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Madame Bovary de Gustave Flaubert, Première Partie, 6

Première Partie, 6

Elle avait lu Paul et Virginie et elle avait rêvé la maisonnette de bambous, le nègre Domingo, le chien Fidèle, mais surtout l'amitié douce de quelque bon petit frère, qui va chercher pour vous des fruits rouges dans des grands arbres plus hauts que des clochers, ou qui court pieds nus sur le sable, vous apportant un nid d'oiseau. Lorsqu'elle eut treize ans, son père l'amena lui-même à la ville, pour la mettre au couvent. Ils descendirent dans une auberge du quartier Saint-Gervais, où ils eurent à leur souper des assiettes peintes qui représentaient l'histoire de mademoiselle de la Vallière. Les explications légendaires, coupées çà et là par l'égratignure des couteaux, glorifiaient toutes la religion, les délicatesses du cœur et les pompes de la Cour. Loin de s'ennuyer au couvent les premiers temps, elle se plut dans la société des bonnes sœurs, qui, pour l'amuser, la conduisaient dans la chapelle, où l'on pénétrait du réfectoire par un long corridor. Elle jouait fort peu durant les [ 49 ] récréations, comprenait bien le catéchisme, et c'est elle qui répondait toujours à M. le vicaire dans les questions difficiles. Vivant donc sans jamais sortir de la tiède atmosphère des classes et parmi ces femmes au teint blanc portant des chapelets à croix de cuivre, elle s'assoupit doucement à la langueur mystique qui s'exhale des parfums de l'autel, de la fraîcheur des bénitiers et du rayonnement des cierges. Au lieu de suivre la messe, elle regardait dans son livre les vignettes pieuses bordées d'azur, et elle aimait la brebis malade, le Sacré-Cœur percé de flèches aiguës, ou le pauvre Jésus, qui tombe en marchant sur sa croix. Elle essaya, par mortification, de rester tout un jour sans manger. Elle cherchait dans sa tête quelque vœu à accomplir. Quand elle allait à confesse, elle inventait de petits péchés afin de rester là plus longtemps, à genoux dans l'ombre, les mains jointes, le visage à la grille sous le chuchotement du prêtre. Les comparaisons de fiancé, d'époux, d'amant céleste et de mariage éternel qui reviennent dans les sermons lui soulevaient au fond de l'âme des douceurs inattendues. Le soir, avant la prière, on faisait dans l'étude une lecture religieuse. C'était, pendant la semaine, quelque résumé d'Histoire sainte ou les Conférences de l'abbé Frayssinous, et, le dimanche, des passages du Génie du christianisme, par récréation. Comme elle écouta, les premières fois, la lamentation sonore des mélancolies romantiques se répétant à tous les échos de la terre et de l'éternité ! Si son enfance se fût écoulée dans l'arrière-boutique d'un quartier marchand, elle se serait [ 50 ] peut-être ouverte alors aux envahissements lyriques de la nature, qui, d'ordinaire, ne nous arrivent que par la traduction des écrivains. Mais elle connaissait trop la campagne ; elle savait le bêlement des troupeaux, les laitages, les charrues. Habituée aux aspects calmes, elle se tournait, au contraire, vers les accidentés. Elle n'aimait la mer qu'à cause de ses tempêtes, et la verdure seulement lorsqu'elle était clair-semée parmi les ruines. Il fallait qu'elle pût retirer des choses une sorte de profit personnel ; et elle rejetait comme inutile tout ce qui ne contribuait pas à la consommation immédiate de son cœur, – étant de tempérament plus sentimentale qu'artiste, cherchant des émotions et non des paysages. Il y avait au couvent une vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à la lingerie. Protégée par l'archevêché comme appartenant à une ancienne famille de gentilshommes ruinés sous la Révolution, elle mangeait au réfectoire à la table des bonnes sœurs, et faisait avec elles, après le repas, un petit bout de causette avant de remonter à son ouvrage. Souvent les pensionnaires s'échappaient de l'étude pour l'aller voir. Elle savait par cœur des chansons galantes du siècle passé, qu'elle chantait à demi-voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des histoires, vous apprenait des nouvelles, faisait en ville vos commissions, et prêtait aux grandes, en cachette, quelque roman qu'elle avait toujours dans les poches de son tablier, et dont la bonne demoiselle elle-même avalait de longs chapitres, dans les intervalles de sa besogne. Ce n'étaient qu'amours, amants, amantes, [ 51 ] dames persécutées s'évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu'on tue à tous les relais, chevaux qu'on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l'est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes. Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle s'éprit de choses historiques, rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces châtelaines au long corsage, qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir. Elle eut dans ce temps-là le culte de Marie Stuart, et des vénérations enthousiastes à l'endroit des femmes illustres ou infortunées. Jeanne d'Arc, Héloïse, Agnès Sorel, la belle Ferronnière et Clémence Isaure, pour elle, se détachaient comme des comètes sur l'immensité ténébreuse de l'histoire, où saillissaient encore çà et là, mais plus perdus dans l'ombre et sans aucun rapport entre eux, saint Louis avec son chêne, Bayard mourant, quelques férocités de Louis XI, un peu de Saint-Barthélemy, le panache du Béarnais, et toujours le souvenir des assiettes peintes où Louis XIV était vanté. À la classe de musique, dans les romances [ 52 ] qu'elle chantait, il n'était question que de petits anges aux ailes d'or, de madones, de lagunes, de gondoliers, pacifiques compositions qui lui laissaient entrevoir, à travers la niaiserie du style et les imprudences de la note, l'attirante fantasmagorie des réalités sentimentales. Quelques-unes de ses camarades apportaient au couvent les keepsakes qu'elles avaient reçus en étrennes. Il les fallait cacher, c'était une affaire ; on les lisait au dortoir. Maniant délicatement leurs belles reliures de satin, Emma fixait ses regards éblouis sur le nom des auteurs inconnus qui avaient signé, le plus souvent, comtes ou vicomtes, au bas de leurs pièces. Elle frémissait, en soulevant de son haleine le papier de soie des gravures, qui se levait à demi plié et retombait doucement contre la page. C'était, derrière la balustrade d'un balcon, un jeune homme en court manteau qui serrait dans ses bras une jeune fille en robe blanche, portant une aumônière à sa ceinture ; ou bien les portraits anonymes des ladies anglaises à boucles blondes, qui, sous leur chapeau de paille rond, vous regardent avec leurs grands yeux clairs. On en voyait d'étalées dans des voitures, glissant au milieu des parcs, où un lévrier sautait devant l'attelage que conduisaient au trot deux petits postillons en culotte blanche. D'autres, rêvant sur des sofas près d'un billet décacheté, contemplaient la lune, par la fenêtre entrouverte, à demi drapée d'un rideau noir. Les naïves, une larme sur la joue, becquetaient une tourterelle à travers les barreaux d'une cage gothique, ou, souriant la tête sur l'épaule, effeuillaient une [ 53 ] marguerite de leurs doigts pointus, retroussés comme des souliers à la poulaine. Et vous y étiez aussi, sultans à longues pipes, pâmés sous des tonnelles, aux bras des bayadères, djiaours, sabres turcs, bonnets grecs, et vous surtout, paysages blafards des contrées dithyrambiques, qui souvent nous montrez à la fois des palmiers, des sapins, des tigres à droite, un lion à gauche, des minarets tartares à l'horizon, au premier plan des ruines romaines, puis des chameaux accroupis ; – le tout encadré d'une forêt vierge bien nettoyée, et avec un grand rayon de soleil perpendiculaire tremblotant dans l'eau, où se détachent en écorchures blanches, sur un fond d'acier gris, de loin en loin, des cygnes qui nagent. Et l'abat-jour du quinquet, accroché dans la muraille au-dessus de la tête d'Emma, éclairait tous ces tableaux du monde, qui passaient devant elle les uns après les autres, dans le silence du dortoir et au bruit lointain de quelque fiacre attardé qui roulait encore sur les boulevards. Quand sa mère mourut, elle pleura beaucoup les premiers jours.

Elle se fit faire un tableau funèbre avec les cheveux de la défunte, et, dans une lettre qu'elle envoyait aux Bertaux, toute pleine de réflexions tristes sur la vie, elle demandait qu'on l'ensevelît plus tard dans le même tombeau. Le bonhomme la crut malade et vint la voir. Emma fut intérieurement satisfaite de se sentir arrivée du premier coup à ce rare idéal des existences pâles, où ne parviennent jamais les cœurs médiocres. Elle se laissa donc glisser dans les méandres lamartiniens, écouta les harpes sur les lacs, tous les chants de cygnes mourants, [ 54 ] toutes les chutes de feuilles, les vierges pures qui montent au ciel, et la voix de l'Éternel discourant dans les vallons. Elle s'en ennuya, n'en voulut point convenir, continua par habitude, ensuite par vanité, et fut enfin surprise de se sentir apaisée, et sans plus de tristesse au cœur que de rides sur son front. Les bonnes religieuses, qui avaient si bien présumé de sa vocation, s'aperçurent avec de grands étonnements que Mlle Rouault semblait échapper à leur soin. Elles lui avaient, en effet, tant prodigué les offices, les retraites, les neuvaines et les sermons, si bien prêché le respect que l'on doit aux saints et aux martyrs, et donné tant de bons conseils pour la modestie du corps et le salut de son âme, qu'elle fit comme les chevaux que l'on tire par la bride : elle s'arrêta court et le mors lui sortit des dents. Cet esprit, positif au milieu de ses enthousiasmes, qui avait aimé l'église pour ses fleurs, la musique pour les paroles des romances, et la littérature pour ses excitations passionnelles, s'insurgeait devant les mystères de la foi, de même qu'elle s'irritait davantage contre la discipline, qui était quelque chose d'antipathique à sa constitution. Quand son père la retira de pension, on ne fut point fâché de la voir partir. La supérieure trouvait même qu'elle était devenue, dans les derniers temps, peu révérencieuse envers la communauté. Emma, rentrée chez elle, se plut d'abord au commandement des domestiques, prit ensuite la campagne en dégoût et regretta son couvent. Quand Charles vint aux Bertaux pour la première fois, elle se considérait comme fort [ 55 ] désillusionnée, n'ayant plus rien à apprendre, ne devant plus rien sentir.

Mais l'anxiété d'un état nouveau, ou peut-être l'irritation causée par la présence de cet homme, avait suffi à lui faire croire qu'elle possédait enfin cette passion merveilleuse qui jusqu'alors s'était tenue comme un grand oiseau au plumage rose planant dans la splendeur des ciels poétiques ; – et elle ne pouvait s'imaginer à présent que ce calme où elle vivait fût le bonheur qu'elle avait rêvé.

