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Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE XLIII

CHAPITRE XLIII

Les Talibas.—La poursuite.—Un pays dévasté.—Vent modéré.—Le Victoria baisse—Les dernières provisions.—Les bonds du Victoria.—Défense à coups de fusil.—Le vent fraîchit,—Le fleuve du Sénégal.—Les cataractes de Gouina.—L'air chaud.—Traversée du fleuve.

« Si nous n'avions pas pris la précaution de nous alléger hier soir, dit le docteur, nous étions perdus sans ressources.

Voilà ce que c'est que de faire les choses à temps, répliqua Joe ; on se sauve alors, et rien n est plus naturel.

—Nous ne sommes pas hors de danger, répliqua Fergusson.

—Que crains-tu donc ?

demanda Dick. Le Victoria ne peut pas descendre sans ta permission, et quand il descendrait ?

—Quand il descendrait !

Dick, regarde ! » La lisière de la forêt venait d'être dépassée, et les voyageurs purent apercevoir une trentaine de cavaliers, revêtus du large pantalon et du burnous flottant ; ils étaient armés, les uns de lances, les autres de longs mousquets ; ils suivaient au petit galop de leurs chevaux vifs et ardents la direction du Victoria , qui marchait avec une vitesse modérée. A la vue des voyageurs, ils poussèrent des cris sauvages, en brandissant leurs armes ; la colère et les menaces se lisaient sur leurs figures basanées, rendues plus féroces par une barbe rare, mais hérissée ; ils traversaient sans peine ces plateaux abaissés et ces rampes adoucies qui descendent an Sénégal.

« Ce sont bien eux !

dit le docteur, les cruels Talibas, les farouches marabouts d'Al-Eladji ! J'aimerais mieux me trouver en pleine forêt, au milieu d'un cercle de bêtes fauves, que de tomber entre les mains de ces bandits.

—Ils n'ont pas l'air accommodant !

fit Kennedy, et ce sont de vigoureux gaillards !

—Heureusement, ces bêtes-là, ça ne vole pas, répondit Joe ; c'est toujours quelque chose

—Voyez, dit Fergusson, ces villages en ruines, ces huttes incendiées !

voilà leur ouvrage ; et là où s'étendaient de vastes cultures, ils ont apporté l'aridité et la dévastation.

—Enfin, ils ne peuvent nous atteindre, répliqua Kennedy, et si nous parvenons à mettre le fleuve entre eux et nous, nous serons en sûreté.

—Parfaitement, Dick ; mais il ne faut pas tomber, répondit Le docteur en portant ses yeux sur le baromètre

—En tout cas, Joe, reprit Kennedy, nous ne ferons pas mal de préparer nos armes.

—Cela ne peut pas nuire, Monsieur Dick ; nous nous trouverons bien de ne pas les avoir semées sur notre route.

—Ma carabine !

s'écria le chasseur, j'espère ne m'en séparer jamais. » Et Kennedy la chargea avec le plus grand soin ; il lui restait de la poudre et des balles en quantité suffisante. « A quelle hauteur nous maintenons-nous ?

demanda-t-il à Fergusson.

—A sept cent cinquante pieds environ ; mais nous n'avons plus la faculté de chercher des courants favorables, en montant ou en descendant ; nous sommes à la merci du ballon.

—Cela est fâcheux, reprit Kennedy ; le vent est assez médiocre, et si nous avions rencontré un ouragan pareil à celui des jours précédents, depuis longtemps ces affreux bandits seraient hors de vue.

—Ces coquins-là nous suivent sans se gêner, dit Joe, au petit galop ; une vraie promenade.

—Si nous étions à bonne portée, dit le chasseur, je m'amuserais à les démonter les uns après les autres.

—Oui-da !

répondit Fergusson ; mais ils seraient à bonne portée aussi, et notre Victoria offrirait un but trop facile aux balles de leurs longs mousquets ; or, s'ils le déchiraient, je te laisse à juger quelle serait notre situation. » La poursuite des Talibas continua toute la matinée. Vers onze heures du matin, les voyageurs avaient à peine gagné une quinzaine de milles dans l'ouest.

Le docteur épiait les moindres nuages à l'horizon.

Il craignait toujours un changement dans l'atmosphère. S'il venait à être rejeté vers le Niger, que deviendrait-il ! D'ailleurs, il constatait que le ballon tendait à baisser sensiblement ; depuis son départ, il avait déjà perdu plus de trois cents pieds, et le Sénégal devait être éloigné d'une douzaine de milles ; avec la vitesse actuelle, il lui fallait compter encore trois heures de voyage.

En ce moment, son attention fut attirée par de nouveaux cri ; les Talibas s'agitaient en pressant leurs chevaux.

Le docteur consulta le baromètre, et comprit la cause de ces hurlements :

« Nous descendons, fit Kennedy.

—Oui, répondit Fergusson.

—Diable !

» pensa Joe.

Au bout d'un quart d'heure, la nacelle n'était pas à cent cinquante pieds du sol, mais le vent soufflait avec plus de force.

Les Talibas enlevèrent leurs chevaux, et bientôt une décharge de mousquets éclata dans les airs.

« Trop loin, imbéciles !

s'écria Joe ; il me paraît bon de tenir ces gredins-là à distance. » Et, visant l'un des cavaliers les plus avancés, il fit feu ; le Talibas roula à terre ; ses compagnons s'arrêtèrent et le Victoria gagna sur eux. « Ils sont prudents ; dit Kennedy.

—Parce qu'ils se croient assurés de nous prendre, répondit le docteur ; et ils y réussiront, si nous descendons encore !

