Casser du sucre sur le dos (de quelqu'un)
Dire du mal (de quelqu'un) en son absence.
Dans cette expression, on trouve deux parties intéressantes.
Evacuons d'abord le morceau (de sucre) le plus facile.
'sur le dos', c'est ce qui permet de faire porter le fardeau d'une responsabilité quelconque à quelqu'un. Et comme ce dernier n'est pas là pour se défendre, c'est d'autant plus facile. L'explication de casser du sucre pose un problème légèrement plus épineux.
Autrefois, non seulement le sucre était un complément alimentaire de luxe, mais on n'avait pas de belles boîtes rectangulaires contenant des beaux petits morceaux parfaitement taillés et superbement alignés, attendant avec impatience de fondre de plaisir. On disposait plutôt d'un bloc (un pain) de sucre qu'il fallait casser en petits morceaux, au fur et à mesure des besoins. Tiens !
C'est donc là qu'on casse du sucre ! Mais quel peut bien être le lien avec les méchancetés débitées en l'absence du principal intéressé ? Duneton indique que, dans le "Dictionnaire de Trévoux", au XVIIIe siècle, l'expression "se sucrer de quelqu'un" voulait dire "le prendre pour un imbécile".
Alors le glissement de cette piètre estimation vers "dire du mal de lui" peut se comprendre. De même, on peut imaginer qu'on ait évolué de "se sucrer" vers "casser du sucre", puisqu'il fallait le faire pour sucrer. Mais malheureusement, rien n'explique pourquoi, dans l'ancienne locution citée par Duneton, il y a cette association entre le sucre et l'imbécillité. casser du sucre est apparue au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle à la fin duquel le complément 'sur le dos' a été ajouté.
A la même époque, pour les brigands, cela voulait aussi dire 'dénoncer', probablement par la similitude avec "casser le morceau" qui avait la même signification.