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Première Partie, 6 Erster Teil, 6 Part 1, 6 Prima parte, 6

Elle avait lu Paul et Virginie et elle avait rêvé la maisonnette de bambous, le nègre Domingo, le chien Fidèle, mais surtout l’amitié douce de quelque bon petit frère, qui va chercher pour vous des fruits rouges dans des grands arbres plus hauts que des clochers, ou qui court pieds nus sur le sable, vous apportant un nid d’oiseau. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||glocken||||||||||||| |||||||||||cottage||bamboo|||Domingo|||||||||||||||||||||||||||||bell towers|or|||||||||||| Sie hatte Paul und Virginie gelesen und von dem Häuschen aus Bambus, dem Neger Domingo, dem Hund Fidèle, aber vor allem von der süßen Freundschaft eines guten kleinen Bruders geträumt, der für sie rote Früchte von großen Bäumen pflückt, die höher sind als Kirchtürme, oder der barfuß über den Sand rennt und Ihnen ein Vogelnest bringt. Lorsqu’elle eut treize ans, son père l’amena lui-même à la ville, pour la mettre au couvent. Als sie dreizehn Jahre alt war, brachte ihr Vater sie selbst in die Stadt, um sie ins Kloster zu schicken. Ils descendirent dans une auberge du quartier Saint-Gervais, où ils eurent à leur souper des assiettes peintes qui représentaient l’histoire de mademoiselle de la Vallière. ||||||||||||||||Teller|gemalte|||||||| |||||||||||||||||||||||||Vallière Sie stiegen in eine Herberge im Quartier Saint-Gervais ab, wo sie zum Abendessen bemalte Teller serviert bekamen, die die Geschichte von Mademoiselle de la Vallière darstellten. Les explications légendaires, coupées çà et là par l’égratignure des couteaux, glorifiaient toutes la religion, les délicatesses du cœur et les pompes de la Cour. |||geschnitten|||||der Kratzer|||||||||||||||| ||||||||the scratch|||glorified||||||||||||| Die legendären Erklärungen, hier und da unterbrochen vom Kratzen der Messer, glorifizierten alle die Religion, die Feinheiten des Herzens und den Prunk des Hofes. The legendary explanations, cut here and there by the scratch of the knives, all glorified religion, the delicacies of the heart and the pomp of the Court. Loin de s’ennuyer au couvent les premiers temps, elle se plut dans la société des bonnes sœurs, qui, pour l’amuser, la conduisaient dans la chapelle, où l’on pénétrait du réfectoire par un long corridor. Fern von Langeweile im Kloster in der ersten Zeit, gefiel es ihr in der Gesellschaft der guten Schwestern, die sie, um sie zu unterhalten, in die Kapelle führten, wo man durch einen langen Korridor von der Refektoir hineingelangte. Elle jouait fort peu durant les It||||| Sie spielte sehr wenig während der [ 49 ] récréations, comprenait bien le catéchisme, et c’est elle qui répondait toujours à M. le vicaire dans les questions difficiles. [ 49 ] Freizeit, verstand den Katechismus gut, und sie war es, die immer auf die schwierigen Fragen von Herrn Vikar antwortete. Vivant donc sans jamais sortir de la tiède atmosphère des classes et parmi ces femmes au teint blanc portant des chapelets à croix de cuivre, elle s’assoupit doucement à la langueur mystique qui s’exhale des parfums de l’autel, de la fraîcheur des bénitiers et du rayonnement des cierges. |||||||||||||||||||||||||||||||||s'exhale|||||||||bénitier|||||Cierge ||||||||||||||||skin||||||||||||||||||||||||||holy water fonts||||| Da sie also nie die lauwarme Atmosphäre der Klassen verließ und unter diesen Frauen mit weißer Haut, die Kupferkreuze trugen, sanft in den mystischen Schlummer fiel, der aus den Düften des Altars, der Frische der Taufbecken und dem Strahlen der Kerzen aufsteigt. Living thus without ever leaving the tepid atmosphere of the classes and among these white-skinned women wearing rosaries with copper crosses, she dozed gently to the mystical languor that exhaled from the perfumes of the altar, from the freshness of the holy water fonts and the radiance of the candles. Au lieu de suivre la messe, elle regardait dans son livre les vignettes pieuses bordées d’azur, et elle aimait la brebis malade, le Sacré-Cœur percé de flèches aiguës, ou le pauvre Jésus, qui tombe en marchant sur sa croix. |||||||||||||fromm||||||||||||||Pfeilen|spitzen||den||||||||| ||||||||||||vignettes||||||||||||||||||||||||||| Anstatt die Messe zu verfolgen, betrachtete sie in ihrem Buch die frommen Vignetten, die mit Azur umrandet waren, und sie liebte das kranke Schaf, das heiligste Herz, durchbohrt von scharfen Pfeilen, oder den armen Jesus, der beim Gehen mit seinem Kreuz zu fallen drohte. Elle essaya, par mortification, de rester tout un jour sans manger. |||Entsagung||||||| Elle cherchait dans sa tête quelque vœu à accomplir. ||||||Wunsch||erfüllen ||||||wish|| Sie suchte in ihrem Kopf nach einem Wunsch, den sie erfüllen konnte. Quand elle allait à confesse, elle inventait de petits péchés afin de rester là plus longtemps, à genoux dans l’ombre, les mains jointes, le visage à la grille sous le chuchotement du prêtre. ||||||erfand||||||||||||||die||gefaltet|||||||||| Wenn sie zur Beichte ging, erfand sie kleine Sünden, um dort länger bleiben zu können, kniend im Schatten, die Hände gefaltet, das