Journal en français facile 06/01/2022 20h00 GMT
Merci d'écouter RFI, il est 20 heures en temps universel, 15 heures à Washington.
Clémentine Pawlotsky : Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile, presenté ce soir avec Sylvie Berruet, bonsoir !
Sylvie Berruet : Bonsoir Clémentine, bonsoir à tous.
CP : À la Une, les États-Unis et le premier anniversaire de l'assaut du Capitole. C'était le 6 janvier dernier. À cette occasion, le président Joe Biden a prononcé un discours dans lequel il attaque directement son prédécesseur, Donald Trump.
SB : Les appels au calme se multiplient après une nouvelle journée de violence au Kazakhstan. Depuis dimanche, plusieurs dizaines de personnes sont mortes. Des militaires russes sont arrivés sur place dans la journée.
CP : On reviendra également sur le « Djoko gate » ou plutôt l'affaire Novak Djokovic. Le numéro 1 mondial du tennis ne sait pas s'il pourra participer à l'open d'Australie. Son visa a été annulé, une fois arrivé sur place. L'affaire prend une tournure politique.
SB : Et puis, au Royaume-Uni, quatre personnes ont été relaxées. Elles étaient accusées de vandalisme après avoir déboulonné, retiré de sa place, la statue d'un ancien esclavagiste. L'affaire remonte à 2020.
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SB : Le président américain Joe Biden s'est donc exprimé au Capitole, le siège du Congrès, à Washington.
CP : Un discours prononcé un an, jour pour jour, après l'assaut mené contre le bâtiment par des milliers de partisans de l'ancien président Donald Trump. Un discours très offensif, dans lequel Joe Biden a fustigé, critiqué, son prédécesseur et ses partisans. Il a notamment insisté sur leurs mensonges. Explications de Guillaume Naudin, à Washington.
Habituellement, Joe Biden répugne à parler de Donald Trump. Mais dans ce discours de 25 minutes, il s'est forcé, sans aller toutefois jusqu'à le nommer. Joe Biden dénonce ce qu'il appelle le tissu de mensonges propagé inlassablement par l'ancien président. Un président battu, qui a perdu, insiste Joe Biden. Il retient trois mensonges en particulier : dire que l'insurrection n'a pas eu lieu le 6 janvier, mais le 3 novembre précédent, jour de l'élection, quand les Américains sont allés voter, mais aussi la contestation des résultats pourtant validés par le Congrès et les juges, et enfin l'idée selon laquelle les vrais patriotes sont les émeutiers et ceux qui les ont incités à la violence. Ceux-là, dit Joe Biden, ont mis le couteau sous la gorge de la démocratie américaine. Une démocratie qu'il entend défendre comme le demande la Constitution, contre les ennemis de l'extérieur et de l'intérieur. Les républicains se font discrets en ce jour. Mais bien qu'il ait annulé une conférence de presse, Donald Trump a quand même publié un communiqué. En réponse au discours, il parle d'un théâtre politique pour faire oublier le fait que Joe Biden a complètement et totalement échoué. Et il accuse les démocrates d'utiliser cette journée pour diviser l'Amérique. Et de fait, un an après, tout indique que le pays reste fracturé. Guillaume Naudin, Washington, RFI.
SB : Au Kazakhstan, les forces de sécurité affirment avoir chassé les manifestants de la principale place d'Almaty, la capitale économique.
CP : Oui, la journée a été marquée par de nouvelles manifestations et émeutes. Le bilan de ce mouvement de colère est lourd : selon les autorités, plusieurs dizaines de personnes sont mortes, plus d'un millier ont été blessées, plusieurs milliers d'autres ont été arrêtées. Depuis dimanche, la population kazakhstanaise exprime sa colère contre l'augmentation des prix du gaz et, plus largement, contre le régime autoritaire.
SB : La journée a aussi été marquée par l'arrivée de militaires russes.
CP : Des troupes déployées par la Russie et ses alliés de l'organisation du traité de sécurité collective. Cette intervention de Moscou était une demande du président Tokaïev. Et pendant ce temps, en Occident, les appels au calme se multiplient. Murielle Paradon.
La France qui a pris la présidence de l'Union européenne en ce début d'année, appelle toutes les parties au Kazakhstan à la modération et au dialogue. Message du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, adressé également à l'Organisation du traité de sécurité collective, dont la Russie fait partie et qui a décidé d'envoyer des soldats pour appuyer le régime kazakhstanais. La Grande-Bretagne de son côté met en garde contre une nouvelle escalade de violence et réclame un règlement pacifique. Même tonalité à Washington où, dès hier, la porte-parole de la Maison Blanche appelait les autorités kazakhstanaises à la retenue. Jen Psaki a également critiqué les allégations de la Russie, de « folles allégations » a t-telle dit, sur une responsabilité supposée des États-Unis dans les émeutes. « C'est absolument faux et cela relève de la stratégie de désinformation russe », a-t-elle asséné. L'ONU enfin dit suivre avec inquiétude la situation et appellent les parties à s'abstenir de toute violence et à promouvoir le dialogue.
