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MÉRIMÉE, Prosper : Colomba, MÉRIMÉE, Prosper : Colomba - chapitre V

MÉRIMÉE, Prosper : Colomba - chapitre V

Le lendemain, un peu avant le retour des chasseurs, miss Nevil, revenant d'une promenade au bord de la mer, regagnait l'auberge avec sa femme de chambre, lorsqu'elle remarqua une jeune femme vêtue de noir, montée sur un cheval de petite taille, mais vigoureux, qui entrait dans la ville. Elle était suivie d'une espèce de paysan, à cheval aussi, en veste de drap brun trouée aux coudes, une gourde en bandoulière, un pistolet pendant à la ceinture; à la main, un fusil, dont la crosse reposait dans une poche de cuir attachée à l'arçon de la selle; bref, en costume complet de brigand de mélodrame ou de bourgeois corse en voyage. La beauté remarquable de la femme attira d'abord l'attention de miss Nevil. Elle paraissait avoir une vingtaine d'années. Elle était grande, blanche, les yeux bleu foncé, la bouche rose, les dents comme de l'émail. Dans son expression on lisait à la fois l'orgueil, l'inquiétude et la tristesse. Sur la tête, elle portait ce voile de soie noire nommé mezzaro, que les Génois ont introduit en Corse, et qui sied si bien aux femmes. De longues nattes de cheveux châtains lui formaient comme un turban autour de la tête. Son costume était propre, mais de la plus grande simplicité.

Miss Nevil eut tout le temps de la considérer, car la dame au mezzaro s'était arrêtée dans la rue à questionner quelqu'un avec beaucoup d'intérêt, comme il semblait à l'expression de ses yeux; puis, sur la réponse qui lui fut faite, elle donna un coup de houssine à sa monture, et, prenant le grand trot, ne s'arrêta qu'à la porte de l'hôtel où logeaient sir Thomas Nevil et Orso. Là, après avoir échangé quelques mots avec l'hôte, la jeune femme sauta lestement à bas de son cheval et s'assit sur un banc de pierre à côté de la porte d'entrée, tandis que son écuyer conduisait les chevaux à l'écurie. Miss Lydia passa avec son costume parisien devant l'étrangère sans qu'elle levât les yeux. Un quart d'heure après, ouvrant sa fenêtre, elle vit encore la dame au mezzaro assise à la même place et dans la même attitude. Bientôt parurent le colonel et Orso, revenant de la chasse. Alors l'hôte dit quelques mots à la demoiselle en deuil et lui désigna du doigt le jeune della Rebbia. Celle-ci rougit, se leva avec vivacité, fit quelques pas en avant, puis s'arrêta immobile et comme interdite. Orso était tout près d'elle, la considérant avec curiosité. - Vous êtes, dit-elle d'une voix émue, Orso Antonio della Rebbia? Moi, je suis Colomba.

- Colomba! s'écria Orso. Et, la prenant dans ses bras, il l'embrassa tendrement, ce qui étonna un peu le colonel et sa fille, car en Angleterre on ne s'embrasse pas dans la rue. - Mon frère, dit Colomba, vous me pardonnerez si je suis venue sans votre ordre; mais j'ai appris par nos amis que vous étiez arrivé, et c'était pour moi une si grande consolation de vous voir... Orso l'embrassa encore: puis, se tournant vers le colonel: - C'est ma sœur, dit-il, que je n'aurais jamais reconnue si elle ne s'était nommée. - Colomba, le colonel sir Thomas Nevil. - Colonel, vous voudrez bien m'excuser, mais je ne pourrai avoir l'honneur de dîner avec vous aujourd'hui... Ma sœur... - Eh! où diable voulez-vous dîner, mon cher? s'écria le colonel; vous savez bien qu'il n'y a qu'un dîner dans cette maudite auberge, et il est pour nous. Mademoiselle fera grand plaisir à ma fille de se joindre à nous.

Colomba regarda son frère, qui ne se fit pas trop prier, et tous ensemble entrèrent dans la plus grande pièce de l'auberge, qui servait au colonel de salon et de salle à manger. Mademoiselle della Rebbia, présentée à miss Nevil, lui fit une profonde révérence, mais ne dit pas une parole. On voyait qu'elle était très effarouchée et que, pour la première fois de sa vie peut-être, elle se trouvait en présence d'étrangers gens du monde. Cependant dans ses manières il n'y avait rien qui sentît la province. Chez elle l'étrangeté sauvait la gaucherie. Elle plut à miss Nevil par cela même; et comme il n'y avait pas de chambre disponible dans l'hôtel que le colonel et sa suite avaient envahi, miss Lydia poussa la condescendance ou la curiosité jusqu'à offrir à mademoiselle della Rebbia de lui faire dresser un lit dans sa propre chambre. Colomba balbutia quelques mots de remerciement et s'empressa de suivre la femme de chambre de miss Nevil pour faire à sa toilette les petits arrangements que rend nécessaires un voyage à cheval par la poussière et le soleil. En rentrant dans le salon, elle s'arrêta devant les fusils du colonel, que les chasseurs venaient de déposer dans un coin. - Les belles armes! dit-elle; sont-elles à vous?