Gesicht am Gitter unter dem Flüstern des Priesters. Les comparaisons de fiancé, d’époux, d’amant céleste et de mariage éternel qui reviennent dans les sermons lui soulevaient au fond de l’âme des douceurs inattendues. |||||von einem Geliebten||||||||||Predigten||||||||| ||||||||||||||||||||||||unanticipated Die Vergleiche von Verlobtem, Ehemann, himmlischem Geliebten und ewiger Ehe, die in den Predigten vorkommen, weckten in ihrer Seele unerwartete Süßigkeiten. Le soir, avant la prière, on faisait dans l’étude une lecture religieuse. In the evening, before prayer, a religious reading was done in the study. C’était, pendant la semaine, quelque résumé d’Histoire sainte ou les Conférences de l’abbé Frayssinous, et, le dimanche, des passages du Génie du christianisme, par récréation. |||||||||||||Frayssinous||||||||||| It was, during the week, some summary of Holy History or the Conferences of Father Frayssinous, and, on Sunday, passages from the Genius of Christianity, by recreation. Comme elle écouta, les premières fois, la lamentation sonore des mélancolies romantiques se répétant à tous les échos de la terre et de l’éternité ! |||||||lament|||||||||||||||| Si son enfance se fût écoulée dans l’arrière-boutique d’un quartier marchand, elle se serait [ 50 ] peut-être ouverte alors aux envahissements lyriques de la nature, qui, d’ordinaire, ne nous arrivent que par la traduction des écrivains. |||||||the back|||||||||||||invasions||||||||||||||| If her childhood had passed in the back-store of a commercial district, she would have perhaps [50] opened up to the lyrical invasions of nature, which usually only happen to us through the translation of writers. Mais elle connaissait trop la campagne ; elle savait le bêlement des troupeaux, les laitages, les charrues. |||||||||Blöken||Herden||Milchprodukte|| |||||||||bleating||||dairy|| Habituée aux aspects calmes, elle se tournait, au contraire, vers les accidentés. Accustomed to the calm aspects, she turned, on the contrary, towards the accident victims. Elle n’aimait la mer qu’à cause de ses tempêtes, et la verdure seulement lorsqu’elle était clair-semée parmi les ruines. ||||||||||||||||klar gesät||| She only liked the sea because of her storms, and the greenery only when it was clear-seeded among the ruins. Il fallait qu’elle pût retirer des choses une sorte de profit personnel ; et elle rejetait comme inutile tout ce qui ne contribuait pas à la consommation immédiate de son cœur, – étant de tempérament plus sentimentale qu’artiste, cherchant des émotions et non des paysages. |||||||||||||||||||||beitrug||||||||||||||||||||| |||||||||||||||||||||||||||||||||||artist||||||| Il y avait au couvent une vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à la lingerie. Protégée par l’archevêché comme appartenant à une ancienne famille de gentilshommes ruinés sous la Révolution, elle mangeait au réfectoire à la table des bonnes sœurs, et faisait avec elles, après le repas, un petit bout de causette avant de remonter à son ouvrage. ||das Erzbistum||gehörend||||||||||||||||||||||||||||||||Causette||||||Werk ||||||||||||||||||||||||||||||||||||chat|||||| Protected by the archdiocese as belonging to an old family of gentlemen ruined during the Revolution, she ate in the refectory at the table of the nuns, and made with them, after the meal, a little chat before going back to her work. Souvent les pensionnaires s’échappaient de l’étude pour l’aller voir. |||entkamen||||| Elle savait par cœur des chansons galantes du siècle passé, qu’elle chantait à demi-voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des histoires, vous apprenait des nouvelles, faisait en ville vos commissions, et prêtait aux grandes, en cachette, quelque roman qu’elle avait toujours dans les poches de son tablier, et dont la bonne demoiselle elle-même avalait de longs chapitres, dans les intervalles de sa besogne. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||aß||||||||| ||||||||did||||||lent|||||||||||||||||||||||||||||||| She told stories, taught you news, did your shopping in town, and lent to the older ones, in secret, some novel that she always had in her apron pockets, and of which the good lady herself swallowed long chapters , in the intervals of his work. Ce n’étaient qu’amours, amants, amantes, [ 51 ] dames persécutées s’évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu’on tue à tous les relais, chevaux qu’on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l’est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes. |||||||die sich in Pavillons verflüchtigen|||||||tötet||||Relais|||sticht|||||||||||||||nacelles|||||rossignols||||||||||||||||||||||||||| ||that are loves|lovers|lovers||||||||spittle||||||||||||||||||||||||nacelles|||||nightingales|||groves||||||||||||||||||||||||urns Es waren nur Liebesaffären, Geliebte, Geliebte, [ 51 ] verfolgte Damen, die in einsamen Pavillons verschwinden, Postkutschen, die an allen Wechselstellen getötet werden, Pferde, die auf allen Seiten zerfetzt werden, dunkle Wälder, Herzbeschwerden, Schwüre, Schluchzen, Tränen und Küsse, Gondeln im Mondschein, Nachtigallen in den Wäldern, Herren, mutig wie Löwen, sanft wie Lämmer, tugendhaft, wie man es nicht ist, immer gut gekleidet und die weinen wie Urnen. It was only love, lovers, lovers, [51] persecuted ladies fainting in solitary pavilions, postillions that we kill at all the relays, horses that we die on all pages, dark forests, disturbances of the heart, oaths, sobs, tears and kisses, moonlight pods, nightingales in the groves, gentlemen as brave as lions, gentle as lambs, virtuous as we are not, always well dressed, and who weep like ballot boxes. Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture. ||||||||fettete||||||||||| ||||||||greased||||||||||| Für sechs Monate, im Alter von fünfzehn Jahren, schmiert sich Emma also die Hände mit diesem Staub der alten Lesezimmer. Avec Walter Scott, plus tard, elle s’éprit de choses historiques, rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. ||||||s'éprit|||||von Burgen|||||Minnegesänge ||||||became enamored|||||battlements|||||minstrels Mit Walter Scott verliebte sie sich später in historische Dinge, träumte von Thronen, Wachen und Minnesängern. With Walter Scott, later, she fell in love with historic things, dreamed of sideboards, the guardroom and minstrels. Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces châtelaines au long corsage, qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir. ||||||||||ladies|||||under||clover||ogives||||||||||||||||||||||||||||||||| She would have liked to live in some old manor, like those long-bodied chatelaines, who, under the cloverleaf of the arches, spent their days, elbow on the stone and chin in the hand, watching a white-feathered rider galloping on a black horse. Elle eut dans ce temps-là le culte de Marie Stuart, et des vénérations enthousiastes à l’endroit des femmes illustres ou infortunées. |||||||||||||Verehrungen|||||||| |||||||||||||venerations||||||||unfortunate At that time she had the cult of Marie Stuart, and enthusiastic venerations for illustrious or unfortunate women. Jeanne d’Arc, Héloïse, Agnès Sorel, la belle Ferronnière et Clémence Isaure, pour elle, se détachaient comme des comètes sur l’immensité ténébreuse de l’histoire, où saillissaient encore çà et là, mais plus perdus dans l’ombre et sans aucun rapport entre eux, saint Louis avec son chêne, Bayard mourant, quelques férocités de Louis XI, un peu de Saint-Barthélemy, le panache du Béarnais, et toujours le souvenir des assiettes peintes où Louis XIV était vanté. ||||||||||||||||||||dunkelheit||||sich abhoben||||||||||||||||||||||||Férocités||||||||||Panache||||||||||||||saillissaient |||||||Ferronnière|||Clémence Isaure|||||||comets|||dark||||sailed||||||||||||||||||||||||ferocities||||||||||panache||||||||||||||vaunted Jeanne d'Arc, Héloïse, Agnès Sorel, die schöne Ferronnière und Clémence Isaure stachen für sie wie Kometen aus der düsteren Unendlichkeit der Geschichte hervor, wo hier und da, aber weiter verloren im Schatten und ohne irgendeinen Zusammenhang miteinander, Saint Louis mit seiner Eiche, der sterbende Bayard, einige Grausamkeiten von Ludwig XI., ein wenig von Saint-Barthélemy, das Prachtstück des Béarnais und immer die Erinnerung an die bemalten Teller, auf denen Ludwig XIV. gepriesen wurde. Joan of Arc, Heloise, Agnes Sorel, the beautiful Ferronnière and Clémence Isaure, for her, stood out like comets on the tenebrous immensity of history, where still protruded here and there, but more lost in the shadows and without any relation between them, Saint Louis with his oak, Bayard dying, some ferocities of Louis XI, a little of Saint-Barthélemy, the plume of the Bearnais, and always the memory of the painted plates where Louis XIV was praised. À la classe de musique, dans les romances [ 52 ] qu’elle chantait, il n’était question que de petits anges aux ailes d’or, de madones, de lagunes, de gondoliers, pacifiques compositions qui lui laissaient entrevoir, à travers la niaiserie du style et les imprudences de la note, l’attirante fantasmagorie des réalités sentimentales. |||||||||||||||||||||madonnas||lagoons||gondoliers||compositions||||glimpse||||nonsense|||||||||the enticing|||| In der Musikklasse, in den Romanzen, die sie sang, war nur von kleinen Engeln mit goldenen Flügeln, Madonnen, Lagunen, Gondolieri die Rede, friedvolle Kompositionen, die ihr durch die Naivität des Stils und die Unvorsicht der Note einen Blick auf die anziehende Phantasmagorie der sentimentalen Realitäten ermöglichten. In the music class, in the romances [52] she sang, there was only talk of little angels with golden wings, of Madonnas, of lagoons, of gondoliers, peaceful compositions that let her glimpse, through the simplicity of the style and the imprudence of the note, the attractive phantasmagoria of sentimental realities. Quelques-unes de ses camarades apportaient au couvent les keepsakes qu’elles avaient reçus en étrennes. |||||||||Andenken|||||Neujahrsgeschenke |||||||||keepsakes|||||gifts Einige ihrer Mitschülerinnen brachten ins Kloster die Andenken mit, die sie zu Neujahr erhalten hatten. Some of his comrades brought the keepsakes they had received in New Year's gifts to the convent. Il les fallait