Il faut absolument nous relever !

—Que jeter !

demanda Joe.

—Tout ce qui reste de provision de pemmican !

C'est encore une trentaine de livres dont nous nous débarrasserons !

—Voilà, Monsieur !

» fit Joe en obéissant aux ordres de son maître.

La nacelle, qui touchait presque le sol, se releva au milieu des cris des Talibas ; mais, une demi-heure plus tard, le Victoria redescendait avec rapidité ; le gaz fuyait par les pores de l'enveloppe.

Bientôt la nacelle vint raser le sol ; les nègres d'Al-Hadji se précipitèrent vers elle ; mais, comme il arrive en pareille circonstance, à peine eut-il touché terre, que le Victoria se releva d'un bond pour s'abattre de nouveau un mille plus loin.

« Nous n'échapperons donc pas !

fit Kennedy avec rage.

—Jette notre réserve d'eau-de-vie, Joe, s'écria le docteur, nos instruments, tout ce qui peut avoir une pesanteur quelconque, et notre dernière ancre, puisqu'il le faut !

» Joe arracha les baromètres, les thermomètres ; mais tout cela était peu de chose, et le ballon, qui remonta un instant, retomba bientôt vers la terre. Les Talibas volaient sur ses traces et n'étaient qu'à deux cents pas de lui.

« Jette les deux fusils !

s'écria le docteur.

Pas avant de les avoir déchargés, du moins, » répondit le chasseur.

Et quatre coups successifs frappèrent dans la masse des cavaliers ; quatre Talibas tombèrent au milieu des cris frénétiques de la bande.

Le Victoria se releva de nouveau ; il faisait des bonds d'une énorme étendue, comme une immense balle élastique rebondissant sur le sol.

Étrange spectacle que celui de ces infortunés cherchant à fuir par des enjambées gigantesques, et qui, semblables à Antée, paraissaient reprendre une force nouvelle dès qu'ils touchaient terre !

Mais il fallait que cette situation eut une fin. Il était près de midi. Le Victoria s'épuisait, se vidait, s'allongeait ; son enveloppe devenait flasque et flottante ; les plis du taffetas distendu grinçaient les uns sur les autres.

« Le ciel nous abandonne, dit Kennedy, il faudra tomber !

» Joe ne répondit pas, il regardait son maître. « Non !

dit celui-ci, nous avons encore plus de cent cinquante livres à jeter.

—Quoi donc ?

demanda Kennedy, pensant que le docteur devenait fou.

—La nacelle !

répondit celui-ci. Accrochons-nous au filet ! Nous pouvons nous retenir aux mailles et gagner le fleuve ! Vite ! vite !

Et ces hommes audacieux n'hésitèrent pas à tenter un pareil moyen de salut.

Ils se suspendirent aux mailles du filet, ainsi que l'avait indiqué le docteur, et Joe, se retenant d'une main, coupa les cordes de la nacelle ; elle tomba au moment où l'aérostat allait définitivement s'abattre.

« Hourra !

hourra ! » s'écria-t-il, pendant que le ballon délesté remontait à trois cents pieds dans l'air.

Les Talibas excitaient leurs chevaux ; ils couraient ventre à terre ; mais le Victoria , rencontrant un vent plus actif, les devança et fila rapidement vers une colline qui barrait l'horizon de l'ouest.

Ce fut une circonstance favorable pour les voyageurs, car ils purent la dépasser, tandis que la horde d'Al Hadji était forcée de prendre par le nord pour tourner ce dernier obstacle.

Les trois amis se tenaient accrochés au filet ; ils avaient pu le rattacher au-dessous d'eux, et il formait comme une poche flottante.

Soudain, après avoir franchi la colline, le docteur s'écria :

« Le fleuve !

le fleuve ! le Sénégal ! » A deux milles, en effet, le fleuve roulait une masse d'eau fort étendue ; la rive opposée, basse et fertile, offrait une sûre retraite et un endroit favorable pour opérer la descente. « Encore un quart d'heure, dit Fergusson, et nous sommes sauvés !

» Mais il ne devait pas en être ainsi ; le ballon vide retombait peu à peu sur un terrain presque entièrement dépourvu de végétation. C'étaient de longues pentes et des plaines rocailleuses ; à peine quelques buissons, une herbe épaisse et desséchée sous l'ardeur du soleil.

Le Victoria toucha plusieurs fois le sol et se releva ; ses bonds diminuaient de hauteur et d'étendue ; au dernier, il s'accrocha par la partie supérieure du filet aux branches élevées d'un baobab, seul arbre isolé au milieu de ce pays désert.

« C'est fini, fit le chasseur.

—Et à cent pas du fleuve, » dit Joe.

Les trois infortunés mirent pied à terre, et le docteur entraîna ses deux compagnons vers le Sénégal.

En cet endroit, le fleuve faisait entendre un mugissement prolongé ; arrivé sur les bords, Fergusson reconnut les chutes de Gouina !

Pas une barque sur la rive ; pas un être animé.

Sur une largeur de deux mille pieds, le Sénégal se précipitait d'une hauteur de cent cinquante, avec un bruit retentissant.

Il coulait de l'est à l'ouest, et la ligne de rochers qui barrait son cours s'étendait du nord au sud. Au milieu de la chute se dressaient des rochers aux formes étranges, comme d'immenses animaux antédiluviens pétrifiés au milieu des eaux.

L'impossibilité de traverser ce gouffre était évidente ; Kennedy ne put retenir un geste de désespoir.

Mais le docteur Fergusson, avec un énergique accent d'audace, s'écria :

« Tout n'est pas fini !

