×

Χρησιμοποιούμε cookies για να βελτιώσουμε τη λειτουργία του LingQ. Επισκέπτοντας τον ιστότοπο, συμφωνείς στην πολιτική για τα cookies.


image

LA MACHINE À EXPLORER LE TEMPS, CHAPITRE VIII – EXPLORATIONS (2)

CHAPITRE VIII – EXPLORATIONS (2)

Je doutais de mes yeux.

« Le ciel s'éclaira vers l'est ; la lumière du jour monta, répandit une fois de plus ses couleurs éclatantes sur le monde, et je scrutai anxieusement les alentours. Mais je ne vis aucun vestige de mes formes blanches. C'étaient simplement des apparences du demi-jour.

« Si ces formes étaient des esprits, me disais-je, je me demande quel pourrait bien être leur âge. Car une théorie fantaisiste de Grant Allen me vint à l'esprit et m'amusa. Si chaque génération qui meurt, argumente-t-il, laisse des esprits, le monde en sera finalement surencombré. D'après cela, leur nombre eût été incalculable dans environ huit cent mille ans d'ici, et il n'eût pas été surprenant d'en voir quatre à la fois. Mais la plaisanterie n'était pas convaincante et je ne fis que penser à ces formes toute la matinée, jusqu'à ce que l'arrivée de Weena eût chassé ces préoccupations. Je les associais d'une façon vague à l'animal blanc que j'avais vu s'enfuir lors de ma première recherche de la Machine. Mais Weena fut une diversion agréable. Pourtant, ils devaient bientôt prendre tout de même une bien plus entière possession de mon esprit.

« Je crois vous avoir dit combien la température de cet heureux âge était plus élevée que la nôtre. Je ne puis m'en expliquer la cause. Peut-être le soleil était-il plus chaud, ou la terre plus près du soleil. On admet ordinairement que le soleil doit se refroidir et s'éteindre rapidement. Mais, peu familiers avec des spéculations telles que celles de Darwin le jeune, nous oublions que les planètes doivent finalement retourner l'une après l'autre à la masse, source de leur existence. À mesure que se produiront ces catastrophes, le soleil s'enflammera et rayonnera avec une énergie nouvelle ; il se pouvait que quelque planète eût subi ce sort. Quelle qu'en soit la raison, il est certain que le soleil était beaucoup plus chaud qu'il ne l'est actuellement.

« Enfin, par un matin très chaud – le quatrième, je crois –, comme je cherchais à m'abriter de la chaleur et de la forte lumière dans quelque ruine colossale, auprès du grand édifice où je mangeais et dormais, il arriva cette chose étrange : grimpant parmi ces amas de maçonnerie, je découvris une étroite galerie, dont l'extrémité et les ouvertures latérales étaient obstruées par des monceaux de pierres éboulées. À cause du contraste de la lumière éblouissante du dehors, elle me parut tout d'abord impénétrablement obscure. J'y pénétrai en tâtonnant, car le brusque passage de la clarté à l'obscurité faisait voltiger devant mes yeux des taches de couleur. Tout à coup, je m'arrêtai stupéfait. Une paire d'yeux, lumineux à cause de la réflexion de la lumière extérieure, m'observait dans les ténèbres.

« La vieille et instinctive terreur des bêtes sauvages me revint. Je serrai les poings et fixai fermement les yeux étincelants. Puis, la pensée de l'absolue sécurité dans laquelle l'humanité paraissait vivre me revint à l'esprit, et je me remémorai aussi son étrange effroi de l'obscurité. Surmontant jusqu'à un certain point mon appréhension, j'avançai d'un pas et parlai. J'avoue que ma voix était dure et mal assurée. J'étendis la main et touchai quelque chose de doux. Immédiatement les yeux se détournèrent et quelque chose de blanc s'enfuit en me frôlant. Je me retournai, la gorge sèche, et vis traverser en courant l'espace éclairé une petite forme bizarre, rappelant le singe, la tête renversée en arrière d'une façon assez drôle. Elle se heurta contre un bloc de granit, chancela, et disparut bientôt dans l'ombre épaisse que faisait un monceau de maçonnerie en ruine.

