×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Le Précepteur - channe youtube, LA BOÉTIE - La servitude volontaire 📏 (2)

LA BOÉTIE - La servitude volontaire 📏 (2)

il faut évidemment précisé que si

l'habitude et la cause de la servitude

elle en devient en aucun cas une excuse

comme il l'écrit les années ne donne

jamais le droit de mal faire c'était pas

parce que l'on a été habitué depuis

l'enfance à obéir que l'obéissance

devient une vertu

c'était ma part ce que l'on s'est

habitué à ce que notre liberté soient

bridées que l'on a raison de laisser

notre liberté être [ ]

le deuxième intérêt à la soumission au

pouvoir c'est celui que j'évoquais

précédemment à savoir l'intérêt

psychologique

autrement dit le confort intellectuel de

pouvoir se positionner en victime de

l'oppression et ainsi d'avoir à sa

disposition un coupable à désigner

avoir un coupable a désigné m c'est ne

plus porter le poids de la

responsabilité de notre condition

c'est avoir entre les mains un joker de

libération mental

parce qu'avoir un coupable a désigné

nous dispense d'avoir à sortir de notre

condition de victimes

et on peut alors convertir notre

passivité pratique en gratification

symbolique

puisque être victime sait se rendre

disponible à la tension et à la

compassion d'autrui

se positionner en victime c'est se

dispenser d'avoir à mettre en oeuvre des

solutions pour sortir de sa condition de

victimes

et on peut construire un barrage anti

solutions autour de soi pour se garantir

le maintien dans notre situation victime

comme on peut se plaindre de ce qu'on

subit non pas pour trouver le moyen de

ne plus le subir

mais pour le soulagement que procure le

fait de le faire savoir

pointé la culpabilité sur les

oppresseurs de notre liberté c'est

admettre que notre liberté dépend du bon

vouloir de notre presseur c'est donc

reconnaître la supériorité de notre

presseur sur nous

c'est donc validé le rapport de

domination dont on est la victime

et sur le plan psychologique le

sentiment de bonne conscience que

produit la soumission à l'oppresseur

peut conduire à vouloir que ce rapport

de domination perdure

et alors l'intérêt psychologique peut se

prolonger en un troisième intérêt à

savoir l'intérêt intellectuel voire

philosophique et qui consiste dans la

délimitation du monde en deux catégories

les gentils et les méchants

les bons et les mauvais est faible et

l'effort

or dans l'imaginaire collectif

appartenir au camp des faibles c'est

appartenir au camp des gentils

la littérature romanesque et le cinéma

sont structurées par cette ligne

médiatrice cette vision dichotomique

entre les forces du bien et les forces

du mal et vous remarquerez qu en général

la force et du côté des méchants

et les gentils doivent souvent s'unir ou

faire preuve de ruse pour triompher des

forces du mal

même si dans les faits il ya aussi des

marques les gentils gagnent à la fin

si la force est vue comme la tribu des

méchants

la force est vu comme quelque chose

qu'il faut condamner

et c'est d'ailleurs ça qui conditionne

notre conception de la domination

politique

l'effort sont les méchants justement

parce qu'ils sont les forts

et les faibles sont les gentils

justement parce qu'ils sont les faibles

faible c'est celui qu'il faut défendre

celui qu'il faut protéger c'est celui

pour lequel il faut avoir de la

compassion

mais sauf que le pouvoir n'a aucune

compassion pour les faibles

et donc à aucun moment on ne rend

service aux faibles en le maintenant

dans sa faiblesse

à aucun moment on est le faible a relevé

la tête face au fort en lui disant que

la force c'est mal

au contraire on entérine sa servitude

parce que si la domination est le

résultat d'un rapport de force entre un

fort et un faible justifier la faiblesse

c'est se faire le complice du fort et

quand on demande au pouvoir de faire

preuve de compassion à notre égard

on lui demande de ne plus être le

pouvoir

il n'ya qu'un faible pour croire qu'un

fort et sensibles à la faiblesse

la domination politique n'est pas un

