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innerFrench Podcast - Episodes #97 Onward, #112 - Le lycée français 2.0 (2)

#112 - Le lycée français 2.0 (2)

Ingrid: [00:13:20] Ouais et au collège, c'était vingt-cinq, peut-être quelque chose comme ça. Je pense que ça a dû changer parce que plus les années passent, plus il y a d'élèves dans les classes, moins il y a de profs. Mais ouais… Toi, ça t'avait… ça t'avait fait un choc, il y avait une grosse différence quand tu es entré en seconde ?

Hugo: [00:13:37] Ouais, moi je sais que j'appréhendais un peu parce que j'étais dans… Donc au collège j'étais plutôt dans un collège de banlieue et après, au lycée, je suis allé au lycée du centre ville, un lycée assez bourgeois. Je connaissais pas grand monde qui allait dans ce lycée. J'allais pas retrouver de camarades de collège. Donc je sais que j'appréhendais, j'avais un peu peur. Et pour moi, le lycée, c'était le… c'était le symbole de la liberté absolue parce que contrairement au collège, on pouvait sortir quand on n'avait pas d'heures de cours, on pouvait sortir entre deux cours alors que, au collège, c'était impossible. Au collège, si on avait une heure de pause entre deux cours, on devait rester dans le collège. On n'avait pas le droit de sortir alors qu'au lycée, on pouvait sortir, aller boire un café à côté. Donc ça, pour moi, c'était vraiment devenir adulte. Et puis il y avait d'autres différences. Je ne sais pas si toi, dans ton lycée, il y avait une salle fumeur, mais moi il y en avait une. Donc je crois que maintenant, c'est interdit, il me semble.

Ingrid: [00:14:42] Euh ouais, maintenant c'est interdit. Moi, en fait, on fumait dans la cour du lycée (donc la cour, la partie extérieure, mais qui était dans l'enceinte du lycée) mais seulement jusqu'à ma seconde. À partir de la première, il y a la loi Evin (donc la loi Evin, c'est la grande loi pour limiter le tabac) qui est passée en France. Et à ce moment-là, c'était plus autorisé dans les lycées. Mais je pense que t'as un an ou deux ans de plus que moi, donc ça a dû…

Hugo: [00:15:13] Ouais. Moi, je ne sais pas si j'ai connu la fin de la salle fumeur au lycée. Mais j'en ai vraiment un souvenir impérissable. C'était une espèce d'aquarium, en fait.

Ingrid: [00:15:23] Ouais, ça devait être horrible ! Des lycéens qui fument toute la journée…

Hugo: [00:15:27] Mais c'était vraiment the place to be, donc c'était l'endroit cool. Il fallait être dans cet aquarium et fumer des cigarettes.

Ingrid: [00:15:35] Même si tu fumes pas, c'était le tabagisme passif.

Hugo: [00:15:38] Exactement, exactement. Mais pourtant, c'était une salle, en plus, qui permettait de passer d'un autre côté du lycée, en fait. Ce n'était pas juste une salle fumeur. Donc parfois, on passait à travers cette salle juste pour aller, voilà, dans une autre aile du lycée et instantanément, on était sûr de sentir la cigarette pour le restant de la journée.

Ingrid: [00:16:02] Les bons ados français !

Hugo: [00:16:03] Les bons ados français. Mais la cigarette, c'est vraiment quelque chose qui faisait partie de l'identité lycéenne française. Peut-être que c'est un peu moins vrai maintenant, je sais pas.

Ingrid: [00:16:12] Je sais pas. Je sais pas, mais le prix du paquet a doublé donc bon ça, c'est autre chose, un autre thème. Mais euh… nous, à l'époque, c'était vachement plus accessible. Je ne sais pas comment ça se passe maintenant.

Hugo: [00:16:23] C'est vrai, c'est vrai que c'est très cher maintenant. J'espère qu'on ne sonne pas comme des vieux dinosaures, mais voilà. Donc maintenant il est interdit de fumer dans les lycées. Il y a un autre truc qui a été interdit, c'est les distributeurs de snacks et de boissons. Moi, je me souviens qu'il y avait un distributeur dans mon lycée. Et ça aussi, c'était le truc très cool, d'aller s'acheter du Coca ou alors un Kinder entre deux cours. Et ça a été interdit, en fait, à la fin de ma seconde. Donc peut-être que toi tu n'as pas connu le distributeur au lycée.