« L'impression que j'eus de cet être fut naturellement imparfaite ; mais je pus remarquer qu'il était d'un blanc terne et avait de grands yeux étranges d'un gris rougeâtre, et aussi qu'il portait, tombant sur les épaules, une longue chevelure blonde. Mais, comme je l'ai dit, il allait trop vite pour que je pusse le voir distinctement. Je ne peux même pas dire s'il courait à quatre pattes ou seulement en tenant ses membres supérieurs très bas. Après un moment d'arrêt, je le suivis dans le second monceau de ruines. Je ne pus d'abord le trouver ; mais après m'être habitué à l'obscurité profonde, je découvris, à demi obstruée par un pilier renversé, une de ces ouvertures rondes en forme de puits dont je vous ai dit déjà quelques mots. Une pensée soudaine me vint. Est-ce que mon animal avait disparu par ce chemin ? Je craquai une allumette et, me penchant au-dessus du puits, je vis s'agiter une petite créature blanche qui, en se retirant, me regardait fixement de ses larges yeux brillants. Cela me fit frissonner. Cet être avait tellement l'air d'une araignée humaine ! Il descendait au long de la paroi et je vis alors, pour la première fois, une série de barreaux et de poignées de métal qui formaient une sorte d'échelle s'enfonçant dans le puits. À ce moment l'allumette me brûla les doigts, je la lâchai et elle s'éteignit en tombant ; lorsque j'en eus allumé une autre, le petit monstre avait disparu.

« Je ne sais pas combien de temps je restai â regarder dans ce puits. Il me fallut un certain temps pour réussir à me persuader que ce que j'avais vu était quelque chose d'humain. Graduellement la vérité se fit jour : l'Homme n'était pas resté une espèce unique, mais il s'était différencié en deux animaux distincts ; je devinai que les gracieux enfants du monde supérieur n'étaient pas les seuls descendants de notre génération, mais que cet être blême, immonde, ténébreux, que j'avais aperçu, était aussi l'héritier des âges antérieurs.

« Je pensai aux hautes tours où l'air tremblotait et à ma théorie d'une ventilation souterraine. Je commençai à soupçonner sa véritable importance.

« Que vient faire ce lémurien, me demandais-je, dans mon schéma d'une organisation parfaitement équilibrée ? Quel rapport peut-il bien avoir avec l'indolente sérénité du monde d'au-dessus ? Et que se cache-t-il là-dessous, au fond de ce puits ? » Je m'assis sur la margelle, me disant qu'en tous les cas, il n'y avait rien à craindre, et qu'il me fallait descendre là-dedans pour avoir la solution de mes difficultés. En même temps, j'étais absolument effrayé à l'idée de le faire ! Tandis que j'hésitais, deux des habitants du monde supérieur se poursuivant dans leurs jeux amoureux, l'homme jetant des fleurs à la femme, qui s'enfuyait, vinrent jusqu'au pan d'ombre épaisse où j'étais.

« Ils parurent affligés de me trouver là, appuyé contre le pilier renversé et regardant dans le puits. Il était apparemment de mauvais goût de remarquer ces orifices ; car lorsque j'indiquai celui où j'étais, en essayant de fabriquer dans leur langue une question à son sujet, ils furent visiblement beaucoup plus gênés et ils se détournèrent. Mais comme mes allumettes les intéressaient, j'en enflammai quelques-unes pour les amuser. Je tentai à nouveau de les questionner sur ce puits, mais j'échouai encore. Aussi je les quittai sur le champ, me proposant d'aller retrouver Weena et voir ce que je pourrais tirer d'elle. Mais mon esprit était déjà en révolution, mes suppositions et mes impressions se désordonnaient et glissaient vers de nouvelles synthèses. J'avais maintenant un fil pour trouver l'objet de ces puits, de ces cheminées de ventilation, et le mystère des fantômes : pour ne rien dire de l'indication que j'avais maintenant quant à la signification des portes de bronze et au sort de la Machine. Très vaguement, une explication se suggéra qui pouvait être la solution du problème économique qui m'avait intrigué.

« Voici ce nouveau point de vue. Évidemment cette seconde espèce d'hommes était souterraine. Il y avait trois faits, particulièrement, qui me faisaient penser que ses rares apparitions au-dessus du sol étaient dues à sa longue habitude de vivre sous terre. Tout d'abord, il y avait l'aspect blême et étiolé commun à la plupart des animaux qui vivent dans les ténèbres, le poisson blanc des grottes du Kentucky, par exemple ; puis, ces yeux énormes avec leur faculté de réfléchir la lumière sont des traits communs aux créatures nocturnes, témoins le hibou et le chat. Et enfin, cet évident embarras au grand jour, cette fuite précipitée, et cependant maladroite et gauche, vers l'obscurité et l'ombre, et ce port particulier de la tête tandis que le monstre était en pleine clarté, tout cela renforçait ma théorie d'une sensibilité extrême de la rétine.