rapport de compassion la domination

politique est un rapport de force

alors là certains d'entre vous diront

peut-être d'accord mais à l'époque de la

boétie on était en monarchie

or aujourd'hui nous sommes en démocratie

et en démocratie nous sommes beaucoup

plus libre qu'en monarchie

sauf que c'est mal connaître les

principes de la domination et notamment

les modalités psychologique du

consentement au pouvoir

les modalités psychologique du

consentement au pouvoir ce sont

l'ensemble des stratégies mises en

oeuvre par un état pour substituer à la

liberté réelle ce qui n'est que le

sentiment de la liberté

or la liberté n'est pas un sentiment

on donne un esclave un psychotrope qui

lui fait prouvé un sentiment de liberté

l'esclave n'en devient pas libre dans

les faits

la liberté ce n'est pas un sentiment

subjectif c'est une réalité objective

c'est d'ailleurs sur ce point que

portait la critique virulente de marx à

l'égard des droits de l'homme puisque

marx considérait que les droits de

l'homme n'étaient que des droits formels

et non pas des droits réels

vous pouvez avoir tous les droits du

monde si vous n'avez pas les moyens

matériels de satisfaire vos droits

vos droits n'ont aucune réalité

vous pouvez avoir le droit d'être

propriétaire de votre maison mais si

vous n'avez pas les moyens matériels

d'acheter votre maison ce droit n'est

qu'une abstraction

de la même façon la liberté n'est pas la

capacité virtuelle à pouvoir faire ce

que l'on veut la liberté c'est la

capacité réelle effective de pouvoir

réaliser sa volonté

encore faut-il que notre volonté ne soit

pas aliéné

et justement en parlant de volonté

aliéner la stratégie de consentement au

pouvoir dont par la boétie

c'est la stratégie qu utilisaient déjà

les empereurs romains et cette stratégie

vous la connaissez parce qu'on en a déjà

parlé c'est le divertissement

le divertissement ça regroupe l'ensemble

des moyens par lesquels on procure aux

individus un plaisir éphémère qui va

détourner leur attention de leur

situation objective

quand on va voir un match de foot on ne

se pose pas la question de la domination

politique

quand on est sous l'emprise d'une drogue

ou quand on fait du shopping ou quand on

regarde un film porno on se pose pas la

question de la domination politique

et la boétie montre bien que cette

stratégie a un double intérêt car en

plus de détourner l'attention du peuple

de sa servitude

elle induit ce qu'il appelle un

amollissement de la volonté

l'accoutumance aux divertissements nous

fait perdre le goût de notre liberté

et donc cette stratégie d'un mot

l'ismans de la volonté par le

divertissement montre bien que le

pouvoir ne s'exerce pas uniquement par

la force

car lorsqu il s'exerce par la force le

pouvoir devient visible

et alors à ce moment-là il ouvre la voie

à la possibilité de l'insurrection

le pouvoir ne s'exerce pas uniquement

par la force il s'exerce d'abord par la

ruse et le divertissement

c'est la ruse du pouvoir pour produire

un amollissement de la volonté et un

abrutissement de l'esprit

et ce faisant on rend les individus

consentants et donc acteurs de leur

soumission un peuple diverti est un

peuple qu'on s'entend

un peuple qui s'abandonne à ses plaisirs

est un peuple qui ne demande qu'une

seule chose

davantage de plaisir

davantage de soumission au

divertissement

ne croyez pas qu'il y ait nul l'oiseau

qui se prennent mieux à la pipe et ni

aucun poisson qui pour la friandise du

verre morts de plus tôt à l'hameçon que

tous ces peuples qui se laisse

promptement à lécher à la servitude pour

la moindre douceur qu'on leur fait

goûter ces choses merveilleuses qu'il se

laisse aller si promptement pour peu qu

on les chatouille et théâtre les jeux

les farces les spectacles les

gladiateurs les bêtes curieuses les

médailles les tableaux et autres drogues

de cette espèce était pour les peuples

anciens les a pas de la servitude

le prix de leur liberté ravi les outils

de la tyrannie ainsi les peuple abruti

trouvant beaux tous ces bastons amusé