Ingrid: [00:16:55] Ah non, pas du tout. Ça, me… Ça me dit rien. Non, nous, on devait…

Hugo: [00:16:59] C'était interdit.

Ingrid: [00:17:00] On sortait du lycée, on allait au grec à côté. C'était la seule… Fumer des clopes et manger des grecs !

Hugo: [00:17:09] Ouais. Ça c'est un bon résumé de la scolarité des lycéens français.

Ingrid: [00:17:14] Mais une autre chose qui change peut-être un peu plus, liée à la scolarité, c'est que, au lycée, à partir de… donc en seconde, c'est encore un peu similaire au collège, mais à partir de la première, donc l'année suivante, ça commence à changer vraiment beaucoup puisqu'on est divisés en filières. Enfin, on était parce que maintenant, c'est plus pareil. Mais si on prend nos années à nous et le système qui a duré jusqu'à 2020, jusqu'au moment du Covid : au collège, on avait tous les mêmes cours, à part quelques options. En seconde, on avait encore tous les mêmes cours, mais on commençait à faire notre choix pour l'année suivante. Et la première et la terminale qui sont les deux années du bac (puisqu'on passe des épreuves sur deux années), on était divisés à l'époque en plusieurs filières : donc scientifique, économique et sociale et littéraire. Plus en techno, il y avait sciences sciences, comment..? Sciences et technologie de la gestion, et sciences de l'ingénieur. Voilà des choses comme ça. Mais donc en… Disons la grande majorité, 50 % des lycéens, enfin des jeunes de cet âge, était divisés entre scientifique, économique et social et littéraire. Toi Hugo, tu étais en ?

Hugo: [00:18:40] Alors tu peux deviner peut-être ?

Ingrid: [00:18:41] Économique et sociale.

Hugo: [00:18:42] Exactement, économique et sociale !

Ingrid: [00:18:45] Et moi ? Tu peux deviner ?

Hugo: [00:18:47] Toi, je dirais soit économique et sociale, donc ES, soit littéraire. J'aurais tendance à dire littéraire.

Ingrid: [00:18:53] Ouais, j'étais en littéraire.

Hugo: [00:18:55] Ouais, donc, vous l'avez deviné, la filière scientifique, c'était principalement des maths, de la physique et de la biologie, des matières scientifiques. En économique et sociale, on avait majoritairement de l'histoire-géographie et des sciences humaines et économiques. Et en littéraire, vous aviez plutôt…

Ingrid: [00:19:15] C'était d'abord la philosophie, en terminale, c'était le plus important. Et on avait la littérature qu'aucun autre n'avait, il me semble.

Hugo: [00:19:25] Et les langues étrangères aussi, non ?

Ingrid: [00:19:27] Beaucoup de langues étrangères. Et aussi l'histoire-géo qui avait un coefficient important. Coefficient, c'est ce qui indique l'importance de chaque matière au bac et en général aussi le nombre d'heures qu'on va avoir. Donc, nous, en littéraire le plus important, le coefficient le plus important et le plus d'heures qu'on avait, c'était la philosophie. Mais il y avait aussi une grande importance pour les matières que j'ai citées avant. Et moi, je m'étais, pardon, mais juste moi je m'étais battue pour, ce que tu me disais, soit je m'étais battue pour aller en L parce que je voulais vraiment faire ça, mais que j'avais des assez bonnes notes pour aller en S et que S, bah c'est un peu la voie royale qu'on me disait. Et donc voilà, j'avais un peu saboté mes résultats en physique chimie pour que la prof de physique chimie m'aide à aller en L parce que vraiment je trouvais que ça avait l'air trop intéressant.

