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Le bouchon de cristal, Maurice Leblanc, VIII. — La tour des Deux-Amants (2)

VIII. — La tour des Deux-Amants (2)

Aussitôt, et d'après un plan conçu durant cette scène, Lupin opéra sa retraite. Ce plan était simple : dégringoler à l'aide de sa corde jusqu'au bas de la falaise, emmener ses amis avec lui, sauter dans l'auto, et, sur la route déserte qui conduit à la gare d'Aumale, attaquer d'Albufex et Sébastiani. L'issue du combat ne faisait aucun doute. D'Albufex et Sébastiani prisonniers, on s'arrangerait bien pour que l'un d'eux parlât. D'Albufex avait montré comment on devait s'y prendre et, pour le salut de son fils, Clarisse Mergy saurait être inflexible. Il tira la corde dont il s'était muni, et chercha à tâtons une aspérité du roc autour de laquelle il pût la passer, de manière à ce qu'il en pendît deux bouts égaux qu'il saisirait à pleines mains. Mais, lorsqu'il eut trouvé ce qu'il lui fallait, au lieu d'agir, et rapidement, car la besogne était pressée, il demeura immobile, à réfléchir. Au dernier moment, son projet ne le satisfaisait plus.

— Absurde, se disait-il, ce que je vais faire est absurde et illogique. Qu'est-ce qui me prouve que d'Albufex et Sébastiani ne m'échapperont pas ? Qu'est-ce qui me prouve même qu'une fois en mon pouvoir ils parleront ? Non, je reste. Il y a mieux à tenter… beaucoup mieux. Ce n'est pas à ces deux-là qu'il faut m'attaquer, mais à Daubrecq. Il est exténué, à bout de résistance. S'il a dit son secret au marquis, il n'y a aucune raison pour qu'il ne me le dise pas, quand Clarisse et moi nous emploierons les mêmes procédés. Adjugé ! Enlevons le Daubrecq.

Et il ajouta en lui-même :

— D'ailleurs, qu'est-ce que je risque ? Si je rate le coup, Clarisse Mergy et moi nous filons à Paris et, de concert avec Prasville, nous organisons dans la maison du square Lamartine une surveillance minutieuse pour que d'Albufex ne puisse profiter des révélations que Daubrecq lui a faites. L'essentiel c'est que Prasville soit prévenu du danger. Il le sera.

Minuit sonnait alors à l'église d'un village voisin. Cela donnait à Lupin six ou sept heures pour mettre à exécution son nouveau plan. Il commença aussitôt.

En s'écartant de l'orifice au fond duquel s'ouvrait la fenêtre, il s'était heurté, dans un des creux de la falaise, à un massif de petits arbustes. À l'aide de son couteau, il en coupa une douzaine qu'il réduisit tous à la même dimension. Puis, sur sa corde, il préleva deux longueurs égales. Ce furent les montants de l'échelle. Entre ces montants, il assujettit les douze bâtonnets et il confectionna ainsi une échelle de corde de six mètres environ.

Quand il revint à son poste, il n'y avait plus, dans la salle des tortures, auprès du lit de Daubrecq, qu'un seul des trois fils. Il fumait sa pipe auprès de la lampe. Daubrecq dormait.

— Fichtre ! pensa Lupin, ce garçon-là va-t-il veiller toute la nuit ? En ce cas, rien à faire qu'à m'esquiver… L'idée qu'Albufex était maître du secret le tourmentait vivement. De l'entrevue à laquelle il avait assisté, il gardait l'impression très nette que le marquis « travaillait pour son compte » et qu'il ne voulait pas seulement, en dérobant la liste, se soustraire à l'action de Daubrecq, mais aussi conquérir la puissance de Daubrecq, et rebâtir sa fortune par les moyens mêmes que Daubrecq avait employés. Dès lors, c'eût été, pour Lupin, une nouvelle bataille à livrer à un nouvel ennemi. La marche rapide des événements ne permettait pas d'envisager une pareille hypothèse. À tout prix il fallait barrer la route au marquis d'Albufex en prévenant Prasville. Cependant Lupin restait, retenu par l'espoir tenace de quelque incident qui lui donnerait l'occasion d'agir. La demie de minuit sonna. Puis, une heure. L'attente devenait terrible, d'autant qu'une brume glaciale montait de la vallée et que Lupin sentait le froid pénétrer en lui. Il entendit le trot d'un cheval dans le lointain. — Voilà Sébastiani qui rentre de la gare, pensa-t-il.

