Journal en français facile 18/06/2020 20h00 GMT
Jérôme Bastion : Bienvenue sur Radio France internationale, il est 22 h à Paris, 20h en temps universel, et c'est l'heure de votre Journal en français facile ! Et à la Une de l'actualité de ce mardi 16 juin : - un sérieux revers de plus pour le Président américain Donald Trump qui entendait suspendre un programme fédéral de protection de travailleurs sans papier, mais la Cour Suprême a validé leur statut qui les éloigne d'un risque d'expulsion. - le 80e anniversaire de l'appel du Général de Gaulle à se soulever contre la capitulation du Maréchal Pétain devant l'Allemagne nazie. C'est de Londres que le mouvement de la résistance fut lancé, et c'est sur les bords de la Tamise qu'Emmanuel Macron a célébré. - Israël de plus en plus divisé, voire déchiré sur les projets d'annexion de toute une partie des territoires palestiniens occupés en Cisjordanie. La coalition gouvernementale ne parvient pas à s'entendre sur l'étendue de cette annexion, Washington refuse de jouer les arbitres. -----
JB : Un nouveau revers infligé par la Cour suprême au président américain Donald Trump. La plus haute instance judiciaire du pays a invalidé sa décision d'annuler le programme DACA, mis en place par l'administration précédente pour protéger près de 700 mille jeunes migrants de l'expulsion. Une décision qui intervient quelques jours après que la Cour a étendu les droits des salariés homosexuels et transgenres. Et Donald Trump n'apprécie pas. Correspondance à Washington Anne Corpet.
C'est comme d'habitude par une salve de tweets furieux que Donald Trump a manifesté sa mauvaise humeur. Il a dénoncé une décision « politique horrible » de la Cour suprême. Le président a aussitôt été suivi au congrès par quelques sénateurs républicains, comme Ted Cruz élu du Texas. « La décision qu'a prise aujourd'hui la Cour suprême est honteuse. Juger n'est pas un jeu. Ce n'est pas supposé être un jeu. Mais malheureusement au cours des dernières années, de plus en plus souvent, le président de la cour, le juge Robert joue avec cette instance pour ses objectifs politiques. Côté démocrate en revanche la nouvelle a été accueillie comme une divine surprise. Chuck Schumer, chef de la minorité au sénat. “ Waouh, quelle décision ! En ces temps très difficiles, la Cour suprême nous a apporté un beau rayon de soleil brillant cette semaine. Je suis si content. Ces jeunes et leurs familles comptent pour moi. Et je pense qu'ils comptent pour toute l'Amérique. ” Mais Donald Trump ne désarme pas. Il a promis de demander une nouvelle fois l'abolition de ce programme qui permet à près de 700 mille jeunes arrivés clandestinement sur le territoire quand ils étaient mineurs de rester légalement dans le pays. JB : Satisfaction en revanche de la grande association de défense des Droits civiques ACLU : cette décision de la Cour Suprême « confirme ce que nous avons toujours su, l'Amérique est leur pays », réagit-elle au sujet des jeunes migrants protégés de l'expulsion par le programme DACA. Facebook a retiré des publicités publiées par la campagne électorale de Donald Trump, qui s'attaquaient à l'extrême gauche et affichaient un triangle rouge inversé, le symbole utilisé par les nazis pour désigner les prisonniers politiques dans les camps de concentration. « Nous n'autorisons pas les symboles qui représentent des organisations haineuses ou des idéologies haïssables à moins que ce soit pour les condamner », a justifié Nathaniel Gleicher, le directeur des règlements sur la cybersécurité chez Facebook, interrogé au Congrès américain jeudi sur un article du Washington Post qui a révélé l'existence de ces publicités. L'économie américaine toujours à la peine : la décrue du chômage semble plus lente que prévu aux États-Unis, malgré la reprise de l'activité. La réouverture de l'économie a toutefois permis à l'industrie manufacturière de renouer avec la croissance en juin. Mais la semaine dernière, 1,5 million de personnes se sont inscrites pour la première fois au chômage, un nombre plus élevé que les 1,35 million escompté par les analystes.
Paris et Londres ont célébré jeudi le 80e anniversaire de l'appel du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle sur les ondes de la BBC. Reçu d'abord par le prince Charles, le président français Emmanuel Macron a témoigné la « reconnaissance infinie » de la République française à Londres, qui abritait alors Charles de Gaulle et était ainsi devenu « berceau de la France libre ». Le chef de l'État s'est ensuite entretenu avec le Premier ministre britannique Boris Johnson. Muriel Delcroix.