Hugo: [00:20:23] C'est vrai parce qu'en fait, l'objectif de ces filières au départ, c'était d'aider les élèves à commencer à se spécialiser avant leurs études supérieures. Mais ce qui s'est passé dans la réalité, c'est qu'il y a eu une sorte de hiérarchie implicite des filières. On considérait que la meilleure filière, c'était la filière S, ensuite la filière ES et la filière L, que c'était plutôt pour les lycéens qui réussissaient moins bien que les autres. Alors qu'en fait beaucoup de lycéens choisissaient la filière L par affinité, comme c'était l'objectif au départ. Mais voilà, progressivement, au fil des années, il y avait cette hiérarchie qui s'était mise en place. Et c'est ça qui a motivé aussi la réforme du lycée.

Ingrid: [00:21:11] Ouais, donc, la réforme Blanquer. Blanquer, du nom du ministre de l'Education de l'époque qui vient juste de partir.

Hugo: [00:21:23] Exactement, exactement. Donc c'est un ministre qui était plutôt populaire au départ mais qui a rapidement perdu en popularité. Et le symbole de ça, c'est qu'il s'est présenté là, aux élections législatives pour être élu député, et il a perdu dès le premier tour, il a été éliminé dès le premier tour. C'est la première fois qu'il se présentait à une élection parce que quand il a été nommé ministre, il a été nommé par le Premier ministre, mais il n'y a pas besoin de gagner une élection pour devenir ministre. Là, c'était sa première élection et il a été éliminé immédiatement, ce qui montre qu'il était finalement assez impopulaire. Et ça, c'était en grande partie à cause de sa gestion de la crise sanitaire. Beaucoup de profs, de parents d'élèves et de directeurs d'établissements scolaires se sont plaints de Jean-Michel Blanquer et… en disant qu'il avait très très mal géré l'organisation des cours et des examens pendant la crise du Covid, qu'il n'avait pas beaucoup de respect pour les profs etc. Donc voilà, il est devenu assez impopulaire. Mais c'est quand même lui qui a poussé cette réforme qu'on attendait depuis très longtemps. Alors peut-être qu'Ingrid tu peux nous expliquer un peu pourquoi on a fait cette réforme.

Ingrid: [00:22:41] Alors, l'objectif de la réforme c'était de… bon, comme tu le disais déjà, d'éviter qu'il y ait des filières qui soient beaucoup plus considérées (comme la filière scientifique) et d'autres au contraire qui soient un peu, comme on dit, « des voies de garage », c'est-à-dire que c'est un chemin qui ne mène à rien. Et c'était aussi l'objectif de mieux préparer les lycéens à… aux études supérieures et au monde du travail, en les spécialisant beaucoup plus rapidement sur des matières qui étaient des matières que eux allaient choisir. Donc c'était un objectif qui répondait à des inquiétudes sur le fait que le baccalauréat perdait de la valeur. On a beaucoup dit que plus le temps passe, plus les années passent et plus le bac est facile à voir, qu'il est même donné, donc offert gratuitement aux lycéens sans qu'ils aient besoin de travailler et qu'ensuite ça ne leur permet pas de réussir spécialement leurs études ou quoi. La preuve en est que quand en première année de licence, donc la première année d'études, 60 % seulement des étudiants vont jusqu'au bout et réussissent leurs examens pour continuer en deuxième année. Donc voilà, c'était l'objectif. Mais ensuite, déjà, quelle est cette réforme ? Peut-être avant de dire tout ce qui… J'ai du mal à dire les objectifs parce que j'ai déjà en tête le fait que ça n'a pas du tout fonctionné et que c'est très critiqué ! Mais petit à petit, on va y arriver. Peut-être qu'on peut d'abord expliquer en quoi ça consiste.

Hugo: [00:24:29] Alors, la réforme Blanquer, donc ça concerne à la fois la scolarité au lycée et l'examen final, le baccalauréat. Donc, concernant la scolarité au lycée, les filières ont disparu. Maintenant, il n'y a plus la filière scientifique, économique et sociale, et littéraire. Mais à la place, il y a ce qu'on appelle « un tronc commun.» Le tronc, c'est… Ça s'écrit T R O N C, c'est comme avec un arbre. Un arbre, la partie principale de l'arbre, c'est le tronc. Donc il y a un tronc qui ensuite se divise en branches. Là, c'est pareil au lycée maintenant, il y a un tronc commun, c'est-à-dire des matières que tous les lycéens doivent étudier. Ces matières, c'est le français, l'histoire-géographie, l'enseignement moral et civique, une langue vivante 1 et une langue vivante 2, l'éducation physique et sportive (le sport), les humanités numériques et scientifiques (alors ça, ça n'existait pas à mon époque, je ne sais pas exactement ce que c'est)

Ingrid: [00:25:32] Moi non plus !