- Non, ce sont des fusils anglais au colonel. Ils sont aussi bons qu'ils sont beaux. - Je voudrais bien, dit Colomba, que vous en eussiez un semblable.

- Il y en a certainement un dans ces trois-là qui appartient à della Rebbia, s'écria le colonel. Il s'en sert trop bien. Aujourd'hui quatorze coups de fusil, quatorze pièces! Aussitôt s'établit un combat de générosité, dans lequel Orso fut vaincu, à la grande satisfaction de sa sœur, comme il était facile de s'en apercevoir à l'expression de joie enfantine qui brilla tout d'un coup sur son visage, tout à l'heure si sérieux. - Choisissez, mon cher, disait le colonel.

Orso refusait.

- Eh bien! mademoiselle votre sœur choisira pour vous.

Colomba ne se le fit pas dire deux fois: elle prit le moins orné des fusils, mais c'était un excellent Manton de gros calibre. - Celui-ci, dit-elle, doit bien porter la balle.

Son frère s'embarrassait dans ses remerciements lorsque le dîner parut fort à propos pour le tirer d'affaire. Miss Lydia fut charmée de voir que Colomba, qui avait fait quelque résistance pour se mettre à table, et qui n'avait cédé que sur un regard de son frère, faisait en bonne catholique le signe de la croix avant de manger. - Bon, se dit-elle, voilà qui est primitif.

Et elle se promit de faire plus d'une observation intéressante sur ce jeune représentant des vieilles mœurs de la Corse. Pour Orso, il était évidemment un peu mal à son aise, par la crainte sans doute que sa sœur ne dît ou ne fît quelque chose qui sentît trop son village. Mais Colomba l'observait sans cesse et réglait tous ses mouvements sur ceux de son frère. Quelquefois elle le considérait fixement avec une étrange expression de tristesse; et alors, si les yeux d'Orso rencontraient les siens, il était le premier à détourner ses regards, comme s'il eût voulu se soustraire à une question que sa sœur lui adressait mentalement et qu'il comprenait trop bien. On parlait français, car le colonel s'exprimait fort mal on italien. Colomba entendait le français, et prononçait même assez bien le peu de mots qu'elle était forcée d'échanger avec ses hôtes. Après le dîner, le colonel, qui avait remarqué l'espèce de contrainte qui régnait entre le frère et la sœur, demanda avec sa franchise ordinaire à Orso s'il ne désirait point causer seul avec mademoiselle Colomba, offrant dans ce cas de passer avec sa fille dans la pièce voisine. Mais Orso se hâta de le remercier et de dire qu'ils auraient bien le temps de causer à Pietranera. C'était le nom du village où il devait faire sa résidence. Le colonel prit donc sa place accoutumée sur le sofa, et miss Nevil, après avoir essayé plusieurs sujets de conversation, désespérant de faire parler la belle Colomba, pria Orso de lui lire un chant du Dante: c'était son poète favori. Orso choisit le chant de l'Enfer où se trouve l'épisode de Francesca da Rimini, et se mit à lire, accentuant de son mieux ces sublimes tercets, qui expriment si bien le danger de lire à deux un livre d'amour. À mesure qu'il lisait, Colomba se rapprochait de la table, relevait la tête, qu'elle avait tenue baissée; ses prunelles dilatées brillaient d'un feu extraordinaire: elle rougissait et pâlissait tour à tour, elle s'agitait convulsivement sur sa chaise. Admirable organisation italienne, qui, pour comprendre la poésie, n'a pas besoin qu'un pédant lui en démontre les beautés! Quand la lecture fut terminée:

- Que cela est beau! s'écria-t-elle. Qui a fait cela, mon frère?

Orso fut un peu déconcerté, et miss Lydia répondit en souriant que c'état un poète florentin mort depuis plusieurs siècles. - Je te ferai lire le Dante, dit Orso, quand nous serons à Pietranera.

- Mon Dieu, que cela est beau! répétait Colomba: et elle dit trois ou quatre tercets qu'elle avait retenus, d'abord à voix basse, puis, s'animant, elle les déclama tout haut avec plus d'expression que son frère n'en avait mis à les lire. Miss Lydia très étonnée:

- Vois paraissez aimer beaucoup la poésie, dit-elle. Que je vous envie le bonheur que vous aurez à lire le Dante comme un livre nouveau.

