Journal en français facile 26 décembre 2018
Pierre Pillet : Il est 21 heures à Paris, 22 heures au Caire, 23 heures à Moscou. Bonjour à tous et bienvenue dans votre Journal en français facile. Clément Fraioli est avec nous ce soir. Bonsoir Clément.
Clément Fraioli : Bonsoir Pierre, bonsoir à tous.
PP : À la Une : La colère de la Russie après les bombardements d'Israël en Syrie.
CF : Quelles sont les relations de Moscou avec les pays du Proche et du Moyen-Orient ? Réponse dans ce journal.
PP : Deux ennemis, deux anciens présidents face-à-face en Égypte aujourd'hui : Hosni Moubarak, renversé en 2011, accuse Mohamed Morsi de complicités avec des groupes armés étrangers. C'était lors du printemps arabe, il y a sept ans.
CF : Aux États-Unis, les désaccords entre républicains et démocrates à propos de la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique continuent. Et cela pourrait jouer un rôle dans la prochaine élection présidentielle.
PP : Et puis, le Japon va reprendre la chasse commerciale à la baleine. Explications à suivre.
CF : Une accusation, une colère dans l'actualité : celle de la Russie contre Israël. Moscou affirme que le pays a violé la souveraineté de la Syrie.
PP : Moscou, allié du pouvoir syrien, critique les bombardements de l'armée israélienne près de Damas, la capitale syrienne. Israël, de son côté, affirme s'être protégé contre un tir de missile. Mais le ministère russe des Affaires étrangères se dit très préoccupé. La Russie est alliée de beaucoup de pays au Proche et au Moyen-Orient.
CF : Décryptage avec Cyrille Bret, professeur à Sciences-Po :
« Les relations sont plutôt bonnes depuis quelques années entre Israël et la Russie et le ton s'est durci avec la solidarité croissante entre la Russie et l'Iran. Aujourd'hui, la Russie au Moyen-Orient est prise entre ses différents réseaux d'alliances. La Russie a réussi à maintenir une alliance forte entre la puissance chiite, l'Iran, mais aussi à améliorer ses relations avec Israël. Mais également à conserver des liens forts avec deux puissances sunnites dans la région, l'Arabie saoudite et l'Égypte. Donc, la Russie a un peu fait la quadrature du cercle au Moyen-Orient. Il est possible que, à mesure que son dispositif est amené à se renforcer, qu'elle soit obligée de clarifier ses réseaux d'alliances. Et le signe envoyé à l'égard d'Israël montre que ce n'est peut-être pas du côté d'Israël que ses préférences iront. » PP : Cyrille Bret, professeur à Sciences-Po, interrogé pour RFI par Anissa El Jabri. CF : Autre actualité en Israël, le Parlement, qu'on appelle la Knesset, a voté pour sa dissolution.
PP : Cela signifie que de nouvelles élections auront lieu, ce sera le 9 avril prochain. On parle d'élections anticipées car elles ont été avancées, ce scrutin devait être organisé sept mois plus tard. Avec 61 députés, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'avait plus qu'un siège d'avance sur l'opposition.
CF : En Égypte, l'ancien président Hosni Moubarak a témoigné dans le procès d'un autre ex-chef de l'État, Mohamad Morsi, issu des Frères musulmans.
PP : Ce procès concerne également 28 autres dirigeants de cette confrérie des Frères musulmans. Procès reporté au 24 janvier. Mais avant qu'on apprenne ce report, Hosni Moubarak a affirmé que Mohamed Morsi a utilisé des puissances étrangères, qu'il a fait appel à des groupes armés étrangers, pour le chasser du pouvoir, c'était en 2011, lors du printemps arabe.
CF : Les précisions d'Alexandre Buccianti au Caire pour RFI :
C'est appuyé sur une canne et entouré de ses deux fils, que le nonagénaire ex-président Moubarak a fait son entrée au tribunal. Dans le box des accusés se trouvait déjà l'ex-président Morsi. C'était la première fois que les deux ennemis jurés, le militaire et le Frère musulman, se trouvaient dans le même lieu. Répondant aux questions du juge anti-terroriste, Moubarak a accusé les Frères musulmans de complicité avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais « pour semer le chaos lors du soulèvement du 25 janvier ». Il a indiqué que 800 combattants de diverses nationalités s'étaient introduits en Égypte, le 26 janvier, à partir des tunnels de Gaza. Ils ont, selon lui, attaqué des commissariats et tué des policiers avant de prendre d'assaut les prisons pour faire évader les Frères musulmans et les membres du Hamas et du Hezbollah. Ces hommes armés auraient même tiré sur les manifestants de la place Tahrir, selon Moubarak. Alexandre Buccianti, Le Caire, RFI.
PP : Par ailleurs, Hosni Moubarak demande au président en poste en ce moment, Abdel Fattah al-Sissi, l'autorisation de dévoiler des informations sur les attaques durant la révolution de 2011.
