Journal en français facile 29 avril 2018
Loïc Bussières : 22h à Paris, 20h en temps universel. L'heure de votre Journal en français facile. Bonsoir à tous et bonsoir Alexis Guilleux.Bonsoir Alexis.
Alexis Guilleux : Bonsoir.
LB : Dans l'actualité ce soir : cette nouvelle manifestation de l'opposition en Arménie. Les partisans de Nikol Pachinian veulent peser sur l'élection du Premier ministre par le Parlement ce mardi. Nous irons à Erevan, la capitale arménienne dans ce journal.
AG : De nouveaux tirs à la frontière entre Israël et Gaza. Deux Palestiniens qui tentaient de la franchir ont été tués par des soldats israéliens dans un contexte de manifestations émaillées de violences depuis près d'un mois dans la région.
LB : Et puis nous reviendrons sur ce nouveau pas fait par Kim Jong un. Le dirigeant nord-coréen se dit prêt à fermer dès le mois prochain son site d'essais atomiques, les détails dans un instant.
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AG : On se rend en Arménie pour débuter cette édition, à Erevan, la capitale où les manifestations ont repris aujourd'hui.
LB : Les partisans du chef de l'opposition Nikol Pachinian ont répondu à l'appel de leur dirigeant, à 48 h d'un vote très important au Parlement qui doit désigner le nouveau Premier ministre. Hier, le parti au pouvoir, le parti Républicain a annoncé qu'il ne présenterait pas de candidat pour le poste, ce qui ne signifie pas que Nikol Pachinian est assuré de l'emporter malgré le soutien de ses partisans venus en nombre ce dimanche dans les rues d'Erevan. Anastasia Becchio est sur place pour RFI.
Tout au long de l'après-midi, les partisans de Nikol Pachinian ont défilé dans les rues, bloqué des artères, dansé, chanté, fait des cours de yoga sur un carrefour et même bloqué les entrées de plusieurs grands supermarchés, propriétés des députés du Parti républicain. Même si la foule n'était pas aussi compacte qu'en début de semaine, des milliers de personnes sont encore venues acclamer Nikol Pachinian ce soir, place de la République. Le meneur de la contestation a troqué sa casquette noire pour une casquette rouge. Faut-il y voir un signe ? En tout cas, pour les manifestants, l'heure est à l'optimisme, surtout depuis que le parti au pouvoir a fait savoir qu'il ne s'opposerait pas à l'élection de Nikol Pachinan comme Premier ministre par intérim mardi, si tous les groupes d'opposition au Parlement soutiennent sa candidature. Le député de l'opposition affirme qu'il y a de grandes chances que certains membres du Parti républicain votent pour lui. Il va mener des discussions demain avec tous les groupes politiques. Et pour cette raison, il a appelé ses partisans à s'abstenir de bloquer des routes et de commettre des actes de désobéissance civile demain. À l'issue de ses discussions, il, a promis de venir en rendre compte aux manifestants comme chaque soir, depuis deux semaines, sur la place de la République.
AG : À la une également, le dossier du nucléaire iranien et cet entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Hassan Rohani.
LB : Le président iranien qui rappelle que l'accord passé en 2015 entre son pays et six grandes puissances dont la France n'est « pas négociable ». Plus tôt dans la semaine, Emmanuel Macron avait justement plaidé dans ce sens auprès de Donald Trump, qui menace de remettre en cause le texte qui prévoit notamment que Téhéran réduise sa production d'uranium enrichi qui permet la fabrication de l'arme nucléaire.
AG : Autre sujet de conversation entre les Présidents iraniens et français : la situation en Syrie.
LB : La Syrie où les médias d'Etat annoncent ce soir un accord d'évacuation dans le camp de réfugiés palestinien de Yarmouk, situé dans le sud de Damas et où des jihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) sont présents. Dans le reste de l'actualité, la mort de deux Palestiniens qui tentaient de s'infiltrer en Israël à partir du sud de la bande de Gaza. Ils ont été tués par les tirs de soldats israéliens. Ces décès interviennent alors qu'un mouvement de contestation massive près de la frontière entre Gaza et Israël a déjà fait plus de 40 victimes palestiniennes en un mois.
AG : Le Proche Orient encore et la suite de l'affaire de l'arrestation du chauffeur du Consulat général de France à Jérusalem.
LB : Romain Franck le jeune employé du Consulat Général de France à Jérusalem comparaissait ce matin devant le tribunal israélien de Beer-Sheva. Arrêté le 15 février dernier par le service de renseignement israélien, il a été inculpé pour trafic d'armes avec circonstances aggravantes en mars dernier. Des faits reconnus par le chauffeur qui avoue avoir convoyé une soixantaine d'armes entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. Une affaire aux contours encore flous, car des éléments du dossier restent classés secret défense. Faute de garants en Israël, le tribunal a décidé qu'il restait en prison. Son avocat Abed Abu Amir s'inquiète des conditions de détention du jeune français. Et pour avoir accès à la totalité du dossier, la défense pense faire appel... Le procès de Romain Franck doit débuter le 16 mai.
