Journal en français facile 03/09/2020 20h00 GMT
Loïc Bussières : 22h à Paris, 2h de moins en temps universel. Bonsoir à tous, ravi de vous retrouver pour votre Journal en français facile et ravi de vous retrouver, Zéphyrin Kouadio, à mes côtés pour présenter cette édition.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir Loïc, bonsoir à tous.
LB : À la une de l'actualité : 100 milliards d'euros pour relancer l'économie française. Jean Castex présentait aujourd'hui le plan du Gouvernement pour retrouver le niveau d'avant la crise du Covid. ZK : L'appel de Bruxelles à Moscou. La Russie doit faire son possible pour enquêter sur l'empoisonnement de l'opposant Alexeï Navalny. Un empoisonnement toujours démenti par le Kremlin.
LB : Et puis des avions étrangers de nouveau sur les pistes chinoises. Un premier vol en provenance de Phnom Penh a atterri à Pékin pour la première fois depuis le début de la pandémie de coronavirus.
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ZK : « France Relance », c'est donc le nom du plan dévoilé à la mi-journée par Jean Castex pour tenter de répondre à la crise du Covid-19. LB : 100 milliards d'euros sur deux ans avec « des effets concrets pour le plus grand nombre » assure le Premier ministre. Objectif : permettre à la France de retrouver son « niveau de richesse d'avant la crise » d'ici 2022. Avec donc un plan organisé autour de trois priorités : la compétitivité des entreprises, la cohésion sociale et la transition écologique, pour laquelle 30 des 100 milliards prévus doivent être consacrés. Agnès Rougier.
Consacrer 1/3 du plan de relance à la transition écologique, tout le monde s'accorde à dire que cela va donner un coup d'accélérateur. Pour Jean-Baptiste Lebrun, Directeur du CLER – Réseau pour la transition énergétique, « c'est une opportunité historique d'investir pour la transition écologique et sociale ». Sur les 30 milliards d'euros, le plan prévoit notamment : 6 milliard 7 pour la rénovation thermique, 4 milliards 7 pour le rail, 2 milliards dans l'hydrogène et un peu plus d'un milliard pour l'agriculture et l'alimentation. Mais les organisations non gouvernementales soulignent les limites du plan de relance, en particulier parce qu'il ne contient rien sur la baisse du trafic routier ou aérien, et qu'il favorise le financement de technologies et projets incompatibles avec les principes de la transition écologique comme le nucléaire, ou de nouvelles infrastructures routières. Pour Greenpeace, ce plan est donc une occasion ratée de rompre avec une économie productiviste et très carbonée, incompatible avec les objectifs de l'Accord de Paris. À l'IDDRI, Sébastien Treyer souligne que « C'est un signal important, mais il reste à en préciser la mise en œuvre, qui devrait s'accompagner d'une transformation plus profonde de notre modèle économique ». LB : Parmi les autres réactions à l'annonce de ce plan de relance, on citera également celles également prudentes de l'opposition. La gauche et les écologistes jugent les mesures pas assez vertes. Il ne va « pas assez loin » pour le Rassemblement national quand Les Républicains craignent qu'il ne soit « une bombe à retardement pour les finances publiques ». ZK : Concernant la pandémie de Covid-19 à l'origine justement de ce plan de relance, les chiffres sont toujours à la hausse en France. LB : Avec plus de 7 000 nouveaux cas d'infection ces dernières 24 heures, selon Santé publique France. Le nombre de patients en réanimation progresse également pour la 3e journée consécutive. Pour atteindre 464. Une vingtaine de décès supplémentaires est également enregistrée.
ZK : Et puis toujours en France, Emmanuel Macron reçoit demain son homologue ivoirien.
LB : Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession pour l'élection présidentielle du 31 octobre. Le chef de l'État avait pourtant salué au mois de mars la décision d'Alassane Ouattara de renoncer à briguer un troisième mandat, qui voulait, disait-il « transférer le pouvoir à une jeune génération ». Avant de changer d'avis le mois dernier après le décès soudain de son Premier ministre qu'il avait fait investir comme candidat de son parti. L'annonce de sa candidature a provoqué des manifestations qui ont dégénéré en violences ayant fait une quinzaine de morts. ZK : Dans l'actualité également, l'Union européenne appelle Moscou à enquêter sur l'empoisonnement de l'opposant russe, Alexeï Navalny. LB : Le Gouvernement russe doit « faire tout son possible, en toute transparence » demande le chef de la diplomatie européenne Joseph Borrell. Hier, c'est Angela Merkel qui pressait Moscou de s'expliquer dans cette affaire affirmant qu'Alexeï Navalny avait bien été empoisonné ce que démentent toujours les autorités russes. ZK : En Biélorussie, Alexandre Loukachenko fait le ménage à la tête de services chargés de venir à bout de la contestation qui dure depuis plus de trois semaines.
LB : Le président biélorusse a remanié la direction des organes de sécurité. Les patrons du Service de sécurité (KGB), du Conseil de sécurité et de la Commission de contrôle de l'État ont été remplacés. Ces changements se sont produits le jour-même de la venue dans la capitale du Premier ministre russe, Anastasia Becchio.
