Faire table rase
Considérer comme nulles et rejeter en bloc des idées de conduite adoptées précédemment Reprendre à zéro une procédure de recherche de quelque chose (explication, solution, criminel...)
Le premier sens proposé n'apparaît que dans le dictionnaire de l'Académie française de 1835.
Et pourtant la métaphore de la table rase qui représente une forme de virginité nous vient de bien plus loin. Pour commencer, on peut noter que 'ras', adjectif datant du XIIe siècle, nous vient du latin 'rasus', issu du verbe 'radere' qui signifiait 'raboter' ou 'raser'.
D'abord 'res', il nous en resté le 'rez' qu'on trouve dans 'rez-de-chaussée'. Il a commencé par qualifier une mesure remplie jusqu'au bord avant de désigner également au XIVe siècle une surface lisse et unie, celle qui nous intéresse ici. La notion de "table rase" nous vient du latin "tabula rasa" qui désignait une tablette de cire vierge, sans aucune inscription ; Aristote en a fait une métaphore pour représenter l'âme à sa naissance, vierge de toute connaissance et de toute idée.
On retrouvera cette image du support vierge sur lequel rien n'est encore écrit au XVIIe siècle en philosophie. L'expression faire table rase, elle, date bien du XIXe siècle.
Elle reprend l'idée de la virginité, mais volontairement provoquée : on efface, on oublie tout ce qui existe, ce qui a déjà servi et on repart de zéro, sur de nouvelles bases. On peut aisément imaginer la table de travail encombrée des documents qui ont inutilement servi à avancer dans des directions sans réelle issue, table que, d'un mouvement du bras, on débarrasse de tout ce qui la jonche (la table devient rase) pour tenter de repartir avec de nouvelles hypothèses, dans de nouvelles directions.