« Sous mes pieds, par conséquent, la terre devait être fantastiquement creusée et percée de tunnels et de galeries, qui étaient la demeure de la race nouvelle. La présence de cheminées de ventilation et de puits au long des pentes de la colline – partout, en fait, excepté au long de la vallée où coulait le fleuve – indiquait combien ses ramifications étaient universelles. Quoi de plus naturel que de supposer que c'était dans ce monde souterrain que se faisait tout le travail nécessaire au confort de la race du monde supérieur ? L'explication était si plausible que je l'acceptai immédiatement, et j'allai jusqu'à donner le pourquoi de cette division de l'espèce humaine. Je crois que vous voyez comment se présente ma théorie, encore que, pour moi-même, je dusse bientôt découvrir combien elle était éloignée de la réalité.

« Tout d'abord, procédant d'après les problèmes de notre époque actuelle, il me semblait clair comme le jour que l'extension graduelle des différences sociales, à présent simplement temporaires, entre le Capitaliste et l'Ouvrier ait été la clef de la situation. Sans doute cela vous paraîtra quelque peu grotesque – et follement incroyable – mais il y a dès maintenant des faits propres à suggérer cette orientation. Nous tendons à utiliser l'espace souterrain pour les besoins les moins décoratifs de la civilisation ; il y a, à Londres, par exemple, le Métropolitain et récemment des tramways électriques souterrains, des rues et passages souterrains, des restaurants et des ateliers souterrains, et ils croissent et se multiplient. Évidemment, pensais-je, cette tendance s'est développée jusqu'à ce que l'industrie ait graduellement perdu son droit d'existence au soleil. Je veux dire qu'elle s'était étendue de plus en plus profondément en de plus en plus vastes usines souterraines, y passant une somme de temps sans cesse croissante, jusqu'à ce qu'à la fin… Est-ce que, même maintenant un ouvrier de certains quartiers ne vit pas dans des conditions tellement artificielles qu'il est pratiquement retranché de la surface naturelle de la terre ?

« De plus, la tendance exclusive de la classe possédante – due sans doute au raffinement croissant de son éducation et à la distance qui s'augmente entre elle et la rude violence de la classe pauvre – la mène déjà à clore dans son intérêt de considérables parties de la surface du pays. Aux environs de Londres, par exemple. La moitié au moins des plus jolis endroits sont fermés à la foule. Et cet abîme – dû aux procédés plus rationnels d'éducation et au surcroît de tentations, de facilités et de raffinement des riches –, en s'accroissant, dut rendre de moins en moins fréquent cet échange de classe à classe, cette élévation par intermariage qui retarde à présent la division de notre espèce par des barrières de stratification sociale. De sorte qu'à la fin, on eut, au-dessus du sol, les Possédants, recherchant le plaisir, le confort et la beauté et, au-dessous du sol, les Non-Possédants, les ouvriers, s'adaptant d'une façon continue aux conditions de leur travail. Une fois là, ils eurent, sans aucun doute, à payer des redevances, et non légères, pour la ventilation de leurs cavernes ; et s'ils essayèrent de refuser, on put les affamer ou les suffoquer jusqu'au paiement des arrérages. Ceux d'entre eux qui avaient des dispositions à être malheureux ou rebelles durent mourir ; et, finalement, l'équilibre étant permanent, les survivants devinrent aussi bien adaptés aux conditions de la vie souterraine et aussi heureux à leur manière que la race du monde supérieur le fut à la sienne. À ce qu'il me semblait, la beauté raffinée et la pâleur étiolée s'ensuivaient assez naturellement.

« Le grand triomphe de l'humanité que j'avais rêvé prenait dans mon esprit une forme toute différente. Ce n'avait pas été, comme je l'avais imaginé, un triomphe de l'éducation morale et de la coopération générale.

Learn languages from TV shows, movies, news, articles and more! Try LingQ for FREE

CHAPITRE VIII – EXPLORATIONS (2) CHAPTER VIII - EXPLORATIONS (2) CAPÍTULO VIII - EXPLORACIONES (2) HOOFDSTUK VIII - VERKENNINGEN (2) ГЛАВА VIII - ИССЛЕДОВАНИЯ (2)

Je doutais de mes yeux. I doubted my eyes.

« Le ciel s'éclaira vers l'est ; la lumière du jour monta, répandit une fois de plus ses couleurs éclatantes sur le monde, et je scrutai anxieusement les alentours. “The sky cleared to the east; the light of day rose, once more spreading its brilliant colors over the world, and I anxiously scanned the surroundings. Mais je ne vis aucun vestige de mes formes blanches. But I saw no remnant of my white forms. C'étaient simplement des apparences du demi-jour. They were simply half-light appearances.