Faut-il y voir un geste de bonne volonté envoyé à Moscou ? En pleine crise politique, alors que des milliers de Biélorusses continuent de manifester contre sa réélection jugée frauduleuse, Alexandre Loukachenko décide de remplacer son chef des services de sécurité. Formellement, Valéri Vakoultchik est promu au poste secrétaire du Conseil de sécurité du pays, mais dans les faits, ses pouvoirs seront très limités. Il est remplacé par Ivan Tertel, qui jusque-là dirigeait le Comité de contrôle étatique. Or ce dernier avait de bien meilleurs relations avec le FSB russe note l'analyste Mark Galeotti, sur son compte Twitter. Selon ce bon connaisseur des services de sécurité russes, l'ancien chef du KGB était moins bien disposé envers Moscou. Valéri Vakoultchik s'opposait à « la pénétration de Moscou ». Le Kremlin cherche depuis des années, à approfondir son intégration économique et politique avec son voisin, un projet auquel Alexandre Loukachenko s'est jusque-là, lui aussi vivement opposé, allant jusqu'à accuser Moscou de vouloir vassaliser son pays. Mais, sous la pression des événements dans son pays, le ton a changé : Moscou et Minsk on « tiré la leçon » des protestations en Biélorussie a-t-il déclaré aux côtés du Premier ministre russe. Mikhail Michoustine a, lui, fait état de « progrès » sur plusieurs sujets des relations bilatérales, notamment l' « avenir de l'Union » russo-biélorusse. Un sujet qu'Alexandre Loukachenko aura le loisir d'approfondir avec Vladimir Poutine lors d'une rencontre prévue prochainement en Russie. ZK : On évoquait un peu plus tôt la pandémie de Covid-19. En Chine, un avion en provenance de l'étranger a pu pour la première fois se poser à Pékin. LB : Cela faisait plus de 5 mois que ce n'était pas arrivé dans la capitale chinoise. Une mesure destinée à contenir les cas de Covid importé. Ce jeudi, les liaisons internationales vers Pékin ont donc repris de manière très progressive toutefois : 8 pays sont dans un premier temps concernés. Sur place les précisions Stéphane Lagarde.
Pékin de nouveau ville ouverte. Inutile de dire qu'après 164 jours de ciel sans avions étranger, ce premier vol d'Air China en provenance de Phnom Penh ce jeudi est très attendu par le secteur du tourisme et perçu par une partie des Pékinois comme le signe d'un retour presque à la normale. « Presque », car si depuis le 26 août la capitale chinoise ne compte plus officiellement aucun cas de Covid, cet « essai » annoncé par l'administration de l'aviation civile en Chine reste pour l'instant limité à des pays je cite « avec un nombre relativement faible de cas importés » : Thailande, Cambodge et Pakistan (pour l'Asie), Grèce, Danemark, Autriche et Suède (pour l'Europe) et Canada pour (l'Amérique du Nord.) Depuis le 23 mars dernier aucun vols directs international n'a pu se poser à Pékin. Les appareils étaient tous réacheminés vers des villes tierces ou les passagers passaient des tests et restaient 14 jours en quarantaine. Ce système dit du « disjoncteur » destiné à casser le courant des transmissions de la pneumonie virale va être maintenu sur Pékin. Pas plus de 500 voyageurs par jours seront autorisés à débarquer dans un premier temps, et tous seront amenés à leur arrivée à passer deux tests Covid et à rester isoler deux semaines en observation médicale dans des hôtels dédiés. Un « essai » donc qui témoigne d'un contrôle de la situation épidémique en Chine, mais aussi d'une plus grande flexibilité des responsables de la santé publique jusqu'alors obsédés par leur objectif « zéro covid », difficile à atteindre sans vaccin dans les sociétés ouvertes. « Nous devons trouver un équilibre entre la normalisation de la prévention des épidémies et la poursuite de l'action affirme Sheng Guanggyao cité par le Global Times. Si nous voulons devenir une métropole avec un certain rôle et une certaine influence dans le monde alors nous devons restaurer la communication internationale poursuit ce chercheur à l'institut d'études urbaines et environnementales de l'Académie des sciences sociales à Pékin La reprise des vols montre que Pékin est de retour sur les rails. ZK : Et puis c'est aussi une reprise alors que le coronavirus avait empêché la tenue du Festival de Cannes notamment, la Mostra de Venise s'est ouverte hier soir. LB : Contrairement à d'autres, le festival de cinéma italien a maintenu son édition, qui se tiendra jusqu'au 12 septembre. C'est le premier grand festival international à se tenir depuis le début de l'année. Elisabeth Lequeret.
Pas de tapis rouge, pas de stars prenant la pose devant les badauds ou signant des autographes. C'est peu de dire que la cérémonie d'ouverture de cette 77e Mostra restera unique en son genre. Cette année Alberto Barbera le directeur du festival et Cate Blanchett sa présidente du jury ont fait leur discours devant un parterre de spectateurs masqués, et largement dispersés dans la salle pour cause de distanciation. L'ambiance était à l'émotion, à l'auto congratulation et à la célébration du 7e art : la Mostra est le premier grand festival international à se tenir, après un printemps et un été catastrophiques pour le milieu du cinéma. En signe de solidarité les directeurs de grands festivals, et non des moindres entre autres Cannes Berlin et Locarno sont venus pour célébrer ce –certes fragile – redémarrage. La Mostra aura donc bien lieu fut ce dans des conditions acrobatiques, comme en témoigne sa compétition totalement dépourvue cette année de ces blockbuster américains de prestiges, AD Astra, Gravity et autre Birdman, qui les années précédentes brillaient de tous leurs feux sur la lagune.