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Actualité du jour, Japon : l’empereur Akihito ouvre la voie à son abdication

Japon : l'empereur Akihito ouvre la voie à son abdication

On pourrait dire que l'empereur Akihito est des plus prolixes. Alors que son prédécesseur Hirohito s'est uniquement exprimé pour annoncer la reddition nippone à la fin de la deuxième guerre mondiale, lui a pris la parole deux fois : le 11 mars 2011, après le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima ; et aujourd'hui, le 8 août. Les 126 millions de Japonais ont compris le caractère exceptionnel de son message qui a tout éclipsé. L'activité boursière s'est par exemple suspendue le temps de son allocution vidéo de 10 minutes diffusée à 15h heure locale (8h heure française). Qu'avait-il de si exceptionnel à annoncer ? Il s'est dit inquiet de ne plus pouvoir remplir ses responsabilités à cause de son âge. Il a ainsi déclaré : “Quand je vois que ma force physique décline graduellement, je m'inquiète qu'il puisse être difficile pour moi de remplir mes obligations en tant que symbole de l'Etat avec toute mon énergie, comme je l'ai fait jusqu'à maintenant”. Le premier ministre Shinzo Abe a dit “prendre avec sérieux les mots de l'empereur”, en réaction à l'allocution impériale, et souhaiter y répondre. Mais sans préciser sa pensée. Tout ça pour ça ? Non, car Akihito n'a pas le droit d'abdiquer, ni même de prononcer le mot “abdication”. Selon la Constitution, il n'est que le symbole de la nation et n'a pas le droit d'intervenir dans la vie publique et politique japonaise. Or par ce discours, par touches subtiles mais sans le dire clairement, il a demandé à abdiquer et à laisser son fils prendre sa place. Car si le 125e empereur, monté sur le trône en 1989, a toujours accordé une grande importance aux devoirs liés à sa charge, il est aujourd'hui âgé de 82 ans et a souffert de plusieurs problèmes de santé. Il a été opéré du coeur et soigné d'un cancer de la prostate. Il a réduit récemment ses apparitions officielles, laissant sa place à son fils, le prince héritier Naruhito, âgé de 56 ans. Le mois dernier, l'agence de presse Kyodo a indiqué que l'empereur avait fait part à son entourage de sa volonté de quitter le trône du Chrysanthème dans un an environ, relayant des informations similaires dévoilées par des chaînes japonaises. Selon les médias locaux, Akihito s'inspirerait de l'exemple du pape Benoît XVI, qui a cédé sa place en 2013 à François. Pour une abdication, il faudrait modifier l'actuelle législation sur la Maison impériale, adoptée en 1946, qui ne prévoit pas un tel cas de figure. Aujourd'hui, pour changer la loi, l'empereur doit convaincre l'opinion. Ce qui ne devrait pas être difficile pour ce souverain populaire : selon un sondage réalisé début août par l'agence Kyodo, 85 % des Japonais approuvent l'idée qu'il quitte ses fonctions avant sa mort. Or l'idée de changer la loi embarrasserait le gouvernement, avec lequel Akihito serait en désaccord sur certains points. Par exemple l'Empereur n'hésite pas à exprimer des excuses pour l'attitude du Japon pendant la guerre alors que l'attitude de Premier ministre confine plutôt au révisionnisme. Le camp conservateur craint également une relance des discussions sur la possibilité d'une succession féminine. La question avait été soulevée après la naissance, le 1er décembre 2001, de la princesse Aiko, enfant unique du prince héritier, Naruhito, et de son épouse, Masako. La naissance, en février 2006 d'un fils, celui du frère cadet de Naruhito, avait mis fin au débat. Akihito a aussi demandé à être incinéré à sa mort, pratique commune chez les Japonais mais pas chez les empereurs qui sont enterrés. Fait sans précédent, il souhaite reposer auprès de l'impératrice. Décidément l'empereur Akihito ne fait rien comme ses prédécesseurs.

