Final Fantasy VII : le Star Wars du jeu vidéo - l'analyse de M. Bobine (1)
Adeptes de la grande toile, bonjour !
Pour cette rentrée, on va bouleverser un peu nos habitudes,
car nous n'allons pas parler d'un film, mais d'un jeu vidéo.
Alors rassurez-vous, nous n'inaugurons pas la chaîne M. Bobine Gaming,
et vous allez voir que le cinéma n'est pas bien loin
puisque nous allons également parler de la plus célèbre franchise de science fiction au monde.
On ne présente plus Star Wars, ni l'impact considérable
qu'à eu la trilogie originale de George Lucas sur l'industrie du cinéma.
On ne présente plus non plus la saga Final Fantasy qui, forte de 15 épisodes,
à eu un impact non moins considérable dans l'industrie du jeu vidéo.
Mais si l'ombre de Star Wars semble planer sur toute la saga
de l'éditeur anciennement connu sous le nom de Squaresoft,
il y a un épisode en particulier qui a pas mal chamboulé la série des Final Fantasy,
mais également la manière de raconter des histoires avec une console de jeu.
Et si Final Fantasy VII était un veritable “Star Wars” du jeu vidéo ?
Je ne vais pas vous faire l'affront de vous ressortir le pitch de Star Wars,
ni même de revenir sur la genèse de la mythique saga de Space Fantasy de George Lucas,
je pense que tout le monde est à peu près à jour là-dessus.
En revanche, pour ceux d'entre vous qui ne sont pas trop portés sur la manette,
peut-être est-ce utile de prendre quelques minutes
pour parler de la saga Final Fantasy avant d'aborder son septième volet.
Final Fantasy, c'est une série de jeux vidéos sur console qui appartient au genre du RPG.
Grosso modo, le RPG, (acronyme de role playing game)
est une sorte de transposition vidéo ludique du jeu de rôle sur papier.
Dans ces jeux, ce n'est pas l'adresse des joueurs qui est sollicitée
car les personnages que vous contrôlez possèdent leur propres caractéristiques
que vous pourrez faire évoluer au fil de votre quête.
Par exemple en équipant des armes, des armures ou des objets pour les renforcer
ou encore en accumulant des points d'expérience
qui vous permettent de débloquer de nouvelles compétences, de nouvelles magies
pour aller dézinguer les ennemis les plus puissants.
Les combats font très souvent appels à des systèmes de stratégie
ou chacun lance son attaque à tour de rôle
et les RPG proposent des univers riches que vous pouvez parfois influencer par vos choix.
Bon, là je vous sors les généralités sur le genre,
mais il y a évidemment des exceptions
ainsi que d'innombrables sous-genres ou variations autour du RPG.
L'un de ces sous-genre est le J-RPG, c'est à dire le jeu de rôle japonais
dont les deux franchises les plus célèbres sont Dragon Quest éditée par la société Enix
et évidemment, Final Fantasy éditée par Squaresoft.
Si ces deux saga rivales sont extrêmement populaires au Japon, surtout Dragon Quest,
ce n'est pas tout à fait le cas dans le reste du monde.
Par exemple, les épisodes II, III et V de Final Fantasy
n'ont pas été localisés en anglais à l'époque de leur sortie
car ils étaient jugés trop difficiles pour un public de non-initiés…
Seuls les épisodes I, IV et VI furent édité en Amérique du Nord
en même temps que la sortie japonaise.
Ils connurent un succès relativement modeste,
et pour combler l'absence des épisodes exclusifs au Japon,
Final Fantasy IV a été renommé Final Fantasy II
et Final Fantasy VI est devenu Final Fantasy III.
Bref c'est un peu le bordel...
Si le genre s'exporte malgré tout en dehors du Japon
il reste relativement destiné à un public de niche,
tout du moins jusqu'à la sortie du septième volet.
En tout cas en 1987, le succès de la série phare de Squaresoft était loin d'être acquis
car Square était alors au bord de la faillite
et fut sauvée in extremis par le carton du tout premier Final Fantasy.