Hugo: [00:25:32] Et pour finir, la matière reine, la philosophie. Donc ça, c'est le tronc commun, les matières que tous les lycéens doivent étudier. Mais ensuite, en première, ils doivent choisir trois spécialités parmi cette liste donc : écologie, agronomie et territoire, histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (ça, c'est une spécialité), humanités, littérature et philosophie (ça aussi, c'est une autre spécialité), arts, mathématiques, numérique et sciences informatiques, langues et littératures étrangères, etc., etc. Je ne vais pas toutes les faire parce qu'il y en a pas mal. Donc en première, les élèves choisissent trois spécialités. Comme ça, ils doivent commencer à s'orienter. Ils doivent commencer à se demander ce qu'ils vont vouloir étudier plus tard, après le lycée. Ils doivent commencer à faire des choix et voir un peu quelles matières leur plaisent le plus. Donc, ils choisissent trois spécialités en première et en terminale, ils en gardent seulement deux. Et ces deux spécialités, ils vont devoir ensuite les passer au bac. On va en reparler un peu plus tard. Ça, c'est la nouvelle organisation. Il n'y a plus ces trois filières, mais à la place, il y a un menu avec des spécialités à la carte à choisir.


#112 - Le lycée français 2.0 (2) #112 - French high school 2.0 (2) #112 - Franska gymnasiet 2.0 (2)

Ingrid: [00:13:20] Ouais et au collège, c'était vingt-cinq, peut-être quelque chose comme ça. Je pense que ça a dû changer parce que plus les années passent, plus il y a d'élèves dans les classes, moins il y a de profs. I think that must have changed because as the years go by, the more students there are in the classrooms, the fewer teachers there are. Mais ouais… Toi, ça t'avait… ça t'avait fait un choc, il y avait une grosse différence quand tu es entré en seconde ?

Hugo: [00:13:37] Ouais, moi je sais que j'appréhendais un peu parce que j'étais dans… Donc au collège j'étais plutôt dans un collège de banlieue et après, au lycée, je suis allé au lycée du centre ville, un lycée assez bourgeois. Hugo: [00:13:37] Yeah, I know I was a little apprehensive because I was in... So in middle school I was in a suburban high school and then in high school I went to a high school in the center of town, which was a pretty middle class high school. Je connaissais pas grand monde qui allait dans ce lycée. I didn't know many people who went to that school. J'allais pas retrouver de camarades de collège. Donc je sais que j'appréhendais, j'avais un peu peur. Et pour moi, le lycée, c'était le… c'était le symbole de la liberté absolue parce que contrairement au collège, on pouvait sortir quand on n'avait pas d'heures de cours, on pouvait sortir entre deux cours alors que, au collège, c'était impossible. Au collège, si on avait une heure de pause entre deux cours, on devait rester dans le collège. On n'avait pas le droit de sortir alors qu'au lycée, on pouvait sortir, aller boire un café à côté. We weren't allowed to go out, whereas in high school, we could go out and have a coffee next door. Donc ça, pour moi, c'était vraiment devenir adulte. Et puis il y avait d'autres différences. Je ne sais pas si toi, dans ton lycée, il y avait une salle fumeur, mais moi il y en avait une. Donc je crois que maintenant, c'est interdit, il me semble.

Ingrid: [00:14:42] Euh ouais, maintenant c'est interdit. Moi, en fait, on fumait dans la cour du lycée (donc la cour, la partie extérieure, mais qui était dans l'enceinte du lycée) mais seulement jusqu'à ma seconde. I, in fact, smoked in the school yard (so the yard, the outside part, but that was inside the school) but only until my second year. À partir de la première, il y a la loi Evin (donc la loi Evin, c'est la grande loi pour limiter le tabac) qui est passée en France. Et à ce moment-là, c'était plus autorisé dans les lycées. And at that time, it was no longer allowed in high schools. Mais je pense que t'as un an ou deux ans de plus que moi, donc ça a dû… But I think you're a year or two older than me, so that must have...

