1939 - Seconde guerre mondiale tome 1 | L'Histoire nous le dira (3)
à ce qu'on peut appeler la « guerre totale ».
Au moment de l'invasion, par exemple, les unités terrestres ne disposent pas nécessairement
de tous les véhicules dont elles ont besoin et on rapporte que les réserves en munitions
sont par moment assez basses.
Il n'en demeure pas moins que l'économie Allemande parvient quand même à assurer
relativement une bonne préparation de l'armée d'invasion, mais l'économie n'est pas,
dans l'immédiat, en mesure d'alimenter une guerre de longue durée. En clair, il
faut conquérir la Pologne rapidement, histoire que l'économie souffle un peu.
D'ailleurs, Hitler ne veut pas mobiliser totalement l'économie aux fins de la guerre.
Il ne veut pas le faire malgré qu'une guerre avec l'Angleterre et la France soit inévitable
et qu'il faille prévoir des ressources spécialisées aux seules fins de la production
militaire.
Le chef du Reich et nombre de ses généraux semblent un peu trop fiers, il est vrai, sur
l'excellente organisation hiérarchique et tactique des divisions d'infanterie chargées
de mener l'assaut en Pologne.
En plus de disposer de la supériorité numérique, les divisions Allemandes possèdent une structure
de commandement plus moderne et efficace que leurs vis-à-vis Polonaises. Elles disposent
également de meilleurs chars d'assaut, tels les modèles de Panzer I, II, III et
IV. Conformément aux idées du général Heinz
Guderian, un penseur et développeur du concept de la Blitzkrieg, les chars et les unités
mécanisées doivent constituer le fer de lance pour percer le front ennemi, puis isoler
les poches de résistance éventuelles.
Le but étant toujours de semer la confusion chez l'adversaire, en s'assurant que ce
dernier ne puisse pas reconstituer une ligne de front solide et continue. Le gros de l'armée,
essentiellement constituée d'unités à pied, doit suivre l'avance des unités mobiles
et achever ces fameuses poches de résistance ennemies.
Qu'elles soient donc à pied ou mobile, les unités Allemandes peuvent aussi compter
sur l'appui de l'armée de l'air, la Luftwaffe sous les ordres de Hermann Goering.
En plus de dégager le ciel de la présence d'appareils ennemis avec des chasseurs tels
le Messerschmitt BF-109, le rôle de la Luftwaffe consiste à disloquer et à pulvériser les
convois de ravitaillement ennemis et les lignes de communication. Les bombardiers en piqué
Stuka jouent un rôle important à cet égard.
À l'instar des unités blindées, le rôle de l'aviation consiste aussi à semer la
confusion et la panique dans les rangs ennemis, paralysant du coup ses capacités défensives.
La clé du succès est donc simple : vitesse et mobilité!
Qu'à cela ne tienne, les premiers coups de feu de la Seconde Guerre mondiale en Europe
semblent avoir été tirés par la marine de guerre Allemande, la Kriegsmarine.
Des obus propulsés par un navire le long de la côte Polonaise non loin de Dantzig
s'abattent plus précisément contre la localité de Westerplatte, un peu avant 5
heures du matin, le 1er septembre 1939.
Pris au piège, les Polonais combattent avec vaillance. Leur armée tente quelques contre-attaques,
mais elle se trouve rapidement débordée sur toutes les parties du front allant du
nord au sud de la frontière avec l'Allemagne. Des troupes Allemandes partent également
de la Prusse-Orientale. L'objectif est simple : foncer vers Varsovie le plus rapidement
possible.
De leur côté, les chasseurs de la Luftwaffe s'attachent à éliminer leurs opposants,
tandis que les bombardiers en piqué s'en prennent aux colonnes ennemies ou à tout
autre objectif désignés par le haut commandement. La chute de Dantzig dès le 1er septembre
marque un repli général de l'armée Polonaise, un repli en quelque sorte prévu, car les
Polonais retraitent vers des lignes défensives beaucoup plus solides aux alentours de Varsovie,
dans le centre du pays.
Toutefois, ce repli des Polonais se transforme rapidement en retraite généralisée avec
la chute d'une autre ville importante, plus au sud, c'est-à-dire Cracovie qui tombe
le 6 septembre. L'avance foudroyante des Allemands leur
fournit un autre avantage, à savoir qu'il est désormais possible d'établir des bases
aériennes en sol polonais, exposant plus facilement la capitale de Varsovie aux bombardements
de la Luftwaffe à partir du 10 septembre.