cacher, c’était une affaire ; on les lisait au dortoir. Man musste sie verstecken, es war eine Angelegenheit; man las sie im Schlafzimmer. They had to be hidden, it was a case; we read them in the dormitory. Maniant délicatement leurs belles reliures de satin, Emma fixait ses regards éblouis sur le nom des auteurs inconnus qui avaient signé, le plus souvent, comtes ou vicomtes, au bas de leurs pièces. Maniant||||Einbände||||||||||||||||||||||||||| Handling||||bindings|||||||dazzled|||||||||||||||||||| Während sie vorsichtig ihre schönen Satin-Einbände hantierte, fixierte Emma ihren verblüfften Blick auf den Namen der unbekannten Autoren, die häufig am Ende ihrer Stücke mit Graf oder Vizegraf signiert hatten. Gently handling their beautiful satin bindings, Emma fixed her dazzled looks on the names of the unknown authors who had signed, most often, counts or viscounts, at the bottom of their pieces. Elle frémissait, en soulevant de son haleine le papier de soie des gravures, qui se levait à demi plié et retombait doucement contre la page. |frömte||||||||||||||||||||||| |quivered||||||||||||||||||||||| Sie erzitterte, als sie mit ihrem Atem das Seidenpapier der Illustrationen anhob, das halb gefaltet emporstieg und sanft gegen die Seite zurückfiel. She shuddered, lifting with her breath the silk paper of the engravings, which rose half-folded and fell gently against the page. C’était, derrière la balustrade d’un balcon, un jeune homme en court manteau qui serrait dans ses bras une jeune fille en robe blanche, portant une aumônière à sa ceinture ; ou bien les portraits anonymes des ladies anglaises à boucles blondes, qui, sous leur chapeau de paille rond, vous regardent avec leurs grands yeux clairs. |||||||||||||||||||||||||Geldbörse|||Gürtel||||||||||||||||||||||||| |||balustrade||||||||||||||||||||||pouch||||||||||ladies|||||||||||||||||| Es war, hinter der Balustrade eines Balkons, ein junger Mann im kurzen Mantel, der ein junges Mädchen in weißem Kleid in seinen Armen hielt, das eine Geldbörse an seinem Gürtel trug; oder die anonymen Porträts der englischen Damen mit blonden Locken, die, unter ihrem runden Strohhut, dich mit ihren großen hellen Augen ansehen. It was, behind the balcony railing, a young man in a short coat hugging a young girl in a white dress, carrying a chaplain on his belt; or the anonymous portraits of English ladies with blond curls, who, under their round straw hats, are looking at you with their big clear eyes. On en voyait d’étalées dans des voitures, glissant au milieu des parcs, où un lévrier sautait devant l’attelage que conduisaient au trot deux petits postillons en culotte blanche. |||ausgestellten|||||||||||Windhund|||der Wagen|||||||||| |||spread|||||||||||greyhound|||the harness|||to||||postilions||| Man sah sie in Wagen ausgestellt, die mitten durch die Parks glitten, wo ein Windhund vor dem Gespann her sprang, das von zwei kleinen Postillons in weißen Hosen im Trab gelenkt wurde. We saw them spread out in cars, sliding in the middle of the parks, where a greyhound jumped in front of the team led by two small postilions in white pants. D’autres, rêvant sur des sofas près d’un billet décacheté, contemplaient la lune, par la fenêtre entrouverte, à demi drapée d’un rideau noir. ||||||||entwertet||||||||||||| Others||||sofas||||unsealed||||||||||||| Andere, die auf Sofas neben einem geöffneten Brief träumten, betrachteten den Mond durch das halb geöffnete Fenster, das halb mit einem schwarzen Vorhang verhängt war. Others, dreaming on sofas near a ticket, stared at the moon through the half-open window, half draped in a black curtain. Les naïves, une larme sur la joue, becquetaient une tourterelle à travers les barreaux d’une cage gothique, ou, souriant la tête sur l’épaule, effeuillaient une |||||||pickten||Turteltaube||||||||||||||effeuerten| The|||||||pecked||dove||||bars||||||||||were plucking| Die Naiven, mit einer Träne auf der Wange, küssten eine Turteltaube durch die Gitterstäbe eines gotischen Käfigs, oder lächelnd mit dem Kopf auf der Schulter, pflückten sie eine The naive, a tear on the cheek, pecked a dove through the bars of a Gothic cage, or, smiling head on the shoulder, leafed a [ 53 ] marguerite de leurs doigts pointus, retroussés comme des souliers à la poulaine. |||||zurückgerollt|||||| daisy|||||rolled up|||shoes|||pointed shoes [ 53 ] Gänseblümchen mit ihren spitzen Fingern, die wie die Schuhe einer Henne umgeschlagen waren. [53] daisy of their pointed fingers, rolled up like shoes with a ponytail. Et vous y étiez aussi, sultans à longues pipes, pâmés sous des tonnelles, aux bras des bayadères, djiaours, sabres turcs, bonnets grecs, et vous surtout, paysages blafards des contrées dithyrambiques, qui souvent nous montrez à la fois des palmiers, des sapins, des tigres à droite, un lion à gauche, des minarets tartares à l’horizon, au premier plan des ruines romaines, puis des chameaux accroupis ; – le tout encadré d’une forêt vierge bien nettoyée, et avec un grand rayon de soleil perpendiculaire tremblotant dans l’eau, où se détachent en écorchures blanches, sur un fond d’acier gris, de loin en loin, des