Journal en français facile 21 octobre 2018
Édouard Hervé du Penhoat : Soyez les bienvenus dans ce Journal en français facile, présenté aussi ce soir par Sébastien Duhamel, bonsoir.
Sebastien Duhamel : Bonsoir Édouard, bonsoir à tous.
EHP : Une deuxième journée de vote en Afghanistan, les autorités ont décidé de prolonger d'une journée le scrutin des législatives. Plusieurs centaines de bureaux sont restés fermés hier à cause de problèmes d'organisation, des milliers de citoyens n'avaient pas pu voter.
SD : Donald Trump envisage de se retirer du traité INF, un texte signé à la fin de la Guerre froide pour limiter la production de missiles à longue portée. La Russie dément les accusations du président américain sur son nouveau programme d'armement.
EHP : 3 000 personnes ont repris la route depuis la frontière mexicaine, ils viennent en majorité du Honduras, en espérant atteindre les États-Unis. Après 24 heures de blocage, Mexico a finalement ouvert ses portes à une partie de ces migrants.
-----
SD : Les électeurs afghans étaient de nouveau appelés aux urnes, aujourd'hui, pour le deuxième jour des élections législatives. Cette seconde journée n'était pas prévue à l'origine, mais à cause des problèmes d'organisation de la journée d'hier, de trop nombreux bureaux de vote étaient restés fermés. 1 000 d'entre eux n'avaient pas ouvert leur porte. Aujourd'hui, un peu moins de la moitié d'entre eux ont pu ouvrir. Certains électeurs n'ont donc tout simplement pas pu voter. La Commission électorale indépendante refuse d'endosser la responsabilité de ces problèmes. Sonia Ghezali.
Aux accusations de manque d'organisation, de mauvaise gestion du scrutin, la CEI, la Commission électorale indépendante, répond, je cite : « Nous avions des obstacles qui ne nous ont pas permis d'ouvrir les bureaux de vote à l'heure, ni de les gérer correctement, ni de nommer à temps des employés suffisamment compétents ». Et la Commission pointe du doigt le ministère de l'Éducation nationale. Celui-ci était chargé de rendre disponible tous les enseignants du pays afin qu'ils puissent endosser le rôle d'agents électoraux : « Le temps manquait pour former tous les agents au système de vérification biométrique » a ajouté le chef de cette Commission électorale indépendante qualifiée par certains observateurs d'incompétente malgré de la bonne volonté. La CEI a dû, il est vrai, mettre en place le système de vérification biométrique à la dernière minute. Aucun test pilote n'a pu être réalisé avant la tenue du scrutin. Ce système, plusieurs candidats et partis politiques le souhaitaient pour limiter les fraudes massives qu'ont connues les précédentes élections en Afghanistan. Au deuxième jour du scrutin, 5 300 plaintes concernant des allégations de fraudes sur tout le territoire ont été reçues par la Commission électorale, 1700 concernent la capitale afghane.
EHP : De nombreux attentats avaient marqué la première journée de vote. Les autorités parlent d'au moins 17 civils tués.
Après l'Inde, hier, Taïwan à son tour frappée par un accident de train. Il s'agit cette fois-ci d'un déraillement dans le nord-est du pays. Les autorités évoquent 18 morts et 175 blessés. Une enquête est déjà ouverte par l'administration des Chemins de fer.
SD : En France, le lycéen qui pointait une arme factice sur sa professeure a été mis en examen.
EHP : Il est accusé de « violences aggravées » après une vidéo où on le voit braquer ce qui ressemble à un pistolet. Il exige qu'elle l'inscrive comme « présent » à son cours. Le jeune homme a été remis en liberté avec des mesures de contraintes provisoires, il devrait passer devant un juge pour enfants. Une bonne partie de la classe politique française s'est emparée de l'affaire pour dénoncer la violence de cette vidéo et l'attitude du lycéen.
SD : 3 000 personnes dans les rues de Paris pour dénoncer les violences contre les homosexuels.
EHP : Depuis plusieurs semaines, les témoignages de personnes agressées se multiplient sur Internet. Plusieurs agressions ont eu lieu récemment dans les rues de Paris, d'où ce rassemblement voulu par plusieurs associations. Le ministre de la Culture ou encore le porte-parole du gouvernement ont participé au rassemblement.
SD : Le sénateur américain Lindsey Graham soutient l'idée de Donald Trump de se retirer du traité INF.
EHP : Ce texte qui prévoyait de limiter strictement la prolifération de certains types de missiles. D'après le sénateur, le retrait de ce traité permettrait aussi de contrer le développement de ce genre de missiles par la Chine. Donald Trump accuse, lui, la Russie de ne plus respecter le texte depuis plusieurs années. Selon lui, Moscou développerait un nouveau système de frappe nucléaire. Que prévoyait, au juste, ce traité INF ? Réponses de Jelena Tomic.