Deux semaines après le début de l'invasion, la situation s'aggrave pour les Polonais.
Elle est même très inquiétante. L'armée entame alors une retraite non seulement vers
Varsovie pour défendre la capitale à tout prix, mais des éléments se replient aussi
vers la frontière avec la Roumaine pour parer au pire.
Et le pire se dessine progressivement. La capitale Polonaise se trouve complètement
encerclée à partir du 16 septembre. Qui plus est, conformément aux clauses du pacte
Ribbentrop-Molotov, l'armée Soviétique envahit à son tour la Pologne le lendemain!
Comment, dans ces circonstances, la Pologne peut-elle encore s'en sortir ? La réalité
est que la victoire est impossible, ni même la résistance à court terme, car les Soviétiques
parviennent à faire la jonction avec les Allemands à la hauteur de Brest-Litovsk dès
le 19 septembre.
Les Allemands ont donc les mains libres pour foncer vers la capitale Polonaise et la bataille
de Varsovie qui débute le 26 septembre est très dure. La résistance Polonaise est féroce,
mais la ville tombe finalement deux jours plus tard, le 28.
C'en est désormais terminé de la Pologne et de son armée. La majorité des soldats
capitulent dans les deux premières semaines du mois d'octobre 1939.
On peut cependant parler d'une capitulation « de surface », puisque plusieurs unités
Polonaises parviennent à se réfugier en Roumanie neutre pour éventuellement rejoindre
les Alliés, tout comme un gouvernement en exil et un État clandestin se forment dans
les mois à venir.
Malgré tout, l'Allemagne annexe une partie de la Pologne et l'URSS la partie est. C'en
est officiellement fini de la résistance Polonaise, mais des leçons sont à tirer
de cette campagne, tout comme des mythes persistants sont nés après ces batailles.
Par exemple, le plus tenace d'entre eux est probablement celui voulant que la cavalerie
Polonaise ait chargé têtes premières, ou plutôt « lances premières », vers les
unités blindées ennemies. Il n'en est rien.
Un autre mythe veut que l'aviation Polonaise ait été détruite au sol sans avoir livré
bataille. Là encore, tout est faux. Bien qu'elle soit en infériorité numérique
et qu'elle dispose d'appareils de moins bonne qualité, l'aviation Polonaise a offert
une sérieuse résistance à la Luftwaffe durant au moins les deux premières semaines
de la campagne. Il en va de même concernant la qualité de
la résistance de l'armée terrestre Polonaise. Une fois de plus, les soldats polonais ont
infligé aux Allemands des pertes significatives et la durée de la campagne, cinq semaines,
a de quoi étonner pour un pays qui n'est pas officiellement une puissance militaire
au sens classique du terme.
Cette première campagne de la Seconde Guerre mondiale en Europe est donc lourde en pertes
humaines et matérielles. Les Allemands déplorent la perte d'environ 60 000 soldats tués,
blessés et disparus, de même qu'environ 240 chars, 800 véhicules et 250 avions mis
hors service. De leurs côtés, les Soviétiques rapportent
la perte d'environ 5 500 soldats dans une campagne où la résistance Polonaise a été
beaucoup moins forte.
Quant aux Polonais, le bilan est bien sûr catastrophique. On parle de pertes avoisinant
875 000 soldats, la presque totalité de l'armée, dont les trois quarts sont faits prisonniers,
en plus de perdre la quasi-totalité de l'arsenal en chars, en canons et en avions.
La fin de la campagne Polonaise ne voit toutefois pas la fin des hostilités pour l'année
1939. On se bat ailleurs, notamment en Europe de l'Est, encore une fois. L'URSS contraint les États baltes à signer un pseudo pacte d'« assistance mutuelle »
en cas de conflit, et donc pouvoir y stationner des troupes. Ça sent l'annexion!
D'ailleurs, les Soviétiques souhaitent contraindre les Finlandais à signer une telle
entente, mais ces derniers refusent, car une approbation de leur part consisterait à sacrifier
une partie du territoire national entre la capitale Helsinki et la ville Soviétique
de Leningrad, en plus de voir des forces Soviétiques y séjourner.
Devant le refus de la Finlande, l'URSS l'envahit le 30 novembre 1939, entraînant du coup son
expulsion de la Société des Nations et le début de ce qu'on appelle la Guerre d'Hiver,
ou Guerre Finno-soviétique, qui ne s'achève qu'en mars 1940 avec quelques concessions
territoriales Finlandaises.