Hugo: [00:15:13] Ouais. Moi, je ne sais pas si j'ai connu la fin de la salle fumeur au lycée. I don't know if I ever experienced the end of the smoking room in high school. Mais j'en ai vraiment un souvenir impérissable. But I really have an unforgettable memory. C'était une espèce d'aquarium, en fait. It was a kind of aquarium, actually.

Ingrid: [00:15:23] Ouais, ça devait être horrible ! Ingrid: [00:15:23] Yeah, that must have been horrible! Des lycéens qui fument toute la journée… High school students smoking all day...

Hugo: [00:15:27] Mais c'était vraiment the place to be, donc c'était l'endroit cool. Hugo: [00:15:27] But it was really the place to be, so it was the cool place. Il fallait être dans cet aquarium et fumer des cigarettes. You had to be in this aquarium and smoke cigarettes.

Ingrid: [00:15:35] Même si tu fumes pas, c'était le tabagisme passif.

Hugo: [00:15:38] Exactement, exactement. Mais pourtant, c'était une salle, en plus, qui permettait de passer d'un autre côté du lycée, en fait. But yet, it was a room, in addition, that allowed you to go to a different side of the school, actually. Ce n'était pas juste une salle fumeur. Donc parfois, on passait à travers cette salle juste pour aller, voilà, dans une autre aile du lycée et instantanément, on était sûr de sentir la cigarette pour le restant de la journée. So sometimes you'd walk through that room just to go, that's it, to another wing of the school and instantly you were sure to smell like cigarettes for the rest of the day.

Ingrid: [00:16:02] Les bons ados français ! Ingrid: [00:16:02] The good French teenagers!

Hugo: [00:16:03] Les bons ados français. Hugo: [00:16:03] The good French teenagers. Mais la cigarette, c'est vraiment quelque chose qui faisait partie de l'identité lycéenne française. Peut-être que c'est un peu moins vrai maintenant, je sais pas.

Ingrid: [00:16:12] Je sais pas. Je sais pas, mais le prix du paquet a doublé donc bon ça, c'est autre chose, un autre thème. I don't know, but the price of the package has doubled so that's another thing, another theme. Mais euh… nous, à l'époque, c'était vachement plus accessible. Je ne sais pas comment ça se passe maintenant. I don't know how it is now.

Hugo: [00:16:23] C'est vrai, c'est vrai que c'est très cher maintenant. J'espère qu'on ne sonne pas comme des vieux dinosaures, mais voilà. Donc maintenant il est interdit de fumer dans les lycées. Il y a un autre truc qui a été interdit, c'est les distributeurs de snacks et de boissons. Moi, je me souviens qu'il y avait un distributeur dans mon lycée. Et ça aussi, c'était le truc très cool, d'aller s'acheter du Coca ou alors un Kinder entre deux cours. And that too was the very cool thing, to go and buy a Coke or a Kinder between two classes. Et ça a été interdit, en fait, à la fin de ma seconde. Donc peut-être que toi tu n'as pas connu le distributeur au lycée.

Ingrid: [00:16:55] Ah non, pas du tout. Ça, me… Ça me dit rien. That, me... That means nothing to me. Non, nous, on devait… No, we had to...

Hugo: [00:16:59] C'était interdit.

Ingrid: [00:17:00] On sortait du lycée, on allait au grec à côté. Ingrid: [00:17:00] We were coming out of high school, we were going to Greek next door. C'était la seule… Fumer des clopes et manger des grecs ! It was the only one... Smoking cigarettes and eating Greeks!

Hugo: [00:17:09] Ouais. Ça c'est un bon résumé de la scolarité des lycéens français.

