#109 - Bienvenue dans l'ère de l'inattention (1)
Hugo: [00:00:08] Épisode 109. Bienvenue dans l'ère de l'inattention. Salut à toutes et à tous. Et salut Ingrid !
Ingrid: [00:00:16] Salut Hugo.
Hugo: [00:00:18] Comment ça va en ce moment?
Ingrid: [00:00:19] Ça va, ça va et toi ça va ?
Hugo: [00:00:22] Ça va. Tu es à Barcelone ?
Ingrid: [00:00:24] Non, je suis rentrée. J'étais en Espagne la semaine qui vient de passer. Je suis rentrée ce matin, en fait. Très tôt. Et…
Hugo: [00:00:33] Donc tu es à Toulouse ?
Ingrid: [00:00:33] Je suis à Toulouse. Je suis rentrée pour voter puisqu'on enregistre juste quelques jours avant les élections présidentielles dont on a parlé la dernière fois. Donc voilà, je fais mon devoir citoyen.
Hugo: [00:00:46] Très bien. Donc ça t'a gâché tes vacances à Barcelone ?
Ingrid: [00:00:50] J'aurais largement préféré rester tranquillement au soleil que rentrer exprès pour ça. Mais bon, c'est la vie.
Hugo: [00:00:59] Il faisait plus beau à Barcelone qu'à Toulouse ?
Ingrid: [00:01:01] Ouais ouais ouais. Ouais ben toute façon, plus on descend et plus il fait beau. Il y a peut-être des Espagnols qui nous écoutent et qui savent que pour eux c'est le contraire. Plus ils montent vers la France et plus il faut s'attendre à un peu de froid, de pluie.
Hugo: [00:01:15] Vous n'avez pas eu de neige ?
Ingrid: [00:01:16] Non, non, non. Il n'y a pas eu de neige. Je pense qu'il y en a peut-être eu un petit peu avant que j'arrive, mais j'ai réussi à échapper pile à ça. Donc c'était parfait.
Hugo: [00:01:27] Ok, ok. C'était la première fois que tu allais à Barcelone ? Non ?
Ingrid: [00:01:31] Non, non, non. C'était la cinquième fois. Mais en fait, j'ai une copine qui est de là-bas. Une copine espagnole qui donc… Je suis allée chez elle. J'ai très peu visité la ville. En fait, j'étais dans une petite ville, juste à côté de Barcelone.
Hugo: [00:01:46] Ok. Ça s'appelle comment ?
Ingrid: [00:01:48] Terrassa.
Hugo: [00:01:50] Ok.
Ingrid: [00:01:50] S'il y en a qui écoutent, ça se trouve… qui connaissent.
Hugo: [00:01:54] Peut-être qu'on a des auditeurs aussi là-bas, effectivement.
Ingrid: [00:01:55] Ouais. Vous nous direz.
Hugo: [00:01:59] Ok. Bon, moi, toujours à Varsovie, rien d'original.
Ingrid: [00:02:02] Ouais. Je te demande même plus parce que ça me fait de la peine à chaque fois. Même quand on parle avec Ania. Avec Ania, on est partout dans le monde. Mais bon t'y es bien à Varsovie, c'est pour ça que tu y restes ?
Hugo: [00:02:14] Ouais, ouais, ouais. Non, non, je suis bien et je vais aller au Portugal au mois de mai. Donc voilà, des petites vacances en perspective.
Ingrid: [00:02:21] Tu vas aller où au Portugal ?
Hugo: [00:02:23] À Porto.
Ingrid: [00:02:24] Ah, c'est très joli Porto, ouais, c'est… Tu vas bien aimer, et puis tu auras du beau temps.
Hugo: [00:02:30] Ouais, j'espère. J'espère. Ce sera la première fois, donc j'espère que ça me fera une bonne impression.
Ingrid: [00:02:36] Cool. Bon bah tu nous raconteras ça.
Hugo: [00:02:39] Yes! Donc aujourd'hui, on ne va pas parler de Barcelone ni de Porto, mais d'attention. Et d'inattention, en particulier. Parce que je me suis rendu compte que j'ai de plus en plus de mal à me concentrer. J'en avais déjà parlé, je crois, dans l'épisode que j'avais fait après la première année de covid. J'avais parlé des effets psychologiques du confinement et je pense que ça faisait partie de la liste d'effets indésirables, on peut dire. Les effets indésirables, c'est notamment quand vous prenez un médicament qui a des effets secondaires, des effets indésirables qui ne sont pas prévus ou qui ne sont pas supposés faire partie du traitement, mais voilà qui sont des conséquences de ce médicament. Et un des effets indésirables du confinement c'était, je pense, la perte de ma faculté de concentration. Et j'ai acheté un livre assez intéressant sur ça. Je voulais faire un épisode dessus, mais je ne trouvais pas exactement l'angle. Et justement, toi, Ingrid, tu m'as dit que c'était un sujet qui t'intéressait aussi.