L'objectif premier des Soviétiques consiste à ouvrir une brèche dans l'isthme de Carélie,
une bande de terre relativement mince qui sépare le lac Ladoga du golfe de Finlande,
afin de faciliter l'invasion du territoire Finlandais par le sud.
La capitale Helsinki est bombardée le 1er décembre et les troupes Finlandaises, face
au poids du nombre, se replient en bon ordre derrière une ligne défensive de relativement
bonne qualité nommée la « ligne Mannerheim ».
En dépit de leur supériorité numérique écrasante, les forces Soviétiques se font
littéralement massacrer par les Finlandais au cours de batailles comme celles de Kolla,
Taipale ou Suomussalmi au tournant de 1939-1940. Généralement, les Finlandais enregistrent
entre 4 et 5 fois moins de pertes au combat que leurs adversaires Soviétiques. Les très
basses températures en hiver, les très mauvaises tactiques des Russes, le manque d'entraînement
et d'équipements de leurs troupes, tous ces facteurs contribuent à leurs terribles
défaites.
Malgré tout, le traité de Moscou signé en mars 1940 force les Finlandais à céder
d'importants territoires aux Soviétiques, notamment la région frontalière de la Carélie.
Toutefois, l'opinion publique internationale retient l'image de la piètre performance
de l'armée Soviétique. Hitler aussi le remarque et en tire certaines leçons pour
l'avenir, advenant une éventuelle invasion de l'URSS.
Sur le front Ouest, c'est-à-dire dans les théâtres d'opérations qui s'ouvrent
avec les déclarations de guerre de l'Angleterre et de la France à l'Allemagne, le 3 septembre
1939, le début de la Seconde Guerre mondiale semble étonnement calme.
C'est en fait le début de ce qu'on appelle la Drôle de guerre, soit la période de la
guerre avant que ne débute l'invasion Allemande à l'ouest au printemps de 1940.
Peu de temps après le début de la mobilisation générale de l'armée, les Français entament
une offensive avec des moyens restreints dans la région frontalière Allemande de la Saar,
du 7 au 12 septembre. Les Français capturent quelques villages
Allemands, mais ne poussent pas plus loin, et ce, malgré que la majorité des ressources
militaires du IIIe Reich soient affectées à la campagne de la Pologne.
De leurs côtés, le début de la guerre à l'Ouest voit les Britanniques commencer
un blocus naval de l'Allemagne comme ils l'avaient fait en 1914. En retour, les Allemands
répondent par une guerre sous-marine, mais une guerre qui reste limitée pour l'instant.
À l'instar de la France, la Grande-Bretagne ne tarde pas à mobiliser ses ressources militaires.
Les premiers éléments de la force expéditionnaire Britannique débarquent sur le continent dès
le 4 septembre. On jurerait voir se répéter le scénario de la Première Guerre mondiale!
Cette « drôle de guerre » voit quelques accrochages et échanges de coups de feu entre
les belligérants. Par exemple, des canons Allemands tirent sur des villages Français
situés non loin de la Ligne Maginot, cette puissante série de fortification érigée
de la frontière suisse jusqu'à la forêt des Ardennes dans l'entre-deux-guerres.
En réaction, les Français ont tôt fait d'abandonner leur offensive dans la Saar
pour se replier derrière la ligne Maginot en octobre, en dépit de rapports qui indiquent
une faible présence militaire Allemande à la frontière ouest.
On peut dire que les Alliés ratent une belle occasion de venir en aide à la Pologne laissée
seule à elle-même. Toutefois, ces manœuvres militaires timides des Alliés sont suffisantes
au point d'alerter le haut commandement Allemand du réel danger d'une invasion
par l'ouest du III Reich.
Par conséquent, Hitler ordonne des préparatifs en vue d'une invasion par les Pays-Bas,
la Belgique, le Luxembourg et la France. C'est ce qu'on appelle le Fall Gelb ou le Plan
Jaune, qui se trouve retardé dans son application par les mauvaises conditions météorologiques
en cette fin de 1939. Le problème pour les Allemands relativement
au front Ouest est que le temps semble favorable aux Alliés. En effet, plus le temps avance
et plus les Alliés ont le loisir de consolider leurs forces et de renforcer leur front. L'effet
de surprise paraît anéanti et les Français ont une confiance inébranlable en leur puissante
ligne Maginot.