Journal en français facile 04/07/2022 20h00 GMT
Clémentine Pawlotsky : Merci d'écouter RFI, il est 20 heures en temps universel, 22 heures à Paris.
Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile présenté ce soir, avec Mehdi Meddeb, bonsoir Mehdi !
Mehdi Meddeb : Bonsoir Clémentine, bonsoir à tous.
CP : Au Proche-Orient, Shireen Abu Akleh a vraisemblablement été tuée par un tir provenant d'une position israélienne. Conclusion des experts américains chargés d'analyser la balle responsable de la mort de la journaliste. Les États-Unis ne disent toutefois pas si le tir était intentionnel.
MM : Une conférence internationale consacrée à la reconstruction de l'Ukraine. Elle s'est ouverte aujourd'hui en Suisse. Au même moment, le président russe ordonnait à son armée de poursuivre l'offensive dans le Donbass.
CP : Et puis, un nouveau gouvernement en France. Le président Emmanuel Macron l'a dévoilé dans la journée. Il en a aussi profité pour écarter Damien Abbad, ancien ministre accusé de viol.
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MM : La famille de Shireen Abu Akleh se dit atterrée. L'autorité palestinienne dénonce une tentative de cacher la vérité.
CP : Réaction aux résultats de l'analyse de la balle qui a tué la journaliste américano-palestinienne. Les États-Unis ont publié un communiqué à ce sujet aujourd'hui. Selon le département d'État américain, pas de conclusion définitive sur l'origine de la munition. Un compromis avait pourtant été trouvé, pour tenter de faire avancer cette enquête après des mois de blocage. Pour rappel, la mort de Shireen Abu Akleh remonte au 11 mai dernier, alors qu'elle couvrait des raids israéliens en Cisjordanie. Alice Froussard.
« Le projectile est très endommagé, précise le département d'État américain. L'analyse médico-légale et balistique ne permet pas d'arriver à une conclusion », continue le communiqué. Mais le département d'État américain précise avoir également analysé et résumé les deux versions de l'enquête, celles de l'armée israélienne, celle de l'Autorité palestinienne, et conclut que les tirs venant des positions de l'armée israélienne ce jour-là sont, je cite, « probablement responsable de la mort de Shireen Abu Akleh ». Il n'y a cependant, je cite, « aucune raison de croire que cela était intentionnel ». « Cela est le résultat de circonstances tragiques liées à une opération contre des factions du Djihad islamique palestinien », dit le communiqué. De son côté, Israël continue d'affirmer qu'il est impossible de connaître l'origine exacte du tir. Et Benny Gantz, ministre de la Défense, précise que les premiers responsables sont - je cite - « les terroristes qui opèrent au milieu de la population ». Pour les Palestiniens, ces résultats ne sont pas une surprise, mais beaucoup confient sur les réseaux sociaux que Shireen a été tuée une deuxième fois. Ils citent les enquêtes du Haut-commissariat de l'ONU aux droits humains et celle d'au moins cinq médias, dont la chaîne de télévision américaine CCN, qui n'avait trouvé aucune preuve de groupe armé palestinien à proximité du groupe de journalistes ce jour-là. Alice Froussard, Ramallah, RFI.
MM : Peu d'annonces, mais beaucoup de discours aujourd'hui à Lugano, en Suisse.
CP : La ville accueille une conférence sur la reconstruction de l'Ukraine. Alors, pour l'instant, personne ne sait quand elle pourra commencer, mais tous les participants sont d'accord sur un point : le gouvernement ukrainien va devoir s'atteler, va devoir faire face à un double défi, reconstruire le pays et le réformer. Compte rendu de notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche.
Premier à s'exprimer, protocole obligé. Le Président suisse Ignazio Cassis a rappelé, en ouverture de la conférence, que la reconstruction doit avoir lieu en même temps que les réformes, qu'il s'agisse de la lutte anticorruption, quasiment endémique en Ukraine, ou de la justice, dont le bon fonctionnement doit être garanti. La Présidente de la Commission européenne est allée plus loin. Ursula von der Leyen a plaidé pour que l'Ukraine se relève plus européenne et plus verte, en accord avec les aspirations d'une jeunesse inquiète pour l'avenir de la planète. Un voeu pieux pour le moment : l'urgence pour les Ukrainiens, c'est bien sûr d'arrêter les combats qui ont fait des millions de déplacés et ravagé les infrastructures. 750 milliards de dollars sont déjà nécessaires pour reconstruire le pays, a affirmé le Premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, qui a une solution toute prête pour financer les travaux : piocher dans les avoirs de la Russie gelés à l'étranger. Jérémie Lanche, Genève, RFI.
MM : Dans le même temps, Vladimir Poutine ordonne à ses troupes d'aller encore plus loin.
CP : Le président russe leur demande de poursuivre leur offensive dans l'est de l'Ukraine. Cette demande a été formulée lors d'un entretien avec son ministre de la Défense, Sergeï Choïgou. Une rencontre retransmise à la télévision. L'armée russe a déjà réussi à conquérir toute la région de Lougansk.
