SULFUREUX 2009-05-05
« Le sulfureux Avigdor Lieberman en Europe ». C'est le titre d'un article qui vient de paraître sur le site de RFI. Mais pourquoi qualifier ce Lieberman de « sulfureux » ? Soyons clair, ce n'est pas très élogieux, et c'est même une façon de prendre ses distances par rapport au personnage. Mais ce n'est pas une critique très précise non plus. Cela revient à dire que Lieberman sent le soufre – une expression également courante – et cela évoque l'odeur du diable. Mais pas d'un diable vraiment sympathique, alors que ce personnage est assez souvent présent dans la langue. L'expression fait référence à une réputation inquiétante, et revient à dire que le personnage en question est infréquentable, qu'il a des idées ou des pratiques inacceptables. C'est qu'il appartient à un univers mal vu et souvent considéré comme pervers, un monde qui n'est pas dans le politiquement correct, en tout cas. Alors parfois, bien sûr, ce qui échappe au conformisme de ce qu'on doit dire ou faire marque par son cachet de vérité. C'est le discours qui ose dire que le roi est nu, qui ose appeler les choses par leurs noms, qui ne s'en tient pas à de fausses vérités d'apparence qui ne dérangent pas. Mais le sulfureux est plus douteux que ça, et cette parenté avec le diable évoque plutôt une attirance pour le mal, le sadisme, la cruauté, ou encore pour des idéologies liées à l'exclusion, voire au racisme. En fait, tout l'épisode historique de la Deuxième Guerre mondiale étant plus ou moins considéré comme le mal absolu, la référence au soufre, au sulfureux, est bien souvent une allusion indirecte à ce mal absolu du nazisme. Alors, à propos d'un responsable politique israélien, c'est très indirect. Il ne faut pas dire que cela signifie que ce Lieberman aurait eu maille à partir avec ce qui s'est passé dans les années 40, mais l'adjectif est quand même stigmatisant. Alors pourquoi le soufre ? Parce que c'est la matière qui évoque le diable. Les légendes voulaient que les apparitions du Malin s'accompagnent d'une odeur qui l'identifiait, et qui était celle de cette matière, le soufre. Pourquoi ? Eh bien parce que tout ce qui a trait au diable est nécessairement mystérieux, mais on peut dire qu'il évoque toujours le feu, et on sait que le soufre est une matière qui s'enflamme spontanément dans certaines circonstances. Alors, peut-être le feu de l'enfer n'est-il pas loin. Car c'est bien de ça qu'il s'agit : en enfer, on brûle, et le diable est un genre de chaudronnier du mal. Le plus curieux de l'affaire est que ce même soufre – et ce même feu – sont aussi les instruments de la purification divine. La ville de Sodome, par exemple, détruite, d'après la Bible, par le courroux de l'Éternel, périt dans les flammes et sous une pluie de soufre. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/