Ingrid: [00:17:14] Mais une autre chose qui change peut-être un peu plus, liée à la scolarité, c'est que, au lycée, à partir de… donc en seconde, c'est encore un peu similaire au collège, mais à partir de la première, donc l'année suivante, ça commence à changer vraiment beaucoup puisqu'on est divisés en filières. Ingrid: [00:17:14] But another thing that changes maybe a little bit more, related to schooling, is that, in high school, from... so in second grade, it's still a little bit similar to middle school, but from first grade, so the following year, it starts to change really a lot because we're divided into streams. Enfin, on était parce que maintenant, c'est plus pareil. Well, we were because now it's not the same. Mais si on prend nos années à nous et le système qui a duré jusqu'à 2020, jusqu'au moment du Covid : au collège, on avait tous les mêmes cours, à part quelques options. But if we take our own years and the system that lasted until 2020, until the time of the Covid: in college, we all had the same courses, apart from a few options. En seconde, on avait encore tous les mêmes cours, mais on commençait à faire notre choix pour l'année suivante. In second grade, we still had all the same classes, but we were starting to make our choices for the next year. Et la première et la terminale qui sont les deux années du bac (puisqu'on passe des épreuves sur deux années), on était divisés à l'époque en plusieurs filières : donc scientifique, économique et sociale et littéraire. And the first and the last year of high school, which are the two years of the baccalaureate (since we take tests over two years), we were divided at the time into several streams: scientific, economic and social and literary. Plus en techno, il y avait sciences sciences, comment..? More in techno, there were sciences sciences, how..? Sciences et technologie de la gestion, et sciences de l'ingénieur. Management science and technology, and engineering science. Voilà des choses comme ça. Mais donc en… Disons la grande majorité, 50 % des lycéens, enfin des jeunes de cet âge, était divisés entre scientifique, économique et social et littéraire. Toi Hugo, tu étais en ?

Hugo: [00:18:40] Alors tu peux deviner peut-être ? Hugo: [00:18:40] So you can guess maybe?

Ingrid: [00:18:41] Économique et sociale.

Hugo: [00:18:42] Exactement, économique et sociale !

Ingrid: [00:18:45] Et moi ? Tu peux deviner ?

Hugo: [00:18:47] Toi, je dirais soit économique et sociale, donc ES, soit littéraire. Hugo: [00:18:47] You, I would say either economic and social, therefore ES, or literary. J'aurais tendance à dire littéraire.

Ingrid: [00:18:53] Ouais, j'étais en littéraire.

Hugo: [00:18:55] Ouais, donc, vous l'avez deviné, la filière scientifique, c'était principalement des maths, de la physique et de la biologie, des matières scientifiques. En économique et sociale, on avait majoritairement de l'histoire-géographie et des sciences humaines et économiques. Et en littéraire, vous aviez plutôt…

Ingrid: [00:19:15] C'était d'abord la philosophie, en terminale, c'était le plus important. Ingrid: [00:19:15] It was first of all philosophy, in final year, it was the most important. Et on avait la littérature qu'aucun autre n'avait, il me semble. And we had literature that no one else had, it seems to me.

Hugo: [00:19:25] Et les langues étrangères aussi, non ?

Ingrid: [00:19:27] Beaucoup de langues étrangères. Et aussi l'histoire-géo qui avait un coefficient important. And also the history-geo which had an important coefficient. Coefficient, c'est ce qui indique l'importance de chaque matière au bac et en général aussi le nombre d'heures qu'on va avoir. Coefficient is what indicates the importance of each subject in the baccalaureate and in general also the number of hours that we will have. Donc, nous, en littéraire le plus important, le coefficient le plus important et le plus d'heures qu'on avait, c'était la philosophie. Mais il y avait aussi une grande importance pour les matières que j'ai citées avant. Et moi, je m'étais, pardon, mais juste moi je m'étais battue pour, ce que tu me disais, soit je m'étais battue pour aller en L parce que je voulais vraiment faire ça, mais que j'avais des assez bonnes notes pour aller en S et que S, bah c'est un peu la voie royale qu'on me disait. And I, I was, sorry, but I just fought for, what you told me, either I fought to go to L because I really wanted to do that, but I had good enough grades to go to S and that S, well, it's kind of the royal road that they told me. Et donc voilà, j'avais un peu saboté mes résultats en physique chimie pour que la prof de physique chimie m'aide à aller en L parce que vraiment je trouvais que ça avait l'air trop intéressant. And so there you have it, I had kind of sabotaged my results in physics chemistry so that the physics chemistry teacher could help me go to L because I really thought it looked too interesting.

