Journal en français facile 14 février 2020
Fanny Bleichner : Vous écoutez RFi il est 21h à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir et bienvenue dans cette nouvelle édition du Journal en français facile. Pour m'accompagner ce soir, Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Fanny, bonsoir à toutes et à tous.
FB : À la une de l'actualité ce soir, Benjamin Griveaux, le candidat la république en marche pour la mairie de Paris, qui renonce à sa candidature pour les municipales après la diffusion d'une vidéo et de messages personnels à caractère sexuel. C'est un artiste russe qui est à l'origine de sa diffusion, vous en saurez plus dans cette édition.
SB : Un premier cas de coronavirus a été diagnostiqué sur le continent africain, en Égypte. Dans le même temps, le paquebot américain Westerdam a enfin pu accoster en Asie. Le Cambodge a accepté de laisser accoster les passagers.
FB : Et puis à la fin de ce journal, nous parlerons d'une tradition qui a la vie dure au Japon : les femmes doivent offrir des chocolats aux hommes pour la Saint Valentin, même dans leurs entreprises. Une tache dont elles se seraient bien passées, vous l'entendrez.
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SB : Il a dénoncé des « attaques ignobles », Benjamin Griveaux a renoncé à sa candidature La République en Marche à la mairie de Paris.
FB : En cause : une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et sur un site internet. Il s'agit d'une vidéo personnelle à caractère sexuel. Et c'est l'artiste russe Piotr Pavlenski qui serait à l'origine de sa diffusion. Exilé en France depuis 2017, c'est un artiste provocateur nous rappelle notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot.
Ses œuvres contestataires, provocatrices lui ont valu non seulement une notoriété internationale, mais aussi d'avoir été condamné par la justice de deux pays, la Russie et la France. Originaire de Saint-Pétersbourg, aujourd'hui âgé de 35 ans Piotr Pavlenski se fait connaître en 2012 en se cousant les lèvres en soutien aux Pussy Riots. L'année suivante il se cloue la peau des testicules sur la place Rouge pour dénoncer dit-il « l'apathie et l'indifférence politique » en Russie. En 2016 premier passage en prison : il met le feu aux portes du FSB, les services de sécurité russe. Accusé d'agression sexuelle dans son pays, il demande et obtient l'asile en France en 2017. Loin de s'assagir, nouveau coup d'éclat : il met le feu à une succursale de la Banque de France, sur la place de la Bastille, ce qui lui vaudra une condamnation à trois années de prison, dont deux avec sursis. Personnalité atypique, sans concessions et sans limites qui s'inscrit dans le même courant actionniste que les Pussy Riots – pour lui l'art et la politique sont donc intimement liés. Et chacune de ces actions artistiques a pour objectif d'entraîner une réaction des autorités, de préférence jusqu'au tribunal. À ses yeux, cet art politique doit être plus proche « du terrorisme que de l'Opéra » selon une déclaration faite au New York Times l'été dernier. Daniel Vallot Moscou RFI.
FB : Et depuis ce matin les réactions se multiplient. « Refusons le naufrage voyeuriste de la vie publique du pays » a martelé sur Twitter Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen, elle, s'interroge sur un possible « coup monté ».
SB : Également dans l'actualité de ce vendredi : l'épidémie de coronavirus qui n'est toujours pas maîtrisée, on apprend ce soir qu'un premier cas a été diagnostiqué sur le continent africain.
FB : C'est une annonce du ministère égyptien de la Santé qui précise que la personne en question n'est pas égyptienne et qu'elle a été placée en quarantaine, à l'isolement. Mais c'est surtout en Asie que le coronavirus continue de s'étendre, on compte désormais près de 1400 morts et 64 000 cas de contamination en Chine. Le principal foyer d'infection hors de Chine reste toujours le paquebot de croisière Diamond Princess, au large du Japon. À l'inverse aucun cas n'a été diagnostiqué à bord du bateau de croisière américain MS Westerdam, mais aucun port asiatique n'était prêt à le laisser accoster. Le Cambodge a finalement accepté et plusieurs centaines de passagers ont pu commencer à débarquer. Parmi eux des Français qu'a rencontrés notre correspondante Juliette Buchèze.
Dans les salons de l'ambassade de France à Phnom Penh, Martine et Jean-Pierre Fuchs se repose un peu avant leur départ en France ce soir. C'est avec un soulagement que le couple de retraités a fait partie de la première vague de passagers à quitter le MS Westerdam ce matin. « C'était la fête, ça applaudissait partout, ça hurlait, les écharpes étaient brandies dans tous les sens et là la première vague partait... Formidable ! » Après leur départ de Singapour mi-janvier, l'épidémie de coronavirus amène plusieurs pays asiatiques à fermer leur frontière à ceux qui ont séjourné en Chine. L'itinéraire de la croisière asiatique commence donc à changer alors que le bateau a fait étape à Hong Kong et Taïwan début février. « Au début on sourit. Et puis petit à petit les gens commencent à se regarder en se disant que la plaisanterie a assez duré. Au bout de 2 jours, 3 jours... mais 11 jours ! Là ça devient un peu long quand même. Et on prenait conscience que l'affaire devait être grave parce que plus personne n'acceptait le bateau. » Jean-Pierre explique ne pas avoir été inquiet pour sa santé même s'il comprend les inquiétudes des autorités. Il reste néanmoins frustré par la réaction des pays qui ont refusé le bateau. « On est un bateau avec 2500 personnes qui errent en mer depuis 11 jours et il n'y a pas un pays civilisé capable de nous accueillir ? On commençait vraiment à se poser des questions. Quand le Cambodge a ouvert ses portes et ses ports, alors là on n'a jamais autant aimé le Cambodge ! Mettez-vous à notre place. » Une partie seulement des 2257 personnes à bord du MS Westerdam ont pu débarquer aujourd'hui. D'autres groupes doivent quitter le bateau et regagner leur pays demain.