—Je le savais bien, » fit Joe avec cette confiance en son maître qu'il ne pouvait jamais perdre.

La vue de cette herbe desséchée avait inspiré au docteur une idée hardie.

C'était la seule chance de salut. Il ramena rapidement ses compagnons vers l'enveloppe de l'aérostat.

« Nous avons au moins une heure d'avance sur ces bandits, dit-il ; ne perdons pas de temps, mes amis, ramassez une grande quantité de cette herbe sèche ; il m'en faut cent livres au moins.

—Pourquoi faire ?

demanda Kennedy.

—Je n'ai plus de gaz ; eh bien !

je traverserai le fleuve avec de l'air chaud !

—Ah !

mon brave ! Samuel ! s'écria Kennedy, tu es vraiment un grand homme !

Joe et Kennedy se mirent au travail, et bientôt une énorme meule fut empilée prés du baobab.

Pendant ce temps, le docteur avait agrandi l'orifice de l'aérostat en le coupant dans sa partie inférieure ; il eut soin préalablement de chasser ce qui pouvait rester d'hydrogène par la soupape ; puis il empila une certaine quantité d'herbe sèche sous l'enveloppe, et il y mit le feu.

Il faut peu de temps pour gonfler un ballon avec de l'air chaud ; une chaleur de cent quatre-vingts degrés [100° centigrades,] suffit à diminuer de moitié la pesanteur de l'air qu'il renferme en le raréfiant ; aussi le Victoria commença à reprendre sensiblement sa forme arrondie ; l'herbe ne manquait pas ; le feu s'activait par les soins du docteur, et l'aérostat grossissait à vue d' il.

Il était alors une heure moins le quart.

En ce moment, à deux milles dans le nord, apparut la bande des Talibas ; on entendait leurs cris et le galop des chevaux lancés à toute vitesse.

« Dans vingt minutes ils seront ici, fit Kennedy.

—De l'herbe !

de l'herbe! Joe. Dans dix minutes nous serons en plein air !

—Voilà, Monsieur.

» Le Victoria était aux deux tiers gonflé. « Mes amis !

accrochons-nous au filet, comme nous l'avons fait déjà.

—C'est fait, » répondit le chasseur.

» Au bout de dix minutes, quelques secousses du ballon indiquèrent sa tendance à s'enlever. Les Talibas approchaient ; ils étaient à peine à cinq cents pas.

« Tenez-vous bien, s'écria Fergusson.

—N'ayez pas peur, mon maître !

n'ayez pas peur ! » Et du pied le docteur poussa dans le foyer une nouvelle quantité d'herbe. Le ballon, entièrement dilaté par l'accroissement de température, s'envola en frôlant les branches du baobab.

« En route !

» cria Joe.

Une décharge de mousquets lui répondit ; une balle même lui laboura l'épaule ; mais Kennedy, se penchant et déchargeant sa carabine d'une main, jeta un ennemi de plus à terre.

Des cris de rage impossibles à rendre accueillirent l'enlèvement de l'aérostat, qui monta à plus de huit cents pieds.

Un vent rapide le saisit, et il décrivit d'inquiétantes oscillations, pendant que l'intrépide docteur et ses compagnons contemplaient le gouffre des cataractes ouvert sous 1eurs yeux.

Dix minutes après, sans avoir échangé une parole, les intrépides voyageurs descendaient peu à peu vers l'autre rive du fleuve.

Là, surpris, émerveillé, effrayé, se tenait un groupe d'une dizaine d'hommes qui portaient l'uniforme français.

Qu'on juge de leur étonnement quand ils virent ce ballon s'élever de la rive droite du fleuve. Ils n'étaient pas éloignés de croire à un phénomène céleste. Mais leurs chefs, un lieutenant de marine et un enseigne de vaisseau, connaissaient par les journaux d'Europe l'audacieuse tentative du docteur Fergusson, et ils se rendirent tout de suite compte de l'événement.

Le ballon, se dégonflant peu à peu, retombait avec les hardis aéronautes retenus à son filet ; mais il était douteux qu'il put atteindre la terre, aussi les Français se précipitèrent dans le fleuve, et reçurent les trois Anglais entre leurs bras, au moment où le Victoria s'abattait à quelques toises de la rive gauche du Sénégal.

« Le docteur Fergusson !

s'écria le lieutenant.

—Lui-même, répondit tranquillement le docteur, et ses deux amis.

» Les Français emportèrent les voyageurs au delà du fleuve, tandis que le ballon à demi dégonflé, entraîné par un courant rapide, s'en alla comme une bulle immense s'engloutir avec les eaux du Sénégal dans les cataractes de Gouina. « Pauvre Victoria !

» fit Joe.

Le docteur ne put retenir une larme ; il ouvrit ses bras, et ses deux amis s'y précipitèrent sous l'empire d'une grande émotion

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CHAPITRE XLIII |XLIII CHAPTER XLIII CAPÍTULO XLIII CAPÍTULO XLIII

Les Talibas.—La poursuite.—Un pays dévasté.—Vent modéré.—Le Victoria baisse—Les dernières provisions.—Les bonds du Victoria.—Défense à coups de fusil.—Le vent fraîchit,—Le fleuve du Sénégal.—Les cataractes de Gouina.—L'air chaud.—Traversée du fleuve. ||||||||||||||||||||||||||||||||cataracts|||||||

« Si nous n'avions pas pris la précaution de nous alléger hier soir, dit le docteur, nous étions perdus sans ressources. |||||||||lighten||||||||||

Voilà ce que c'est que de faire les choses à temps, répliqua Joe ; on se sauve alors, et rien n est plus naturel. That's what it's like to do things on time, replied Joe; then we run away, and nothing is more natural.