Mon client se plaint de ses conditions de détention, ce n'est vraiment pas facile pour lui. Imaginez quelqu'un qui doit rester dans une cellule pleine d'étrangers sans parler la langue, c'est difficile. Ce dossier est basé uniquement sur des aveux, ceux de mon client, mais aussi des Palestiniens impliqués, certains d'entre eux ont avoué, mais la police israélienne n'a pas retrouvé de trace des armes, ils n'ont même une seule balle, rien.. Mon client était sous pression, donc nous verrons quand je pourrais avoir accès à la totalité du dossier s'il a avoué en raison de ses conditions de détention : 10 heures d'interrogatoires non-stop, avec une cellule sans lit, sale où l'on est obligé de dormir par terre. Des conditions qui amènent parfois certains à craquer et à avouer. Mais devons avoir accès à la totalité du dossier pour déterminer notre ligne de défense.
AG : Retour sur le sommet historique entre les dirigeants nord et sud-coréens et sur ce nouveau geste de Pyong Yang.
LB : Le régime nord-coréen qui après avoir convenu avec son voisin du sud de débarrasser la péninsule de l'arme nucléaire, propose aujourd'hui de fermer son site d'essai atomique dans le courant du mois de mai. Ce site, c'est celui de Punggye-ri, c'est là que la Corée du Nord teste ses capacités atomiques depuis plus de dix ans. Vincent Souriau
C'est un complexe souterrain creusé dans la montagne, donc très difficile à surveiller. Il a été pensé pour ça, il a été pensé pour être discret. On sait grâce aux images satellites ce qui s'y passe en surface, mais impossible de contrôler en détail son activité au jour le jour. Comment ça se présente : eh bien, c'est un système de tunnels, une ou plusieurs galeries percées dans la roche, galeries en cul-de-sac, étayées, renforcées, étanchéisées. Ça permet d'éviter les fuites de substances radioactives. Et lorsque tout est prêt, on place la bombe au fond de l'un de ces tunnels et on la fait exploser. C'est un protocole qui a été suivi six fois entre 2006 et 2017. Six essais nucléaires sur le site de Poun-guy-éri en l'espace de 11 ans. Ça veut dire que la structure subit des explosions très puissantes et que ces explosions provoquent des séismes. Le dernier test de la Corée du Nord, c'était en septembre 2017, il a été suivi d'une secousse de 6,3 sur l'échelle de Richter. Or, c'était peut-être l'essai de trop. En tout cas, c'est l'hypothèse des États-Unis et la Chine. Les chercheurs américains et chinois pensent qu'après cette explosion du mois de septembre, le site s'est écroulé sur lui-même. Bémol de taille : Kim Jong Eun en personne vient de le démentir. Il dit qu'il y a encore plusieurs tunnels en état de marche et il invite les experts internationaux à se rendre sur place au mois de mai.
LB : Comme chaque dimanche, on retrouve Yvan Amar et son expression de la semaine. Yvan qui nous emmène sur les bancs ce soir.
L'Université de Mossoul, en Irak, reprend du service. Depuis que la ville a échappé à Daesh, l'université a rouvert et redevient un lieu de contact, de rencontres, où des étudiants peuvent non seulement travailler, mais se côtoyer, se fréquenter, se parler, même s'ils appartiennent à des communautés différentes : les minorités persécutées se retrouvent sur les bancs de la fac titre RFI. Sur les bancs ? Une expression toute faite pour dire qu'on fait partie de la même institution éducative, qu'on apprend ensemble. On entend souvent dire « ils s'étaient connus sur les bancs de l'école. » Parfois du lycée, rarement de l'université, mais l'image peut s'étendre jusque-là ! Pourquoi les bancs ? Parce que bien souvent c'était sur ces sièges longs et collectifs qu'on s'asseyait à l'école : des bancs pour deux, des bancs pour trois, rattachés au pupitre, à la table sur laquelle on écrit. Et puis on se souvient bien sûr de cette formule familière, mais encore en usage ! il avait usé ses fonds de culotte sur les bancs du collège, qui signifie simplement qu'il l'avait fréquenté, et qui fait référence aux longues heures, utiles ou pas, passées à l'école dans cette position assise. Et cette expression se transfère parfois au niveau politique, dans un cadre collectif qui peut faire penser à l'école : sur les bancs de l'Assemblée.