« Si ces formes étaient des esprits, me disais-je, je me demande quel pourrait bien être leur âge. If these shapes were spirits, I thought to myself, I wonder how old they might be. Car une théorie fantaisiste de Grant Allen me vint à l'esprit et m'amusa. For a fanciful theory by Grant Allen came to mind and amused me. Si chaque génération qui meurt, argumente-t-il, laisse des esprits, le monde en sera finalement surencombré. ||||||||||||||||overcrowded If every generation that dies, he argues, leaves behind spirits, the world will eventually be overcrowded with them. D'après cela, leur nombre eût été incalculable dans environ huit cent mille ans d'ici, et il n'eût pas été surprenant d'en voir quatre à la fois. According to this, their number would have been incalculable in about eight hundred thousand years from now, and it would not have been surprising to see four at a time. Mais la plaisanterie n'était pas convaincante et je ne fis que penser à ces formes toute la matinée, jusqu'à ce que l'arrivée de Weena eût chassé ces préoccupations. But the joke wasn't convincing, and I just thought about those shapes all morning, until Weena's arrival took those worries away. Je les associais d'une façon vague à l'animal blanc que j'avais vu s'enfuir lors de ma première recherche de la Machine. I vaguely associated them with the white animal I had seen fleeing when I first searched for the Machine. Mais Weena fut une diversion agréable. Pourtant, ils devaient bientôt prendre tout de même une bien plus entière possession de mon esprit. However, they were soon to take much more complete possession of my mind.

« Je crois vous avoir dit combien la température de cet heureux âge était plus élevée que la nôtre. “I believe I told you how much higher the temperature of this happy age was than ours. Je ne puis m'en expliquer la cause. I cannot explain the cause. Peut-être le soleil était-il plus chaud, ou la terre plus près du soleil. On admet ordinairement que le soleil doit se refroidir et s'éteindre rapidement. It is generally admitted that the sun must cool and die out rapidly. Mais, peu familiers avec des spéculations telles que celles de Darwin le jeune, nous oublions que les planètes doivent finalement retourner l'une après l'autre à la masse, source de leur existence. But, unfamiliar with speculations such as those of Darwin the Younger, we forget that planets must eventually return one after another to mass, the source of their existence. À mesure que se produiront ces catastrophes, le soleil s'enflammera et rayonnera avec une énergie nouvelle ; il se pouvait que quelque planète eût subi ce sort. ||||will produce||||||||||||||||||||| As these catastrophes occur, the sun will ignite and glow with new energy; it could be that some planet has suffered this fate. Quelle qu'en soit la raison, il est certain que le soleil était beaucoup plus chaud qu'il ne l'est actuellement. Whatever the reason, it is certain that the sun was much hotter than it is now.

« Enfin, par un matin très chaud – le quatrième, je crois –, comme je cherchais à m'abriter de la chaleur et de la forte lumière dans quelque ruine colossale, auprès du grand édifice où je mangeais et dormais, il arriva cette chose étrange : grimpant parmi ces amas de maçonnerie, je découvris une étroite galerie, dont l'extrémité et les ouvertures latérales étaient obstruées par des monceaux de pierres éboulées. ||||||||||||||shelter|||||||||||||||||||||||||||climbing|||masses||masonry||||||||||||||||mounds|||collapsed "Finally, one very hot morning - the fourth, I believe -, as I sought shelter from the heat and the strong light in some colossal ruin, near the great building where I ate and slept, this thing happened strange: climbing among these heaps of masonry, I discovered a narrow gallery, the end and the side openings of which were obstructed by heaps of crumbling stones. À cause du contraste de la lumière éblouissante du dehors, elle me parut tout d'abord impénétrablement obscure. J'y pénétrai en tâtonnant, car le brusque passage de la clarté à l'obscurité faisait voltiger devant mes yeux des taches de couleur. I entered it gropingly, for the sudden passage from light to darkness caused spots of color to flutter before my eyes. Tout à coup, je m'arrêtai stupéfait. Une paire d'yeux, lumineux à cause de la réflexion de la lumière extérieure, m'observait dans les ténèbres. A pair of eyes, glowing from the reflection of outside light, watched me in the darkness.

