandise arrive en bon état au client final.
L'après-midi, l'équipage les incite à danser, c'est-à-dire surtout s'agiter pour détendre les
muscles et lutter contre les maladies comme le scorbut dont on ignore alors les causes. Tout
se fait sous une surveillance totale des marins de l'équipage car les risques de révolte sont réels.
Même si une mutinerie est suicidaire pour les esclaves car ils ignorent totalement
comment diriger un bateau et c'est souvent le naufrage qui les attend. Même si l'on a des
histoires assez incroyables de navires négriers capturés par des pirates ! Et dans ce cas,
ils peuvent retrouver la liberté en rejoignant les flibustiers ! 1/3 de
l'équipage de Samuel Bellamy, le pirate connu sous le surnom
"Black Sam" était ainsi constitué d'anciens esclaves ! Mais bon, ça reste une anecdote.
Un second repas est servi vers trois-quatre heures de l'après-midi et une heure plus tard,
les esclaves redescendent dans l'entrepont jusqu'au lendemain matin. Pendant ce temps,
les marins lavent et grattent le pont supérieur.
Bon, imaginez vivre ça pendant des mois,
c'est déjà pas le Pérou mais tout devient pire en cas de mauvais temps.
Le caillebotis qui permet de faire venir de l'air et de la lumière dans l'entrepont
est remplacé par des panneaux de bois. Les esclaves étouffent et ne voient plus rien.
Des filins sont accrochés pour qu'ils s'accrochent pendant la tempête mais
ça ne suffit pas. Avec les fortes vagues, le bateau tangue. Les esclaves sont projetés les
uns sur les autres. Les baquets de déjection se renversent sur le plancher de l'entrepont
ou sur les corps, ce qui rend l'air vite irrespirable. La puanteur est totale.
Sans compter le mal de mer… Autant vous dire
que les navires négriers se repèrent de loin à l'odeur.
Pour les femmes (qui représentent ⅓ des esclaves transportées),
la situation est différente. Si elles sont moins entassées que les hommes,
elles subissent des violences sexuelles. Certaines sont données comme récompense aux officiers
si la mortalité du transport est faible. Si la plupart des femmes désespèrent de leur situation,
jusqu'à se suicider après un viol, d'autres - moins nombreuses cependant - acceptent
les avantages matériels voire trahissent leurs compagnons d'infortune tentés par une révolte.
Dites vous bien que globalement, les esclaves ne comprennent pas ce qui arrive,
ils ne savent pas ce qu'ils font là ni même où ils sont censés aller. C'est
assez facile d'imaginer leur angoisse, leur désespoir, leurs cris et leurs plaintes.
Certains d'entre eux sont même persuadés que les Européens vont les manger !
La traversée de l'Atlantique est clairement une épreuve. Malgré la volonté du capitaine
négrier de préserver sa cargaison, en moyenne, 15 % des esclaves meurent durant le trajet. Ce
nombre baisse après 1750 grâce à une meilleure hygiène et une navigation plus rapide. Mais il
reste une moyenne. Certaines traversées sont effroyables et la mortalité peut
dépasser les 40 % voire emporter tous les esclaves ! Outre les conditions du voyage,
les maladies comme la dysenterie, la fièvre jaune, le malaria ou le scorbut ainsi que les mauvais
traitements expliquent ce chiffre. Les morts sont tout simplement jetés par-dessus bord.
L'équipage n'est pas mieux loti et les marins meurent dans les mêmes proportions,
soit beaucoup plus que pour une traversée commerciale classique. Généralement,
on ne se bouscule pas trop pour aller travailler sur un navire négrier.
L'arrivée en Amérique A l'approche des côtes américaines,
le capitaine négrier dirige son navire vers le port où il pourra tirer le meilleur
profit pour sa cargaison. Il faut remplir diverses formalités fiscales et sanitaires
et attendre quarante jours (la fameuse quarantaine quoi) pour éviter les maladies.
Ce temps de quarantaine permet de "rafraîchir" les esclaves qui sont lavés,
rasés, huilés et mieux nourris. La vente est annoncée par des affiches,
à la criée ou par des coursiers qu'on envoie dans des plantations.