—Nous ne sommes pas hors de danger, répliqua Fergusson. "We are not out of danger," said Fergusson.

—Que crains-tu donc ?

demanda Dick. Le  Victoria ne peut pas descendre sans ta permission, et quand il descendrait ? The Victoria can't go down without your permission, and when will it go down?

—Quand il descendrait ! "When he comes down!"

Dick, regarde ! » La lisière de la forêt venait d'être dépassée, et les voyageurs purent apercevoir une trentaine de cavaliers, revêtus du large pantalon et du burnous flottant ; ils étaient armés, les uns de lances, les autres de longs mousquets ; ils suivaient au petit galop de leurs chevaux vifs et ardents la direction du  Victoria , qui marchait avec une vitesse modérée. |edge||||||||||||||||||||||burnous|floating||||||||||||||||||||||||||||||||| The edge of the forest had just been passed, and the travelers could see around thirty horsemen, dressed in wide pants and floating burnous; they were armed, some with spears, others with long muskets; they galloped with their lively and fiery horses in the direction of the Victoria, which was walking with moderate speed. A la vue des voyageurs, ils poussèrent des cris sauvages, en brandissant leurs armes ; la colère et les menaces se lisaient sur leurs figures basanées, rendues plus féroces par une barbe rare, mais hérissée ; ils traversaient sans peine ces plateaux abaissés et ces rampes adoucies qui descendent an Sénégal. ||||||let out||||||||||||||||||tanned||||||||||||||||||||softened|||| At the sight of the travelers, they uttered wild cries, brandishing their arms; anger and threats could be read on their swarthy faces, made more ferocious by a rare but spiky beard; they easily crossed these lowered plateaus and these softened ramps which descend to Senegal.

« Ce sont bien eux ! "They are them!

dit le docteur, les cruels Talibas, les farouches marabouts d'Al-Eladji ! said the doctor, the cruel Talibas, the fierce marabouts of Al-Eladji! J'aimerais mieux me trouver en pleine forêt, au milieu d'un cercle de bêtes fauves, que de tomber entre les mains de ces bandits. |||||||||||||wild||||||||| I would rather be in the forest, in the middle of a circle of wild beasts, than fall into the hands of these bandits.

—Ils n'ont pas l'air accommodant ! "They don't seem to be accommodating!"

fit Kennedy, et ce sont de vigoureux gaillards ! |||||||lads said Kennedy, and they are vigorous fellows!

—Heureusement, ces bêtes-là, ça ne vole pas, répondit Joe ; c'est toujours quelque chose "Fortunately, these beasts don't fly," replied Joe; it's always something

—Voyez, dit Fergusson, ces villages en ruines, ces huttes incendiées ! "See," said Fergusson, "these ruined villages, these burnt-out huts!"

voilà leur ouvrage ; et là où s'étendaient de vastes cultures, ils ont apporté l'aridité et la dévastation. here is their work; and where vast cultures spread, they brought aridity and devastation.

—Enfin, ils ne peuvent nous atteindre, répliqua Kennedy, et si nous parvenons à mettre le fleuve entre eux et nous, nous serons en sûreté. "Finally, they can't reach us," replied Kennedy, "and if we can get the river between them and us, we'll be safe."

—Parfaitement, Dick ; mais il ne faut pas tomber, répondit Le docteur en portant ses yeux sur le baromètre “Perfectly, Dick; but you must not fall, replied the Doctor, putting his eyes on the barometer

—En tout cas, Joe, reprit Kennedy, nous ne ferons pas mal de préparer nos armes. “Anyway, Joe,” said Kennedy, “we won't hurt preparing our weapons.

—Cela ne peut pas nuire, Monsieur Dick ; nous nous trouverons bien de ne pas les avoir semées sur notre route. ||||harm||||||||||||seeded||| “It can't hurt, Mr. Dick; we will find ourselves well not to have sown them on our road.

—Ma carabine ! |carbine “My rifle!

s'écria le chasseur, j'espère ne m'en séparer jamais. cried the hunter, I hope I will never part with it. » Et Kennedy la chargea avec le plus grand soin ; il lui restait de la poudre et des balles en quantité suffisante. And Kennedy charged it with the greatest care; he had enough powder and bullets left. « A quelle hauteur nous maintenons-nous ? "How high do we stand?

demanda-t-il à Fergusson.

—A sept cent cinquante pieds environ ; mais nous n'avons plus la faculté de chercher des courants favorables, en montant ou en descendant ; nous sommes à la merci du ballon. “About seven hundred and fifty feet; but we no longer have the faculty to seek favorable currents, up or down; we are at the mercy of the ball.

—Cela est fâcheux, reprit Kennedy ; le vent est assez médiocre, et si nous avions rencontré un ouragan pareil à celui des jours précédents, depuis longtemps ces affreux bandits seraient hors de vue. ||troublesome||||||||||||||||||||||||||||| "It is annoying," said Kennedy; the wind is pretty mediocre, and if we had encountered a hurricane like that of the previous days, these awful bandits would have been out of sight for a long time.

—Ces coquins-là nous suivent sans se gêner, dit Joe, au petit galop ; une vraie promenade. |||||||bother|||||||| "These rascals follow us without being shy," said Joe, galloping; a real walk.

—Si nous étions à bonne portée, dit le chasseur, je m'amuserais à les démonter les uns après les autres. |||||||||||||dismantle||||| "If we were within reach," said the hunter, "I would have fun dismantling them one after the other.