« La vieille et instinctive terreur des bêtes sauvages me revint. “The old and instinctive terror of wild beasts came back to me. Je serrai les poings et fixai fermement les yeux étincelants. |||fists|||||| I clenched my fists and stared firmly into the sparkling eyes. Puis, la pensée de l'absolue sécurité dans laquelle l'humanité paraissait vivre me revint à l'esprit, et je me remémorai aussi son étrange effroi de l'obscurité. Then the thought of the absolute security in which humanity seemed to live came back to me, and I also remembered its strange dread of darkness. Surmontant jusqu'à un certain point mon appréhension, j'avançai d'un pas et parlai. J'avoue que ma voix était dure et mal assurée. I admit that my voice was harsh and uncertain. J'étendis la main et touchai quelque chose de doux. I reached out and touched something soft. Immédiatement les yeux se détournèrent et quelque chose de blanc s'enfuit en me frôlant. |||||||||||||brushing Immediately the eyes averted and something white flew away brushing past me. Je me retournai, la gorge sèche, et vis traverser en courant l'espace éclairé une petite forme bizarre, rappelant le singe, la tête renversée en arrière d'une façon assez drôle. I turned, my throat dry, and saw running across the lit space an odd little shape, reminiscent of a monkey, its head thrown back in a rather funny way. Elle se heurta contre un bloc de granit, chancela, et disparut bientôt dans l'ombre épaisse que faisait un monceau de maçonnerie en ruine. She bumped into a block of granite, staggered, and soon disappeared into the thick shadow of a heap of ruined masonry.

« L'impression que j'eus de cet être fut naturellement imparfaite ; mais je pus remarquer qu'il était d'un blanc terne et avait de grands yeux étranges d'un gris rougeâtre, et aussi qu'il portait, tombant sur les épaules, une longue chevelure blonde. “The impression I had of this being was naturally imperfect; but I could notice that he was dull white and had large, strange reddish-grey eyes, and also that he wore shoulder-length blond hair. Mais, comme je l'ai dit, il allait trop vite pour que je pusse le voir distinctement. But, as I said, he was going too fast for me to see him distinctly. Je ne peux même pas dire s'il courait à quatre pattes ou seulement en tenant ses membres supérieurs très bas. I can't even tell if he was running on all fours or just holding his upper limbs very low. Après un moment d'arrêt, je le suivis dans le second monceau de ruines. After a moment's pause, I followed him into the second heap of ruins. Je ne pus d'abord le trouver ; mais après m'être habitué à l'obscurité profonde, je découvris, à demi obstruée par un pilier renversé, une de ces ouvertures rondes en forme de puits dont je vous ai dit déjà quelques mots. At first I could not find it; but after getting used to the deep darkness, I discovered, half obstructed by an overturned pillar, one of those round openings in the shape of a well of which I have already told you a few words. Une pensée soudaine me vint. A sudden thought came to me. Est-ce que mon animal avait disparu par ce chemin ? Did my pet disappear this way? Je craquai une allumette et, me penchant au-dessus du puits, je vis s'agiter une petite créature blanche qui, en se retirant, me regardait fixement de ses larges yeux brillants. I struck a match and, leaning over the well, I saw a little white creature moving about, which, as it withdrew, stared at me with its wide shining eyes. Cela me fit frissonner. It made me shiver. Cet être avait tellement l'air d'une araignée humaine ! This being looked so much like a human spider! Il descendait au long de la paroi et je vis alors, pour la première fois, une série de barreaux et de poignées de métal qui formaient une sorte d'échelle s'enfonçant dans le puits. ||||||wall||||||||||||bars|||handles|||||||of scale|sinking||| It descended along the wall and then I saw, for the first time, a series of bars and metal handles which formed a kind of ladder sinking into the well. À ce moment l'allumette me brûla les doigts, je la lâchai et elle s'éteignit en tombant ; lorsque j'en eus allumé une autre, le petit monstre avait disparu. At this moment the match burned my fingers, I dropped it and it went out as it fell; when I had lit another, the little monster had disappeared.

« Je ne sais pas combien de temps je restai â regarder dans ce puits. “I don't know how long I stood staring into that well. Il me fallut un certain temps pour réussir à me persuader que ce que j'avais vu était quelque chose d'humain. It took me a while to convince myself that what I had seen was something human. Graduellement la vérité se fit jour : l'Homme n'était pas resté une espèce unique, mais il s'était différencié en deux animaux distincts ; je devinai que les gracieux enfants du monde supérieur n'étaient pas les seuls descendants de notre génération, mais que cet être blême, immonde, ténébreux, que j'avais aperçu, était aussi l'héritier des âges antérieurs. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||filthy|dark||||||||| Gradually the truth dawned: Man had not remained a single species, but had differentiated into two distinct animals; I guessed that the graceful children of the upper world were not the only descendants of our generation, but that this pale, filthy, dark being, whom I had seen, was also the heir of previous ages. Poco a poco fui comprendiendo la verdad: el hombre no había permanecido como una sola especie, sino que se había diferenciado en dos animales distintos; adiviné que los graciosos niños del mundo superior no eran los únicos descendientes de nuestra generación, sino que aquel ser pálido, inmundo y oscuro que había visto era también heredero de épocas anteriores.