Mais le fils qui veillait dans la salle des tortures ayant vidé son paquet de tabac ouvrit la porte et demanda à ses frères s'ils n'avaient pas de quoi bourrer une dernière pipe. Sur leur réponse, il sortit pour aller jusqu'au pavillon. Et Lupin fut stupéfait. La porte n'était pas refermée que Daubrecq, qui dormait si profondément, s'assit sur sa couche, écouta, mit un pied à terre, puis l'autre pied, et, debout, un peu vacillant, mais plus solide tout de même qu'on n'eût pu le croire, il essaya ses forces. — Allons, se dit Lupin, le gaillard a du ressort. Il pourra très bien contribuer lui-même à son enlèvement. Un seul point me chiffonne… Se laissera-t-il convaincre ? Voudra-t-il me suivre ? Est-ce qu'il ne croira pas que ce miraculeux secours qui lui arrive par la voie des cieux est un piège du marquis ? Mais tout à coup Lupin se rappela cette lettre qu'il avait fait écrire aux vieilles cousines de Daubrecq, cette lettre de recommandation, pour ainsi dire, que l'aînée des deux sœurs Rousselot avait signée de son prénom d'Euphrasie. Elle était là, dans sa poche. Il la prit et prêta l'oreille. Aucun bruit, sinon le bruit léger des pas de Daubrecq sur les dalles. Lupin jugea l'instant propice. Vivement, il passa le bras entre les barreaux et jeta la lettre.

Daubrecq parut interdit.

L'enveloppe avait voltigé dans la salle, et elle gisait à terre, à trois pas de lui. D'où cela venait-il ? Il leva la tête vers la fenêtre et tâcha de percer l'obscurité qui lui cachait toute la partie haute de la salle. Puis il regarda l'enveloppe, sans oser y toucher encore, comme s'il eût redouté quelque embûche. Puis, soudain, après un coup d'œil du côté de la porte, il se baissa rapidement, saisit l'enveloppe et la décacheta. — Ah ! fit-il avec un soupir de joie, en voyant la signature.

Il lut la lettre à demi-voix :

« Il faut avoir toute confiance dans le porteur de ce mot. C'est lui qui, grâce à l'argent que nous lui avons remis, a su découvrir le secret du marquis et qui a conçu le plan de l'évasion. Tout est prêt pour la fuite. — Euphrasie Rousselot. Il relut la lettre, répéta : « Euphrasie… Euphrasie… » et leva la tête de nouveau.

Lupin chuchota :

— Il me faut deux ou trois heures pour scier un des barreaux. Sébastiani et ses fils vont-ils revenir ?

— Oui, sans doute, répondit Daubrecq, aussi doucement que lui, mais je pense qu'ils me laisseront. — Mais ils couchent à côté ?

— Oui.

— Ils n'entendront pas ? — Non, la porte est trop massive.

— Bien. En ce cas, ce ne sera pas long. J'ai une échelle de corde. Pourrez-vous monter seul, sans mon aide ?

— Je crois… J'essaierai… Ce sont mes poignets qu'ils ont brisés… Ah ! les brutes ! C'est à peine si je peux remuer les mains… et j'ai bien peu de force ! Mais tout de même, j'essaierai… il faudra bien… Il s'interrompit, écouta, et posant un doigt sur sa bouche, murmura : — Chut !

Lorsque Sébastiani et ses fils entrèrent, Daubrecq, qui avait dissimulé la lettre et se trouvait sur son lit, feignit de se réveiller en sursaut.

Le garde apportait une bouteille de vin, un verre et quelques provisions.

— Ça va, monsieur le député ? s'écria-t-il. Dame ! on a peut-être serré un peu fort… C'est si brutal, ce tourniquet de bois ! Ça se faisait beaucoup du temps de la grande Révolution et de Bonaparte, qu'on m'a dit… du temps où il y avait des « chauffeurs ». Une jolie invention ! Et puis propre… pas de sang… Ah ! ça n'a pas été long ! Au bout de vingt minutes, vous crachiez le mot de l'énigme. Sébastiani éclata de rire.

— À propos, monsieur le député, toutes mes félicitations ! Excellente, la cachette. Et qui se douterait jamais ?… Voyez-vous, ce qui nous trompait, M. le marquis et moi, c'était ce nom de Marie que vous aviez d'abord lâché. Vous n'aviez pas menti. Seulement, voilà… le mot est resté en route. Il fallait le finir. Non, mais tout de même, ce que c'est drôle ! Ainsi, sur la table même de votre cabinet ? Vrai, il y a de quoi rigoler.

Le garde s'était levé et arpentait la pièce en se frottant les mains. — M. le marquis est rudement content, si content, même, qu'il reviendra demain soir en personne, pour vous donner la clef des champs. Oui, il a réfléchi, il y aura quelques formalités… Il vous faudra peut-être signer quelques chèques, rendre gorge, quoi ! et rembourser M. le marquis de son argent et de ses peines. Mais qu'est-ce que c'est que cela ? une misère pour vous ! Sans compter qu'à partir de maintenant plus de chaîne, plus de lanières de cuir autour des poignets, bref, un traitement de roi ! Et même, tenez, j'ai ordre de vous octroyer une bonne bouteille de vin vieux et un flacon de cognac. Sébastiani lança encore quelques plaisanteries, puis il prit la lampe, fit une dernière inspection de la salle, et dit à ses fils :

— Laissons-le dormir. Vous aussi, reposez-vous tous les trois. Mais ne dormez que d'un œil… On ne peut jamais savoir… Ils se retirèrent.

Lupin patienta et dit à voix basse :

— Je peux commencer ?