D'ailleurs, je pense que vous connaissez tous l'anecdote sur l'origine du nom de la franchise
Squaresoft s'était résigné à mettre la clé sous la porte
et Final Fantasy devait être le dernier baroud d'honneur de la société,
sa “dernière fantaisie” avant la liquidation…
Bon alors, l'histoire est poétique,
mais elle a été depuis démentie par Hironobu Sakaguchi,
le producteur en charge de la série depuis ce tout premier volet.
En fait, le titre fait tout simplement référence au genre de prédilection de la saga :
l'héroïc fantasy.
Car ême si tous les épisodes sont indépendants et se déroulent dans des mondes différents,
visuellement, les jeux ont tendance à proposer la même ambiance fantastico-médiévale,
avec le même type de graphismes et la même vue dominante.
Et quand la franchise s'aventure vers la science fiction comme dans le sixième volet,
c'est avec un look steampunk assez soluble dans le genre de l'heroic fantasy.
Du coup, vous vous demandez peut-être quel peut bien être le rapport
entre la série Final Fantasy et la trilogie de George Lucas
mais plus généralement entre ces jeux vidéos et leurs graphismes très sommaires
et le monde du cinéma ?
Jusqu'au début des années 90,
on pourrait croire que le genre du RPG, avec ses dragons, ses mages et ses chevaliers,
se revendiquait plus de l'univers littéraire de Tolkien
ou des jeux de plateau comme Dongeons et Dragons que des classiques du grand écran.
Et pourtant comme le cinéma,
le jeu vidéo est avant tout un art visuel qui évolue sans cesse
vers des représentations toujours plus réalistes et plus immersives.
Du coup, les développeurs de jeux n'hésitent pas à se tourner vers le grand écran
pour puiser leur inspiration.
La série des Final Fantasy contient elle aussi son lot de références cinématographiques,
en particulier à la trilogie de George Lucas.
Par exemple, dans quasiment tous les épisodes à partir du sixième volet,
on retrouve systématiquement deux personnages prénommés Biggs et Wedge
en référence à Biggs Darklighter et Wedge Antilles,
les deux pilotes qui participent à l'assaut de l'Etoile Noire avec Luke.
Cependant on pouvait trouver des références à Star Wars dès le quatrième épisode de la saga.
Takashi Tokita qui était scénariste et game designer sur Final Fantasy IV
a d'ailleurs déclaré que le méchant du jeu, Golbez, était un hommage à Dark Vador.
On retrouvera bien plus tard dans la série d'autres parallèles avec Star Wars,
notamment dans le XIIe opus dans lequel le jeune héros rêve de quitter sa ville natale
pour devenir pirate du ciel,
et va rencontrer en chemin une princesse qui participe à une rébellion
contre un empire maléfique,
un pirate arrogant à la Han Solo
accompagné d'un simili Chewbacca en moins poilu, plus sexy et hum… avec des oreilles de lapin...
En revanche, pour ce qui est du visuel des vaisseaux
ou des soporifiques intrigues politiques,
on est plutôt du côté de la Menace Fantôme que d'Un Nouvel Espoir…
On peut aussi évoquer FFX, dont le bad guy n'est autre que le père du héros
qui trouvera une forme de rédemption après s'être fait défoncer la tronche par son fiston.
Nous verrons que Final Fantasy VII contient également son lot de références au cinéma,
et à la trilogie de Lucas,
mais cet épisode a la particularité d'être sorti à une période charnière du monde du jeu vidéo,
car si les développeurs ne se privaient pas de piocher dans leurs films favoris
pour construire les récit de leurs jeux,
avec l'arrivée d'une nouvelle génération plus puissantes de consoles et d'ordinateurs,
ils peuvent désormais faire des références visuelles au cinéma,
voir même lui emprunter certains éléments de grammaire.
Dès les années 80,
les développeurs ont mis à profit les centaines de Mega octets du format CD
pour proposer aux joueurs des sortes de films interactifs que l'on appelait des FMV,
ou Full Motion Video,
un genre qui était très présent sur le Mega CD de Sega par exemple,
bien qu'il en existait déjà sur PC ou en arcade.