—Oui-da ! -Yes Da !

répondit Fergusson ; mais ils seraient à bonne portée aussi, et notre  Victoria offrirait un but trop facile aux balles de leurs longs mousquets ; or, s'ils le déchiraient, je te laisse à juger quelle serait notre situation. ||||||||||||||||||||||||||would tear||||||||| replied Fergusson; but they would also be in good range, and our Victoria would offer too easy a goal for the bullets of their long muskets; if they tear it apart, I leave you to judge what our situation would be. » La poursuite des Talibas continua toute la matinée. The Talibas' pursuit continued all morning. Vers onze heures du matin, les voyageurs avaient à peine gagné une quinzaine de milles dans l'ouest. Towards eleven in the morning, the travelers had barely gained fifteen miles in the west.

Le docteur épiait les moindres nuages à l'horizon. ||was spying||||| The doctor watched for the slightest cloud on the horizon.

Il craignait toujours un changement dans l'atmosphère. He still feared a change in the atmosphere. S'il venait à être rejeté vers le Niger, que deviendrait-il ! If he were to be rejected towards Niger, what would become of him! D'ailleurs, il constatait que le ballon tendait à baisser sensiblement ; depuis son départ, il avait déjà perdu plus de trois cents pieds, et le Sénégal devait être éloigné d'une douzaine de milles ; avec la vitesse actuelle, il lui fallait compter encore trois heures de voyage. |||||||||||||||||||||||||||distant||||||||||||||||| Besides, he noticed that the balloon tended to drop significantly; since his departure he had already lost more than three hundred feet, and Senegal must have been a dozen miles away; with the current speed, he needed another three hours to travel.

En ce moment, son attention fut attirée par de nouveaux cri ; les Talibas s'agitaient en pressant leurs chevaux. At that moment his attention was drawn to new cries; the Talibas were agitated by pressing their horses.

Le docteur consulta le baromètre, et comprit la cause de ces hurlements : The doctor consulted the barometer, and understood the cause of these screams:

« Nous descendons, fit Kennedy. "We're going down," said Kennedy.

—Oui, répondit Fergusson. "Yes," replied Fergusson.

—Diable ! -Devil !

» pensa Joe. Joe thought.

Au bout d'un quart d'heure, la nacelle n'était pas à cent cinquante pieds du sol, mais le vent soufflait avec plus de force. After a quarter of an hour, the basket was not a hundred and fifty feet from the ground, but the wind was blowing with more force.

Les Talibas enlevèrent leurs chevaux, et bientôt une décharge de mousquets éclata dans les airs. |||||||||||exploded||| The Talibas kidnapped their horses, and soon a musket discharge burst into the air.

« Trop loin, imbéciles ! "Too far, fools!

s'écria Joe ; il me paraît bon de tenir ces gredins-là à distance. |||||||||scoundrels||| cried Joe; it seems good to keep these rascals at bay. » Et, visant l'un des cavaliers les plus avancés, il fit feu ; le Talibas roula à terre ; ses compagnons s'arrêtèrent et le  Victoria gagna sur eux. And, aiming at one of the most advanced horsemen, he fired; the Talibas rolled on the ground; his companions stopped and the Victoria won over them. « Ils sont prudents ; dit Kennedy. “They are careful; said Kennedy.

—Parce qu'ils se croient assurés de nous prendre, répondit le docteur ; et ils y réussiront, si nous descendons encore ! "Because they think they are sure of taking us," replied the doctor; and they will succeed, if we go down again!

Il faut absolument nous relever ! We absolutely have to get up!

—Que jeter ! "What to throw!"

demanda Joe. asked Joe.

—Tout ce qui reste de provision de pemmican ! |||||||pemmican "All that remains of pemmican supplies!"

C'est encore une trentaine de livres dont nous nous débarrasserons ! |||||||||will get rid It's still thirty books that we will get rid of!

—Voilà, Monsieur ! -Here Mr !

» fit Joe en obéissant aux ordres de son maître. Said Joe, obeying his master's orders.

La nacelle, qui touchait presque le sol, se releva au milieu des cris des Talibas ; mais, une demi-heure plus tard, le  Victoria redescendait avec rapidité ; le gaz fuyait par les pores de l'enveloppe. |||||||||||||||||||||||||||||||pores|| The basket, which almost touched the ground, rose in the midst of the cries of the Talibas; but, half an hour later, the Victoria descended quickly; gas was leaking through the pores of the envelope.

Bientôt la nacelle vint raser le sol ; les nègres d'Al-Hadji se précipitèrent vers elle ; mais, comme il arrive en pareille circonstance, à peine eut-il touché terre, que le  Victoria se releva d'un bond pour s'abattre de nouveau un mille plus loin. ||||||||||||||||||||||||||||||||||jump|||||||| Soon the basket came to shave the ground; the negroes of Al-Hadji rushed towards her; but, as it happens in such circumstances, hardly had it touched the ground, when the Victoria jumped up to fall again a mile further.

« Nous n'échapperons donc pas ! "So we will not escape!

fit Kennedy avec rage. |||rage said Kennedy angrily.

—Jette notre réserve d'eau-de-vie, Joe, s'écria le docteur, nos instruments, tout ce qui peut avoir une pesanteur quelconque, et notre dernière ancre, puisqu'il le faut ! ||||||||||||||||||weight|any||||||| "Throw away our supply of brandy, Joe," cried the doctor, "our instruments, everything that can have any weight, and our last anchor, if necessary!"