d'un vin plaisir qui les éblouissait

s'habituer à servir aussi niaisement

mais plus mal que les petits enfants

apprennent à lire avec des images

brillantes

alors on pourrait décrire pendant des

heures la manière dont fonctionne la

mécanique du consentement au pouvoir

mais ce n'était pas ce qu'on va faire

parce qu'alors on tomberait dans

l'écueil que signale implicitement la

boétie dans son discours à savoir

l'écueil de la dénonciation

pour la boétie il ne s'agit pas de

condamner la servitude

il s'agit d'en sortir

et pour lui le seul moyen de sortir de

la servitude la seule et unique façon de

devenir des êtres libres

ces deux cesser d'obéir

alors vous allez me dire la belle

affaire c'est un peu évident oui pour

être libre il faut cesser d'obéir

oui sauf qu'il faut comprendre ce que ça

veut dire

être libre c'est cesser d'obéir mais est

ce que nous comprenons bien ce que ça

veut dire cesser d'obéir

la boétie nous comprenons mal ce que

signifie ne pas obéir

parce que nous sommes tellement

accoutumés à notre servitude que nous

imaginons que pour être plus libre que

nous le sommes nous devrions nous battre

imaginons que la liberté s'obtient par

des actes

or cesser d'obéir ce n'est pas agir

c'est au contraire cessé d'agir

désobéir ce n'est pas faire quelque

chose c'est cesser de faire quelque

chose remarquez comme notre imaginaire

et façonné par l'idée d'une liberté

conquise par la lutte

remarquez comme la liberté est associé

dans notre esprit à des images de

violence et à des scènes d'insurrection

constater à quel point les éléments de

langage utilisé par les prétendus

défenseurs de l'émancipation sont

systématiquement relié à une mythologie

du combat

lutter pour ses droits combattre les

injustices résister à l'oppression

mais ce que dit la boétie c'est que la

liberté on ne l'obtient pas par des

actes

on ne se débarrasse pas d'un fardeau en

le combattant

s'en débarrasse en le lâchant

être libre ce n'est pas vos si ferrer à

l'oreille des dirigeants s'étaient pas

les menacer de mettre le feu aux

poubelles parce que toute façon les

poubelles c'est nous qui allons les

payer

être libre c'est d obéir

être libre c'est cesser d'agir

conformément à la volonté du pouvoir

et c'est ça qui fait dire à la boétie

que dès lors qu'on cesse d'obéir au

pouvoir sans violence sans agressivité

juste cesser d'agir selon sa volonté

alors le pouvoir est nu

le pouvoir est démuni

parce que le pouvoir a besoin notre

participation active

et parce que combattre le pouvoir c'est

encore le nourrir

c'est le légitimer comme pouvoir

c'est le valider comme pouvoir

voir c'est se placer dans la situation

de l'opprimé qui réclame au pouvoir les

miettes de sa liberté

le pouvoir ne peut opprimés que des

opprimés consentants le pouvoir ne peut

avoir comme esclaves que des esclaves

volontaires

mais dès lors qu'il n'y a plus d'eau

primés

il n'y a plus d'eau presseur

et pas en faisant disparaître les

oppresseurs qu'on cesse d'être opprimé

c'est en cessant de se conduire en

opprime et on fera disparaître les

oppresseurs

c'est ce raisonnement qui conduit la

boétie à écrire cette célèbre phrase qui

résume tout soyez résolus à ne plus

servir et vous voilà libres

la théorie de l'émancipation de la

boétie tient en un raisonnement simple

un raisonnement qui annonce près de

trois siècles en avance ce que hegel

appellera la dialectique du maître et de

l'esclave

et qui consiste à mettre en lumière le

fait que l'oppresseur est davantage

dépendants de l'opprimé que l'opprimait

ne l'est de l'oppresseur

en d'autres termes le pouvoir a

davantage besoin de nous que nous

n'avons besoin de lui

c'est ce qui fait que paradoxalement le

recouvrement de notre liberté ne passe

pas par l'action révolutionnaire mais

par le retrait de l'action servile alors

bien sûr la boétie ne cache pas son

admiration pour les héros guerrier de

l'antiquité qui était prêt au sacrifice

pour défendre leur liberté

la boétie partage avec rousseau ce goût


LA BOÉTIE - La servitude volontaire 📏 (2)