À l'honneur lors de cette visite toute symbolique, Londres avait déployé autant de pompe que le permet actuellement le coronavirus. À bonne distance l'un de l'autre Emmanuel Macron et le prince Charles ont chacun déposé une gerbe au pied des statues du roi George VI et du général de Gaulle. Le président français a ensuite remis la Légion d'honneur à la capitale britannique, témoignant de la « gratitude éternelle » de la République. « Il y a 80 ans, jour pour jour, le 18 juin 1940, le Royaume-Uni a tendu à la France libre sa première arme : un micro de la BBC. Les ondes ont alors charrié les mots résolus et l'esprit de résistance de De Gaulle, qui ont comme bâti par-dessus la Manche le pont des réfractaires de la servitude, des obstinés de la liberté. » Le prince Charles a quant à lui appelé à renouveler les liens qui unissent les deux pays dans ces circonstances difficiles : «Gardons en tête les mots du général de Gaulle : "l'espérance doit-elle disparaître ? Non !" Aujourd'hui Monsieur le président, réitérons notre engagement à travailler ensemble pour défendre ce qui nous est le plus cher. » Après cette cérémonie, Emmanuel Macron a rencontré brièvement Boris Johnson à Downing street. L'occasion pour les deux hommes de saupoudrer un peu d' « Entente cordiale » sur les sujets aigres-doux du Brexit et des mesures de quarantaine imposées par le Royaume-Uni, que la France voudrait voir alléger. JB : Quels sont les projets du gouvernement israélien vis-à-vis de l'annexion de certains pans des territoires palestiniens occupés ? L'accord de coalition signé entre Benyamin Netanyahu et Benny Gantz permet au Premier ministre d'avancer sur ce dossier à partir du 1er juillet. Mais les deux partenaires de coalition ne semblent pas être en phase sur ce dossier. Une nouvelle rencontre ce mercredi soir entre les deux têtes de l'exécutif a souligné une fois de plus leurs divergences. À Jérusalem, la correspondance de Guilhem Delteil.
C'était la troisième rencontre en l'espace de 4 jours. Le chef du gouvernement Benyamin Netanyahu et Yariv Levin, le président du parlement, pour le Likud. Le Premier ministre alternant Benny Gantz et le chef de la diplomatie Gabi Ahskenazi pour Bleu-Blanc. Ce mercredi soir, les 4 hommes se sont une nouvelle fois rencontrés pour discuter des projets d'annexion du gouvernement israélien. Ils s'étaient déjà retrouvés pendant plusieurs heures dimanche puis lundi. Au cours de cette réunion, Benyamin Netanyahu aurait présenté quatre possibles scénarios d'annexion, allant d'une annexion de 30 % de la Cisjordanie à celle plus restreinte de quelques colonies. Mais ses partenaires de coalition semblent toujours opposés à ses projets, réclamant notamment de sa part un engagement à mettre en place l'intégralité du plan Trump, qui évoque la création d'un État palestinien. Les deux premières rencontres de dimanche et lundi s'étaient tenues en présence de l'ambassadeur américain en Israël. Mais les États-Unis demandent désormais aux deux parties de se mettre d'accord. Pour l'heure, les deux partenaires fourbissent leurs armes : Bleu-Blanc veut développer une relation de confiance avec Jared Kushner, l'auteur du plan de paix américain et gendre de Donald Trump. Netanyahu, lui, menace de quatrièmes élections dont Bleu-Blanc pourrait sortir perdant.
JB : En France la Commission nationale consultative des droits de l'Homme a rendu au Premier ministre un rapport sur le racisme contre les personnes noires. Marie Casadebaig l'a lu pour vous. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans l'espace public, les personnes noires subissent au quotidien ; préjugés offensants et discriminations. Des difficultés d'accès au logement, à l'emploi, une sous-représentation à la télévision, un rôle de victimes dans les manuels scolaires. Ce qui s'exprime en France, selon le rapport, c'est un racisme cru, animalisant et violent, construit par opposition à une norme blanche. Le document souligne un paradoxe, entre l'opinion des Français, pour qui la minorité noire est la mieux acceptée, et les faits. Et se penche aussi sur les racines de ce racisme. Elles sont, pour la commission, historiques. Les traites négrières, l'esclavage et la colonisation ont forgé un racisme, dit d'exploitation. Ils nourrissent encore aujourd'hui une série de préjugés, autant sur les capacités intellectuelles que physiques des personnes noires. Et un lien presque automatique avec l'ailleurs, l'étranger. Pour lutter contre ce racisme, la CNCDH recommande aux autorités françaises de mieux analyser les différences de traitement en fonction de la couleur de peau, notamment dans les services publics, les commissariats et les gendarmeries. De lancer des campagnes de communication sur les stéréotypes ou encore d'axer davantage les programmes scolaires sur les racines multiculturelles de la France et leurs apports à la culture nationale.