» Joe arracha les baromètres, les thermomètres ; mais tout cela était peu de chose, et le ballon, qui remonta un instant, retomba bientôt vers la terre. Joe tore off the barometers, the thermometers; but all that was little, and the balloon, which went up for a moment, soon fell to the ground. Les Talibas volaient sur ses traces et n'étaient qu'à deux cents pas de lui. The Talibas flew in his tracks and were only two hundred paces from him.

« Jette les deux fusils ! "Throw away the two rifles!"

s'écria le docteur. cried the doctor.

Pas avant de les avoir déchargés, du moins, » répondit le chasseur. Not before I unloaded them, at least, ”replied the hunter.

Et quatre coups successifs frappèrent dans la masse des cavaliers ; quatre Talibas tombèrent au milieu des cris frénétiques de la bande. And four successive blows struck in the mass of horsemen; four Talibas fell amid the frantic cries of the gang.

Le  Victoria se releva de nouveau ; il faisait des bonds d'une énorme étendue, comme une immense balle élastique rebondissant sur le sol. The Victoria rose again; it made leaps of enormous extent, like an immense elastic ball bouncing on the ground.

Étrange spectacle que celui de ces infortunés cherchant à fuir par des enjambées gigantesques, et qui, semblables à Antée, paraissaient reprendre une force nouvelle dès qu'ils touchaient terre ! ||||||||||||||||||Antaeus||||||||| A strange sight than that of these unfortunate people seeking to flee by gigantic strides, and who, similar to Antaeus, seemed to regain new strength as soon as they touched the ground!

Mais il fallait que cette situation eut une fin. But this situation had to end. Il était près de midi. It was almost noon. Le Victoria s'épuisait, se vidait, s'allongeait ; son enveloppe devenait flasque et flottante ; les plis du taffetas distendu grinçaient les uns sur les autres. ||was exhausting|||||||flaccid||floating||||||grated||||| The Victoria was exhausted, emptied, stretched out; its envelope became flaccid and floating; the folds of the distended taffeta creaked on top of each other.

« Le ciel nous abandonne, dit Kennedy, il faudra tomber ! "Heaven is abandoning us," said Kennedy, "it will have to fall!"

» Joe ne répondit pas, il regardait son maître. Joe did not answer, he was looking at his master. « Non ! " No !

dit celui-ci, nous avons encore plus de cent cinquante livres à jeter.

—Quoi donc ?

demanda Kennedy, pensant que le docteur devenait fou.

—La nacelle !

répondit celui-ci. Accrochons-nous au filet ! Nous pouvons nous retenir aux mailles et gagner le fleuve ! |||||mesh|||| We can hold on to the meshes and win the river! Vite ! Quickly ! vite ! quickly !

Et ces hommes audacieux n'hésitèrent pas à tenter un pareil moyen de salut. And these daring men did not hesitate to attempt such a means of salvation.

Ils se suspendirent aux mailles du filet, ainsi que l'avait indiqué le docteur, et Joe, se retenant d'une main, coupa les cordes de la nacelle ; elle tomba au moment où l'aérostat allait définitivement s'abattre. ||||mesh||||||||||||||||||||||||||||| They hung on the cracks, as the doctor had indicated, and Joe, holding back with one hand, cut the nacelle ropes; it fell when the aerostat was about to collapse.

« Hourra !

hourra ! » s'écria-t-il, pendant que le ballon délesté remontait à trois cents pieds dans l'air. |||||||unloaded||||||| He cried, as the relieved balloon rose three hundred feet in the air.

Les Talibas excitaient leurs chevaux ; ils couraient ventre à terre ; mais le  Victoria , rencontrant un vent plus actif, les devança et fila rapidement vers une colline qui barrait l'horizon de l'ouest. |||||||||||||||||||overtakes||||||||||| The Talibas excited their horses; they ran belly to the ground; but the Victoria, encountering a more active wind, got ahead of them and rushed quickly towards a hill which barred the western horizon.

Ce fut une circonstance favorable pour les voyageurs, car ils purent la dépasser, tandis que la horde d'Al Hadji était forcée de prendre par le nord pour tourner ce dernier obstacle. It was a favorable circumstance for the travelers, because they could exceed it, while the horde of Al Hadji was forced to take from the north to turn this last obstacle.

Les trois amis se tenaient accrochés au filet ; ils avaient pu le rattacher au-dessous d'eux, et il formait comme une poche flottante. The three friends were hanging on to the net; they could have tied it below them, and it formed like a floating pocket.

Soudain, après avoir franchi la colline, le docteur s'écria : Suddenly, after crossing the hill, the doctor exclaimed:

« Le fleuve !

le fleuve ! le Sénégal ! » A deux milles, en effet, le fleuve roulait une masse d'eau fort étendue ; la rive opposée, basse et fertile, offrait une sûre retraite et un endroit favorable pour opérer la descente. « Encore un quart d'heure, dit Fergusson, et nous sommes sauvés ! Two miles, in fact, the river rolled a very large body of water; the opposite bank, low and fertile, offered a safe retreat and a favorable place to operate the descent.

» Mais il ne devait pas en être ainsi ; le ballon vide retombait peu à peu sur un terrain presque entièrement dépourvu de végétation. ||||||||||||||||||||devoid|| "Another quarter of an hour," said Fergusson, "and we are saved!" C'étaient de longues pentes et des plaines rocailleuses ; à peine quelques buissons, une herbe épaisse et desséchée sous l'ardeur du soleil. |||||||||||bushes|||||dried|||| But it was not to be so; the empty balloon fell little by little on a ground almost entirely deprived of vegetation.