- Vous voyez, miss Nevil, disait Orso, quel pouvoir ont les vers du Dante, pour émouvoir ainsi une petite sauvagesse qui ne sait que son Pater... Mais je me trompe; je me rappelle que Colomba est du métier. Tout enfant, elle s'escrimait à faire des vers, et mon père m'écrivait qu'elle était la plus grande voceratrice de Pietranera et de deux lieues à la ronde. Colomba jeta un coup d'oeil suppliant à son frère. Miss Nevil avait ouï parler des improvisatrices corses et mourait d'envie d'en entendre une. Aussi elle s'empressa de prier Colomba de lui donner un échantillon de son talent. Orso s'interposa alors, fort contrarié de s'être si bien rappelé les dispositions poétiques de sa sœur. Il eut beau jurer que rien n'était plus plat qu'une ballata corse, protester que réciter des vers corses après ceux du Dante, c'était trahir son pays, il ne fit qu'irriter le caprice de miss Nevil, et se vit obligé à la fin de dire à sa sœur: - Eh bien! improvise quelque chose, mais que cela soit court.

Colomba poussa un soupir, regarda attentivement pendant une minute le tapis de la table, puis les poutres du plafond; enfin, mettant la main sur ses yeux, comme ces oiseaux qui se rassurent et croient n'être point vus quand ils ne voient point eux-mêmes, chanta, ou plutôt déclama d'une voix mal assurée la serenata qu'on va lire. LA JEUNE FILLE ET LA PALOMBE

« Dans la vallée, bien loin derrière les montagnes, - le soleil n'y vient qu'une heure tous les jours; - il y a dans la vallée une maison sombre, - et l'herbe y croit sur le seuil. - Portes, fenêtres sont toujours fermées. - Nulle fumée ne s'échappe du toit. - Mais à midi, lorsque vient le soleil, - une fenêtre s'ouvre alors, - et l'orpheline s'assied, filant à son rouet: - elle file et chante en travaillant - un chant de tristesse; - mais nul autre chant ne répond au sien. - Un jour, un jour de printemps, - une palombe se posa sur un arbre voisin, - et entendit le chant de la jeune fille. - Jeune fille, dit-elle, tu ne pleures pas seule - un cruel épervier m'a ravi ma compagne. - Palombe, montre-moi l'épervier ravisseur; - fût-il aussi haut que les nuages, - je l'aurai bientôt abattu en terre. - Mais moi, pauvre fille, qui me rendra mon frère, - mon frère maintenant en lointain pays? - Jeune fille, dis-moi où est ton frère, - et mes ailes me porteront près de lui. - Voilà une palombe bien élevée! s'écria Orso en embrassant sa sœur avec une émotion qui contrastait avec le ton de plaisanterie qu'il affectait. - Votre chanson est charmante, dit miss Lydia. Je veux que vous me l'écriviez dans mon album. Je la traduirai en anglais et je la ferai mettre en musique.

Le brave colonel, qui n'avait pas compris un mot, joignit ses compliments à ceux de sa fille. Puis il ajouta:

- Cette palombe dont vous parlez, mademoiselle, c'est cet oiseau que nous ayons mangé aujourd'hui à la crapaudine? Miss Nevil apporta son album et ne fut pas peu surprise de voir l'improvisatrice écrire sa chanson en ménageant le papier d'une façon singulière. Au lieu d'être en vedette, les vers se suivaient sur la même ligne, tant que la largeur de la feuille le permettait, en sorte qu'ils ne convenaient plus à la définition connue des compositions poétiques: « De petites lignes, d'inégale longueur, avec une marge de chaque côté. » Il y avait bien encore quelques observations à faire sur l'orthographe un peu capricieuse de mademoiselle Colomba, qui plus d'une fois, fit sourire miss Nevil, tandis que la vanité fraternelle d'Orso était au supplice. L'heure de dormir étant arrivée, les deux jeunes filles se retirèrent dans leur chambre. Là, tandis que miss Lydia détachait collier, boucles, bracelets, elle observa sa compagne qui retirait de sa robe quelque chose de long comme un busc, mais de forme bien différente pourtant. Colomba mit cela avec soin et presque furtivement sous son mezzaro déposé sur une table; puis elle s'agenouilla et fit dévotement sa prière. Deux minutes après, elle était dans son lit. Très curieuse de son naturel et lente comme une Anglaise à se déshabiller, miss Lydia s'approcha de la table et, feignant de chercher une épingle, souleva le mezzaro et aperçut un stylet assez long, curieusement monté en nacre et en argent; le travail en était remarquable, et c'était une arme ancienne et de grand prix pour un amateur. - Est-ce l'usage ici, dit miss Nevil en souriant, que les demoiselles portent ce petit instrument dans leur corset? - Il le faut bien, répondit Colomba en soupirant. Il y a tant de méchantes gens!

- Et auriez-vous vraiment le courage d'en donner un coup comme cela? Et miss Nevil, le stylet à la main, faisait le geste de frapper, comme on frappe au théâtre, de haut en bas.