— Oui, mais attention !… Il n'y aurait rien d'impossible à ce qu'ils fassent une ronde d'ici une heure ou deux. Lupin se mit à l'œuvre. Il avait une lime très puissante, et le fer des barreaux, rouillé et rongé par le temps, était, à certains endroits, presque friable. À deux reprises, Lupin s'arrêta, l'oreille aux aguets. Mais c'était le trottinement d'un rat dans les décombres de l'étage supérieur, ou le vol d'un oiseau nocturne, et il continuait sa besogne, encouragé par Daubrecq, qui écoutait près de la porte et qui l'eût prévenu à la moindre alerte. — Ouf ! se dit-il, en donnant un dernier coup de lime, c'est pas dommage, car, vrai, on est un peu à l'étroit dans ce maudit tunnel… Sans compter le froid… Il pesa de toutes ses forces sur le barreau qu'il avait scié par le bas, et réussit à l'écarter suffisamment pour qu'un homme pût se glisser entre les deux barreaux qui restaient. Il dut ensuite reculer jusqu'à l'extrémité du couloir, dans la partie, plus large, où il avait laissé l'échelle de corde. L'ayant fixée aux barreaux, il appela : — Psst… Ça y est… Vous êtes prêt ?

— Oui… me voici… une seconde encore, que j'écoute… Bien… Ils dorment… Donnez-moi l'échelle. Lupin la déroula et dit :

— Dois-je descendre ?

— Non… Je suis un peu faible… mais ça ira tout de même.

En effet, il parvint assez vite à l'orifice du couloir et s'y engagea à la suite de son sauveur. Le grand air, cependant, parut l'étourdir. En outre, pour se donner des forces, il avait bu la moitié de la bouteille de vin, et il eut une défaillance qui l'étendit sur la pierre du couloir durant une demi-heure. Lupin, perdant patience, l'attachait déjà à l'un des bouts du câble dont l'autre bout était noué autour des barreaux, et il se préparait à le faire glisser comme un colis, lorsque Daubrecq se réveilla, plus dispos. — C'est fini, murmura-t-il, je me sens en bon état. Est-ce que ce sera long ?

— Assez long, nous sommes à cinquante mètres de hauteur.

— Comment d'Albufex n'a-t-il pas prévu qu'une évasion était possible par là ? — La falaise est à pic.

— Et vous avez pu ?…

— Dame ! vos cousines ont insisté… Et puis, il faut vivre, n'est-ce pas ? et elles ont été généreuses.

— Les braves filles ! dit Daubrecq. Où sont-elles ?

— En bas, dans une barque.

— Il y a donc une rivière ?

— Oui, mais ne causons pas, voulez-vous ? c'est dangereux. — Un mot encore. Il y avait longtemps que vous étiez là quand vous m'avez jeté la lettre ? — Mais non, mais non… Un quart d'heure, au plus. Je vous expliquerai… Maintenant, il s'agit de se hâter. Lupin passa le premier, en recommandant à Daubrecq de bien s'accrocher à la corde et de descendre à reculons. Il le soutiendrait d'ailleurs aux endroits plus difficiles. Il leur fallut plus de quarante minutes pour arriver sur le terre-plein du ressaut que formait la falaise, et plusieurs fois Lupin dut aider son compagnon dont les poignets, encore meurtris par la torture, avaient perdu toute énergie et toute souplesse.

À plusieurs reprises, il gémit :

— Ah ! les canailles, ils m'ont démoli… Les canailles !… Ah ! d'Albufex, tu me la paieras cher, celle-là. — Silence, fit Lupin.

— Quoi ?

— Là-haut… du bruit…

Immobiles sur le terre-plein, ils écoutèrent. Lupin pensa au sire de Tancarville et à la sentinelle qui l'avait tué d'un coup d'arquebuse. Il frémit, subissant l'angoisse du silence et des ténèbres.

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VIII. — La tour des Deux-Amants (2) VIII. - Tour des Deux-Amants (2) VIII.- ドゥアマンの塔 (2)

Aussitôt, et d'après un plan conçu durant cette scène, Lupin opéra sa retraite. Immediately|||||||||||| Immediately, and according to a plan conceived during this scene, Lupin retreated. Ce plan était simple : dégringoler à l'aide de sa corde jusqu'au bas de la falaise, emmener ses amis avec lui, sauter dans l'auto, et, sur la route déserte qui conduit à la gare d'Aumale, attaquer d'Albufex et Sébastiani. ||||Deslizarse rápidamente||||||||||||||||||||||||||||||||| The plan was simple: use his rope to tumble to the bottom of the cliff, take his friends with him, jump into the car and, on the deserted road leading to the Aumale station, attack d'Albufex and Sébastiani. L'issue du combat ne faisait aucun doute. There was no doubt about the outcome of the fight. D'Albufex et Sébastiani prisonniers, on s'arrangerait bien pour que l'un d'eux parlât. With D'Albufex and Sébastiani imprisoned, we could arrange for one of them to speak. D'Albufex avait montré comment on devait s'y prendre et, pour le salut de son fils, Clarisse Mergy saurait être inflexible. D'Albufex had shown how to do it and, for the salvation of his son, Clarisse Mergy would know how to be inflexible. Il tira la corde dont il s'était muni, et chercha à tâtons une aspérité du roc autour de laquelle il pût la passer, de manière à ce qu'il en pendît deux bouts égaux qu'il saisirait à pleines mains. |||||||||||||Aspereza.||||||||||||||||colgaran|||||agarraría||| He pulled the rope he had brought with him and felt around for a roughness in the rock around which he could pass it, so that he would have two equal ends to grab with both hands. Mais, lorsqu'il eut trouvé ce qu'il lui fallait, au lieu d'agir, et rapidement, car la besogne était pressée, il demeura immobile, à réfléchir. But when he found what he needed, instead of acting quickly, as the task was urgent, he remained still, reflecting. Au dernier moment, son projet ne le satisfaisait plus. At the last moment, he was no longer satisfied with his project.