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Japon : l’empereur Akihito ouvre la voie à son abdication Japan: Emperor Akihito paves the way for his abdication

On pourrait dire que l'empereur Akihito est des plus prolixes. It could be said that Emperor Akihito is one of the most prolific. Alors que son prédécesseur Hirohito s'est uniquement exprimé pour annoncer la reddition nippone à la fin de la deuxième guerre mondiale, lui a pris la parole deux fois : le 11 mars 2011, après le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima ; et aujourd'hui, le 8 août. While his predecessor Hirohito spoke only to announce Japan's surrender at the end of the Second World War, he has spoken twice: on March 11, 2011, after the tsunami and the Fukushima nuclear disaster; and today, on August 8. Les 126 millions de Japonais ont compris le caractère exceptionnel de son message qui a tout éclipsé. The 126 million Japanese understood the exceptional nature of his message, which eclipsed everything else. L'activité boursière s'est par exemple suspendue le temps de son allocution vidéo de 10 minutes diffusée à 15h heure locale (8h heure française). Stock market activity, for example, came to a standstill during his 10-minute video address, broadcast at 3pm local time (8am French time). Qu'avait-il de si exceptionnel à annoncer ? Il s'est dit inquiet de ne plus pouvoir remplir ses responsabilités à cause de son âge. Il a ainsi déclaré : “Quand je vois que ma force physique décline graduellement, je m'inquiète qu'il puisse être difficile pour moi de remplir mes obligations en tant que symbole de l'Etat avec toute mon énergie, comme je l'ai fait jusqu'à maintenant”. Le premier ministre Shinzo Abe a dit “prendre avec sérieux les mots de l'empereur”, en réaction à l'allocution impériale, et souhaiter y répondre. Mais sans préciser sa pensée. Tout ça pour ça ? Non, car Akihito n'a pas le droit d'abdiquer, ni même de prononcer le mot “abdication”. Selon la Constitution, il n'est que le symbole de la nation et n'a pas le droit d'intervenir dans la vie publique et politique japonaise. Or par ce discours, par touches subtiles mais sans le dire clairement, il a demandé à abdiquer et à laisser son fils prendre sa place. Car si le 125e empereur, monté sur le trône en 1989, a toujours accordé une grande importance aux devoirs liés à sa charge, il est aujourd'hui âgé de 82 ans et a souffert de plusieurs problèmes de santé. Il a été opéré du coeur et soigné d'un cancer de la prostate. Il a réduit récemment ses apparitions officielles, laissant sa place à son fils, le prince héritier Naruhito, âgé de 56 ans. Le mois dernier, l'agence de presse Kyodo a indiqué que l'empereur avait fait part à son entourage de sa volonté de quitter le trône du Chrysanthème dans un an environ, relayant des informations similaires dévoilées par des chaînes japonaises. Selon les médias locaux, Akihito s'inspirerait de l'exemple du pape Benoît XVI, qui a cédé sa place en 2013 à François. Pour une abdication, il faudrait modifier l'actuelle législation sur la Maison impériale, adoptée en 1946, qui ne prévoit pas un tel cas de figure. For an abdication, the current legislation on the Imperial Household, adopted in 1946, would have to be amended, as it makes no provision for such an eventuality. Aujourd'hui, pour changer la loi, l'empereur doit convaincre l'opinion. Ce qui ne devrait pas être difficile pour ce souverain populaire : selon un sondage réalisé début août par l'agence Kyodo, 85 % des Japonais approuvent l'idée qu'il quitte ses fonctions avant sa mort. Or l'idée de changer la loi embarrasserait le gouvernement, avec lequel Akihito serait en désaccord sur certains points. Par exemple l'Empereur n'hésite pas à exprimer des excuses pour l'attitude du Japon pendant la guerre alors que l'attitude de Premier ministre confine plutôt au révisionnisme. Le camp conservateur craint également une relance des discussions sur la possibilité d'une succession féminine. La question avait été soulevée après la naissance, le 1er décembre 2001, de la princesse Aiko, enfant unique du prince héritier, Naruhito, et de son épouse, Masako. La naissance, en février 2006 d'un fils, celui du frère cadet de Naruhito, avait mis fin au débat. Akihito a aussi demandé à être incinéré à sa mort, pratique commune chez les Japonais mais pas chez les empereurs qui sont enterrés. Fait sans précédent, il souhaite reposer auprès de l'impératrice. Décidément l'empereur Akihito ne fait rien comme ses prédécesseurs.