Hugo: [00:20:23] C'est vrai parce qu'en fait, l'objectif de ces filières au départ, c'était d'aider les élèves à commencer à se spécialiser avant leurs études supérieures. Mais ce qui s'est passé dans la réalité, c'est qu'il y a eu une sorte de hiérarchie implicite des filières. But what happened in reality was that there was a kind of implicit hierarchy of channels. On considérait que la meilleure filière, c'était la filière S, ensuite la filière ES et la filière L, que c'était plutôt pour les lycéens qui réussissaient moins bien que les autres. Alors qu'en fait beaucoup de lycéens choisissaient la filière L par affinité, comme c'était l'objectif au départ. Mais voilà, progressivement, au fil des années, il y avait cette hiérarchie qui s'était mise en place. But now, gradually, over the years, there was this hierarchy that had been put in place. Et c'est ça qui a motivé aussi la réforme du lycée.

Ingrid: [00:21:11] Ouais, donc, la réforme Blanquer. Blanquer, du nom du ministre de l'Education de l'époque qui vient juste de partir.

Hugo: [00:21:23] Exactement, exactement. Donc c'est un ministre qui était plutôt populaire au départ mais qui a rapidement perdu en popularité. So this is a minister who was quite popular at the beginning but who quickly lost popularity. Et le symbole de ça, c'est qu'il s'est présenté là, aux élections législatives pour être élu député, et il a perdu dès le premier tour, il a été éliminé dès le premier tour. And the symbol of this is that he ran in the legislative elections to be elected deputy, and he lost in the first round, he was eliminated in the first round. C'est la première fois qu'il se présentait à une élection parce que quand il a été nommé ministre, il a été nommé par le Premier ministre, mais il n'y a pas besoin de gagner une élection pour devenir ministre. Là, c'était sa première élection et il a été éliminé immédiatement, ce qui montre qu'il était finalement assez impopulaire. Et ça, c'était en grande partie à cause de sa gestion de la crise sanitaire. And that was largely because of his handling of the health crisis. Beaucoup de profs, de parents d'élèves et de directeurs d'établissements scolaires se sont plaints de Jean-Michel Blanquer et… en disant qu'il avait très très mal géré l'organisation des cours et des examens pendant la crise du Covid, qu'il n'avait pas beaucoup de respect pour les profs etc. Donc voilà, il est devenu assez impopulaire. Mais c'est quand même lui qui a poussé cette réforme qu'on attendait depuis très longtemps. But it is still him who pushed this reform that we had been waiting for for a very long time. Alors peut-être qu'Ingrid tu peux nous expliquer un peu pourquoi on a fait cette réforme.