— Absurde, se disait-il, ce que je vais faire est absurde et illogique. — Absurd, he told himself, what I am going to do is absurd and illogical. Qu'est-ce qui me prouve que d'Albufex et Sébastiani ne m'échapperont pas ? ||||||||||se me escaparán| What proves to me that d'Albufex and Sébastiani will not escape me? Qu'est-ce qui me prouve même qu'une fois en mon pouvoir ils parleront ? What proves to me even that once in my possession they will talk? Non, je reste. Il y a mieux à tenter… beaucoup mieux. There are better things to try... much better. Ce n'est pas à ces deux-là qu'il faut m'attaquer, mais à Daubrecq. It's not these two I should be attacking, but Daubrecq. Il est exténué, à bout de résistance. He is exhausted, at the end of his strength. S'il a dit son secret au marquis, il n'y a aucune raison pour qu'il ne me le dise pas, quand Clarisse et moi nous emploierons les mêmes procédés. If he told his secret to the marquis, there is no reason why he wouldn't tell it to me, when Clarisse and I will use the same methods. Adjugé ! Sold! Enlevons le Daubrecq. Let's remove the Daubrecq.

Et il ajouta en lui-même : And he added to himself:

— D'ailleurs, qu'est-ce que je risque ? Si je rate le coup, Clarisse Mergy et moi nous filons à Paris et, de concert avec Prasville, nous organisons dans la maison du square Lamartine une surveillance minutieuse pour que d'Albufex ne puisse profiter des révélations que Daubrecq lui a faites. If I miss the shot, Clarisse Mergy and I will head to Paris, and together with Prasville, we will organize a thorough surveillance in the house on Square Lamartine so that d'Albufex cannot take advantage of the revelations that Daubrecq made to him. L'essentiel c'est que Prasville soit prévenu du danger. The main thing is that Prasville is warned of the danger. Il le sera. He will be.

Minuit sonnait alors à l'église d'un village voisin. Midnight was striking at the church of a neighboring village. Cela donnait à Lupin six ou sept heures pour mettre à exécution son nouveau plan. |||||||||||||new| This gave Lupin six or seven hours to carry out his new plan. Il commença aussitôt. He immediately began.

En s'écartant de l'orifice au fond duquel s'ouvrait la fenêtre, il s'était heurté, dans un des creux de la falaise, à un massif de petits arbustes. |||der Öffnung|||||||||gestoßen||||||||||||| As he moved away from the hole at the bottom of which the window opened, he came up against a clump of small shrubs in one of the hollows in the cliff. À l'aide de son couteau, il en coupa une douzaine qu'il réduisit tous à la même dimension. Using his knife, he cut a dozen of them and reduced them all to the same size. Puis, sur sa corde, il préleva deux longueurs égales. |||||extrajo||| Then, on his rope, he took two equal lengths. Ce furent les montants de l'échelle. ||los|los montantes|| These were the uprights of the ladder. Entre ces montants, il assujettit les douze bâtonnets et il confectionna ainsi une échelle de corde de six mètres environ. ||||sujeta|||peldaños de cuerda|||confeccionó||||||||| Between these uprights, he secured the twelve sticks, thus creating a rope ladder some six metres long.

Quand il revint à son poste, il n'y avait plus, dans la salle des tortures, auprès du lit de Daubrecq, qu'un seul des trois fils. When he returned to his post, only one of the three sons was left in the torture room, next to Daubrecq's bed. Il fumait sa pipe auprès de la lampe. He smoked his pipe by the lamp. Daubrecq dormait.