Le  Victoria toucha plusieurs fois le sol et se releva ; ses bonds diminuaient de hauteur et d'étendue ; au dernier, il s'accrocha par la partie supérieure du filet aux branches élevées d'un baobab, seul arbre isolé au milieu de ce pays désert. ||||||||||||||||of extent||||got caught|||||||||||||||||||| They were long slopes and rocky plains; barely a few bushes, a thick, dry grass under the heat of the sun.

« C'est fini, fit le chasseur. The Victoria touched the ground several times and got up; his leaps diminished in height and extent; at the last, he clung by the upper part of the net to the high branches of a baobab tree, the only isolated tree in the middle of this desert country.

—Et à cent pas du fleuve, » dit Joe.

Les trois infortunés mirent pied à terre, et le docteur entraîna ses deux compagnons vers le Sénégal. "And a hundred paces from the river," said Joe.

En cet endroit, le fleuve faisait entendre un mugissement prolongé ; arrivé sur les bords, Fergusson reconnut les chutes de Gouina ! ||||||||mugging|||||||||falls||Gouina The three unfortunates dismounted, and the doctor led his two companions to Senegal.

Pas une barque sur la rive ; pas un être animé. At this point the river gave a prolonged roar; arrived on the banks, Fergusson recognized the falls of Gouina!

Sur une largeur de deux mille pieds, le Sénégal se précipitait d'une hauteur de cent cinquante, avec un bruit retentissant. Not a boat on the shore; not a lively being.

Il coulait de l'est à l'ouest, et la ligne de rochers qui barrait son cours s'étendait du nord au sud. Over a width of two thousand feet, Senegal rushed from a height of one hundred and fifty, with a resounding noise. Au milieu de la chute se dressaient des rochers aux formes étranges, comme d'immenses animaux antédiluviens pétrifiés au milieu des eaux. |||||||||||||||antédiluvian||||| It flowed from east to west, and the line of rocks that barred its course extended from north to south.

L'impossibilité de traverser ce gouffre était évidente ; Kennedy ne put retenir un geste de désespoir. In the middle of the fall rose strange shaped rocks, like huge petrified antediluvian animals in the middle of the water.

Mais le docteur Fergusson, avec un énergique accent d'audace, s'écria : The impossibility of crossing this chasm was obvious; Kennedy could not restrain a gesture of despair.

« Tout n'est pas fini ! But Doctor Fergusson, with an energetic accent of audacity, exclaimed:

—Je le savais bien, » fit Joe avec cette confiance en son maître qu'il ne pouvait jamais perdre.

La vue de cette herbe desséchée avait inspiré au docteur une idée hardie. "I knew it well," said Joe, with that confidence in his master that he could never lose.

C'était la seule chance de salut. The sight of this parched grass had inspired the doctor with a bold idea. Il ramena rapidement ses compagnons vers l'enveloppe de l'aérostat. It was the only chance for salvation.

« Nous avons au moins une heure d'avance sur ces bandits, dit-il ; ne perdons pas de temps, mes amis, ramassez une grande quantité de cette herbe sèche ; il m'en faut cent livres au moins. He quickly brought his companions back to the envelope of the balloon.

—Pourquoi faire ? "We are at least an hour ahead of these bandits," he said; let's not waste time, my friends, collect a large quantity of this dry grass; I need at least a hundred pounds.

demanda Kennedy.

—Je n'ai plus de gaz ; eh bien !

je traverserai le fleuve avec de l'air chaud ! “I have no more gas; well !

—Ah ! I will cross the river with hot air!

mon brave ! “Ah! Samuel ! my brave ! s'écria Kennedy, tu es vraiment un grand homme ! Samuel!

Joe et Kennedy se mirent au travail, et bientôt une énorme meule fut empilée prés du baobab. |||||||||||wheel||stacked||| cried Kennedy, "you are truly a great man!"

Pendant ce temps, le docteur avait agrandi l'orifice de l'aérostat en le coupant dans sa partie inférieure ; il eut soin préalablement de chasser ce qui pouvait rester d'hydrogène par la soupape ; puis il empila une certaine quantité d'herbe sèche sous l'enveloppe, et il y mit le feu. |||||||the orifice|||||||||||||||||||||||valve|||||||||||||||| Joe and Kennedy went to work, and soon a huge wheel was stacked near the baobab tree.

Il faut peu de temps pour gonfler un ballon avec de l'air chaud ; une chaleur de cent quatre-vingts degrés [100° centigrades,] suffit à diminuer de moitié la pesanteur de l'air qu'il renferme en le raréfiant ; aussi le  Victoria commença à reprendre sensiblement sa forme arrondie ; l'herbe ne manquait pas ; le feu s'activait par les soins du docteur, et l'aérostat grossissait à vue d' il. ||||||inflate|||||||||||||||||||||weight|||||||rarefying||||||||||||||||||||||||||||| During this time, the doctor had enlarged the opening of the aerostat by cutting it in its lower part; he took care beforehand to expel what could remain of hydrogen by the valve; then he piled a certain quantity of dry grass under the envelope, and set it on fire.

Il était alors une heure moins le quart. It takes little time to inflate a balloon with hot air; a heat of one hundred and eighty degrees [100 ° centigrade,] is enough to halve the weight of the air it contains by making it scarce; also the Victoria began to regain its rounded shape appreciably; there was no shortage of grass; the fire was activated by the doctor's care, and the aerostat grew in size at sight.

En ce moment, à deux milles dans le nord, apparut la bande des Talibas ; on entendait leurs cris et le galop des chevaux lancés à toute vitesse.