SB : Au Mali une nouvelle attaque meurtrière a été perpétrée dans le centre du pays, à Ogossagou.
FB : Le village avait déjà été attaqué l'année dernière. Cette fois, ce jeudi, ce serait 21 personnes qui auraient été tuées, selon un communiqué du gouvernement. Le bilan reste provisoire. Selon l'association peul Tabital Pulaaku, plus de vingt personnes sont toujours portées disparues.
SB : Intéressons-nous à présent à la situation en Syrie, les forces du régime continuent de progresser dans le nord-ouest du pays.
FB : Elles ont repris aux rebelles une base militaire perdue il y a plus de sept ans. Elle est située à 12 kilomètres à l'ouest de la grande ville d'Alep et a été délaissée ce jeudi par des soldats turcs. Explications de Sami Boukhelifa.
La progression du régime de Damas est fulgurante. Les troupes de Bachar Al Assad appuyées par leurs alliés - la puissante aviation russe et les redoutables milices iraniennes - ont repris 25 villages au moins durant les dernières 24h dans la province d'Idlib. Ces derniers jours ont été marqués par les tensions entre Damas et Ankara. Le voisin turc proche des rebelles syriens, qui partagent le contrôle de la province d'Idlib avec les djihadistes, n'a cessé de proférer des menaces. Exigeant de l'armée syrienne de mettre un terme à son offensive et de se retirer du nord-ouest. La réponse de Damas est désormais plus que claire : la reconquête d'Idlib se poursuivra coûte que coûte. Selon un militant de l'opposition syrienne contacté sur place, les forces turques auraient même abattu un hélicoptère syrien. Dans cette province d'Idlib frontalière de la Turquie, les Syriens opposés au régime de Bachar Al Assad ont manifesté ce vendredi. Des drapeaux turcs ont été brandis aux côtés des drapeaux de la révolution syrienne. Selon ce même militant de l'opposition, la population implore Ankara d'intervenir, de frapper fort les troupes de Bachar Al Assad afin de mettre un terme à leur reconquête.
SB : Retour en France avec cette journée de mobilisation.
FB : Plusieurs milliers de soignants ont manifesté à Paris, mais aussi à Strasbourg, Dijon, Besançon, Grenoble et Lille. Ils dénoncent toujours leurs conditions de travail et demandent des hausses de salaires et d'effectifs. Les mesures proposées par le gouvernement en novembre dans le cadre du « plan d'urgence » ne sont pas jugées satisfaisantes.
SB : Enfin, nous célébrons aujourd'hui la Saint-Valentin.
FB : Dans de nombreux pays dans le monde, c'est la fête des amoureux, mais au Japon la tradition est un peu différente. Ce sont les femmes qui sont priées d'offrir des chocolats aux hommes, et ce même dans les entreprises. La tradition est donc devenue source de tensions nous explique notre correspondant à Tokyo Bruno Duval.
Dans les sondages, 8 Japonaises sur 10 prônent l'abandon du « giri tchoko » – en français : le « chocolat par devoir », ou « par obligation ». Une tradition qui remonte aux années 50 et qui a longtemps pesé sur cette salariée, jusqu'à ce qu'elle finisse par changer d'emploi... « Tout le temps passé dans les magasins à acheter des chocolats, je devais le récupérer en faisant des heures supplémentaires... qui ne m'étaient pas payées, bien sûr... Mes collègues masculins me remerciaient à peine pour ces chocolats, et pour cause : ils voyaient bien que ce cadeau ne venait pas du cœur. Donc tout ça n'avait aucun sens. Mais la femme la plus haut gradée dans l'entreprise insistait pour qu'on respecte cette tradition... » Une pression que cette autre employée a tout autant endurée chaque 14 février. Avant, elle aussi, de claquer la porte de son entreprise. « À la Saint-Valentin, j'étais obligée d'offrir des chocolats à mon patron. Et des chocolats de marque, en plus. Parce que, quand son épouse jugeait que les chocolats offerts étaient trop bas de gamme, et bien, les employées fautives étaient sanctionnées ! Elles touchaient des primes de fin d'année moins élevées, par exemple. Un tel harcèlement moral : je me croyais en Corée du Nord... » Le traitement réservé aux femmes dans le monde du travail explique en grande partie la dégringolade du Japon dans le dernier classement mondial sur l'égalité des genres. Il n'y figure plus qu'en 121e position, sur 153 États analysés. Au niveau de pays comme le Koweït ou les Émirats arabes unis.
FB : RFI il est 21h et bientôt 10 minutes à Paris, 20h10 en temps universel. Merci beaucoup Sylvie Berruet de m'avoir accompagnée pour ce Journal en français facile et merci à vous pour votre fidélité à la radio du monde, restez à notre écoute. Je vous rappelle que ce journal est à retrouver sur notre site savoirs.rfi.fr.