— Fichtre ! ¡Caramba! — By Jove! pensa Lupin, ce garçon-là va-t-il veiller toute la nuit ? thought Lupin, is this boy going to stay awake all night? En ce cas, rien à faire qu'à m'esquiver… |||||||dodge |||||||escabullirme In that case, nothing to do but slip away... L'idée qu'Albufex était maître du secret le tourmentait vivement. |que Albufex||||||| The idea that Albufex was the master of the secret tormented him deeply. De l'entrevue à laquelle il avait assisté, il gardait l'impression très nette que le marquis « travaillait pour son compte » et qu'il ne voulait pas seulement, en dérobant la liste, se soustraire à l'action de Daubrecq, mais aussi conquérir la puissance de Daubrecq, et rebâtir sa fortune par les moyens mêmes que Daubrecq avait employés. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||reconstruir|||||||||| From the meeting he had witnessed, he kept a very clear impression that the marquis 'was working for himself' and that he not only wanted to evade Daubrecq's action by stealing the list, but also to conquer Daubrecq's power and rebuild his fortune using the same means that Daubrecq had employed. Dès lors, c'eût été, pour Lupin, une nouvelle bataille à livrer à un nouvel ennemi. Therefore, it would have been a new battle for Lupin to fight against a new enemy. La marche rapide des événements ne permettait pas d'envisager une pareille hypothèse. The rapid pace of events did not allow for such a hypothesis to be considered. À tout prix il fallait barrer la route au marquis d'Albufex en prévenant Prasville. |||||bloquear|||||||| At all costs, the Marquis d'Albufex had to be stopped on his way to warn Prasville. Cependant Lupin restait, retenu par l'espoir tenace de quelque incident qui lui donnerait l'occasion d'agir. However, Lupin remained, held back by the persistent hope of some incident that would give him the opportunity to act. La demie de minuit sonna. Midnight struck. Puis, une heure. L'attente devenait terrible, d'autant qu'une brume glaciale montait de la vallée et que Lupin sentait le froid pénétrer en lui. |||aun más|||||||||||||||| The wait became terrible, all the more so as an icy mist rose from the valley and Lupin felt the cold penetrate him. Il entendit le trot d'un cheval dans le lointain. |heard||||||| He heard the trot of a horse in the distance. — Voilà Sébastiani qui rentre de la gare, pensa-t-il. - Sébastiani's back from the station, he thought.

Mais le fils qui veillait dans la salle des tortures ayant vidé son paquet de tabac ouvrit la porte et demanda à ses frères s'ils n'avaient pas de quoi bourrer une dernière pipe. |||||||||||||||||||||||||||||stopfen||| ||||vigilaba|||||||||||||||||||||||||rellenar||| But the son keeping watch in the torture room, having emptied his tobacco pack, opened the door and asked his brothers if they had anything to fill a last pipe. Sur leur réponse, il sortit pour aller jusqu'au pavillon. On their reply, he went out to the pavilion. Et Lupin fut stupéfait. And Lupin was stunned. La porte n'était pas refermée que Daubrecq, qui dormait si profondément, s'assit sur sa couche, écouta, mit un pied à terre, puis l'autre pied, et, debout, un peu vacillant, mais plus solide tout de même qu'on n'eût pu le croire, il essaya ses forces. ||||||||||||||||||||||||||||wankend||||||||||||||| The door had not closed when Daubrecq, who had been sleeping so soundly, sat up on his bed, listened, put one foot on the ground, then the other, and, standing, a little wobbly, but more solid than one would have thought, tried his strength. — Allons, se dit Lupin, le gaillard a du ressort. ||||||||spring - Come on," said Lupin to himself, "the fellow's got a spring in his step. Il pourra très bien contribuer lui-même à son enlèvement. He may well contribute to its removal himself. Un seul point me chiffonne… Se laissera-t-il convaincre ? ||||bothers||||| ||||preocupa||||| Only one thing bothers me... Will he let himself be convinced? Un seul point me chiffonne… Se laissera-t-il convaincre ? Voudra-t-il me suivre ? Will he follow me? Voudra-t-il me suivre ? Est-ce qu'il ne croira pas que ce miraculeux secours qui lui arrive par la voie des cieux est un piège du marquis ? ||||||||||||||||||||trampa|| Wird er nicht glauben, dass diese wundersame Hilfe, die ihm auf dem Weg des Himmels zuteil wird, eine Falle des Marquis ist? Won't he believe that this miraculous help from heaven is a trap set by the Marquis? Est-ce qu'il ne croira pas que ce miraculeux secours qui lui arrive par la voie des cieux est un piège du marquis ? Mais tout à coup Lupin se rappela cette lettre qu'il avait fait écrire aux vieilles cousines de Daubrecq, cette lettre de recommandation, pour ainsi dire, que l'aînée des deux sœurs Rousselot avait signée de son prénom d'Euphrasie. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||de Euphrasie But suddenly Lupin remembered the letter he'd had written to Daubrecq's old cousins, the letter of recommendation, so to speak, that the elder of the two Rousselot sisters had signed with her first name, Euphrasie. Elle était là, dans sa poche. |||||pocket Il la prit et prêta l'oreille. He took it and listened. Aucun bruit, sinon le bruit léger des pas de Daubrecq sur les dalles. There was no sound, apart from Daubrecq's light footsteps on the flagstones. Lupin jugea l'instant propice. Vivement, il passa le bras entre les barreaux et jeta la lettre. |||||||bars|||| Quickly, he passed his arm between the bars and threw the letter away.

Daubrecq parut interdit. Daubrecq looked stunned.