Ingrid: [00:03:49] Ouais. Ouais, ouais, tout à fait. Mais du coup, moi, c'était sur un tout autre angle. Donc c'est pour ça que là on s'est dit qu'on pouvait tout simplement en discuter tous les deux. Donc en fait, moi, c'est parce que j'ai un trouble de l'attention. Donc j'ai été diagnostiquée TDAH. TDAH, c'est les initiales pour trouble du déficit de l'attention et de l'hyperactivité. Donc c'est… Je ne vais pas expliquer en détail ce que c'est, mais juste pour dire… Donc c'est un trouble cognitif, donc c'est une particularité du cerveau qui est probablement génétique. Il y a encore de la recherche qui est à faire dessus. Et c'est assez mal nommé puisque ce n'est pas vraiment un déficit en fait, c'est plutôt un manque de régulation, un problème de régulation. Donc avec des moments où les personnes qui ont un TDAH sont très très concentrées, peuvent rentrer dans des phases d'hyper concentration, d'obsession, être passionnées par des choses, et d'autres moments où au contraire, aucune attention, le cerveau qui part dans tous les sens, etc. Donc moi, pour le coup c'est pas du tout un effet indésirable du confinement ou de choses actuelles ou quoi. C'est quelque chose que j'ai depuis que je suis toute petite, que quand on remonte à l'enfance, c'était évident depuis depuis mes un an peut-être, que j'avais une petite particularité par rapport à l'attention. Et voilà donc du coup, je me suis dit que je pouvais peut-être en parler et de mon point de vue, raconter un petit peu ce qui… ce que j'avais appris au cours de ma vie. Puisqu'évidemment, quand on a quelque chose comme ça, on lit beaucoup dessus, on consulte des spécialistes. Et ce qui fait que, au fur et à mesure, on réussira à avoir pas mal de connaissances sur ce sujet.
Hugo: [00:05:50] Ok. Donc on va croiser ces connaissances. Moi, effectivement, je pense que j'aurai moins de choses à dire que toi. Mais dans ce livre, j'ai quand même découvert pas mal de trucs assez intéressants. Donc on va parler de tout ça ensemble. Tu voulais faire un disclaimer ?
Ingrid: [00:06:06] Ah oui, c'est vrai. Oui, je voulais faire un petit disclaimer parce que je voulais juste préciser qu'effectivement…
Hugo: [00:06:12] En français, peut-être, un disclaimer ?
Ingrid: [00:06:14] Ah, comment on dit ça ? C'est… En français, on dit disclaimer. Non ?
Hugo: [00:06:19] Un avertissement ?
Ingrid: [00:06:19] Un avertissement. Ouais, donc je voulais
Hugo: [00:06:22] Une mise en garde !
Ingrid: [00:06:23] C'est ça. En fait, c'était plutôt pour un peu me protéger, nous protéger, d'éventuelles critiques. Même si c'est vrai que sur ce podcast, on reçoit pas beaucoup de critiques. Vous êtes très bienveillants et merci beaucoup. Mais préciser : on n'est pas scientifiques, on n'est pas médecins, on n'est pas psychologues. Donc ce qu'on va dire, c'est à partir de nos expériences personnelles et de toutes les recherches qu'on a faites pour nous-mêmes. Mais voilà, c'est possible qu'il y ait des petits mots scientifiques qui ne soient pas exactement les bons ou quoi. Dans tous les cas, si vous avez des grosses difficultés pour vous concentrer ou si vous reconnaissez par exemple vos enfants dans ce que je vais dire ou quoi, il faut aller voir aussi des spécialistes et peut-être essayer de faire vos propres recherches. Voilà. C'est juste un petit partage qu'on fait. Mais voilà, le petit disclaimer, c'est ça.
Hugo: [00:07:17] Très bien. Donc merci pour ce disclaimer et c'est parti.
Hugo: [00:07:33] Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais nous dire un peu comment ça se manifeste, ce trouble de l'attention ? Et peut-être comment tu as remarqué qu'il y avait quelque chose d'anormal ?