« Je pensai aux hautes tours où l'air tremblotait et à ma théorie d'une ventilation souterraine. |||||||trembled||||||| “I thought of high towers where the air quivered and my theory of underground ventilation. Je commençai à soupçonner sa véritable importance. I began to suspect its true importance.

« Que vient faire ce lémurien, me demandais-je, dans mon schéma d'une organisation parfaitement équilibrée ? ||||the lemur|||||||||| “What is this lemur doing, I asked myself, in my diagram of a perfectly balanced organization? Quel rapport peut-il bien avoir avec l'indolente sérénité du monde d'au-dessus ? What connection can it have with the indolent serenity of the world above? Et que se cache-t-il là-dessous, au fond de ce puits ? And what is hidden down there, at the bottom of this well? » Je m'assis sur la margelle, me disant qu'en tous les cas, il n'y avait rien à craindre, et qu'il me fallait descendre là-dedans pour avoir la solution de mes difficultés. ||||curb|||||||||||||||||||||||||| I sat down on the coping, telling myself that in any case there was nothing to fear, and that I had to go down there to find the solution to my difficulties. En même temps, j'étais absolument effrayé à l'idée de le faire ! Tandis que j'hésitais, deux des habitants du monde supérieur se poursuivant dans leurs jeux amoureux, l'homme jetant des fleurs à la femme, qui s'enfuyait, vinrent jusqu'au pan d'ombre épaisse où j'étais. ||||||||||pursuing|||||||||||||||||||| As I hesitated, two of the inhabitants of the upper world pursuing their amorous games, the man throwing flowers at the woman, who was fleeing, came to the patch of thick shadow where I was. Mientras yo vacilaba, dos de los habitantes del mundo superior, persiguiéndose en sus juegos amorosos, el hombre arrojando flores a la mujer que huía, se acercaron a la espesa sombra donde yo me encontraba.

« Ils parurent affligés de me trouver là, appuyé contre le pilier renversé et regardant dans le puits. “They seemed distressed to find me there, leaning against the overturned pillar and looking into the well. Il était apparemment de mauvais goût de remarquer ces orifices ; car lorsque j'indiquai celui où j'étais, en essayant de fabriquer dans leur langue une question à son sujet, ils furent visiblement beaucoup plus gênés et ils se détournèrent. It was apparently in bad taste to notice these orifices; for when I indicated the one where I was, trying to fabricate in their language a question about it, they were visibly much more embarrassed and they turned away. Mais comme mes allumettes les intéressaient, j'en enflammai quelques-unes pour les amuser. But as my matches interested them, I lit a few to amuse them. Je tentai à nouveau de les questionner sur ce puits, mais j'échouai encore. I tried again to ask them about this well, but I failed again. Aussi je les quittai sur le champ, me proposant d'aller retrouver Weena et voir ce que je pourrais tirer d'elle. So I left them on the spot, proposing to go find Weena and see what I could get out of her. Mais mon esprit était déjà en révolution, mes suppositions et mes impressions se désordonnaient et glissaient vers de nouvelles synthèses. But my mind was already in revolution, my suppositions and my impressions were disordered and sliding towards new syntheses. J'avais maintenant un fil pour trouver l'objet de ces puits, de ces cheminées de ventilation, et le mystère des fantômes : pour ne rien dire de l'indication que j'avais maintenant quant à la signification des portes de bronze et au sort de la Machine. I now had a thread to find the purpose of those shafts, those ventilating chimneys, and the mystery of ghosts: to say nothing of the hint I now had as to the meaning of the bronze doors and the comes out of the Machine. Très vaguement, une explication se suggéra qui pouvait être la solution du problème économique qui m'avait intrigué. Very vaguely, an explanation was suggested that could be the solution of the economic problem that had intrigued me.