L'enveloppe avait voltigé dans la salle, et elle gisait à terre, à trois pas de lui. ||geschwebt||||||||||||| The envelope had fluttered around the room and was lying on the ground, three steps away from him. D'où cela venait-il ? Where did it come from? Il leva la tête vers la fenêtre et tâcha de percer l'obscurité qui lui cachait toute la partie haute de la salle. He looked up towards the window and tried to see through the darkness that was hiding the upper part of the room. Puis il regarda l'enveloppe, sans oser y toucher encore, comme s'il eût redouté quelque embûche. ||||||||||||||Falle ||||||||||||||trap ||||||||||||||trampa oculta Then he looked at the envelope, without daring to touch it yet, as if he feared some trap. Puis, soudain, après un coup d'œil du côté de la porte, il se baissa rapidement, saisit l'enveloppe et la décacheta. Then, suddenly, after a glance towards the door, he quickly bent down, grabbed the envelope and tore it open. — Ah ! - Ah! fit-il avec un soupir de joie, en voyant la signature. he said with a sigh of joy, upon seeing the signature.

Il lut la lettre à demi-voix : He read the letter in a low voice:

« Il faut avoir toute confiance dans le porteur de ce mot. |||||||carrier||| "One must have complete trust in the bearer of this message. C'est lui qui, grâce à l'argent que nous lui avons remis, a su découvrir le secret du marquis et qui a conçu le plan de l'évasion. It was he who, thanks to the money we gave him, discovered the Marquis's secret and devised the escape plan. Tout est prêt pour la fuite. — Euphrasie Rousselot. - Euphrasie Rousselot. Il relut la lettre, répéta : « Euphrasie… Euphrasie… » et leva la tête de nouveau. |||letter||Euphrasie||||||| He reread the letter, repeated: "Euphrasie... Euphrasie..." and looked up again.

Lupin chuchota :

— Il me faut deux ou trois heures pour scier un des barreaux. - It takes me two or three hours to saw through one of the bars. Sébastiani et ses fils vont-ils revenir ? Will Sébastiani and his sons be back?

— Oui, sans doute, répondit Daubrecq, aussi doucement que lui, mais je pense qu'ils me laisseront. - Yes, no doubt," replied Daubrecq, as gently as he, "but I think they'll leave me. — Mais ils couchent à côté ? ||sleep|| - But they sleep next door?

— Oui.

— Ils n'entendront pas ? |no oirán| — Non, la porte est trop massive.

— Bien. En ce cas, ce ne sera pas long. J'ai une échelle de corde. Pourrez-vous monter seul, sans mon aide ? Will you be able to go up on your own, without my help?

— Je crois… J'essaierai… Ce sont mes poignets qu'ils ont brisés… Ah ! ||I will try|||||||| - I think... I'll try... They broke my wrists... Ah! les brutes ! C'est à peine si je peux remuer les mains… et j'ai bien peu de force ! I can barely move my hands... and I have very little strength! Mais tout de même, j'essaierai… il faudra bien… But all the same, I'll try... I'll have to... Il s'interrompit, écouta, et posant un doigt sur sa bouche, murmura : He stopped, listened, and putting a finger to his mouth, murmured: — Chut ! — Hush!

Lorsque Sébastiani et ses fils entrèrent, Daubrecq, qui avait dissimulé la lettre et se trouvait sur son lit, feignit de se réveiller en sursaut. ||||||||||||||||||fingió despertarse sobresaltado||||| When Sébastiani and his sons entered, Daubrecq, who had hidden the letter and was on his bed, pretended to wake up with a start.

Le garde apportait une bouteille de vin, un verre et quelques provisions. The guard was bringing a bottle of wine, a glass, and some provisions.

— Ça va, monsieur le député ? — How are you, Mr. Deputy? s'écria-t-il. he exclaimed. Dame ! Well! on a peut-être serré un peu fort… C'est si brutal, ce tourniquet de bois ! ||||||||||||torniquete de madera|| We may have tightened it a little... This wooden turnstile is so brutal! Ça se faisait beaucoup du temps de la grande Révolution et de Bonaparte, qu'on m'a dit… du temps où il y avait des « chauffeurs ». |||||||||||||||||||||||bandidos torturadores It was done a lot in the days of the great Revolution and Bonaparte, I'm told... in the days when there were "chauffeurs". Une jolie invention ! A nice invention! Et puis propre… pas de sang… Ah ! And clean... no blood... Ah! ça n'a pas été long ! It didn't take long! Au bout de vingt minutes, vous crachiez le mot de l'énigme. ||||||spuckten|||| ||||||escupían|||| After twenty minutes, you'd spit out the answer to the riddle. Sébastiani éclata de rire. Sébastiani burst out laughing.

— À propos, monsieur le député, toutes mes félicitations ! — By the way, Mr. Deputy, congratulations! Excellente, la cachette. Excellent hiding place. Et qui se douterait jamais ?… Voyez-vous, ce qui nous trompait, M. le marquis et moi, c'était ce nom de Marie que vous aviez d'abord lâché. |||||||||us|||||||||||||||| |||dudaría jamás|||||||||||||||||||||| And who would ever suspect?... You see, the thing that fooled Mr Marquis and me was the name Marie that you dropped at first. Vous n'aviez pas menti. You weren't lying. Seulement, voilà… le mot est resté en route. Only thing is... the note got lost in translation. Il fallait le finir. It had to be finished. Non, mais tout de même, ce que c'est drôle ! ||||||that|| No, but still, how funny it is! Ainsi, sur la table même de votre cabinet ? So, on the very table of your office? Vrai, il y a de quoi rigoler. ||||||reírse True, there is something to laugh about.