INF, c'est l'acronyme anglais du traité sur le contrôle des forces nucléaires à portée intermédiaire qui a été signé en 1987 par les dirigeants américain et soviétique de l'époque, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev. Pour la première fois de l'histoire, les deux superpuissances se sont engagées à éliminer une catégorie de leurs armes nucléaires ce qui a permis d'amorcer une période de détente en pleine Guerre froide. Le texte, devenu multilatéral après l'éclatement de l'Union soviétique, obligeait les deux États à détruire tous leurs missiles balistiques et de croisière, lancés depuis le sol et ayant une portée comprise entre 500 et 5 500 kilomètres, le texte prévoyait également une inspection des installations militaires des deux parties. Cet accord a permis d'éliminer d'Europe tous les missiles à portée moyenne et intermédiaire, et de mettre un terme à la crise déclenchée dans les années 80 par le déploiement des SS20 soviétiques à têtes nucléaires ciblant les capitales occidentales. Moscou a démenti ce dimanche les accusations de Washington et averti que le retrait américain du traité était un « pas très dangereux ».
SD : Des milliers de migrants venus du Honduras reprennent la route vers les États-Unis après avoir été bloqués à la frontière mexicaine.
EHP : Ils seraient environ 3 000 à avoir repris cette route épuisante, un cortège humain formé au Honduras après un appel sur les réseaux sociaux et qui tente de gagner les États-Unis. Le Mexique a commencé par fermer sa frontière, avant de l'ouvrir partiellement, hier soir, à des femmes et des enfants. Et si ces migrants espèrent tous rejoindre l'Amérique, c'est aussi parce que les pays voisins du Honduras ne semblent pas en mesure de les accueillir. Marie Hirtzberger.
Depuis San Pedro Sula, dans le nord du Honduras, la caravane a parcouru pas moins de 690 kilomètres pour rejoindre la frontière mexicaine. Une longue route de la misère à destination des États-Unis. Aucun pays limitrophe en Amérique centrale n'est en mesure de gérer cet afflux, comme l'explique Alain Musset, chercheur à l'EHESS et spécialiste de l'Amérique Latine : « Regardons du côté du Nicaragua : le gouvernement s'est complètement disqualifié vis-à-vis d'une grande partie de la population, parce que c'est un gouvernement installé de plus en plus par la force, et qui vire dans la dictature. » Quant au Guatemala, au nord du Honduras cette fois-ci, il est lui aussi dans une situation très délicate. La pauvreté y est déjà très difficile à supporter pour les habitants. Ce territoire ne peut donc constituer qu'une étape dans la route de migration. Une étape, qui mène ensuite tout droit au Mexique, dernier pays avant les États-Unis. « C'est au sud du Mexique, sur cette frontière du côté de Tapachula, que les enjeux migratoires avec l'Amérique centrale se jouent.» Aujourd'hui, plus que les Mexicains, ce sont les ressortissants des autres pays d'Amérique centrale qui tentent de passer cette frontière, pour gagner les États-Unis.
EHP : L'expression de la semaine, « une certaine idée de la pédagogie ». Yvan Amar.
« Jean Hélène, une certaine idée du journalisme », c'est ainsi que commence l'article que RFI consacre à notre confrère, à notre cher ami, qui fut abattu par un policier ivoirien il y a tout juste 15 ans à Abidjan. Et le titre du texte montre bien en quelle estime il était tenu, quelle admiration on avait pour lui : il reste encore un bon exemple pour sa conscience professionnelle et sa rigueur dans la manière de traiter l'information, de transmettre, de communiquer, d'expliquer. Et tout ça sans se mettre en avant, sans se faire valoir. Et c'était possible parce que Jean Hélène avait du respect pour son métier, et il plaçait très haut la morale du journalisme. Il se faisait une certaine idée du journalisme ! Une certaine idée, c'est-à-dire une idée très haute, très digne. Et la phrase employée montre bien le prestige qu'on donne à cette pratique. Avec une formule assez courante, assez connue, qui est empruntée à de Gaulle. C'est ainsi qu'il commence ses célèbres Mémoires de guerre : « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. » Une phrase en apparence modeste mais qui souligne, qui met en valeur. Sans emphase d'ailleurs, sans en rajouter. Et précisément, c'est cette apparente modestie qui donne sa force à la formule : on ne fait pas allusion à la quantité, mais à la qualité. Une certaine idée, c'est une idée qui a un prix, qui est précieuse. On sent qu'on évoque comme un piédestal, c'est-à-dire une sorte d'estrade : on la surélève cette idée, on la place bien haut et on sait qu'on lui a donné une figure toute particulière, qui refuse la banalité ou la bassesse. Avoir une certaine idée du journalisme, c'est penser que le journalisme, ce n'est pas n'importe quoi, et ça ne se fait pas n'importe comment.