- Oui, si cela était nécessaire, dit Colomba de sa voix douce et musicale, pour me défendre ou défendre mes amis... Mais ce n'est pas comme cela qu'il faut le tenir; vous pourriez vous blesser, si la personne que vous voulez frapper se retirait. Et se levant sur son séant: Tenez, c'est ainsi, en remontant le coup. Comme cela il est mortel, dit-on. Heureux les gens qui n'ont pas besoin de telles armes! Elle soupira, abandonna sa tête sur l'oreiller et ferma les yeux. On n'aurait pu voir une tête plus belle, plus noble, plus virginale. Phidias, pour sculpter sa Minerve, n'aurait pas désiré un autre modèle.

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MÉRIMÉE, Prosper : Colomba - chapitre V MÉRIMÉE, Prosper: Colomba - chapter V

Le lendemain, un peu avant le retour des chasseurs, miss Nevil, revenant d'une promenade au bord de la mer, regagnait l'auberge avec sa femme de chambre, lorsqu'elle remarqua une jeune femme vêtue de noir, montée sur un cheval de petite taille, mais vigoureux, qui entrait dans la ville. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||великолепно||||| Elle était suivie d'une espèce de paysan, à cheval aussi, en veste de drap brun trouée aux coudes, une gourde en bandoulière, un pistolet pendant à la ceinture; à la main, un fusil, dont la crosse reposait dans une poche de cuir attachée à l'arçon de la selle; bref, en costume complet de brigand de mélodrame ou de bourgeois corse en voyage. |||||||||||||||дырок (в)||||||поясной сумке||||||||||||||приклад|||||||||арка|||||||||||мелодрама|||||| She was followed by a sort of peasant, also on horseback, in a brown cloth jacket with elbows, a gourd slung over his shoulder, a pistol hanging from his belt; in his hand, a rifle, the butt of which rested in a leather pocket attached to the pommel of the saddle; in short, in full costume of melodrama brigand or Corsican bourgeois on a journey. La beauté remarquable de la femme attira d'abord l'attention de miss Nevil. Elle paraissait avoir une vingtaine d'années. She appeared to be in her twenties. Elle était grande, blanche, les yeux bleu foncé, la bouche rose, les dents comme de l'émail. |||||||||||||||эмаль Dans son expression on lisait à la fois l'orgueil, l'inquiétude et la tristesse. In her expression we read at the same time pride, worry and sadness. Sur la tête, elle portait ce voile de soie noire nommé mezzaro, que les Génois ont introduit en Corse, et qui sied si bien aux femmes. |||||||||||меззаро|||||||||||||| On her head, she wore this veil of black silk called mezzaro, which the Genoese introduced in Corsica, and which suits women so well. De longues nattes de cheveux châtains lui formaient comme un turban autour de la tête. ||||||||||тюрбан|||| Son costume était propre, mais de la plus grande simplicité.

Miss Nevil eut tout le temps de la considérer, car la dame au mezzaro s'était arrêtée dans la rue à questionner quelqu'un avec beaucoup d'intérêt, comme il semblait à l'expression de ses yeux; puis, sur la réponse qui lui fut faite, elle donna un coup de houssine à sa monture, et, prenant le grand trot, ne s'arrêta qu'à la porte de l'hôtel où logeaient sir Thomas Nevil et Orso. ||||||||||||||остановилась||||||||||||||||||||||||||||||||Хуссин|||||||||||||||||логировали||||| Miss Nevil had plenty of time to consider her, for the lady with the mezzaro had stopped in the street to question someone with much interest, as it seemed to the expression of her eyes; then, on the answer which was given to her, she kicked her horse, and, taking the big trot, stopped only at the door of the hotel where Sir Thomas Nevil and Orso were staying. Là, après avoir échangé quelques mots avec l'hôte, la jeune femme sauta lestement à bas de son cheval et s'assit sur un banc de pierre à côté de la porte d'entrée, tandis que son écuyer conduisait les chevaux à l'écurie. |||||||гостем|||||||||||||||||||||||||||||||| There, after exchanging a few words with the host, the young woman quickly jumped down from her horse and sat on a stone bench next to the front door, while her squire led the horses to the stable. Miss Lydia passa avec son costume parisien devant l'étrangère sans qu'elle levât les yeux. ||||||||иностранка|||подняла|| Miss Lydia passed with her Parisian costume in front of the stranger without her looking up. Un quart d'heure après, ouvrant sa fenêtre, elle vit encore la dame au mezzaro assise à la même place et dans la même attitude. Bientôt parurent le colonel et Orso, revenant de la chasse. Soon appeared the colonel and Orso, returning from the hunt. Alors l'hôte dit quelques mots à la demoiselle en deuil et lui désigna du doigt le jeune della Rebbia. Then the host said a few words to the mourning lady and pointed to the young della Rebbia. Celle-ci rougit, se leva avec vivacité, fit quelques pas en avant, puis s'arrêta immobile et comme interdite. She blushed, got up quickly, took a few steps forward, then stopped motionless and as if forbidden. Orso était tout près d'elle, la considérant avec curiosité. - Vous êtes, dit-elle d'une voix émue, Orso Antonio della Rebbia? - You are, she said in a touched voice, Orso Antonio della Rebbia? Moi, je suis Colomba.