MM : Une fusillade fait au moins 6 morts et 24 blessés aux États-Unis.
CP : Oui, ça s'est passé à Highland Park, une ville située au nord de Chicago. Un homme a ouvert le feu sur la foule lors d'un défilé pour la fête de l'indépendance. Le suspect, un jeune homme d'une vingtaine d'années, a pris la fuite. Il n'a pas encore été identifié.
MM : On reste aux États-Unis. La Californie lance un appel à l'Amérique conservatrice.
CP : La Californie, État progressiste, invite les habitants de Floride à la rejoindre. Cet appel, il est lancé par le gouverneur démocrate Gavin Newsom. Il s'est exprimé dans une vidéo de campagne diffusée à l'occasion de la fête nationale du 4 juillet. La Californie se pose donc en refuge après l'annulation du droit à l'avortement par la très conservatrice Cour suprême. Et ce conservatisme, il est justement incarné par un homme : Ron DeSantis, gouverneur républicain de la Floride, souvent présenté comme l'héritier de Donald Trump. Correspondance à Miami, David Thomson.
Quelques notes de guitare pour une ambiance apaisante, un jardin en fleurs pour un décor accueillant. Dans sa première vidéo de campagne, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, en bras de chemise, ne s'adresse pas à ses administrés, mais plutôt à ceux de Floride qui seraient tentés de fuir la politique conservatrice de Ron DeSantis, la star montante de la droite américaine. « Dans votre État, la liberté est attaquée », lance Newsom, 54 ans, aux Floridiens alors qu'apparaît à l'image, leur gouverneur républicain serrant la main de Donald Trump, qui a largement contribué à son ascension politique. Depuis la Californie, le démocrate liste toutes les dernières actions du gouverneur de Floride. Interdiction de livres scolaires accusés d'enseigner l'histoire du racisme aux États-Unis, restriction de l'accès aux droits de vote des afro-américains et criminalisation du droit à l'avortement. Dans ce contexte, Gavin Newsom, qui a déjà promis de faire de la Californie un refuge pour l'IVG appelle les habitants de Floride à venir s'installer dans son État, havre libéral d'une Amérique de plus en plus conservatrice. « Je vous invite, vous tous habitants de Floride, à rejoindre notre combat et à nous rejoindre ici, en Californie, où nous croyons toujours en la liberté. Ne les laissez pas confisquer votre liberté. » Cette vidéo à plus de 100 000 dollars, est notamment diffusée sur la chaîne conservatrice Fox News, elle permet à Gavin Newsom de se positionner en leader de l'Amérique libérale face à l'Amérique conservatrice incarnée par Ron DeSantis, souvent présenté comme l'héritier de Donald Trump. David Thompson, Miami, RFI.
MM : La France a un nouveau gouvernement, Clémentine.
CP : Il a été dévoilé aujourd'hui par le président Emmanuel Macron. Les grands ministères ne bougent pas : Bruno Le Maire reste à l'Économie, même chose pour Gérald Darmanin, au ministère de l'Intérieur, ou encore Pap Ndiaye à celui de l'Éducation. Et puis, il y a les nouveaux comme par exemple l'urgentiste François Braun qui récupère le ministère de la Santé, l'économiste Laurence Boone devient, quant à elle, secrétaire d'État chargée de l'Europe. Le président Emmanuel Macron en a aussi profité pour évincer, pour écarter, Damien Abad. L'ancien ministre des Solidarités et du Handicap est accusé de violences sexuelles et de viol. Il a donc quitté ses fonctions ce midi. La passation de pouvoir s'est faite en toute discrétion. Pierre Olivier y a assisté pour RFI, reportage.
C'est visiblement très ému que Damien Abad s'avance vers le micro. « Je quitte ce ministère des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées avec beaucoup de regrets. » Face à lui, quelques collaborateurs peu nombreux, une passation de pouvoir en catimini, sans aucun apparat. Dans le hall du ministère de la Santé, juste derrière les portes d'accès automatique. Accusé de viol, Damien Abad prend la parole à peine plus de 3 min. « Il paraissait préférable face aux calomnies ignobles dont je suis la cible, orchestrée, dans un calendrier bien choisi jusqu'à ce matin encore, que je puisse me défendre sans entraver l'action du gouvernement. Je me défendrai sans relâche jusqu'à que la justice confirme mon innocence. » Damien Abad est écarté alors qu'une enquête pour viol a été ouverte à son encontre. Un changement de doctrine sous l'ère Macron qui voulait jusqu'à ce lundi qu'un ministre quitte ses fonctions seulement en cas de condamnation. Damien Abad, transfuge des Républicains arrivés au gouvernement, aura été ministre seulement 44 jours, mais il l'assure, il continuera désormais la politique dans son costume de député de l'Ain.
CP : Et sa collègue, la ministre de la Francophonie, Chrysoula Zakaropoulou, accusée de viol mais sans enquête ouverte par le parquet, est quant à elle maintenue dans ses fonctions.