cygnes qui nagent. |||||||||pâmés|||||||Bajadere|Dschiauren|Säbel||||||||blafards||Länder|dithyrambischen|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||tremblotant|||||||Verletzungen|||||aus Stahl|||||||Schwäne|| |||||||||swooning|||arbors||||bayadères|djiaours|||||||||pale landscapes||countries|dithyrambic|||||||||||pines||||||||||minarets||||||||||||||||||||||||||||||trembling|||||||scrapes|||||||||||||| Und auch ihr wart dort, Sultane mit langen Pfeifen, hingebend unter Lauben, an den Armen der Bayaderes, Dschiaours, türkische Säbel, griechische Mützen, und vor allem ihr, blasse Landschaften aus dithyrambischen Ländern, die oft gleichzeitig Palme, Tannen, Tiger rechts, einen Löwen links, tatarische Minarette am Horizont, im Vordergrund römische Ruinen zeigen, dann hockende Kamele; – alles eingerahmt von einem gut geputzten Urwald, mit einem großen senkrechten Sonnenstrahl, der zitternd im Wasser liegt, wo sich in weißen Hautstellen, auf einem grauen Stahlhintergrund, aus der Ferne Schwäne abzeichnen, die schwimmen. And you were there too, sultans with long pipes, swooned under arbors, in the arms of bayadères, djiaours, Turkish sabers, Greek caps, and you especially, pale landscapes of dithyrambic countries, which often show us palm trees, fir trees, tigers on the right, a lion on the left, Tartar minarets on the horizon, foreground of the Roman ruins, then squatting camels; - all framed by a well-cleaned virgin forest, and with a large perpendicular ray of sunshine flickering in the water, where white swans stand out against a background of gray steel, from afar to afar, swans swimming . Et l’abat-jour du quinquet, accroché dans la muraille au-dessus de la tête d’Emma, éclairait tous ces tableaux du monde, qui passaient devant elle les uns après les autres, dans le silence du dortoir et au bruit lointain de quelque fiacre attardé qui roulait encore sur les boulevards. ||||Öl lampe|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| ||||lamp|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Und der Lampenschirm der Öllampe, der an der Wand über dem Kopf von Emma hing, erhellte all diese Bilder der Welt, die nacheinander vor ihr vorbeizogen, im Schweigen des Schlafsaals und im fernen Geräusch einer verspäteten Droschke, die noch über die Boulevards rollte. And the lampshade of the quinquet, hanging in the wall above Emma's head, lit up all these pictures of the world, which passed before her one after the other, in the silence of the dormitory and at the distant noise of some late cab still driving on the boulevards. Quand sa mère mourut, elle pleura beaucoup les premiers jours.

Elle se fit faire un tableau funèbre avec les cheveux de la défunte, et, dans une lettre qu’elle envoyait aux Bertaux, toute pleine de réflexions tristes sur la vie, elle demandait qu’on l’ensevelît plus tard dans le même tombeau. ||||||||||||||||||||||||||||||||sie begräbt|||||| ||||||||||||deceased|||||||||||||||||||||||||| She had a funeral painting made with the hair of the deceased, and in a letter which she sent to Bertaux, full of sad reflections on life, she asked that she be buried later in the same tomb. Le bonhomme la crut malade et vint la voir. Emma fut intérieurement satisfaite de se sentir arrivée du premier coup à ce rare idéal des existences pâles, où ne parviennent jamais les cœurs médiocres. ||||||||||||||||||||||||mediokren ||||||||||||||||||||reach|||| Emma was internally satisfied to feel that she had arrived at the first blow to this rare ideal of pale existences, where mediocre hearts never reach. Elle se laissa donc glisser dans les méandres lamartiniens, écouta les harpes sur les lacs, tous les chants de cygnes mourants, [ 54 ] toutes les chutes de feuilles, les vierges pures qui montent au ciel, et la voix de l’Éternel discourant dans les vallons. ||||||||lamartinischen||||||||||||||||||||||||||||||||| |||||||meanders|lamartinian|||harps|||||||||||||||||||||||||||discours||| Sie ließ sich also in die lamartinischen Irrungen gleiten, hörte die Harfen auf den Seen, all die Lieder der sterbenden Schwäne, alle herabfallenden Blätter, die reinen Jungfrauen, die zum Himmel aufsteigen, und die Stimme des Ewigen, die in den Tälern sprach. So she let herself slip into the Lamartine meanders, listened to the harps on the lakes, all the songs of the dying swans, [54] all the falling leaves, the pure virgins rising to heaven, and the voice of the Eternal speaking in the valleys. Elle s’en ennuya, n’en voulut point convenir, continua par habitude, ensuite par vanité, et fut enfin surprise de se sentir apaisée, et sans plus de tristesse au cœur que de rides sur son front. ||got bored||||||||||||||||||||||||in the||||||| Sie langweilte sich darüber, wollte es nicht zugeben, fuhr aus Gewohnheit fort, dann aus Eitelkeit, und war schließlich überrascht, sich beruhigt zu fühlen und nicht mehr Traurigkeit im Herzen zu haben als Falten auf ihrer Stirn. Les bonnes religieuses, qui avaient si bien présumé de sa vocation, s’aperçurent avec de grands étonnements que Mlle Rouault semblait échapper à leur soin. Die gütigen Nonnen, die so gut von ihrer