Le garde s'était levé et arpentait la pièce en se frottant les mains. |||||paced||||||| |||||paseaba por||||||| The guard had risen and was pacing the room, rubbing his hands together. — M. le marquis est rudement content, si content, même, qu'il reviendra demain soir en personne, pour vous donner la clef des champs. |||||||||||tomorrow|||||||||| - Mr. Marquis is extremely pleased, so pleased in fact, that he'll be back tomorrow evening in person, to give you the keys to the fields. Oui, il a réfléchi, il y aura quelques formalités… Il vous faudra peut-être signer quelques chèques, rendre gorge, quoi ! ||||||||||||||||cheques||devolver dinero| Yes, he's thought about it, there will be some formalities... You may have to sign a few cheques, give yourself up, what have you! et rembourser M. le marquis de son argent et de ses peines. ||||||||||his| and reimburse Mr. the Marquis for his money and his troubles. Mais qu'est-ce que c'est que cela ? But what is this? une misère pour vous ! a misery for you! Sans compter qu'à partir de maintenant plus de chaîne, plus de lanières de cuir autour des poignets, bref, un traitement de roi ! |||||||||||correas de cuero|||||||||| Not to mention that, from now on, no more chains, no more leather straps around the wrists - in short, the treatment of a king! Et même, tenez, j'ai ordre de vous octroyer une bonne bouteille de vin vieux et un flacon de cognac. And||||order|||||||||||||| |||||||conceder|||||||||frasco|| And even, you know, I have been ordered to give you a good bottle of old wine and a flask of cognac. Sébastiani lança encore quelques plaisanteries, puis il prit la lampe, fit une dernière inspection de la salle, et dit à ses fils : Sebastiani made a few more jokes, then he took the lamp, made a final inspection of the room, and said to his sons:

— Laissons-le dormir. - Let him sleep. Vous aussi, reposez-vous tous les trois. You also, rest all three of you. Mais ne dormez que d'un œil… On ne peut jamais savoir… But only sleep with one eye... You never know... Ils se retirèrent. They withdrew.

Lupin patienta et dit à voix basse : Lupin waited and said in a low voice:

— Je peux commencer ?

— Oui, mais attention !… Il n'y aurait rien d'impossible à ce qu'ils fassent une ronde d'ici une heure ou deux. - Yes, but be careful!... It wouldn't be impossible for them to make a round in an hour or two. Lupin se mit à l'œuvre. Lupin set to work. Il avait une lime très puissante, et le fer des barreaux, rouillé et rongé par le temps, était, à certains endroits, presque friable. |||Feile||||||||||||||||||| |||file||||||||||||||was||||| |||lima|||||hierro|||oxidado||corroído|||||||||casi desmenuzable He had a very powerful file, and the iron bars, rusted and corroded by time, were almost friable in some places. À deux reprises, Lupin s'arrêta, l'oreille aux aguets. |||||||auf der Lauer |||||||alert ||dos veces|||||atento Twice Lupin stopped, his ears on the alert. Mais c'était le trottinement d'un rat dans les décombres de l'étage supérieur, ou le vol d'un oiseau nocturne, et il continuait sa besogne, encouragé par Daubrecq, qui écoutait près de la porte et qui l'eût prévenu à la moindre alerte. |||correr ligero|||||||||||||||||||||||||||||||||||| But it was the scurrying of a rat in the debris of the upper floor, or the flight of a nocturnal bird, and he continued his work, encouraged by Daubrecq, who was listening near the door and who would have warned him at the slightest alarm. — Ouf ! — Phew! se dit-il, en donnant un dernier coup de lime, c'est pas dommage, car, vrai, on est un peu à l'étroit dans ce maudit tunnel… Sans compter le froid… |||||||||file||||||||||||||||||| |||||||||lima||||||||||||||||||| he said to himself, giving one last file stroke. It's not a loss, because, frankly, we are a bit cramped in this cursed tunnel... Not to mention the cold... Il pesa de toutes ses forces sur le barreau qu'il avait scié par le bas, et réussit à l'écarter suffisamment pour qu'un homme pût se glisser entre les deux barreaux qui restaient. |||||||||||sawed||||||to|||||||||||||| |Empujó|||||||||||||||||abrirlo||||||||||||| He pushed with all his strength on the bar he had sawed at the bottom, and managed to widen it enough so that a man could slip between the two remaining bars. Il dut ensuite reculer jusqu'à l'extrémité du couloir, dans la partie, plus large, où il avait laissé l'échelle de corde. |||||||||||||||||the ladder|| He then had to retreat to the end of the hallway, in the wider part where he had left the rope ladder. L'ayant fixée aux barreaux, il appela : Having fixed it to the rungs, he called out: — Psst… Ça y est… Vous êtes prêt ? — Psst... Ya está... ¿Listo?|||||| - Psst... That's it... Are you ready?