Ingrid: [00:07:47] Euh. Ouais. Alors bon, ça pourrait… Je pourrais décrire pendant des heures tous les petits signes qui m'ont mis la puce à l'oreille. Donc « mettre la puce à l'oreille« , c'est donner des indices de… que quelque chose se passe et donc voilà, donner envie d'en savoir plus. Puisqu'en fait, c'est quelque chose qui est présent dans toute la vie quotidienne. Et comme ça démarre pendant l'enfance, après, il y a (toute une…) des techniques (de…) pour le gérer, qui se mettent en place, etc. Donc plus on grandit et plus ça devient difficile à se rendre compte. Et alors, moi, peut-être que je peux vous citer un petit peu quelques petites choses de ma vie quotidienne aujourd'hui. C'est par exemple le fait… L'impulsivité, déjà. Ça c'est un signe très très important. Le fait d'être assez impulsif et donc c'est de faire des choix assez rapidement, de passer d'un sujet à l'autre aussi, de changer souvent d'activités, de rechercher tout le temps des activités nouvelles. Chez moi, par exemple, ça peut, ça se manifeste beaucoup dans les voyages, justement. Le fait de ne pas réussir à choisir un endroit où vivre et se contenter de ça. C'est le fait que chaque fois que je vois une destination, par exemple, et que je me dis « oh tiens, ça a l'air pas mal ! », Je cherche tout de suite et puis, s'il y a un billet d'avion ou un bus à peu près accessible, je l'achète tout de suite et c'est bon, c'est parti.
Ingrid: [00:09:34] Après, il y a des choses voilà, un peu plus bêtes. Par exemple, pendant longtemps, je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas voir de films. Je… Enfin, « je pouvais pas », j'exagère. Mais vraiment, je disais « ah moi je n'aime pas le cinéma, j'aime pas les films, ça dure trop longtemps ». C'est… Parce qu'en fait les films, c'est construit d'une telle manière qu'il y a un espèce de crescendo jusqu'à un point culminant de ce qui se passe. Et puis après une résolution et c'est fini. Et en fait, c'est une construction qui est complètement contraire à ce dont mon cerveau a besoin. Alors qu'au contraire je peux binge watcher. Ça aussi on le dit en français, mais je crois qu'il y a un mot…
Hugo: [00:10:18] Ouais, ils avaient trouvé un verbe pour ça. Qu'est-ce que c'était ? Avaler des… Je sais pas.
Ingrid: [00:10:27] Avaler de l'écran.
Hugo: [00:10:29] Enchaîner tout simplement. Enchaîner des épisodes.
Ingrid: [00:10:32] Ouais, du coup, par exemple, c'est… Comme les séries, c'est une autre, un autre format, avec une… avec des péripéties qui se passent plus de façon régulière, avec des constructions de personnages qui sont différentes, etc. Du coup, ça, ça fonctionne un peu mieux pour moi. Bon après c'est pas le cas pour… Toutes les personnes qui ont un trouble de l'attention ont 1) des présentations différentes. Donc certaines personnes ont beaucoup d'hyper activité physique. Ça, c'est ce qui est le plus diagnostiqué puisque des enfants qui ont de l'hyperactivité physique, qui courent partout, etc, c'est assez embêtant pour les parents, pour les professeurs, donc forcément c'est diagnostiqué. Mais ça peut aussi être donc l'impulsivité, l'inattention. Et après, quand on grandit, bah ça se traduit par des petites choses dans le quotidien. Certains, au contraire, peuvent peut-être voir des films, mais d'autres choses… Et voilà. Bon, je pourrais continuer pendant très longtemps. C'est des problèmes à gérer l'organisation de l'espace, donc j'ai toujours été très bordélique. Voilà ce qu'on… « Bordélique« , ça veut dire qui a du mal à ranger. Voilà, c'est les enfants, puis les adultes, on rentre dans leur chambre et il y a des affaires partout. Voilà. J'ai toujours perdu beaucoup d'affaires. Je rentrais de l'école, je n'avais plus ma veste. On me donnait, on me confiait les clés et elles avaient disparu. Voilà. Ça, c'est pour les petites choses un peu qui… En fait les choses qui mettent la puce à l'oreille, comme j'ai dit, c'est plutôt les choses négatives. Parce qu'après, il y a des choses positives qui sont associées. Mais forcément, on ne s'inquiète pas quand il y a des choses positives. C'est le fait de s'intéresser à beaucoup, beaucoup de choses et du coup d'être très créatif, de réussir aussi à parler avec beaucoup de gens différents parce que du coup, on a une culture sur plusieurs choses, on aime beaucoup s'intéresser aux personnes qu'on croise, etc. Voilà. Donc ça, c'est pour un peu la vie personnelle à l'âge adulte. Je m'arrête là parce que sinon je pourrais continuer encore.