Berufung ausgegangen waren, bemerkten mit großer Verwunderung, dass Mademoiselle Rouault ihrem Pflege zu entkommen schien. Elles lui avaient, en effet, tant prodigué les offices, les retraites, les neuvaines et les sermons, si bien prêché le respect que l’on doit aux saints et aux martyrs, et donné tant de bons conseils pour la modestie du corps et le salut de son âme, qu’elle fit comme les chevaux que l’on tire par la bride : elle s’arrêta court et le mors lui sortit des dents. |||||||||||||||Predigten||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| ||||||||||||novenas|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||the|mors|||| Sie hatten ihr in der Tat so viele Dienste, Retreats, Novenen und Predigten angedeihen lassen, hatten den Respekt gepredigt, den man den Heiligen und Märtyrern schuldet, und so viele gute Ratschläge zur Bescheidenheit des Körpers und zur Rettung ihrer Seele gegeben, dass sie es machte wie die Pferde, die man am Zaum zieht: Sie hielt abrupt an und das Gebiss fiel ihr aus dem Mund. They had, in fact, lavished him with offices, retreats, novenas and sermons, so well preached the respect that we owe to saints and martyrs, and gave so much good advice for the modesty of the body and the salvation of her soul, which she made like the horses that are pulled by the bridle: she stopped short and the bit came out of her teeth. Cet esprit, positif au milieu de ses enthousiasmes, qui avait aimé l’église pour ses fleurs, la musique pour les paroles des romances, et la littérature pour ses excitations passionnelles, s’insurgeait devant les mystères de la foi, de même qu’elle s’irritait davantage contre la discipline, qui était quelque chose d’antipathique à sa constitution. |||||||||||||||||||||||||||Aufregungen|leidenschaftlichen|sich empörte|||||||||||||||||||||| |||||||||||||||||||||||||||||was rebelling|||||||||||||||||||antipathetic||| Dieser Geist, positiv inmitten ihrer Begeisterungen, der die Kirche für ihre Blumen, die Musik für die Texte der Romantik und die Literatur für ihre leidenschaftlichen Anregungen liebte, revoltiert gegen die Geheimnisse des Glaubens, so wie sie sich mehr gegen die Disziplin ärgerte, die etwas Antipathisches für ihre Verfassung war. This spirit, positive in the midst of its enthusiasms, which had loved the church for its flowers, the music for the words of the romances, and the literature for its passionate excitement, rose up before the mysteries of faith, as well as she was more irritated with discipline, which was something unpleasant to her constitution. Quand son père la retira de pension, on ne fut point fâché de la voir partir. Als ihr Vater sie aus dem Internat abzog, war man nicht traurig darüber, sie gehen zu sehen. When her father withdrew her from school, we were not sorry to see her leave. La supérieure trouvait même qu’elle était devenue, dans les derniers temps, peu révérencieuse envers la communauté. ||||||||||||ehrfurchtsvoll||| ||||||||||||reverent||| Die Oberin fand sogar, dass sie in der letzten Zeit wenig respektvoll gegenüber der Gemeinschaft geworden war. Emma, rentrée chez elle, se plut d’abord au commandement des domestiques, prit ensuite la campagne en dégoût et regretta son couvent. |||||||in||||took||||||||| Emma, die nach Hause zurückgekehrt war, fand zunächst Gefallen an der Herrschaft über die Dienstboten, verlor dann aber das Interesse an der Landschaft und bedauerte ihr Kloster. Emma, on returning home, pleased herself at first with the command of the servants, then took the countryside in disgust and regretted her convent. Quand Charles vint aux Bertaux pour la première fois, elle se considérait comme fort Als Charles zum ersten Mal zu den Bertaux kam, hielt sie sich für sehr. [ 55 ] désillusionnée, n’ayant plus rien à apprendre, ne devant plus rien sentir. disillusioned||||||||||

Mais l’anxiété d’un état nouveau, ou peut-être l’irritation causée par la présence de cet homme, avait suffi à lui faire croire qu’elle possédait enfin cette passion merveilleuse qui jusqu’alors s’était tenue comme un grand oiseau au plumage rose planant dans la splendeur des ciels poétiques ; – et elle ne pouvait s’imaginer à présent que ce calme où elle vivait fût le bonheur qu’elle avait rêvé. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||soaring||||||||||||||||||||||||| Aber die Angst vor einem neuen Zustand, oder vielleicht die Reizung durch die Anwesenheit dieses Mannes, hatte ausgereicht, um sie glauben zu lassen, dass sie endlich diese wundervolle Leidenschaft besaß, die bis dahin wie ein großer Vogel mit rosa Gefieder in der Pracht der poetischen Himmel schwebte; – und sie konnte sich jetzt nicht vorstellen, dass diese Ruhe, in der sie lebte, das Glück war, von dem sie geträumt hatte. But the anxiety of a new state, or perhaps the irritation caused by the presence of this man, had been enough to make him believe that she finally had this wonderful passion which until then had been held as a great bird with pink plumage hovering in the splendor of poetic skies; - and she couldn't imagine now that the calm in which she lived was the happiness she had dreamed of.