il faut évidemment précisé que si

l'habitude et la cause de la servitude

elle en devient en aucun cas une excuse

comme il l'écrit les années ne donne

jamais le droit de mal faire c'était pas

parce que l'on a été habitué depuis

l'enfance à obéir que l'obéissance

devient une vertu

c'était ma part ce que l'on s'est

habitué à ce que notre liberté soient

bridées que l'on a raison de laisser

notre liberté être [ __ ]

le deuxième intérêt à la soumission au

pouvoir c'est celui que j'évoquais

précédemment à savoir l'intérêt

psychologique

autrement dit le confort intellectuel de

pouvoir se positionner en victime de

l'oppression et ainsi d'avoir à sa

disposition un coupable à désigner

avoir un coupable a désigné m c'est ne

plus porter le poids de la

responsabilité de notre condition

c'est avoir entre les mains un joker de

libération mental

parce qu'avoir un coupable a désigné

nous dispense d'avoir à sortir de notre

condition de victimes

et on peut alors convertir notre

passivité pratique en gratification

symbolique

puisque être victime sait se rendre

disponible à la tension et à la

compassion d'autrui

se positionner en victime c'est se

dispenser d'avoir à mettre en oeuvre des

solutions pour sortir de sa condition de

victimes

et on peut construire un barrage anti

solutions autour de soi pour se garantir

le maintien dans notre situation victime

comme on peut se plaindre de ce qu'on

subit non pas pour trouver le moyen de

ne plus le subir

mais pour le soulagement que procure le

fait de le faire savoir

pointé la culpabilité sur les

oppresseurs de notre liberté c'est

admettre que notre liberté dépend du bon

vouloir de notre presseur c'est donc

reconnaître la supériorité de notre

presseur sur nous

c'est donc validé le rapport de

domination dont on est la victime

et sur le plan psychologique le

sentiment de bonne conscience que

produit la soumission à l'oppresseur

peut conduire à vouloir que ce rapport

de domination perdure

et alors l'intérêt psychologique peut se

prolonger en un troisième intérêt à

savoir l'intérêt intellectuel voire

philosophique et qui consiste dans la

délimitation du monde en deux catégories

les gentils et les méchants

les bons et les mauvais est faible et

l'effort

or dans l'imaginaire collectif

appartenir au camp des faibles c'est

appartenir au camp des gentils

la littérature romanesque et le cinéma

sont structurées par cette ligne

médiatrice cette vision dichotomique

entre les forces du bien et les forces

du mal et vous remarquerez qu en général

la force et du côté des méchants

et les gentils doivent souvent s'unir ou

faire preuve de ruse pour triompher des

forces du mal

même si dans les faits il ya aussi des

marques les gentils gagnent à la fin

si la force est vue comme la tribu des

méchants

la force est vu comme quelque chose

qu'il faut condamner

et c'est d'ailleurs ça qui conditionne

notre conception de la domination

politique

l'effort sont les méchants justement

parce qu'ils sont les forts

et les faibles sont les gentils

justement parce qu'ils sont les faibles

faible c'est celui qu'il faut défendre

celui qu'il faut protéger c'est celui

pour lequel il faut avoir de la

compassion

mais sauf que le pouvoir n'a aucune

compassion pour les faibles

et donc à aucun moment on ne rend

service aux faibles en le maintenant

dans sa faiblesse

à aucun moment on est le faible a relevé

la tête face au fort en lui disant que

la force c'est mal

au contraire on entérine sa servitude

parce que si la domination est le

résultat d'un rapport de force entre un

fort et un faible justifier la faiblesse

c'est se faire le complice du fort et

quand on demande au pouvoir de faire

preuve de compassion à notre égard

on lui demande de ne plus être le

pouvoir

il n'ya qu'un faible pour croire qu'un

fort et sensibles à la faiblesse

la domination politique n'est pas un

rapport de compassion la domination

politique est un rapport de force

alors là certains d'entre vous diront