Avec l'évolution de l'image de synthèse, les jeux s'offrent désormais
des séquences d'introduction à la pointe des dernières technologies
pour en mettre plein la vue aux joueurs.
Ces fameuses séquences sont même devenu des arguments de ventes
alors qu'elles ne sont ni jouables, ni même représentatives des graphismes du jeu.
Néanmoins, ces jeux deviennent eux aussi de plus en plus beaux
et certains studios vont tenter de mettre ces avancées technologiques à profit
pour rapprocher l'expérience de jeu du cinéma.
Citons par exemple Alone in The dark sorti sur PC en 1992
qui était l'un des premiers jeux vidéo dans lequel
des personnages en polygones évoluent sur un plan en 3D
mais avec des décors fixes en deux dimensions,
ce qui a permis aux concepteurs de s'émanciper des traditionnelles vues isométriques
ou les vues de côté que l'on retrouvait dans la majorité des jeux
et de proposer des cadrages plus proches de ce qui se fait au cinéma.
Plus tard en 1996,
c'est au tour de Resident Evil de reprendre ce principe
avec des graphismes nettement améliorés
et tant qu'à faire, avec une séquence d'ouverture en live avec de vrais acteurs…
Enfin, “vrais acteurs” faut le dire vite…
De manière générale, les développeurs de jeux vidéo doivent désormais réfléchir
au placement de la caméra, au cadrages, et même aux mouvements
puisqu'on trouve désormais des jeux entièrement conçu en 3D
comme par exemple Metal Gear Solid sorti en 1998
qui fut l'un des jeux les plus novateurs de la Playstation avec…
Ben Resident Evil et bien sûr, FFVII.
Bon vous vous doutez bien que je vous ai fait un tour d'horizon très rapide
avec quelques uns des exemples les plus connus,
et vous trouverez des articles ou des vidéos bien plus complètes
et bien plus précises sur le sujet.
Mais ce qu'il faut retenir, c'est que les frontières entre le jeu vidéo
et d'autres formes d'art comme le cinéma ont toujours été bien plus poreuses
que ce que l'on a l'habitude de croire.
Pour le septième volet de sa saga, l'éditeur Squaresoft voyait les choses en grand.
En très grand.
En trop grand pour la Super Nintendo qui avait pourtant accueilli
les trois précédents épisodes de la série.
Si vous êtes de ma génération,
alors vous vous souvenez peut-être qu'à l'époque on mesurait la puissance des consoles en bit,
on ne savait pas à quoi ça correspondait,
mais on savait que les 8 bits de la NES étaient moins puissants que les 16 bits de la super NES
qui étaient moins puissants que les 32 bits de la Playstation ou de la Saturn de Sega etc…
La génération 32 bits a amorcé le virage de la 3D pour les consoles de salon,
et on pouvait légitimement s'imaginer que la série des Final Fantasy
allait elle aussi profiter de la puissance de cette génération de console
pour abandonner la traditionnelle 2D de la saga.
Nintendo n'entendait pas se laisser distancer dans la courses aux consoles
et a décidé de damer le pion à Sega et Sony sur le terrain de la puissance
en sortant une console 64 bits : la Nintendo 64.
Dans un premier temps,
Squaresoft envisage de développer ce septième Final Fantasy sur la dernière née de Nintendo
et s'amuse même à créer une démo technique pour tester ses capacités en matière de 3D.
Mais ce qui va provoquer le divorce entre Square et Nintendo,
c'est ce petit machin rond et noir : le support CD de la Playstation de Sony
qui, comme on l'a vu plus tôt, pouvait contenir énormément plus d'informations
que les cartouches traditionnellement utilisées par Nintendo.
e ne vais pas m'attarder sur la querelle entre Sony et Nintendo,
sachez seulement qu'il y eu du sang, des larmes
et que Final Fantasy VII a clairement été la plus importantes prise de guerre de Sony.
Le choix de support fut même un axe majeur de la guerre
que se sont livré ls deux fabricants de consoles par publicité interposé.
Nintendo vantait la rapidité du support cartouche qui évitait les temps de chargements,
tandis que Sony taclait son rival pour la faible capacité de ses cartouches