Journal en français facile 23 février 2020
Loïc Bussières : Bonsoir et bienvenue si vous nous rejoignez pour votre Journal en français facile, journal que je vous présente en compagnie de Zéphyrin Kouadio. Bonsoir Zéphirin.
Zéphirin Kouadio : Bonsoir à toutes et à tous.
LB : À la Une : l'inquiétude, qui grandit face à l'épidémie de coronavirus. Elle ne cesse de s'étendre. En Italie où il a fait une troisième victime, en Corée du Sud le pays est placé en état d'alerte maximum, ou encore en Iran où les pays voisins commencent à fermer leurs frontières.
ZK : À la Une également, les primaires démocrates aux États-Unis et la victoire de Bernie Sanders dans l'État du Nevada. Grâce notamment à son succès auprès de l'électorat latino-américain. Les détails dans ce journal.
LB : À suivre également dans les prochaines minutes, votre rendez-vous avec l'expression de la semaine. Yvan Amar reviendra sur un mot qui revient beaucoup en cette période de Salon de l'agriculture à Paris, « l'agribashing ».
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ZK : Le coronavirus ne cesse de s'étendre dans le monde. En Asie, la Chine, foyer de l'épidémie, et la Corée du Sud sont les pays les plus touchés. En Europe, c'est l'Italie qui a vu une progression fulgurante, c'est-à-dire rapide et importante, du nombre de cas, plus d'une centaine.
LB : Au point que les autorités ont mis onze villes en quarantaine, donc à l'isolement. L'Iran est également affecté avec un bilan de huit morts et plusieurs dizaines de contaminations recensées. En conséquence, plusieurs pays voisins ont décidé ce dimanche de fermer leurs frontières. Murielle Paradon.
L'Iran se retrouve de plus en plus isolé. L'Arménie a annoncé la fermeture de sa frontière avec le pays, durant deux semaines. Auparavant, c'était le Pakistan, tandis que l'Afghanistan a interdit tout voyage à destination ou en provenance d'Iran. L'augmentation du nombre de victimes du coronavirus dans la République islamique, inquiète. La Turquie qui possède aussi une frontière avec l'Iran l'a également fermée. Plus de voyage par la route, le train ou l'avion. La Jordanie, qui n'a pas encore déclaré de cas sur son sol, prend des mesures préventives. Le royaume a décidé d'interdire l'entrée de son territoire à toute personne venant d'Iran, mais également de Chine ou de Corée. Toutefois, les ressortissants jordaniens qui auraient voyagé dans ces régions pourraient revenir chez eux, mais devraient se soumettre à une période de quarantaine de deux semaines. Vendredi déjà, l'Irak et le Koweït avaient décidé de limiter leurs voyages avec l'Iran, sachant que le coronavirus s'est répandu depuis la ville de Qom, haut lieu de pèlerinage pour les chiites de toute la région.
LB : J'ajoute, toujours sur ce dossier, que le ministre français de la Santé Olivier Véran fait savoir ce soir que 70 hôpitaux supplémentaires vont « être activés » pour faire face à une éventuelle propagation du virus sur le sol français. La France, assure-t-il, va par ailleurs renforcer ses « capacités de diagnostic » du Covid-19 en multipliant les moyens de dépistage et également commander « en quantité » des masques de protection qui seront commandés. Je rappelle que pour l'heure, douze cas de Covid-19 ont été signalés en France dont un mortel. Une personne reste hospitalisée, tandis que dix autres sont guéris.
ZK : À la Une également, la suite des primaires démocrates aux États-Unis, et la victoire spectaculaire de Bernie Sanders dans le Nevada.
LB : Les résultats partiels placent le candidat socialiste en tête avec plus de 46% des voix, suivi loin derrière par l'ancien vice-président Joe Biden, 22% et par le benjamin des candidats Pete Buttigieg avec 14%. Cette troisième étape de la course à l'investiture confirme le statut de plus en plus grand favori du sénateur du Vermont dans la primaire démocrate. Autre enseignement de ce vote, le rôle des minorités qui se sont largement tournées vers Bernie Sanders. À Las Vegas, les précisions de notre envoyé spécial Eric de Salve.
Le vote des minorités du Nevada courtisé par tous les candidats depuis des semaines, c'était la grande question de ce caucus. Le Nevada est le premier État diversifié à voter avec 10% de Noirs et 1/3 de Latinos et, selon un sondage de sortie d'urne, 53% des Latinos et 27% des Noirs ont voté Bernie Sanders. Une étude de l'université UCLA va même plus loin : sur 33 districts à majorité hispanique dans le Nevada, les Latinos ont voté à 74% pour le candidat socialiste contre 18% pour Joe Biden, qui reste populaire chez les Afro-Américains. L'ancien vice-président mise d'ailleurs sur le vote des Noirs pour se relancer lors de la prochaine primaire en Caroline du Sud. En tout cas dans le Nevada, la minorité hispanique souvent réputée indécise, volatile, surnommée « the sleeping giant » s'est cette fois mobilisée, et elle s'est mobilisée en faveur de l'aile gauche démocrate. Aucun des autres candidats centristes ne parvient à remporter ses suffrages. Parmi ces Latinos pro Bernie rencontrés lors du caucus à Las Vegas, beaucoup se disaient séduits par l'une des promesses phare du candidat socialiste, celle d' une assurance maladie publique gratuite pour tous. Une proposition jugée irréaliste et trop à gauche par tous les autres candidats, mais qui conforte de plus en plus Bernie Sanders dans son statut de favori pour affronter Donald Trump en novembre. Eric de Salve, Las Vegas, RFI.