peut-être d'accord mais à l'époque de la

boétie on était en monarchie

or aujourd'hui nous sommes en démocratie

et en démocratie nous sommes beaucoup

plus libre qu'en monarchie

sauf que c'est mal connaître les

principes de la domination et notamment

les modalités psychologique du

consentement au pouvoir

les modalités psychologique du

consentement au pouvoir ce sont

l'ensemble des stratégies mises en

oeuvre par un état pour substituer à la

liberté réelle ce qui n'est que le

sentiment de la liberté

or la liberté n'est pas un sentiment

on donne un esclave un psychotrope qui

lui fait prouvé un sentiment de liberté

l'esclave n'en devient pas libre dans

les faits

la liberté ce n'est pas un sentiment

subjectif c'est une réalité objective

c'est d'ailleurs sur ce point que

portait la critique virulente de marx à

l'égard des droits de l'homme puisque

marx considérait que les droits de

l'homme n'étaient que des droits formels

et non pas des droits réels

vous pouvez avoir tous les droits du

monde si vous n'avez pas les moyens

matériels de satisfaire vos droits

vos droits n'ont aucune réalité

vous pouvez avoir le droit d'être

propriétaire de votre maison mais si

vous n'avez pas les moyens matériels

d'acheter votre maison ce droit n'est

qu'une abstraction

de la même façon la liberté n'est pas la

capacité virtuelle à pouvoir faire ce

que l'on veut la liberté c'est la

capacité réelle effective de pouvoir

réaliser sa volonté

encore faut-il que notre volonté ne soit

pas aliéné

et justement en parlant de volonté

aliéner la stratégie de consentement au

pouvoir dont par la boétie

c'est la stratégie qu utilisaient déjà

les empereurs romains et cette stratégie

vous la connaissez parce qu'on en a déjà

parlé c'est le divertissement

le divertissement ça regroupe l'ensemble

des moyens par lesquels on procure aux

individus un plaisir éphémère qui va

détourner leur attention de leur

situation objective

quand on va voir un match de foot on ne

se pose pas la question de la domination

politique

quand on est sous l'emprise d'une drogue

ou quand on fait du shopping ou quand on

regarde un film porno on se pose pas la

question de la domination politique

et la boétie montre bien que cette

stratégie a un double intérêt car en

plus de détourner l'attention du peuple

de sa servitude

elle induit ce qu'il appelle un

amollissement de la volonté

l'accoutumance aux divertissements nous

fait perdre le goût de notre liberté

et donc cette stratégie d'un mot

l'ismans de la volonté par le

divertissement montre bien que le

pouvoir ne s'exerce pas uniquement par

la force

car lorsqu il s'exerce par la force le

pouvoir devient visible

et alors à ce moment-là il ouvre la voie

à la possibilité de l'insurrection

le pouvoir ne s'exerce pas uniquement

par la force il s'exerce d'abord par la

ruse et le divertissement

c'est la ruse du pouvoir pour produire

un amollissement de la volonté et un

abrutissement de l'esprit

et ce faisant on rend les individus

consentants et donc acteurs de leur

soumission un peuple diverti est un

peuple qu'on s'entend

un peuple qui s'abandonne à ses plaisirs

est un peuple qui ne demande qu'une

seule chose

davantage de plaisir

davantage de soumission au

divertissement

ne croyez pas qu'il y ait nul l'oiseau

qui se prennent mieux à la pipe et ni

aucun poisson qui pour la friandise du

verre morts de plus tôt à l'hameçon que

tous ces peuples qui se laisse

promptement à lécher à la servitude pour

la moindre douceur qu'on leur fait

goûter ces choses merveilleuses qu'il se

laisse aller si promptement pour peu qu

on les chatouille et théâtre les jeux

les farces les spectacles les

gladiateurs les bêtes curieuses les

médailles les tableaux et autres drogues

de cette espèce était pour les peuples

anciens les a pas de la servitude

le prix de leur liberté ravi les outils

de la tyrannie ainsi les peuple abruti

trouvant beaux tous ces bastons amusé

d'un vin plaisir qui les éblouissait

