La compositrice Louise Farrenc, star de l'année 2018 - Aliette de Laleu
Gabrielle Oliveira Guyon : Bonjour Aliette
Aliette de Laleu : Bonjour Gabrielle
Gabrielle : Ce matin vous vous sentez obligée de parler d'une compositrice française...
Aliette : Oui parce qu'on a joué sa 3e symphonie samedi soir à
ici à l'Auditorium de la Maison de la Radio
un concert que vous pouvez voir sur l'Espace Concerts du site France Musique..
On rejoue ses oeuvres, dont cette 3e symphonie, à la Seine Musicale vendredi et samedi prochain.
Et elle a composé un superbe trio pour mes trois instruments préférés : piano, flûte
et violoncelle…
Scherzo du trio pour flûte piano et violoncelle de Louise Farrenc
Vous savez de qui je parle Gabrielle ?
Gabrielle : Vous m'avez un peu aidé... l s'agit évidemment de Louise Farrenc
Bingo.
Louise Farrenc, un nom peu connu du grand public alors que c'est une figure de la
musique du 19e siècle.
Schumann et Berlioz, que l'on a bien retenu eux, admiraient cette compositrice.
Les critiques, même les plus sévères, allaient jusqu'à dire qu'elle composait ‘comme
un homme', je cite : “faisant preuve de dons extraordinaires et d'une rigueur musicale
toute masculine”.
C'était le plus beau compliment que l'on puisse faire à une musicienne à cette époque.
C'est dire si Louise Farrenc était une star, mais une star que l'on a oubliée
comme beaucoup de femmes dans l'histoire de la musique, on l'a vu avec Clara Schumann
et Fanny Mendelssohn dans des précédentes chroniques.
Mais le cas Louise Farrenc est différent, elle n'est pas restée dans l'ombre d'un
frère ou d'un mari, non elle a été effacée notamment parce qu'elle n'a pas composé
d'opéra or c'était LE genre musical à la mode qui permettait de se faire une
réputation solide.
Gabrielle : Le mariage aussi peut empêcher une certaine postérité…
Oui car les femmes changent de nom ce qui complique les recherches.
Le mariage contraint aussi les musiciennes à se consacrer entièrement à leur famille.
Mais encore une fois, ce n'est pas vraiment le cas de Louise Farrenc qui épouse un Marseillais,
Aristide.
Un mari qui va toujours la soutenir et même passer une partie de sa vie à éditer et
faire connaître les oeuvres de sa femme comme cet autre très beau trio, pour piano, violon
et violoncelle.
Adagio sostenuto du trio n°1 de Louise Farrenc
Louise Farrenc était aussi pianiste et la première femme à obtenir une place de professeur
de piano au Conservatoire National de Paris.
Les classes à l'époque ne sont pas mixtes donc elle n'enseigne qu'aux étudiantes,
mais son intégration dans cette prestigieuse institution montre à quel point elle est
respectée du milieu.
Son succès est tel qu'elle arrive même, au bout de 7 ans, à convaincre le directeur
du conservatoire de la payer au même titre que ses homologues masculins.
Dans la série des premières fois on peut aussi noter que Louise Farrenc est quasiment
la seule femme à composer des symphonies au 19e siècle.
Elle en écrit 3 que l'on hésite pas à jouer à côté de celles de Mozart, Haydn,
ou Beethoven… Il faut imaginer alors l'impact sur le public : on présente les oeuvre d'une
compositrice contemporaine, jouées à côté de pièces composées par des maîtres de
la musique.
Louise Farrenc méritait cette place.
Et mérite aujourd'hui que sa musique soit jouée, enregistrée et considérée.
Je me réjouis donc de savoir que le concert de samedi avec l'orchestre philharmonique
de Radio France a été capté, filmé et que tout le monde peut en profiter gratuitement.
Symphonie n°3 Louise Farrenc
Merci Aliette, la version de cette 3e symphonie de Louise Farrenc dirigée samedi soir par
Mikko Franck est à voir et écouter sur le site de France Musique