Elle a lieu soit sur une place du port soit plus fréquemment sur le pont du navire. Les
esclaves sont regroupés par lots de 4 à 10. Ils montent sur une estrade ou un
tonneau pour que les planteurs puissent les observer. Les “pièces d'Inde” sont
les plus recherchées. Le prix dépend de l'âge. Au-delà de 35 ans, un esclave est trop vieux.
La vente se fait aux enchères et seul un tiers est payé comptant. Comme au départ, c'est le
règne du troc et fréquemment, les esclaves sont échangés contre du sucre, du tabac ou du café.
Est-ce un commerce rentable finalement ? En fait, c'est très aléatoire et il faut avoir
l'esprit joueur. Si certaines expéditions peuvent rapporter 100 à 150 % de profit,
d'autres sont très déficitaires. Le profit moyen reste modeste : de 5 à 10 % pour les Hollandais,
6 % pour les Nantais et 10 % pour les Anglais, ceux dont les expéditions sont
les plus rentables. Les grandes fortunes qui se font construire des hôtels particuliers à
Nantes ou à Bordeaux s'enrichissent donc plutôt du commerce classique des produits coloniaux.
Des produits qui restent quand même le fruit du travail des esclaves. Justement, les esclaves
sont bien loin de tous ces calculs et une fois vendus, ils partent pour une vie difficile de
labeur. Souvent, leurs nouveaux propriétaires ne les mettent pas de suite au travail et
leur accordent une semaine de repos pour se remettre de la traversée. Ce qui clairement
ne suffit pas et la moitié d'entre eux décède dans les trois ans qui suivent leur arrivée.
A propos des navires négriers, William Wilberforce, un abolitionniste britannique
a dit : « Le monde n'a jamais connu autant de misères dans un espace aussi petit ».
Plus de 12 millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont été arrachés à leur
terre d'origine pour travailler sur le continent américain : 90 %
sur la seule période entre 1700 et 1850. 1,8 million d'entre eux meurent durant le
voyage et 1,5 million trouvent la mort au cours de leur première année de travail.
Pour être tout à fait complet, précisons que les Européens n'ont pas le monopole
de ce commerce d'êtres humains. On l'a déjà abordé dans deux épisodes dédiés
à l'esclavage sur la chaîne mais la traite orientale, organisée par les pays africains
et arabes concerne plus de monde encore, soit 17 millions d'esclaves. Elle commence aussi
beaucoup plus tôt pour finir plus tard (du VIIe siècle au début du XXe siècle).
A ça, pour faire des trucs pas jojos, on sait se tirer la bourre ! Merci à Stéphane Genêt
pour la préparation de cette émission, merci à vous qui continuez de la soutenir après toutes
ces années que ça soit à travers des vidéos légères ou un peu moins comme celle ci !
Je vous l'ai précisé au début de la vidéo, les éditions 10*18, qui sont partenaires de l'émission
depuis un moment maintenant, ont sorti la version française du thriller historique, “Blood and
Sugar”, de Laura Shepherd Robinson. Un premier roman pour cette autrice qui a été largement
salué par la critique et qui a même été élu roman de l'année 2019 par le Guardian et le Telegraph.
Blood and Sugar c'est l'histoire d'une enquête. Un abolitionniste engagé a été mutilé, de la même
manière que les esclaves, puis pendu à un crochet sur le quai du port de Deptford. Un de ses amis,
le capitaine Harry Corsham, un héros de guerre qui se lance dans la politique, décide de mettre en
danger sa carrière pour mener l'enquête et trouver le secret que s'apprêtait à révéler la victime. Un
secret qui pourrait mettre à mal tout le commerce des esclaves. On a donc un roman qui nous promet
à la fois une enquête avec des rebondissements et des personnages forts mais aussi un contexte
historique lourd, qui est celui que nous avons vu ensemble dans cet épisode : celui du commerce
triangulaire. Et ce qui est particulièrement intéressant, c'est que quand on évoque cette
traite des esclaves, on regarde surtout du côté des Etats-Unis, et pas vraiment de l'Europe.
Ici c'est vraiment l'occasion de découvrir l'horreur de la traite négrière du côté de
la Grande-Bretagne et de manière pas chiante du tout ! Je vous mets un lien en description si
vous voulez commander l'ouvrage. On se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode. Ciao !