- Colomba! s'écria Orso. Et, la prenant dans ses bras, il l'embrassa tendrement, ce qui étonna un peu le colonel et sa fille, car en Angleterre on ne s'embrasse pas dans la rue. ||||||||||||||||||||||||обнимаются|||| And, taking her in his arms, he kissed her tenderly, which surprised the colonel and his daughter a little, because in England you don't kiss on the street. - Mon frère, dit Colomba, vous me pardonnerez si je suis venue sans votre ordre; mais j'ai appris par nos amis que vous étiez arrivé, et c'était pour moi une si grande consolation de vous voir... "My brother," said Colomba, "you will forgive me if I came without your order; but I learned from our friends that you had arrived, and it was such a great comfort to see you ... Orso l'embrassa encore: puis, se tournant vers le colonel: - C'est ma sœur, dit-il, que je n'aurais jamais reconnue si elle ne s'était nommée. "It is my sister," he said, "whom I would never have recognized had she not been named. - Colomba, le colonel sir Thomas Nevil. - Colonel, vous voudrez bien m'excuser, mais je ne pourrai avoir l'honneur de dîner avec vous aujourd'hui... Ma sœur... - Eh! où diable voulez-vous dîner, mon cher? s'écria le colonel; vous savez bien qu'il n'y a qu'un dîner dans cette maudite auberge, et il est pour nous. cried the colonel; you know very well that there is only one dinner in this accursed inn, and it is for us. Mademoiselle fera grand plaisir à ma fille de se joindre à nous.

Colomba regarda son frère, qui ne se fit pas trop prier, et tous ensemble entrèrent dans la plus grande pièce de l'auberge, qui servait au colonel de salon et de salle à manger. Colomba looked at her brother, who didn't need to be asked too long, and all together went into the largest room of the inn, which served as the colonel's living room and dining room. Mademoiselle della Rebbia, présentée à miss Nevil, lui fit une profonde révérence, mais ne dit pas une parole. On voyait qu'elle était très effarouchée et que, pour la première fois de sa vie peut-être, elle se trouvait en présence d'étrangers gens du monde. Cependant dans ses manières il n'y avait rien qui sentît la province. |||||||||пахло|| Chez elle l'étrangeté sauvait la gaucherie. |||спасала||неловкость With her, strangeness saved awkwardness. Elle plut à miss Nevil par cela même; et comme il n'y avait pas de chambre disponible dans l'hôtel que le colonel et sa suite avaient envahi, miss Lydia poussa la condescendance ou la curiosité jusqu'à offrir à mademoiselle della Rebbia de lui faire dresser un lit dans sa propre chambre. |||||||||||||||||||||||||||||||снисходительность||||||||||||||||||| She pleased Miss Nevil for that very reason; and as there was no room available in the hotel which the Colonel and his retinue had invaded, Miss Lydia pushed condescension or curiosity so far as to offer Mademoiselle della Rebbia to have a bed made for her in her own room. . Colomba balbutia quelques mots de remerciement et s'empressa de suivre la femme de chambre de miss Nevil pour faire à sa toilette les petits arrangements que rend nécessaires un voyage à cheval par la poussière et le soleil. Colomba stammered out a few words of thanks and hastened to follow Miss Nevil's chambermaid to make the little arrangements for her toilet necessitated by a trip on horseback through the dust and the sun. En rentrant dans le salon, elle s'arrêta devant les fusils du colonel, que les chasseurs venaient de déposer dans un coin. On entering the living room, she stopped in front of the colonel's guns, which the hunters had just placed in a corner. - Les belles armes! dit-elle; sont-elles à vous?

- Non, ce sont des fusils anglais au colonel. Ils sont aussi bons qu'ils sont beaux. - Je voudrais bien, dit Colomba, que vous en eussiez un semblable. ||||||||имели бы|| "I would very much like you to have a similar one," said Colomba.

- Il y en a certainement un dans ces trois-là qui appartient à della Rebbia, s'écria le colonel. Il s'en sert trop bien. Aujourd'hui quatorze coups de fusil, quatorze pièces! Today fourteen gunshots, fourteen pieces! Aussitôt s'établit un combat de générosité, dans lequel Orso fut vaincu, à la grande satisfaction de sa sœur, comme il était facile de s'en apercevoir à l'expression de joie enfantine qui brilla tout d'un coup sur son visage, tout à l'heure si sérieux. Immediately a battle of generosity was established, in which Orso was defeated, to the great satisfaction of his sister, as it was easy to notice by the expression of childish joy which suddenly shone on his face, just now so serious. - Choisissez, mon cher, disait le colonel.

Orso refusait.