Ingrid: [00:22:41] Alors, l'objectif de la réforme c'était de… bon, comme tu le disais déjà, d'éviter qu'il y ait des filières qui soient beaucoup plus considérées (comme la filière scientifique) et d'autres au contraire qui soient un peu, comme on dit, « des voies de garage », c'est-à-dire que c'est un chemin qui ne mène à rien. Ingrid: [00:22:41] So, the objective of the reform was to… well, as you were already saying, to prevent there being fields that are much more considered (like the scientific field ) and others on the contrary which are a bit, as we say, “sideways”, that is to say that it is a path that leads to nothing. Et c'était aussi l'objectif de mieux préparer les lycéens à… aux études supérieures et au monde du travail, en les spécialisant beaucoup plus rapidement sur des matières qui étaient des matières que eux allaient choisir. And it was also the objective of better preparing high school students for... higher education and the world of work, by specializing them much more quickly in subjects that were subjects that they were going to choose. Donc c'était un objectif qui répondait à des inquiétudes sur le fait que le baccalauréat perdait de la valeur. On a beaucoup dit que plus le temps passe, plus les années passent et plus le bac est facile à voir, qu'il est même donné, donc offert gratuitement aux lycéens sans qu'ils aient besoin de travailler et qu'ensuite ça ne leur permet pas de réussir spécialement leurs études ou quoi. It has been said a lot that the more time passes, the more the years pass and the easier the baccalaureate is to see, that it is even given away, therefore offered free of charge to high school students without them needing to work and that then it does not not allow them to succeed especially in their studies or what. La preuve en est que quand en première année de licence, donc la première année d'études, 60 % seulement des étudiants vont jusqu'au bout et réussissent leurs examens pour continuer en deuxième année. The proof is that when in the first year of the license, therefore the first year of studies, only 60% of students go to the end and pass their exams to continue in the second year. Donc voilà, c'était l'objectif. Mais ensuite, déjà, quelle est cette réforme ? But then, already, what is this reform? Peut-être avant de dire tout ce qui… J'ai du mal à dire les objectifs parce que j'ai déjà en tête le fait que ça n'a pas du tout fonctionné et que c'est très critiqué ! Perhaps before saying all that… I find it hard to say the objectives because I already have in mind the fact that it didn't work at all and that it is very criticized! Mais petit à petit, on va y arriver. Peut-être qu'on peut d'abord expliquer en quoi ça consiste. Perhaps we can first explain what it consists of.

Hugo: [00:24:29] Alors, la réforme Blanquer, donc ça concerne à la fois la scolarité au lycée et l'examen final, le baccalauréat. Donc, concernant la scolarité au lycée, les filières ont disparu. So, regarding high school education, the streams have disappeared. Maintenant, il n'y a plus la filière scientifique, économique et sociale, et littéraire. Now, there is no longer the scientific, economic and social, and literary stream. Mais à la place, il y a ce qu'on appelle « un tronc commun.» Le tronc, c'est… Ça s'écrit T R O N C, c'est comme avec un arbre. But instead, there is what is called "a common core." The trunk is... It's written TRUNK, it's like with a tree. Un arbre, la partie principale de l'arbre, c'est le tronc. A tree, the main part of the tree is the trunk. Donc il y a un tronc qui ensuite se divise en branches. Là, c'est pareil au lycée maintenant, il y a un tronc commun, c'est-à-dire des matières que tous les lycéens doivent étudier. Ces matières, c'est le français, l'histoire-géographie, l'enseignement moral et civique, une langue vivante 1 et une langue vivante 2, l'éducation physique et sportive (le sport), les humanités numériques et scientifiques (alors ça, ça n'existait pas à mon époque, je ne sais pas exactement ce que c'est) These subjects are French, history-geography, moral and civic education, a modern language 1 and a modern language 2, physical education and sports (sports), digital and scientific humanities (that didn't exist at my time, I don't know exactly what it is)

Ingrid: [00:25:32] Moi non plus ! Ingrid: [00:25:32] Me neither!

Hugo: [00:25:32] Et pour finir, la matière reine, la philosophie. Donc ça, c'est le tronc commun, les matières que tous les lycéens doivent étudier. Mais ensuite, en première, ils doivent choisir trois spécialités parmi cette liste donc : écologie, agronomie et territoire, histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (ça, c'est une spécialité), humanités, littérature et philosophie (ça aussi, c'est une autre spécialité), arts, mathématiques, numérique et sciences informatiques, langues et littératures étrangères, etc., etc. Je ne vais pas toutes les faire parce qu'il y en a pas mal. I'm not going to do them all because there are quite a few. Donc en première, les élèves choisissent trois spécialités. Comme ça, ils doivent commencer à s'orienter. Ils doivent commencer à se demander ce qu'ils vont vouloir étudier plus tard, après le lycée. Ils doivent commencer à faire des choix et voir un peu quelles matières leur plaisent le plus. Donc, ils choisissent trois spécialités en première et en terminale, ils en gardent seulement deux. Et ces deux spécialités, ils vont devoir ensuite les passer au bac. On va en reparler un peu plus tard. Ça, c'est la nouvelle organisation. Il n'y a plus ces trois filières, mais à la place, il y a un menu avec des spécialités à la carte à choisir.