SB : En Ukraine, la justice gèle les avoirs de l'ancien président Petro Porochenko.
CP : Cette décision a été prise par un tribunal de Kiev, dans le cadre d'une enquête pour « haute trahison ». Petro Porochenko, au pouvoir de 2014 à 2019, est accusé d'avoir facilité l'achat de charbon à des entreprises situées dans l'est de l'Ukraine et contrôlées par des séparatistes pro-russes, en guerre contre le pouvoir ukrainien. L'ancien président nie toute trahison et accuse son successeur, Volodymyr Zelensky, d'être derrière des ennuis judiciaires.
SB : Le numéro 1 du tennis mondial, Novak Djokovic, s'apprête à passer sa deuxième nuit dans un centre de rétention de Melbourne, en Australie.
CP : Il sera fixé sur son sort lundi, le temps que la justice australienne examine le recours qu'il a présenté contre son expulsion du pays. Pour rappel, Novak Djokovic doit participer à l'Open d'Australie qui s'ouvre dans dix jours, mais son visa a été annulé hier, à son arrivée sur le territoire australien. Il était pourtant persuadé d'avoir obtenu une dérogation, lui permettant de participer à la compétition sans se soumettre à l'obligation vaccinale, c'est-à-dire sans avoir à présenter de preuve de sa vaccination contre le Covid-19. Résultat, aujourd'hui, sa participation au tournoi est plus que jamais compromise. Alejandro Valente.
Ses neuf victoires à l'Open d'Australie et son statut de numéro un mondial n'auront pas pesé bien lourd pour Novak Djokovic. Au cœur d'un imbroglio diplomatique, le Serbe est toujours à Melbourne, mais il ne le doit qu'au recours que ses avocats ont présenté contre son expulsion, qui pourrait s'appliquer dès lundi prochain. Les manifestations de plusieurs centaines de résidents serbes devant le modeste hôtel où il est enfermé depuis bientôt 48 heures n'ont pas fléchi la détermination des autorités australiennes, bien au contraire. Et les propos du père du champion de tennis, le comparant à Jésus-Christ crucifié ou à Spartacus luttant contre l'empire romain ont au contraire soulevé l'opinion publique locale contre lui. Et les collègues de Novak Djokovic, du numéro deux mondial Daniil Medvedev à Rafael Nadal, n'ont pas été tendres envers lui, lui rappelant que s'il avait été vacciné, il n'aurait pas eu de problèmes pour disputer l'Open d'Australie. Son forfait semble de plus en plus probable et pourrait même lui coûter la place de numéro un mondial.
CP : Et de son côté, le président de la Serbie, Aleksandar Vucic dénonce « une chasse politique » contre Novak Djokovic.
SB : Les quatre Britanniques qui avaient déboulonné la statue d'un esclavagiste au Royaume-Uni ont été innocentés.
CP : Les quatre prévenus étaient accusés de vandalisme. L'affaire remonte à juin 2020, à Bristol. C'était lors d'une manifestation en soutien au mouvement Black Lives Matter. La sculpture déboulonnée représentait Edward Colston, un homme d'affaires de la ville, impliqué dans la traite négrière au XVIIe siècle. Correspondance d'Emelin Vin.
Larmes aux yeux et sourires jusqu'aux oreilles, les « 4 de Bristol » ne s'attendaient pas à ce verdict. Rhian Graham, à la sortie du tribunal : « Si j'ai appris une chose, c'est le fait de pouvoir faire nos propres choix, que chacun a la capacité de choisir comment l'espace est aménagé, qui on célèbre. S'il faut retenir une chose, c'est qu'Edward Colston ne représente pas Bristol ! » Parmi les soutiens des quatre trentenaires : de nombreux habitants, l'ancienne maire de la ville, et l'artiste bristolien Banksy, qui a dessiné un tee-shirt pour financer les frais judiciaires. L'avocat de deux des accusés, Raj Chada, salue sur la BBC la décision du jury : « Les habitants ont fait preuve de bon sens. Ce qui était criminel, c'était la statue, sa présence en elle-même. Une personne qui a réduit en esclavage des milliers de personnes était vénérée, il y avait seulement une plaque le présentant comme un noble et l'un des fils les plus éclairés de Bristol. » Pour Sage Willoughby, qui a fourni la corde ayant servi à déboulonner Edward Colston, il s'agit d'une victoire pour l'Histoire : « Nous n'avons pas changé l'Histoire, nous l'avons rectifiée. Ils dissimulaient l'Histoire ! C'est une victoire pour l'égalité raciale et une victoire pour tous ceux qui veulent être du bon côté de l'Histoire. » La statue, toujours couverte de graffitis, est aujourd'hui exposée dans un musée de la ville. Emeline Vin, Londres, RFI.