- Eh bien! mademoiselle votre sœur choisira pour vous.

Colomba ne se le fit pas dire deux fois: elle prit le moins orné des fusils, mais c'était un excellent Manton de gros calibre. ||||||||||||||||||||Мантон|||калибра Colomba was not told twice: she took the least decorated with rifles, but it was an excellent Manton of large caliber. - Celui-ci, dit-elle, doit bien porter la balle. - This one, she said, must carry the ball well.

Son frère s'embarrassait dans ses remerciements lorsque le dîner parut fort à propos pour le tirer d'affaire. ||смущался|||||||||||||| His brother was embarrassed in his thanks when dinner seemed very timely to get him out of trouble. Miss Lydia fut charmée de voir que Colomba, qui avait fait quelque résistance pour se mettre à table, et qui n'avait cédé que sur un regard de son frère, faisait en bonne catholique le signe de la croix avant de manger. Miss Lydia was charmed to see that Colomba, who had made some resistance to sit at the table, and who had yielded only on the look of her brother, made a good Catholic sign of the cross before eating. - Bon, se dit-elle, voilà qui est primitif.

Et elle se promit de faire plus d'une observation intéressante sur ce jeune représentant des vieilles mœurs de la Corse. ||||||||||||||||обычаев||| Pour Orso, il était évidemment un peu mal à son aise, par la crainte sans doute que sa sœur ne dît ou ne fît quelque chose qui sentît trop son village. ||||||||||||||||||||сказала|||||||||| For Orso, he was obviously a little uneasy, probably out of fear that his sister would say or do something that smelled too much of his village. Mais Colomba l'observait sans cesse et réglait tous ses mouvements sur ceux de son frère. ||наблюдала за ним|||||||||||| Quelquefois elle le considérait fixement avec une étrange expression de tristesse; et alors, si les yeux d'Orso rencontraient les siens, il était le premier à détourner ses regards, comme s'il eût voulu se soustraire à une question que sa sœur lui adressait mentalement et qu'il comprenait trop bien. Sometimes she stared at him with a strange expression of sadness; and then, if Orso's eyes met his, he was the first to look away, as if he wanted to avoid a question that his sister was mentally asking him and that he understood too well. On parlait français, car le colonel s'exprimait fort mal on italien. Colomba entendait le français, et prononçait même assez bien le peu de mots qu'elle était forcée d'échanger avec ses hôtes. Après le dîner, le colonel, qui avait remarqué l'espèce de contrainte qui régnait entre le frère et la sœur, demanda avec sa franchise ordinaire à Orso s'il ne désirait point causer seul avec mademoiselle Colomba, offrant dans ce cas de passer avec sa fille dans la pièce voisine. After dinner, the colonel, who had noticed the kind of constraint which reigned between the brother and the sister, asked with his usual frankness to Orso if he did not wish to chat alone with Mademoiselle Colomba, offering in this case to pass with his daughter in the next room. Mais Orso se hâta de le remercier et de dire qu'ils auraient bien le temps de causer à Pietranera. But Orso hastened to thank him and say that they would have enough time to talk to Pietranera. C'était le nom du village où il devait faire sa résidence. Le colonel prit donc sa place accoutumée sur le sofa, et miss Nevil, après avoir essayé plusieurs sujets de conversation, désespérant de faire parler la belle Colomba, pria Orso de lui lire un chant du Dante: c'était son poète favori. Orso choisit le chant de l'Enfer où se trouve l'épisode de Francesca da Rimini, et se mit à lire, accentuant de son mieux ces sublimes tercets, qui expriment si bien le danger de lire à deux un livre d'amour. |||||||||||Франческа|||||||||||||сублимные|||||||||||||| Orso chose the song of Hell where the episode of Francesca da Rimini is found, and began to read, accentuating as best as possible these sublime tercets, which express so well the danger of reading a book of love together. À mesure qu'il lisait, Colomba se rapprochait de la table, relevait la tête, qu'elle avait tenue baissée; ses prunelles dilatées brillaient d'un feu extraordinaire: elle rougissait et pâlissait tour à tour, elle s'agitait convulsivement sur sa chaise. ||||||||||||||||||глаза|расширенные||||||краснела||бледнела||||||||| As he read, Colomba approached the table, raised her head, which she had held down; her dilated pupils shone with an extraordinary fire: she blushed and turned pale in turn, she fidgeted convulsively in her chair. Admirable organisation italienne, qui, pour comprendre la poésie, n'a pas besoin qu'un pédant lui en démontre les beautés! ||||||||||||педант|||||красоты Admirable Italian organization, which, to understand poetry, does not need a pedant to demonstrate its beauty! Quand la lecture fut terminée:

- Que cela est beau! s'écria-t-elle. Qui a fait cela, mon frère?

Orso fut un peu déconcerté, et miss Lydia répondit en souriant que c'état un poète florentin mort depuis plusieurs siècles. ||||||||||||c'était||||||| - Je te ferai lire le Dante, dit Orso, quand nous serons à Pietranera.

