Faire une belle jambe
Ne servir à rien (en parlant d'un avantage qui n'est qu'apparent)
Cette expression ironique est généralement employée sous la forme "ça me/lui fait/fera une belle jambe".
Aussi étrange que cela puisse paraître, notre expression n'a pas de lien avec le charme féminin, puisqu'en réalité elle se moque du mâle infatué de sa personne.
En effet, il faut savoir qu'à partir du milieu du XIIe siècle, mais surtout à partir du XVe, l'homme s'est mis à porter des vêtements qui laissaient voir ses jambes, habillées de 'chausses', composées du haut-de-chausses, de la taille parfois jusqu'au genou, et du bas-de-chausses, couvrant jusqu'aux pieds.
Ces derniers, ancêtres du bas, collaient au corps et laissaient donc plus que deviner le galbe de la jambe. C'est surtout au XVIIe siècle que ce galbe a commencé à avoir une importance en société où il valait mieux qu'il soit à la fois beau naturellement et habillé avec goût.
Et c'est de ces hommes coquets qui se pavanaient en montrant leurs si belles jambes qu'est née l'expression "faire la belle jambe" appliquée à celui qui "prenait une démarche avantageuse" ou qui faisait le beau. Et, à la fin du même siècle, cette fameuse et belle jambe était tellement importante qu'elle fera également apparaître l'expression "cela ne me rendra pas la jambe mieux faite" adressée à quelqu'un proposant quelque chose dont on ne tirera aucun avantage et voulant clairement dire "ça ne me servira à rien".
De là, il est facile de comprendre qu'en éliminant la négation, on ait pu, par ironie et dans une situation identique, dire "ça me rendra la jambe mieux faite".
Ce n'est qu'au XIXe siècle qu'on trouvera d'abord un "ça me fait bien la jambe" avant que notre expression avec sa forme actuelle prenne le dessus.