Préface
BERNADETTE – Soeur Marie-Bernard
Par Henri Lasserre
Société Générale De Librairie Catholique
PARIS, BRUXELLES, GENEVE 1879
A Ma Fille Marie-Marthe
A toi, ma chère petite Marie-Marthe, je dédie ce livre.
Mgr Peyramale t'a consacrée à la Sainte Vierge; Bernadette, qui t'a caressée avec tendresse et tenue sur ses genoux, a prié pour toi. Au Paradis où Dieu les a placés, sans doute, ils n'oublient point leurs amis de la terre. Qu'ils demandent à Notre Dame de Lourdes, dont ils furent les Serviteurs ici-bas, d'obtenir pour toi grâces sur grâces et de faire de toi une sainte.
Et toi, chère petite, réponds à toute grâce reçue. Et que chaque jour qui t'avance dans la vie te fasse aussi grandir en piété, en sagesse, en bonté, sous le regard de l'excellente Mère que tu as en ce monde et de la Mère de toute perfection que tu as au Ciel.
Tu t'appelles Marie-Marthe, ayant ainsi à la fois pour patronnes, et la Sainte de la prière, et lu Sainte du travail. Tu es l'écho de leurs noms. La soeur Marie-Bernard est le reflet de leurs vertus.
Pieuse, charitable, active, répandant autour d'elle un parfum de sainteté, elle fui aimée du Ciel et de la Terre.
Lis donc ce livre et sois bonne comme elle.
Ton affectionné père,
Henri Monzie-Lasserre.
Déclaration de L'auteur
Conformément aux prescriptions de Notre Sainte Mère l'Église catholique, nous déclarons formellement:
Que nous soumettons, sans aucune restriction, au jugement du Saint-Siège tout ce que nous écrivons;
Qu'en ce qui concerne les guérisons extraordinaires que nous pouvons raconter (alors même que nous nous servons du mot usuel de Miracle, et que nous en relevons les circonstances qui nous semblent prouver l'intervention divine), nous n'entendons nullement en décider de notre propre chef le caractère surnaturel, ne voulant donner à nos paroles d'autre force que celle d'un témoignage purement historique;
Que, quand il nous arrive, en parlant de pieux et vénérés personnages, de nous servir de termes consacrés par l'Église dans les causes des Saints, nous n'entendons nullement prévenir le jugement du Siège apostolique, auquel seul il appartient de prononcer en pareille matière.
Henri Lasserre.
Préface
La Providence, qui nous a permis d'étudier jadis jusque dans leur moindre détail les surnaturelles origines du pèlerinage de Lourdes, a placé de la sorte sous le regard de notre esprit la vie des deux âmes privilégiées que la très sainte Vierge a voulu employer pour la fondation de son oeuvre.
Profondément semblables et entièrement différentes, ces deux âmes furent suaves et fortes. La première, toute virile, héroïque et puissante, mais évangéliquement charitable et apostolique sous la rudesse de l'écorce, était la suavité dans la force. Toute féminine, délicate et gracieuse, mais invincible en son apparente faiblesse, la seconde était la force dans la suavité.
Ensemble elles formèrent un accord parfait dans l'harmonie du plan divin. Le curé Peyramale et Bernadette sont inséparables dans l'oeuvre de Marie et demeureront à jamais à côté l'un de l'autre dans la reconnaissance des hommes.
Et le lion protecteur, et l'agneau protégé ont aujourd'hui quitté cette terre.
Un jour, en la radieuse fête de la Nativité de la Vierge, nous avons fermé les yeux du vieux prêtre, et déposé sa dépouille mortelle dans le temple inachevé que ce nouvel Esdras élevait à Dieu... Un autre jour, pendant que retentissait le pascal alleluia de la résurrection, nous avons conduit la soeur Marie-Bernard dans sa tombe au pied de l'autel.
Et maintenant il nous a semblé bon devant le Seigneur, et d'après le désir d'un grand nombre, de recueillir dans notre propre mémoire et sur les lèvres des survivants, les souvenirs que l'un et l'autre ont laissés ici-bas. Il nous a semblé bon de réunir à ce que le monde connaît déjà, les détails encore ignorés de ces deux existences et de compléter ainsi, pour les contemporains et pour la postérité, la physionomie totale de la Voyante de Lourdes et du prêtre de l'Immaculée-Conception.
Tel est l'objet des deux humbles volumes qu'en ce moment nous achevons d'écrire et qui se font écho l'un à l'autre, comme dans la symphonie se répondent les deux octaves, comme dans l'être humain s'harmonisent la tète et le coeur, comme dans la famille sont liés le père et l'enfant.
LE CURÉ DE LOURDES, Mgr Peyramale, sera, si Dieu le permet, publié très prochainement.
BERNADETTE, Soeur Marie-Bernard, paraît aujourd'hui.
Cette étude sur l'Enfant de Marie se divise par la nature même des choses, en trois parties distinctes.
Pour raconter sa vie publique, nous n'avons eu qu'à reproduire par fragments méthodiques tout ce qui, dans notre livre intitulé Notre-Dame de Lourdes, est relatif à la Voyante et ait rôle qu'elle a rempli. Malgré une certaine hésitation à réimprimer ici un texte déjà connu, nous avons dû nous résoudre à le faire, sous peine de scinder l'unité du portrait que nous voulions présenter, et de sacrifier la physionomie d'ensemble de cette existence extraordinaire, que nous tentons de faire revivre sous le regard de nos lecteurs.
Pour raconter quelle a été la part de Bernadette dans l'histoire écrite de Notre Dame de Lourdes, pour déterminer le caractère ferme et invariable de son témoignage, nous n'avons eu qu'à consulter nos souvenirs personnels et à donner au public quelques pages de nos Mémoires intimes.
Pour raconter enfin ce qu'a été la soeur Marie-Bernard dans les calmes jours du couvent et la suivre jusqu'à ses derniers moments, nous n'avons eu qu'à répéter les récits que nous ont faits, à nous-même, les pieuse's compagnes de notre vénérée Soeur.
Plus que personne, hélas! nous comprenons et sentons l'insuffisance de notre oeuvre. Mais à défaut d'autre mérite, nous avons voulu qu'elle fut scrupuleusement exacte, tant dans la lettre que dans l'esprit.
Aussi nous sommes-nous fait un devoir de soumettre à la Congrégation des Soeurs de Nevers toute la partie de notre travail relative à la vie de la soeur Marie-Bernard, depuis le jour de son entrée en religion. Elles seules furent les témoins de cette existence cachée; et nous avons tenu à ne publier là-dessus qu'un récit vérifié et agréé par elles, qu'un texte revêtu de leur assentiment et de leur approbation.
Que le Seigneur bénisse, et notre étude d'aujourd'hui sur la soeur Marie-Bernard, et notre étude de demain sur Mgr Peyramale! Et, en ces tristes temps où tout un monde ennemi se lève contre les chrétiennes Congrégations et contre le Sacerdoce, que Notre Dame de Lourdes daigne se servir de ces pages pour apprendre à ceux qui l'ignorent et pour rappeler à ceux qui l'oublient, quelle perle incomparable est, au sein de son couvent la vraie Religieuse, quel lumineux diamant est, au milieu du siècle, le vrai prêtre de Jésus-Christ.
H. L.
Paris le 20 août 1879.
En la fête de saint Bernard, patron de Bernadette.