- Mon Dieu, que cela est beau! répétait Colomba: et elle dit trois ou quatre tercets qu'elle avait retenus, d'abord à voix basse, puis, s'animant, elle les déclama tout haut avec plus d'expression que son frère n'en avait mis à les lire. |||||||||||||||||вдохновившись|||декламировала|||||||||||||| Miss Lydia très étonnée:

- Vois paraissez aimer beaucoup la poésie, dit-elle. |вы кажетесь|||||| Que je vous envie le bonheur que vous aurez à lire le Dante comme un livre nouveau.

- Vous voyez, miss Nevil, disait Orso, quel pouvoir ont les vers du Dante, pour émouvoir ainsi une petite sauvagesse qui ne sait que son Pater... Mais je me trompe; je me rappelle que Colomba est du métier. ||||||||||||||волновать||||дикарка||||||Отче|||||||||||| Tout enfant, elle s'escrimait à faire des vers, et mon père m'écrivait qu'elle était la plus grande voceratrice de Pietranera et de deux lieues à la ronde. |||усердствовала||||||||писал мне||||||||||||||| As a child, she tried to make verses, and my father wrote to me that she was the greatest vocator of Pietranera and two leagues around. Colomba jeta un coup d'oeil suppliant à son frère. Miss Nevil avait ouï parler des improvisatrices corses et mourait d'envie d'en entendre une. ||||||импровизаторок||||||| Aussi elle s'empressa de prier Colomba de lui donner un échantillon de son talent. Orso s'interposa alors, fort contrarié de s'être si bien rappelé les dispositions poétiques de sa sœur. |встал между|||||||||||||| Il eut beau jurer que rien n'était plus plat qu'une ballata corse, protester que réciter des vers corses après ceux du Dante, c'était trahir son pays, il ne fit qu'irriter le caprice de miss Nevil, et se vit obligé à la fin de dire à sa sœur: |||||||||||||||||||||||||||||раздражать||||||||||||||||| In vain he swore that nothing was flatter than a Corsican ballata, protested that to recite Corsican verses after those of Dante was to betray his country, he only irritated Miss Nevil's caprice, and found himself obliged at the end to say to his sister: - Eh bien! improvise quelque chose, mais que cela soit court. импровизировать|||||||

Colomba poussa un soupir, regarda attentivement pendant une minute le tapis de la table, puis les poutres du plafond; enfin, mettant la main sur ses yeux, comme ces oiseaux qui se rassurent et croient n'être point vus quand ils ne voient point eux-mêmes, chanta, ou plutôt déclama d'une voix mal assurée la serenata qu'on va lire. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||чанта|||||||||||| LA JEUNE FILLE ET LA PALOMBE |||||ГОЛУБЬ

« Dans la vallée, bien loin derrière les montagnes, - le soleil n'y vient qu'une heure tous les jours; - il y a dans la vallée une maison sombre, - et l'herbe y croit sur le seuil. “In the valley, far behind the mountains, - the sun only comes there for an hour every day; - in the valley there is a dark house, - and the grass believes in it on the threshold. - Portes, fenêtres sont toujours fermées. - Nulle fumée ne s'échappe du toit. - Mais à midi, lorsque vient le soleil, - une fenêtre s'ouvre alors, - et l'orpheline s'assied, filant à son rouet: - elle file et chante en travaillant - un chant de tristesse; - mais nul autre chant ne répond au sien. ||||||||||||сиротка|||||барабан|||||||||||||||||| - But at noon, when the sun comes, - a window opens, - and the orphan sits down, spinning at her spinning wheel: - she spins and sings while working - a song of sadness; - but no other song responds to hers. - Un jour, un jour de printemps, - une palombe se posa sur un arbre voisin, - et entendit le chant de la jeune fille. - Jeune fille, dit-elle, tu ne pleures pas seule - un cruel épervier m'a ravi ma compagne. ||||||плачешь|||||ястреб|||| - Young girl, she said, you don't cry alone - a cruel hawk stole my partner from me. - Palombe, montre-moi l'épervier ravisseur; - fût-il aussi haut que les nuages, - je l'aurai bientôt abattu en terre. |||ястреб|похититель||||||||||||| - Pigeon, show me the captive hawk; - even if it were as high as the clouds, - I will soon have shot it to the ground. - Mais moi, pauvre fille, qui me rendra mon frère, - mon frère maintenant en lointain pays? - But I, poor girl, who will give me back my brother, - my brother now in a far country? - Jeune fille, dis-moi où est ton frère, - et mes ailes me porteront près de lui. - Voilà une palombe bien élevée! s'écria Orso en embrassant sa sœur avec une émotion qui contrastait avec le ton de plaisanterie qu'il affectait. |||обнимая|||||||контрастировала||||||| - Votre chanson est charmante, dit miss Lydia. Je veux que vous me l'écriviez dans mon album. |||||написали||| Je la traduirai en anglais et je la ferai mettre en musique. ||переведу||||||||| I will translate it into English and have it set to music.