« Voici ce nouveau point de vue. “Here is this new point of view. Évidemment cette seconde espèce d'hommes était souterraine. Obviously this second species of men was underground. Il y avait trois faits, particulièrement, qui me faisaient penser que ses rares apparitions au-dessus du sol étaient dues à sa longue habitude de vivre sous terre. There were three facts, in particular, that made me think that his rare appearances above ground were due to his long habit of living underground. Tout d'abord, il y avait l'aspect blême et étiolé commun à la plupart des animaux qui vivent dans les ténèbres, le poisson blanc des grottes du Kentucky, par exemple ; puis, ces yeux énormes avec leur faculté de réfléchir la lumière sont des traits communs aux créatures nocturnes, témoins le hibou et le chat. First, there was the pale, etiolated appearance common to most animals that live in darkness, the white cave fish of Kentucky, for example; then, these enormous eyes with their ability to reflect light are traits common to nocturnal creatures, witness the owl and the cat. Et enfin, cet évident embarras au grand jour, cette fuite précipitée, et cependant maladroite et gauche, vers l'obscurité et l'ombre, et ce port particulier de la tête tandis que le monstre était en pleine clarté, tout cela renforçait ma théorie d'une sensibilité extrême de la rétine. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||retina And finally, this obvious embarrassment in broad daylight, this hasty, yet clumsy and clumsy flight into darkness and shadow, and this peculiar bearing of the head while the monster was in full light, all this reinforced my theory. extreme sensitivity of the retina. Y por último, este evidente desconcierto a plena luz del día, esta huida precipitada pero torpe y torpe hacia la oscuridad y la sombra, y este peculiar porte de la cabeza mientras el monstruo estaba a plena luz del día, todo ello reforzaba mi teoría de la extrema sensibilidad de la retina.

« Sous mes pieds, par conséquent, la terre devait être fantastiquement creusée et percée de tunnels et de galeries, qui étaient la demeure de la race nouvelle. “Under my feet, therefore, the earth must have been fantastically dug and pierced with tunnels and galleries, which were the abode of the new race. La présence de cheminées de ventilation et de puits au long des pentes de la colline – partout, en fait, excepté au long de la vallée où coulait le fleuve – indiquait combien ses ramifications étaient universelles. The presence of ventilation shafts and shafts along the slopes of the hill—everywhere, in fact, except along the valley where the river flowed—indicated how universal its ramifications were. Quoi de plus naturel que de supposer que c'était dans ce monde souterrain que se faisait tout le travail nécessaire au confort de la race du monde supérieur ? What could be more natural than to suppose that it was in this underworld that all the work necessary for the comfort of the race of the upper world was done? L'explication était si plausible que je l'acceptai immédiatement, et j'allai jusqu'à donner le pourquoi de cette division de l'espèce humaine. The explanation was so plausible that I accepted it immediately, and I went so far as to give the reason for this division of the human species. Je crois que vous voyez comment se présente ma théorie, encore que, pour moi-même, je dusse bientôt découvrir combien elle était éloignée de la réalité. ||||||||||||||||should||||||||| I think you see how my theory looks, although for myself I was soon to discover how far it was from reality.

« Tout d'abord, procédant d'après les problèmes de notre époque actuelle, il me semblait clair comme le jour que l'extension graduelle des différences sociales, à présent simplement temporaires, entre le Capitaliste et l'Ouvrier ait été la clef de la situation. "First, proceeding from the problems of our present age, it seemed to me as clear as day that the gradual extension of the social differences, now merely temporary, between Capitalist and Worker was the key to the situation. "En primer lugar, partiendo de los problemas de nuestra época actual, me pareció claro como el agua que la extensión gradual de las diferencias sociales, ahora meramente temporales, entre el Capitalista y el Trabajador era la clave de la situación. Sans doute cela vous paraîtra quelque peu grotesque – et follement incroyable – mais il y a dès maintenant des faits propres à suggérer cette orientation. No doubt this will seem somewhat grotesque – and wildly unbelievable – to you, but there are already facts to suggest this orientation. Nous tendons à utiliser l'espace souterrain pour les besoins les moins décoratifs de la civilisation ; il y a, à Londres, par exemple, le Métropolitain et récemment des tramways électriques souterrains, des rues et passages souterrains, des restaurants et des ateliers souterrains, et ils croissent et se multiplient. We tend to use underground space for the less decorative needs of civilization; there is, in London, for example, the Metropolitan and recently underground electric trams, underground streets and passages, underground restaurants and workshops, and they are growing and multiplying. Évidemment, pensais-je, cette tendance s'est développée jusqu'à ce que l'industrie ait graduellement perdu son droit d'existence au soleil. Of course, I thought, this trend grew until the industry gradually lost its right to exist in the sun. Je veux dire qu'elle s'était étendue de plus en plus profondément en de plus en plus vastes usines souterraines, y passant une somme de temps sans cesse croissante, jusqu'à ce qu'à la fin… Est-ce que, même maintenant un ouvrier de certains quartiers ne vit pas dans des conditions tellement artificielles qu'il est pratiquement retranché de la surface naturelle de la terre ? I mean she had reached deeper and deeper into bigger and bigger underground factories, spending an ever-increasing amount of time there, until at the end... Did, even now a worker in some quarters does not live in such artificial conditions that he is practically cut off from the natural surface of the earth? Me refiero a que se había extendido cada vez más profundamente en fábricas subterráneas cada vez más grandes, pasando allí cada vez más tiempo, hasta que al final... ¿Acaso ahora un trabajador de ciertos barrios no vive en condiciones tan artificiales que está prácticamente aislado de la superficie natural de la tierra?