ZK : Dans l'actualité africaine, un camp de l'armée malienne située au sud de Tombouctou attaqué ce matin par des hommes armés qualifiés de jihadistes.
LB : Visiblement, c'est une opération minutieusement préparée contre des positions de l'armée régulière. Au moins trois militaires ont été tués et du matériel a été emporté.
ZK : Au Maroc, manifestation dans les rues de Casablanca.
LB : Quelques milliers de personnes ont défilé dans la capitale économique pour dénoncer les inégalités sociales, demander la libération des « détenus politiques » et lancer un appel pour une « vraie démocratie ».
Et puis au Togo, au lendemain de la présidentielle, le candidat de l'opposition Agbéyomé Kodjo a dénoncé des « irrégularités dans le scrutin ». Il assure pouvoir gagner face au président sortant Faure Gnassingbé.
ZK : Nous sommes le 23 février, et c'est aujourd'hui que le Dalaï Lama fête ses 80 ans en tant que leader spirituel du Tibet.
LB : Exilé en Inde depuis 1959, le chef bouddhiste a longtemps incarné la résistance à l'annexion chinoise. Pour l'actuel président chinois, Xi Jinping, pas question de céder. Cette région autonome à l'ouest du pays fait partie intégrante de la Chine. Vincent Metten est directeur du bureau de Bruxelles pour l'ONG International Campaign for Tibet.
« La situation au Tibet reste très préoccupante : on a un contrôle très très fort, il y a vraiment une politique presque d'assimilation de la population tibétaine, c'est-à-dire, il faut que la population tibétaine - sa culture, sa tradition - soit assimilée et réponde aux intérêts du parti communiste chinois. Donc, il considère toute expression d'une entité tibétaine culturelle comme une menace envers les intérêts du parti communiste, et donc c'est une approche du bâton, c'est une approche très répressive, un contrôle de la société, un contrôle des moines, des nonnes, des monastères avec une utilisation aussi des nouvelles technologies, des moyens de communication pour augmenter ce contrôle et cette répression. Donc, on a une situation très très préoccupante qui se dégrade surtout depuis que le président Xi Jinping est à la tête de l'État. » LB : Vincent Metten de l'ONG International Campaign for Tibet joint pour RFI par Esther Michon. RFI, il est 21h et presque 8 minutes à Paris, l'heure de retrouver Yvan Amar pour l'expression de la semaine.
Un sentiment d'agribashing au Salon de l'agriculture de Paris ? Plusieurs médias dont France 24 relevaient cette impression de nombreux agriculteurs d'être mal aimés, d'être systématiquement critiqués pour leurs méthodes, comme si leur façon de travailler la terre ou d'élever des animaux se faisait au détriment de la santé de la planète. Comme si leurs pratiques en général étaient anti-écologiques. Et les agriculteurs semblent souffrir de cette critique si elle est généralisée, faite sans réfléchir, parce que c'est une façon de penser qui est dans l'air du temps, une mode, comme un préjugé global : on a tendance à regarder d'un mauvais œil l'agriculture. C'est bien pour ça qu'on entend ce mot, très franglais d'agribashing. Agri-, on comprend bien de quoi il s'agit. Et bashing alors ? Un mot un peu cliché, mais qu'on rencontre beaucoup dans la presse. Bash en anglais signifie frapper, et même parfois donner une bonne correction à quelqu'un. Et le terme s'est employé, en anglais d'abord, puis en français, en utilisant le mot anglais sans le traduire ni le rendre plus français, pour évoquer un dénigrement : on dit du mal de quelqu'un, ou d'un pays, ou d'un groupe de personnes, sans beaucoup de discernement, sans réfléchir, de façon un peu réflexe. Comme si quelqu'un devenait un bouc émissaire, ou une tête de Turc : il est courant d'en dire du mal, c'est même parfois bien vu, en tout cas c'est une attitude de groupe. Et bien sûr, ce bashing, cette médisance collective est encore plus facile sur les réseaux sociaux : on relaye, on répète, on dit du mal, tout cela souvent de façon anonyme, comme si on criait dans une foule. Et cette violence collective ressemble un peu à un lynchage - un autre mot qu'on entend souvent, mais qui s'applique presque uniquement à une seule personne à la fois. Alors qu'on le voit, le bashing peut viser toute sorte de gens ou de choses qu'on précise pour former une expression particulière : on a parlé de France bashing, ou même de French bashing quand on utilise du tout-anglais, et parfois de Sarkozy ou de Hollande bashing quand ces deux présidents français étaient très critiqués.