Le brave colonel, qui n'avait pas compris un mot, joignit ses compliments à ceux de sa fille. Puis il ajouta:

- Cette palombe dont vous parlez, mademoiselle, c'est cet oiseau que nous ayons mangé aujourd'hui à la crapaudine? ||||||||||||||||крепеже - This wood pigeon you are talking about, miss, is this bird that we ate today with a basket? Miss Nevil apporta son album et ne fut pas peu surprise de voir l'improvisatrice écrire sa chanson en ménageant le papier d'une façon singulière. |||||||||||||импровизаторша|||||экономя||||| Au lieu d'être en vedette, les vers se suivaient sur la même ligne, tant que la largeur de la feuille le permettait, en sorte qu'ils ne convenaient plus à la définition connue des compositions poétiques: « De petites lignes, d'inégale longueur, avec une marge de chaque côté. |||||||||||||||||||||||||||||||||композиции|||||недостаточно||||||| Instead of being in the spotlight, the worms followed each other on the same line, as long as the width of the sheet allowed, so that they no longer suited the known definition of poetic compositions: "Small lines, uneven length, with a margin on each side. » Il y avait bien encore quelques observations à faire sur l'orthographe un peu capricieuse de mademoiselle Colomba, qui plus d'une fois, fit sourire miss Nevil, tandis que la vanité fraternelle d'Orso était au supplice. |||||||||||||капризная||||||||||||||||братская|||| There were still a few comments to make on the somewhat capricious spelling of Mademoiselle Colomba, who more than once made Miss Nevil smile, while the fraternal vanity of Orso was at the mercy. L'heure de dormir étant arrivée, les deux jeunes filles se retirèrent dans leur chambre. Là, tandis que miss Lydia détachait collier, boucles, bracelets, elle observa sa compagne qui retirait de sa robe quelque chose de long comme un busc, mais de forme bien différente pourtant. ||||||||||||||||||||||||буск|||||| There, while Miss Lydia untied a necklace, buckles, bracelets, she observed her companion, who was taking something from her dress that was as long as a cheek, but yet very different in shape. Colomba mit cela avec soin et presque furtivement sous son mezzaro déposé sur une table; puis elle s'agenouilla et fit dévotement sa prière. ||||||||||||||||||||покорно|| Deux minutes après, elle était dans son lit. Très curieuse de son naturel et lente comme une Anglaise à se déshabiller, miss Lydia s'approcha de la table et, feignant de chercher une épingle, souleva le mezzaro et aperçut un stylet assez long, curieusement monté en nacre et en argent; le travail en était remarquable, et c'était une arme ancienne et de grand prix pour un amateur. Very curious about her naturalness and slow as an Englishwoman to undress, Miss Lydia approached the table and, pretending to look for a pin, lifted the mezzaro and saw a rather long stylus, curiously mounted in mother-of-pearl and silver; the work was remarkable, and it was an old weapon and of great price for an amateur. - Est-ce l'usage ici, dit miss Nevil en souriant, que les demoiselles portent ce petit instrument dans leur corset? ||||||||||||||||||корсете "Is it the custom here," said Miss Nevil, smiling, "for the ladies to wear this little instrument in their corset?" - Il le faut bien, répondit Colomba en soupirant. "It must be," replied Colomba, sighing. Il y a tant de méchantes gens!

- Et auriez-vous vraiment le courage d'en donner un coup comme cela? Et miss Nevil, le stylet à la main, faisait le geste de frapper, comme on frappe au théâtre, de haut en bas. And Miss Nevil, stylus in hand, made the gesture of hitting, as one strikes in the theater, from top to bottom.

- Oui, si cela était nécessaire, dit Colomba de sa voix douce et musicale, pour me défendre ou défendre mes amis... Mais ce n'est pas comme cela qu'il faut le tenir; vous pourriez vous blesser, si la personne que vous voulez frapper se retirait. - Yes, if that was necessary, said Colomba in her soft, musical voice, to defend myself or my friends ... But that's not the way to hold it; you could be injured if the person you want to hit withdrew. Et se levant sur son séant: Tenez, c'est ainsi, en remontant le coup. |||||séant||||||| And rising on his side: Hold, that's it, going up the blow. Comme cela il est mortel, dit-on. Heureux les gens qui n'ont pas besoin de telles armes! Elle soupira, abandonna sa tête sur l'oreiller et ferma les yeux. ||абandonила|||||||| She sighed, dropped her head on the pillow and closed her eyes. On n'aurait pu voir une tête plus belle, plus noble, plus virginale. |||||||||||девственной Phidias, pour sculpter sa Minerve, n'aurait pas désiré un autre modèle. Фидий||||Минерву||||||