CF : Plus d'un million deux cent cinquante mille électeurs ne pourront pas voter dimanche lors des élections générales en République démocratique du Congo.
PP : Dans trois zones, les habitants se rendront aux urnes au mois de mars pour ces scrutins présidentiel, législatif et provincial : il s'agit des villes de Beni et Butembo, dans l'est du pays, en raison d'une épidémie du virus Ebola. Yumbi, dans l'ouest du territoire, est également concernée à cause de problèmes sécuritaires, plus de cent personnes y ont été tuées dans des violences la semaine dernière.
CF : Voilà pour les motifs donnés par les autorités. L'opposition, elle, estime que cela arrange le pouvoir, car dans les villes dont nous parlons, les opposants au président Joseph Kabila sont majoritaires. Près de 39 millions de Congolais sont appelés aux urnes dimanche afin de choisir son successeur.
PP : Au Soudan, un parti au pouvoir réclame l'ouverture d'une enquête concernant la mort de manifestants.
CF : Selon le parti du Congrès populaire, dix-sept personnes ont été tuées lors des manifestations contre l'augmentation du prix du pain : il coûte trois fois plus cher depuis que le gouvernement a décidé cette hausse. L'ONG Amnesty International a compté trente-sept personnes tuées par les forces de l'ordre. La contestation est forte, elle a lieu dans une dizaine de villes, dont la capitale, Khartoum.
PP : Aux États-Unis le « shutdown » se poursuit, Clément.
CF : Bientôt une semaine qu'une partie des administrations est fermée. En cause, le financement du mur de 800 kilomètres le long de la frontière avec le Mexique. Un édifice voulu par le président républicain Donald Trump. Mais les démocrates sont en désaccord avec le prix que coûte ce mur.
PP : Un sujet politique qui pourrait avoir des conséquences sur la prochaine élection présidentielle, en 2020. Ce qu'explique François Durpaire, spécialiste des États-Unis :
« Là, on commence à voir émerger certains sondages, renvoyant dos à dos Trump et les démocrates, et donc, se disant "si on a beaucoup à perdre dans ce shutdown, il faut qu'on trouve un compromis". Ce compromis pourrait être trouvé, alors, peut-être autour de ce financement, plus de cinq milliards [de dollars] réclame Trump. Les démocrates sont prêts pour l'instant à 1,6 milliard. Ça fait un peu marchand de tapis, mais on peut s'imaginer qu'on pourrait s'entendre autour de trois milliards. Donc il faudra nécessairement discuter. Ce qui est sûr, c'est que démocrates et républicains jouent l'élection de 2020 sur cette possibilité ou non de financer ce mur, qui est devenu extrêmement symbolique. C'était la promesse principale, Donald Trump a coché toutes les cases de promesses, il a simplement des difficultés à faire passer celle-là. Il voudrait qu'il y ait huit-cents kilomètres de mur financés d'ici 2020, pour l'instant il est très, très loin du compte. » CF : François Durpaire, spécialiste des États-Unis, invité de RFI à la mi-journée. PP : À Java, dans le sud-ouest de l'Indonésie, la pluie complique le travail des secouristes, quatre jours après le tsunami.
CF : Une vague mortelle qui a fait au moins 430 morts et 1 500 blessés, sur cette île ainsi que sur celle de Sumatra. Les habitants ont peur d'une deuxième catastrophe, car le volcan qui a créé ce raz-de-marée est toujours en activité.
PP : 5 heures et huit minutes à Tokyo. Le Japon va se remettre à chasser les baleines. Pour y parvenir, le pays se retire d'une commission internationale. La correspondance de Frédéric Charles :
Il est très rare que le Japon se retire d'une juridiction internationale, en l'occurrence la commission baleinière internationale qui interdit la pêche commerciale de la baleine depuis 1986. Cette interdiction n'empêchait pas le Japon de capturer plusieurs centaines de baleines chaque année, au nom de la recherche scientifique. Sa décision s'explique par des considérations politiques : le principal port baleinier japonais situé dans le fief électoral du très nationaliste Premier ministre Shinzo Abe, lequel invoque une tradition séculaire de consommation de la chair de baleine, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Le Japon souligne qu'il limitera la pêche commerciale à la baleine aux eaux territoriales et à sa zone économique exclusive. Il s'abstiendra de les chasser dans les eaux de l'Antarctique ou dans l'hémisphère sud. Sous couvert de recherches scientifiques, les pêcheurs japonais étaient les plus importants prédateurs au monde de grands cétacés, les seuls à les poursuivre jusque dans leur sanctuaire de l'océan austral. Frédéric Charles, Tokyo, RFI.
PP : Le Japon, l'Islande, la Norvège, voici trois pays qui autorisent la chasse à la baleine.
C'est la fin de ce journal en français facile. Presque 21 heures 10 à Paris, une heure de moins en temps universel.