s'habituer à servir aussi niaisement

mais plus mal que les petits enfants

apprennent à lire avec des images

brillantes

alors on pourrait décrire pendant des

heures la manière dont fonctionne la

mécanique du consentement au pouvoir

mais ce n'était pas ce qu'on va faire

parce qu'alors on tomberait dans

l'écueil que signale implicitement la

boétie dans son discours à savoir

l'écueil de la dénonciation

pour la boétie il ne s'agit pas de

condamner la servitude

il s'agit d'en sortir

et pour lui le seul moyen de sortir de

la servitude la seule et unique façon de

devenir des êtres libres

ces deux cesser d'obéir

alors vous allez me dire la belle

affaire c'est un peu évident oui pour

être libre il faut cesser d'obéir

oui sauf qu'il faut comprendre ce que ça

veut dire

être libre c'est cesser d'obéir mais est

ce que nous comprenons bien ce que ça

veut dire cesser d'obéir

la boétie nous comprenons mal ce que

signifie ne pas obéir

parce que nous sommes tellement

accoutumés à notre servitude que nous

imaginons que pour être plus libre que

nous le sommes nous devrions nous battre

imaginons que la liberté s'obtient par

des actes

or cesser d'obéir ce n'est pas agir

c'est au contraire cessé d'agir

désobéir ce n'est pas faire quelque

chose c'est cesser de faire quelque

chose remarquez comme notre imaginaire

et façonné par l'idée d'une liberté

conquise par la lutte

remarquez comme la liberté est associé

dans notre esprit à des images de

violence et à des scènes d'insurrection

constater à quel point les éléments de

langage utilisé par les prétendus

défenseurs de l'émancipation sont

systématiquement relié à une mythologie

du combat

lutter pour ses droits combattre les

injustices résister à l'oppression

mais ce que dit la boétie c'est que la

liberté on ne l'obtient pas par des

actes

on ne se débarrasse pas d'un fardeau en

le combattant

s'en débarrasse en le lâchant

être libre ce n'est pas vos si ferrer à

l'oreille des dirigeants s'étaient pas

les menacer de mettre le feu aux

poubelles parce que toute façon les

poubelles c'est nous qui allons les

payer

être libre c'est d obéir

être libre c'est cesser d'agir

conformément à la volonté du pouvoir

et c'est ça qui fait dire à la boétie

que dès lors qu'on cesse d'obéir au

pouvoir sans violence sans agressivité

juste cesser d'agir selon sa volonté

alors le pouvoir est nu

le pouvoir est démuni

parce que le pouvoir a besoin notre

participation active

et parce que combattre le pouvoir c'est

encore le nourrir

c'est le légitimer comme pouvoir

c'est le valider comme pouvoir

voir c'est se placer dans la situation

de l'opprimé qui réclame au pouvoir les

miettes de sa liberté

le pouvoir ne peut opprimés que des

opprimés consentants le pouvoir ne peut

avoir comme esclaves que des esclaves

volontaires

mais dès lors qu'il n'y a plus d'eau

primés

il n'y a plus d'eau presseur

et pas en faisant disparaître les

oppresseurs qu'on cesse d'être opprimé

c'est en cessant de se conduire en

opprime et on fera disparaître les

oppresseurs

c'est ce raisonnement qui conduit la

boétie à écrire cette célèbre phrase qui

résume tout soyez résolus à ne plus

servir et vous voilà libres

la théorie de l'émancipation de la

boétie tient en un raisonnement simple

un raisonnement qui annonce près de

trois siècles en avance ce que hegel

appellera la dialectique du maître et de

l'esclave

et qui consiste à mettre en lumière le

fait que l'oppresseur est davantage

dépendants de l'opprimé que l'opprimait

ne l'est de l'oppresseur

en d'autres termes le pouvoir a

davantage besoin de nous que nous

n'avons besoin de lui

c'est ce qui fait que paradoxalement le

recouvrement de notre liberté ne passe

pas par l'action révolutionnaire mais

par le retrait de l'action servile alors

bien sûr la boétie ne cache pas son

admiration pour les héros guerrier de

l'antiquité qui était prêt au sacrifice

pour défendre leur liberté

la boétie partage avec rousseau ce goût