« De plus, la tendance exclusive de la classe possédante – due sans doute au raffinement croissant de son éducation et à la distance qui s'augmente entre elle et la rude violence de la classe pauvre – la mène déjà à clore dans son intérêt de considérables parties de la surface du pays. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||close||||||||||| "Furthermore, the exclusive tendency of the propertied class - no doubt due to the growing refinement of its education and the growing distance between it and the harsh violence of the poor class - is already leading it to close in its interest considerable parts of the surface of the country. Aux environs de Londres, par exemple. Around London, for example. La moitié au moins des plus jolis endroits sont fermés à la foule. At least half of the prettiest places are closed to the crowd. Et cet abîme – dû aux procédés plus rationnels d'éducation et au surcroît de tentations, de facilités et de raffinement des riches –, en s'accroissant, dut rendre de moins en moins fréquent cet échange de classe à classe, cette élévation par intermariage qui retarde à présent la division de notre espèce par des barrières de stratification sociale. ||abyss|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| And this abyss - due to the more rational processes of education and to the increase in temptations, facilities and refinement of the rich -, while increasing, must have made less and less frequent this exchange from class to class, this elevation by intermarriage. which now delays the division of our species by barriers of social stratification. Y este abismo -debido a los procesos más racionales de la educación y al aumento de las tentaciones, las facilidades y el refinamiento de los ricos-, a medida que aumentaba, tenía que hacer cada vez menos frecuente este intercambio de clase a clase, esta elevación por matrimonio mixto que ahora retrasa la división de nuestra especie por las barreras de la estratificación social. De sorte qu'à la fin, on eut, au-dessus du sol, les Possédants, recherchant le plaisir, le confort et la beauté et, au-dessous du sol, les Non-Possédants, les ouvriers, s'adaptant d'une façon continue aux conditions de leur travail. So that in the end we had, above ground, the Haves, seeking pleasure, comfort and beauty, and below ground, the Have-nots, the workers, adapting to a continuous way to the conditions of their work. Une fois là, ils eurent, sans aucun doute, à payer des redevances, et non légères, pour la ventilation de leurs cavernes ; et s'ils essayèrent de refuser, on put les affamer ou les suffoquer jusqu'au paiement des arrérages. |||||||||||royalties||||||||||||||||||||||||| Once there, they had, no doubt, to pay dues, and not light ones, for the ventilation of their caves; and if they tried to refuse, they could be starved or suffocated until the arrears were paid. Ceux d'entre eux qui avaient des dispositions à être malheureux ou rebelles durent mourir ; et, finalement, l'équilibre étant permanent, les survivants devinrent aussi bien adaptés aux conditions de la vie souterraine et aussi heureux à leur manière que la race du monde supérieur le fut à la sienne. Those among them who had a disposition to be unhappy or rebellious had to die; and, finally, the balance being permanent, the survivors became as well adapted to the conditions of subterranean life and as happy in their way as the race of the upper world was in theirs. À ce qu'il me semblait, la beauté raffinée et la pâleur étiolée s'ensuivaient assez naturellement. It seemed to me that refined beauty and etiolated pallor followed quite naturally. Por lo que pude ver, la belleza refinada y la palidez se sucedieron con toda naturalidad.

« Le grand triomphe de l'humanité que j'avais rêvé prenait dans mon esprit une forme toute différente. “The great triumph of humanity that I had dreamed of took on an entirely different form in my mind. Ce n'avait pas été, comme je l'avais imaginé, un triomphe de l'éducation morale et de la coopération générale. It had not been, as I had imagined, a triumph of moral education and general cooperation.