« Dans vingt minutes ils seront ici, fit Kennedy. At that moment, two miles to the north, the Talibas band appeared; you could hear their cries and the galloping horses launched at full speed.

—De l'herbe ! "In twenty minutes they will be here," said Kennedy.

de l'herbe! -Grass ! Joe. Dans dix minutes nous serons en plein air !

—Voilà, Monsieur.

» Le  Victoria était aux deux tiers gonflé. In ten minutes we will be outdoors! « Mes amis !

accrochons-nous au filet, comme nous l'avons fait déjà.

—C'est fait, » répondit le chasseur.

» Au bout de dix minutes, quelques secousses du ballon indiquèrent sa tendance à s'enlever. ||||||shakes||||||| let's hang on to the net, like we did already Les Talibas approchaient ; ils étaient à peine à cinq cents pas.

« Tenez-vous bien, s'écria Fergusson. After ten minutes, a few shakes of the balloon indicated its tendency to come off.

—N'ayez pas peur, mon maître ! The Talibas were approaching; they were barely five hundred paces.

n'ayez pas peur ! "Hold on tight," said Fergusson. » Et du pied le docteur poussa dans le foyer une nouvelle quantité d'herbe. “Don't be afraid, my master! Le ballon, entièrement dilaté par l'accroissement de température, s'envola en frôlant les branches du baobab. |||||the increase|||||grazing|||| do not be afraid !

« En route ! And with his foot the doctor pushed a new quantity of grass into the hearth.

» cria Joe. The balloon, fully expanded by the increase in temperature, flew away, brushing against the branches of the baobab tree.

Une décharge de mousquets lui répondit ; une balle même lui laboura l'épaule ; mais Kennedy, se penchant et déchargeant sa carabine d'une main, jeta un ennemi de plus à terre. |discharge||||||||||||||||||||||||||| " On the way !

Des cris de rage impossibles à rendre accueillirent l'enlèvement de l'aérostat, qui monta à plus de huit cents pieds.

Un vent rapide le saisit, et il décrivit d'inquiétantes oscillations, pendant que l'intrépide docteur et ses compagnons contemplaient le gouffre des cataractes ouvert sous 1eurs yeux. A discharge of muskets answered him; even a bullet plowed his shoulder; but Kennedy, bending over and unloading his rifle with one hand, threw one more enemy on the ground.

Dix minutes après, sans avoir échangé une parole, les intrépides voyageurs descendaient peu à peu vers l'autre rive du fleuve. Cries of rage impossible to render greeted the removal of the balloon, which rose over eight hundred feet.

Là, surpris, émerveillé, effrayé, se tenait un groupe d'une dizaine d'hommes qui portaient l'uniforme français. A rapid wind seized him, and he described disturbing oscillations, while the intrepid doctor and his companions contemplated the abyss of cataracts opened before their eyes.

Qu'on juge de leur étonnement quand ils virent ce ballon s'élever de la rive droite du fleuve. |||||||saw||||||||| Ten minutes later, without having exchanged a word, the intrepid travelers gradually descended towards the other bank of the river. Ils n'étaient pas éloignés de croire à un phénomène céleste. There, surprised, amazed, frightened, stood a group of ten men who wore French uniforms. Mais leurs chefs, un lieutenant de marine et un enseigne de vaisseau, connaissaient par les journaux d'Europe l'audacieuse tentative du docteur Fergusson, et ils se rendirent tout de suite compte de l'événement. Let us judge their astonishment when they saw this balloon rise from the right bank of the river.

Le ballon, se dégonflant peu à peu, retombait avec les hardis aéronautes retenus à son filet ; mais il était douteux qu'il put atteindre la terre, aussi les Français se précipitèrent dans le fleuve, et reçurent les trois Anglais entre leurs bras, au moment où le  Victoria s'abattait à quelques toises de la rive gauche du Sénégal. |||||||||||||||net|||||||||||||||||||received||||||||||||was falling||||||||| They were not far from believing in a celestial phenomenon.

« Le docteur Fergusson ! But their chiefs, a naval lieutenant and a ship's sign, knew from the newspapers of Europe the daring attempt of Doctor Fergusson, and they immediately realized the event.

s'écria le lieutenant. The balloon, deflating little by little, fell back down with the bold aeronauts trapped in its net; but it was doubtful that he could reach the land, so the French rushed into the river, and received the three English in their arms, at the moment when the Victoria fell down a few toises from the left bank of Senegal.

—Lui-même, répondit tranquillement le docteur, et ses deux amis. “Himself,” replied the doctor quietly, “and his two friends.

» Les Français emportèrent les voyageurs au delà du fleuve, tandis que le ballon à demi dégonflé, entraîné par un courant rapide, s'en alla comme une bulle immense s'engloutir avec les eaux du Sénégal dans les cataractes de Gouina. |||||||||||||||deflated||||||||||||sink|||||||||| The French carried the travelers across the river, while the half-deflated balloon, carried along by a rapid current, went away like an immense bubble to be engulfed with the waters of the Senegal in the cataracts of Gouina. « Pauvre  Victoria ! "Himself," replied the doctor, calmly, and his two friends.

» fit Joe. The French carried the travelers across the river, while the half-deflated balloon, drawn by a rapid current, went away like an immense bubble engulfing itself with the waters of Senegal in the cataracts of Gouina.

Le docteur ne put retenir une larme ; il ouvrit ses bras, et ses deux amis s'y précipitèrent sous l'empire d'une grande émotion The doctor couldn't hold back a tear; he opened his arms, and his two friends rushed into them under the influence of great emotion