— Oui… me voici… une seconde encore, que j'écoute… Bien… Ils dorment… Donnez-moi l'échelle. - Yes... here I am... one more second, let me listen... Good... They're sleeping... Give me the ladder. Lupin la déroula et dit : Lupin unrolled it and said:

— Dois-je descendre ? - Should I come down?

— Non… Je suis un peu faible… mais ça ira tout de même. — No... I'm a bit weak... but I'll be fine nevertheless.

En effet, il parvint assez vite à l'orifice du couloir et s'y engagea à la suite de son sauveur. |||||||||corridor||||||||| |||||||||pasillo||||||||| He quickly reached the entrance of the hallway and followed his savior inside. Le grand air, cependant, parut l'étourdir. |||||ihn benommen machen |||||aturdirle However, the fresh air seemed to make him dizzy. En outre, pour se donner des forces, il avait bu la moitié de la bouteille de vin, et il eut une défaillance qui l'étendit sur la pierre du couloir durant une demi-heure. Moreover, to give himself strength, he had drunk half the bottle of wine, and had a fainting spell that left him lying on the stone of the corridor for half an hour. Lupin, perdant patience, l'attachait déjà à l'un des bouts du câble dont l'autre bout était noué autour des barreaux, et il se préparait à le faire glisser comme un colis, lorsque Daubrecq se réveilla, plus dispos. |||||||||||||||||||||||||||||package|||||| |||lo ataba|||||extremos|||||||atado||||||||||||||paquete|||||| Lupin, losing patience, was already tying him to one end of the cable whose other end was knotted around the bars, and was preparing to slide him off like a parcel, when Daubrecq woke up, more alert. — C'est fini, murmura-t-il, je me sens en bon état. - It's over," he murmured, "I feel fine. Est-ce que ce sera long ? Will it take long?

— Assez long, nous sommes à cinquante mètres de hauteur. - Quite long, we are fifty meters high.

— Comment d'Albufex n'a-t-il pas prévu qu'une évasion était possible par là ? - How come d'Albufex did not anticipate that an escape was possible this way? — La falaise est à pic. - The cliff is sheer.

— Et vous avez pu ?… - And you were able to...

— Dame ! — Well! vos cousines ont insisté… Et puis, il faut vivre, n'est-ce pas ? your cousins insisted... And then, one must live, isn't that so? et elles ont été généreuses. and they were generous.

— Les braves filles ! - The brave girls! dit Daubrecq. said| Où sont-elles ?

— En bas, dans une barque. — At the bottom, in a boat.

— Il y a donc une rivière ? — So there is a river?

— Oui, mais ne causons pas, voulez-vous ? — Yes, but let's not talk, shall we? c'est dangereux. — Un mot encore. Il y avait longtemps que vous étiez là quand vous m'avez jeté la lettre ? How long had you been there when you threw the letter at me? — Mais non, mais non… Un quart d'heure, au plus. — No, no... A quarter of an hour, at most. Je vous expliquerai… Maintenant, il s'agit de se hâter. I will explain to you... Now, it is a matter of hurrying. Lupin passa le premier, en recommandant à Daubrecq de bien s'accrocher à la corde et de descendre à reculons. ||the||||||||||||||||back Lupin went first, instructing Daubrecq to hold onto the rope tightly and to descend backwards. Il le soutiendrait d'ailleurs aux endroits plus difficiles. It would also support him in more difficult places. Il leur fallut plus de quarante minutes pour arriver sur le terre-plein du ressaut que formait la falaise, et plusieurs fois Lupin dut aider son compagnon dont les poignets, encore meurtris par la torture, avaient perdu toute énergie et toute souplesse. ||||||||||||||ledge||||||||||||||||||||||||||| |||||||||||||||||||||||||||||||magullados||||||||||flexibilidad It took them over forty minutes to reach the edge of the cliff, and several times Lupin had to help his companion, whose wrists, still bruised from torture, had lost all energy and suppleness.

À plusieurs reprises, il gémit : Several times, he groaned:

— Ah ! les canailles, ils m'ont démoli… Les canailles !… Ah ! |scoundrels|||||| |canallas|||||| the scoundrels, they demolished me... The scoundrels!... Ah! d'Albufex, tu me la paieras cher, celle-là. from Albufex, you will pay dearly for that one. — Silence, fit Lupin. — Silencio, dijo Lupin.|| - Silence, Lupin said.

— Quoi ?

— Là-haut… du bruit… |||noise - Up there... noise...

Immobiles sur le terre-plein, ils écoutèrent. Motionless on the platform, they listened. Lupin pensa au sire de Tancarville et à la sentinelle qui l'avait tué d'un coup d'arquebuse. |||||||||||||||de arcabuz Lupin thought of the Sire de Tancarville and the sentry who had killed him with an arquebus shot. Il frémit, subissant l'angoisse du silence et des ténèbres. |trembles|suffering|||||| |tiembla|sufriendo|||||| He shuddered, suffering the anguish of silence and darkness.